Grâce, entre autres, à la généralisation du paiement instantané, le virement bancaire devient une option de plus en plus populaire pour toutes sortes de transactions. Or il souffre d’un sérieux défaut : il ne propose aucun mécanisme de correction en cas d’erreur. Dans une de ces premières dont elle a le secret, Monzo annonce une solution.
Les risques sont multiples et, pour une fois, il n’est même pas question (directement) des escroqueries avec lesquelles une temporisation forcée constitue souvent un moyen de mitigation. Mais, par exemple, les envois d’argent au « mauvais » correspondant (rencontrés par un britannique sur dix selon une étude citée par la jeune pousse) ou les coquilles sur le montant (un chiffre en trop et c’est une catastrophe en puissance), impossibles à rectifier, sont trop fréquents pour continuer de les ignorer.
Si vous avez déjà vécu une telle mésaventure, vous connaissez probablement ce sentiment de panique quand vous vous rendez compte de la bévue juste après avoir acquitté la dernière validation de votre opération dans l’application mobile de votre banque. Finies les angoisses avec la nouvelle fonction introduite par Monzo : l’envoi est suspendu pendant 15 secondes (avec un décompte animé à l’écran) et peut être annulé d’un geste pendant cette période (aucun mouvement n’étant alors enregistré).
Naturellement, tout le monde n’aura pas la même perception du dispositif aussi est-il possible d’en configurer le fonctionnement, soit en le désactivant entièrement, soit en ajustant le délai à 10, 15, 30 ou 60 secondes. Par ailleurs, le déploiement sera progressif, de manière à vérifier que les résultats sont conformes aux attentes et à, potentiellement, affiner les détails selon les usages constatés et les éventuels retours.
La démarche de Monzo remet au goût du jour une problématique que les institutions financières historiques brandissaient, il y a maintenant longtemps, quand elles luttaient avec acharnement contre la mise en place des plates-formes de transfert instantané. En particulier, le besoin de fournir un remède, qu'elle révèle de la sorte, confirme la réalité et l'acuité du risque. Pourtant, l'approche retenue ne règle rien sur le fond, à savoir l'absence de toute méthode standardisée de retour en arrière légitime.
Et, comme toujours, seule une régression – ici sur la promesse initiale d'immédiateté – permet de pallier la faiblesse du système, sachant que l'industrie ne fera jamais l'effort de chercher à répondre à la véritable demande (implicite) des clients. Certes, la parade idéale semble difficile à concevoir puisqu'elle devrait concilier un aspect d'irréversibilité essentiel pour la confiance des utilisateurs face à une fraude hors de contrôle et la prise en compte d'aléas inévitables. Mais une analyse sérieuse est nécessaire avant d'écarter définitivement la possibilité, d'autant que l'inconvénient pour les consommateurs profitera à des modèles concurrents capables d'offrir une solution…
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