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C'est pas mon idée !

dimanche 30 juin 2024

Comment s'organiser pour l'IA ?

Gartner
À partir d'une enquête informelle, mais portant tout de même sur un vaste échantillon d'entreprises, Gartner dégage quelques tendances sur la manière dont ces dernières s'organisent afin de tirer le meilleur parti de l'intelligence artificielle. Un excellent prétexte pour suggérer quelques orientations propres à éviter de grossières erreurs.

Pour une discipline encore jeune, aux perspectives et au potentiel mal cernés, la diversité des approches observées ne surprendra guère. Malgré tout, l'importance qui lui est accordée a déjà conduit plus de la moitié des firmes interrogées à en nommer un responsable, chargé de l'orchestration globale des activités. Dans l'immense majorité des cas (88%), il ne fait cependant pas partie du comité exécutif (dont l'extension à des membres supplémentaires rencontre de plus en plus de réticences).

En parallèle, elles sont à peu près autant à avoir mis en place un comité de l'IA, indispensable pour la cohérence des initiatives, notamment dans les structures décentralisées ou silotées. Il devrait donc logiquement être composé de représentants des différents départements et posséder des compétences multiples. Son rôle primaire est toutefois variable puisqu'il peut couvrir, entre autres, la définition de la stratégie, la mise en place d'une gouvernance ou la maîtrise des risques, selon les sensibilités.

Quant à l'exécution des projets, la responsabilité en est encore plus dispersée, pour autant qu'elle puisse être assignée clairement (les décisions tactiques sont probablement répandues), et peut s'étaler du directeur informatique (chez plus d'un quart des répondants) au leader de l'intelligence artificielle (qui déborde alors au-delà de sa mission d'animation d'origine) en passant par les patrons des lignes métier ou le chef « digital », pour ne citer que des options parmi les plus fréquemment rencontrées.

Sondage Gartner sur l'IA

Ces quelques constats révèlent immédiatement une immense confusion sur la thématique en général, à commencer par sa nature. En effet, la distribution des positions fait ressortir une inquiétante absence de discernement entre, d'une part, les applications de l'IA et leur valeur, et, d'autre part, ce qui relève de la technologie et des outils. Visiblement, les deux volets se confondent allègrement et sont appréhendés dans leur ensemble soit par un service informatique qui désire garder le contrôle absolu sur un domaine qu'il estime de son seul ressort, soit par des dirigeants obnubilés par les usages qui leur sont vantés… sans s'inquiéter des détails de leur implémentation.

Avec un demi-siècle de recul sur le fonctionnement des DSI, la répartition des tâches dans un contexte largement similaire devrait s'imposer d'elle-même. La fourniture des infrastructures et des solutions mises en œuvre est du ressort des spécialistes techniques tandis que tout ce qui concerne les applications appartient exclusivement aux métiers (et à leurs clients). Entre les deux, bien sûr, doit s'instaurer un dialogue permanent et constructif, auquel peut contribuer une instance transverse, en complément de son rôle (essentiel) d'arbitrage sur la sécurité et le pilotage des risques.

samedi 29 juin 2024

ABN AMRO enquête sur la précarité

ABN AMRO
Naturellement, quand ABN AMRO enquête sur les comportements financiers de ses clients, ses observations concernent avant tout la population néerlandaise, avec ses particularités culturelles. Une bonne partie des mécanismes psychologiques qui entrent en jeu dans ces habitudes sont néanmoins universels et s'appliquent à tous.

Ainsi, les estimations portant sur la précarité – qui révèlent notamment que plus de la moitié des foyers sont en situation fragile et ne disposent pas d'une réserve d'argent suffisante, ce qui se traduit entre autres par une incapacité manifeste à faire face à une dépense exceptionnelle chez trois personnes sur dix – ne sont peut-être pas applicables à l'identique dans d'autres pays, bien que je soupçonne que la problématique se retrouve tout de même partout, à un niveau variable mais souvent élevé.

En revanche, les réactions dans les moments difficiles, qui obéissent plus ou moins à des réflexes cognitifs, sont largement partagées et ce sont elles que la banque cherche justement à influencer. En effet, la première conclusion de son étude établit une extraordinaire réticence de la plupart des individus (à 91%) à solliciter de l'aide lorsqu'ils traversent une mauvaise passe, quand bien même ils expriment, dans leur majorité (77%), leur conviction qu'une assistance en matière bancaire leur serait utile.

