Alors que l'industrie dans son ensemble peine encore à appréhender et, surtout, mettre en œuvre le concept et la valeur de la « finance en services », la jeune pousse britannique spécialisée Griffin travaille d'ores et déjà à sa prochaine génération, qui consistera à mettre les fonctions bancaires à la disposition d'agents virtuels pilotés par l'IA.
L'« IA agentique ». C'est le sujet dont tout le monde parle mais qui n'est encore qu'à l'état de théorie ou, au mieux, de démonstrations sans réelles perspectives de déploiement à court, voire moyen, terme. Et comment pourrait-il en être autrement quand la majorité des institutions financières continuent à s'interroger sur l'intérêt d'exposer leurs services sous forme d'API (au-delà de leurs obligations réglementaires, en tous cas) et désespèrent d'exploiter le potentiel de l'intelligence artificielle générative, faute d'accès facile aux données dont elle aurait besoin pour l'exprimer ?
En revanche, pour un acteur tel que Griffin, dont l'essence de sa mission consiste justement à fournir des solutions bancaires à travers des interfaces aisées à intégrer dans toutes sortes d'applications (y compris extra-financières), la projection sur ces scénarios futurs dans lesquels des assistants logiciels sont capables de non seulement répondre aux questions de leurs utilisateurs mais également de réaliser des opérations pour leur compte constitue une évidence… et une évolution techniquement triviale.
En effet, ce que dévoile aujourd'hui la FinTech est « simplement » un serveur MCP enveloppant son offre existante. Concrètement, il s'agit de publier les différentes capacités de son moteur bancaire (par exemple l'ouverture d'un compte, l'exécution d'un paiement, l'analyse des transactions…) sous un format standardisé : le « Model Context Protocol » développé et partagé librement par Anthropic à l'automne dernier, qui devient la référence implicite en la matière au sein de l'écosystème mondial de l'IA.
Grâce à ces mécanismes, les plates-formes d'IA compatibles sont en mesure de se connecter aux comptes d'un individu ou d'une entreprise, laissant l'imagination suggérer la création d'un conseiller en patrimoine assumant de manière autonome le pilotage d'un portefeuille d'investissement, d'un concierge prenant en charge les tâches administratives de règlement des factures… ou bien d'un robot programmable gérant l'argent de son « maître » selon les préférences et les habitudes de ce dernier.
En pratique, la solution n'est cependant pas en production, à ce jour. Griffin invite pour l'instant ses clients à expérimenter ce qu'elle qualifie de version beta, dans un environnement de test, et indique qu'elle considèrera un déploiement en conditions réelles sur demande. En résumé, la technologie est disponible, mais elle est toujours en attente de partenaires audacieux susceptibles de prendre le risque de déployer, a minima, un cas d'usage auprès de leurs utilisateurs. En tous cas, la startup se tient prête à la déferlante promise par les analystes, au contraire des banques traditionnelles.
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