Quand l'adversité frappe, bien des victimes ont tendance à attendre le plus longtemps possible avant de signaler leur détresse, jusqu'à ce qu'il soit trop tard, alors qu'une prise en charge dès les premiers signes constitue le meilleur moyen d'éviter le pire et de rétablir l'équilibre. En outre, dans ces circonstances, elles s'adressent principalement à leurs proches, qui ne sont pas toujours d'un grand secours, et ne pensent que rarement à interroger les spécialistes les mieux placés pour les sortir de l'ornière.

ABN AMRO Helpt

Les causes de cette défiance ne réservent pas de surprises et sont principalement liées au caractère extrêmement personnel de notre relation à l'argent : entre la honte de demander de l'aide et le désir de ne pas dévoiler son incompréhension et son ignorance, dans un contexte où il est très fréquent de s'exposer au jugement d'autrui (sur ses revenus, ses achats…), il est facile de se laisser enfermer dans un cercle vicieux. C'est justement celui-ci qu'ABN AMRO tente de briser en faisant passer le message, avec insistance, qu'il est normal d'avoir parfois recours à un accompagnement.

Concrètement, l'institution engage ses clients de manière proactive dès qu'un besoin est identifié ou une difficulté anticipée et peut alors proposer un entretien ou renvoyer vers des conseils pratiques en ligne, selon les préférences de chacun. Une telle démarche porte immédiatement ses fruits : le nombre de contacts a été multiplié par cinq au cours du seul mois de mai. Ces résultats positifs vont même conduire au recrutement de conseillers supplémentaires afin de faire face à l'afflux de requêtes. Un comble dans un pays où les réseaux d'agence sont en voie de disparition ? Plutôt une prise de conscience de la nécessaire adaptation de la banque à l'époque contemporaine.

vendredi 28 juin 2024

TestParty automatise l'accessibilité

TestParty
Crucial autant pour de viles raisons réglementaires que pour la satisfaction des utilisateurs (et l'ouverture aux audiences les plus larges possibles), l'accessibilité des applications web et mobiles est souvent reléguée au second rang des préoccupations des concepteurs et développeurs. TestParty propose donc d'en automatiser l'intégration.

La capacité ou la facilité pour les millions de personnes dans le monde qui souffrent d'un handicap – depuis la dyslexie jusqu'à la cécité – de profiter de leurs services en ligne devrait constituer la première motivation des entreprises à s'assurer que leurs plates-formes n'excluent aucune catégorie de population. Et si elle n'était pas suffisante, les législations qui se renforcent constamment, telles que l'Acte Européen sur l'Accessibilité, fournissent en principe un puissant argument supplémentaire.

La situation ne progresse pourtant que très lentement et, à ce jour, les solutions non conformes continuent à proliférer. Au vu du bon sens qui régit la plupart des exigences et des multiples outils de diagnostic qui aident à leur mise en œuvre, on peut se demander ce qui freine tellement l'adoption. Je soupçonne que la coupable est une certaine paresse intellectuelle vis-à-vis de ce qui est considéré avant tout – à tort, bien sûr – comme une contrainte susceptible de nuire à la créativité et à l'esthétique.

Si mon hypothèse est valide, l'approche imaginée par TestParty apporte une réponse optimale au problème. Avec la même logique que les « copilotes » dopés à l'intelligence artificielle qui se répandent rapidement dans les départements informatiques en support à la programmation, ses algorithmes analysent le code rédigé et suggèrent au développeur, en temps réel, les corrections nécessaires en vue de garantir l'accessibilité du résultat final, celles-ci étant évidemment prêtes à intégrer, en un clic.

Accueil TestParty

La jeune pousse, américaine, n'en est qu'à ses débuts – elle vient de conclure sa première ronde de financement – et son produit est donc encore loin d'être complet, autant pour ce qui concerne les environnements qu'il prend en charge que du point de vue des règles contrôlées et implémentées. Son offre n'en est pas moins très prometteuse pour l'amélioration globale de la qualité des applications… et la conformité, dont elle est d'ailleurs capable de fournir une mesure précise, par exemple dans le cadre d'une remédiation imposée à la suite d'une procédure judiciaire.

J'en rêvais depuis longtemps, TestParty concrétise enfin, en partie grâce aux progrès de l'IA, la résolution d'un dilemme complexe pour les organisations qui interagissent de plus en plus avec leurs diverses parties prenantes à travers des médias « digitaux », après même qu'elles aient pris conscience de l'enjeu : l'impossibilité endémique de faire prendre en compte les fondamentaux de l'accessibilité par les équipes projet en place face au coût et à la lourdeur qu'engendre l'intervention systématique d'un spécialiste.

jeudi 27 juin 2024

Visa pense aux voyageurs

Visa
Juste à temps pour la période des vacances, propice aux incidents et autres désagréments en tout genre, Visa dévoile, pour les (nombreux) émetteurs américains qui n'auraient pas mis en place leur propre version, un service de remplacement de carte d'urgence, capitalisant évidemment sur la popularité croissante des porte-monnaie virtuels.

Alors qu'elle est dorénavant devenue l'instrument privilégié par une majorité des consommateurs, perdre sa carte de paiement, définitivement ou temporairement, constitue toujours un moment difficile. Mais rien n'est pire que de se trouver dans cette situation loin de chez soi, notamment dans un pays étranger, sans accès à un moyen alternatif, à une agence bancaire ou à un proche susceptible d'apporter son aide en attendant un renouvellement… qui se fait parfois attendre de longs jours.

Heureusement, l'évolution des usages ouvre maintenant la voie à des solutions pratiques à ces problèmes autrefois insurmontables. Ainsi, grâce à l'offre de Visa, une carte de substitution peut être transmise par voie électronique pour le compte de l'établissement émetteur, presque instantanément : un courriel ou un SMS envoyé directement au bénéficiaire permet alors à celui-ci de l'installer sur son smartphone (via Google Pay ou Apple Pay, vraisemblablement) et l'activer en quelques gestes.

Visa Digital Card Replacement

Naturellement, quelques enseignes (parmi lesquelles ANZ en Australie, CIBC au Canada…) ont depuis longtemps conçu et développé, en interne, des fonctions de ce genre. L’avantage avec la version de Visa est toutefois sa facilité d’intégration, qu’on peut imaginer sans impact sur les systèmes existants. Les institutions de taille modeste, entre autres, qui doivent arbitrer entre la multitude d’innovations « digitales » réclamées par leurs clients, sauront certainement profiter de l’opportunité.

Il faut pourtant préciser que le service est avant tout un facteur de sécurisation plus qu’une véritable bouée de sauvetage en cas de mésaventure à l’autre bout du monde puisque, comme le signale justement la communication officielle, environ trois quarts des américains ont de nos jours recours à un porte-monnaie mobile pour leurs dépenses en voyage. Dans ces conditions, la perte de la carte n’empêche pas techniquement son utilisation, seule la prudence suggère sa désactivation et son remplacement.

Fidèle à sa tradition conservatrice, Visa débarque tardivement sur une tendance qui, heureusement pour elle, ne s'est guère propagée malgré son ancienneté. Les bénéfices n'en sont certes pas aussi importants qu'on l'espérerait a priori – surtout en considérant (ce serait à vérifier) que les adeptes du paiement mobile sont moins enclins à égarer leur carte, en principe soigneusement rangée – mais le surcroît de réassurance que leur procurera la nouvelle capacité contribuera à la satisfaction des porteurs.

mercredi 26 juin 2024

L'EPI donne de ses nouvelles

EPI
Initialement annoncée pour 2022, la solution de paiement paneuropéenne Wero, issue des travaux de l'EPI, devrait finalement connaître son premier déploiement « industriel » cette année, pour les seules transactions de personne à personne (particuliers et professionnels). La prochaine étape, pour le commerce en ligne, est toutefois déjà en préparation pour son lancement vers la mi-2025.

Avec son arrivée tardive sur un marché où la concurrence est établie de longue date (par exemple avec Lydia en France), l'itération à venir risque de ne pas procurer énormément d'enseignements sur les chances de succès à long terme de l'initiative. En effet, contrairement à la situation de création d'une catégorie de services qu'ont vécue les pionniers du domaine, les échanges P2P ne constituent plus aujourd'hui un point d'entrée privilégié dans l'univers des paiements électroniques.

Il faudra donc attendre encore un peu l'introduction d'une déclinaison complète pour les règlements sur internet ou dans les applications mobiles pour mesurer l'intérêt suscité par Wero auprès des marchands et de leurs clients et évaluer de la sorte la probabilité qu'émerge une véritable alternative aux grands réseaux de carte Visa et Mastercard. Computop, spécialiste allemand de l'encaissement, qui recrutera au quatrième trimestre des enseignes volontaires pour un pilote, nous fournira alors peut-être un indice.

Afin de séduire cette cible, l'entreprise promet une intégration simplifiée au maximum. D'abord, le fonctionnement du système, à 4 coins, est similaire à ceux en vigueur à l'heure actuelle. Ensuite, les API et les pages web de paiement prédéfinies sont (évidemment) présentées comme faciles à appréhender… et un accompagnement dédié est proposé aux acteurs les plus importants. Mauvaise nouvelle, donc, bien qu'elle ne soit pas inattendue : l'implémentation requiert un minimum d'efforts.

Computop

Et ce n'est pas le seul handicap qu'il faudra faire avaler aux candidats. Par exemple, la gestion des réservations et la prise en charge des remboursements, standards dans le monde des cartes, n'arrivera que dans un second temps… sans date à ce stade. Quant aux vagues promesses de capacités de règlement fractionné ou de support des programmes de fidélité, il faudra certainement les attendre longtemps.

À l'inverse, du côté des bénéfices, le principal étant une approche unifiée à l'échelle du continent, qui n'a rien d'original par rapport aux méthodes existantes, elle ne porte pour l'instant que sur 16 banques embarquées en France, en Allemagne et en Belgique, pour une couverture affichée de 85% de ces populations, dans la mesure où celles-ci acceptent d'affecter leurs opérations sur l'établissement qui leur offre l'option.

En synthèse, il va être intéressant d'observer dans les prochaines semaines le degré d'adhésion des vendeurs en ligne à un moyen de paiement qui ne leur offre aucun bénéfice significatif (à moins d'une garantie de conditions financières avantageuses) et qui exige de leur part un investissement non nul, le tout sans avoir la moindre idée de son adoption par leurs clients. Le pari de l'EPI est pour le moins audacieux !

mardi 25 juin 2024

Chift facilite l'intégration financière

Chift
En quelques années, les services aux petites et moyennes entreprises ont considérablement progressé. D'un assemblage hétéroclite d'outils dédiés chacun à une fonction et entre lesquels les partages étaient largement manuels, nous sommes aujourd'hui passés à l'ère de l'intégration transparente, facilitant et rendant plus fiables ces échanges. Chift veut devenir le champion de cette révolution.

Dans le monde interconnecté moderne, si vous vous appelez Pennylane, Agicap, Qonto… et que vous souhaitez simplifier la vie de vos clients en reliant votre solution à leurs plates-formes de comptabilité, de facturation, d'e-commerce et de gestion de caisse, la méthode habituelle consiste à développer les interfaces nécessaires avec toutes les options présentes sur le marché (ou au moins les plus populaires, ce qui représente déjà un sérieux défi à l'échelle européenne), chacune avec ses spécificités.

Ou bien, et c'est justement ce que choisissent les enseignes que je viens de citer, vous avez recours à l'agrégateur de Chift. À l'instar de ses homologues bancaires historiques, celui-ci propose une série d'API universelles autorisant des interactions unifiées avec une myriade de produits tels que ceux de Cegid, Odoo, Sage… (pour la comptabilité), Quickbooks, Zoho, Sellsy… (pour la facturation), Amazon, Prestashop, Shopify… (pour la boutique en ligne), Clover, Zettle… (pour le terminal de vente).

Focalisant ses efforts sur les données financières, qui concentrent évidemment les besoins de communication entre logiciels, la jeune pousse (d'origine belge) assume donc la lourde tâche, ainsi mutualisée, d'établir, une à une, les connexions avec les différents systèmes utilisés dans les entreprises afin de les exposer sous un même format via un modèle d'appel unique (pour chaque catégorie). Les clients n'ont plus alors qu'à implémenter une seule interface pour accéder à l'ensemble de son catalogue.

Accueil Chift

Comme lors de la saga au long cours de l'agrégation des comptes, les fournisseurs d'outils professionnels subissent une pression croissante pour leur ouverture et ce sont plutôt des nouveaux entrants qui capitalisent sur les opportunités sous-jacentes. Dans un premier temps, en particulier dans l'univers bancaire, les grands groupes sont d'abord extrêmement réticents à tisser des liens avec des organisations externes et/ou sont convaincus (en général à tort) de pouvoir tout construire eux-mêmes.

A contrario (et en continuant à filer l'analogie), la tendance à l'intégration crée des conditions idéales pour les startups du secteur de concevoir des services à forte valeur ajoutée, contribuant véritablement à la satisfaction de leurs clients, et de différencier leurs offres de la sorte. L'émergence de solutions prêtes à l'emploi, du genre de celle de Chift, démocratise maintenant l'accès à ces possibilités (immenses) et devrait donc stimuler l'avantage concurrentiel de la FinTech face à l'industrie en place.

lundi 24 juin 2024

Curve en embuscade pour attaquer Apple

Curve
L'annonce d'un investissement de la part de la division de capital risque de Samsung, dont il propulse le porte-monnaie mobile (au Royaume-Uni) depuis quatre ans, met en lumière la prochaine bataille stratégique – contre Apple, rien de moins – à laquelle se prépare désormais activement le pionnier des « super cartes » Curve.

Traversant une période difficile ces derniers mois, comme la FinTech dans son ensemble, en raison de la raréfaction des capitaux, on aurait presque oublié la jeune pousse et son produit pourtant toujours aussi unique. Les déboires réglementaires d'Apple auprès de la Commission Européenne, qui enquête sur ses pratiques soupçonnées d'être anti-concurrentielles, pourraient lui donner un puissant coup de pouce (dont j'imagine qu'il a contribué au bouclage de son tour de financement).

En effet, son approche représente un substitut idéal à la solution de paiement de la marque à la pomme, à commencer par son principe fondamental, consistant à fédérer les différentes cartes du consommateur au sein d'un seul et même instrument piloté par une application mobile. Jusqu'à maintenant, l'intégration sur un iPhone passe par l'enregistrement de la carte fournie par Curve, comme celle de n'importe quel émetteur, dont la gestion reste cependant assurée ensuite par son logiciel propre.

Mais l'avenir est déjà prêt à être déployé (il serait même déjà embarqué, discrètement, dans la version actuelle de l'outil), dès que les instances européennes auront imposé à Apple l'ouverture de son système à la concurrence. L'application pourra alors se substituer entièrement à celle du constructeur et devenir de facto le porte-monnaie mobile par défaut du smartphone, avec sa collection d'avantages exclusifs.

Accueil Curve

Et la proposition est alléchante ! Imaginez ainsi que vous ajoutiez aux fonctions d'Apple Pay que vous connaissez – y compris le paiement fractionné, en plus flexible – la possibilité de changer de support utilisé pour chaque transaction jusqu'à 30 à 120 jours (selon le plan choisi) après son exécution, une bascule transparente sur une carte de secours en cas de rejet sur celle que vous aviez d'abord sélectionnée, la faculté de définir des règles automatiques afin de ne plus oublier de, par exemple, porter vos dépenses professionnelles sur votre compte d'entreprise…

Sans parler du bénéfice pour la jeune pousse, qui économiserait ainsi la « taxe » prélevée par le géant californien sur les règlements effectués via sa plate-forme, la simplification de l'expérience utilisateur qu'apporterait son assimilation au cœur de l'appareil, aussi minime soit-elle, constitue un facteur de séduction, surtout dans un environnement où chaque détail en la matière est valorisé. Curve pourrait de la sorte prétendre à une visibilité qui lui fait largement défaut avec son modèle autonome.

dimanche 23 juin 2024

IA, nouvelle martingale de la bourse

OCBC
Au début de l'âge d'or des réseaux sociaux, certains imaginaient d'analyser les sentiments exprimés par leurs utilisateurs afin de prédire les mouvements de bourse et ainsi maximiser les chances de plus-value. Aujourd'hui la mode est à l'intelligence artificielle et, selon OCBC, elle est désormais prête à endosser ce rôle de martingale.

Baptisé A.I. Oscar (c'est un acronyme), le nouveau dispositif propose aux jeunes singapouriens de recevoir chaque semaine, par notification mobile ou par courriel, une liste de quinze titres que la banque leur recommande à l'achat. Cette sélection est élaborée par ses algorithmes d'apprentissage profond (« deep learning ») de manière à, d'une part, correspondre au mieux au profil du client et, d'autre part, privilégier des valeurs dont la perspective d'évolution du cours estimée est la plus favorable.

La personnalisation des suggestions n'est pas totalement inédite : il s'agit de trouver la meilleure adéquation entre les actions mises en avant et différents critères individuels, relevant à la fois de la démographie et de la psychologie, dont notamment l'aversion au risque, combinés avec une étude de l'historique des transactions destinée à caractériser les préférences. L'objectif consiste bien sûr à faire en sorte que l'utilisateur adopte plus facilement les prescriptions émises, qu'il peut ensuite exécuter en un tournemain.

Le second aspect est plus original – bien qu'il faille s'attendre à ce qu'il se répande très rapidement – mais également plus tendancieux, en raison de sa promesse à peine voilée de prédiction des cours, aussi rassurante que paraisse la mise en œuvre des dernières technologies en vogue avec des modèles entraînés sur 4 000 titres côtés à Hong Kong, Singapour et aux États-Unis, prenant en compte des données diverses (y compris sur les sous-jacents économiques), rafraîchies quotidiennement.

OCBC AI Stock Picker

Le problème n'est pas tant l'application de l'intelligence artificielle sur un domaine où, par essence, le traitement de l'information est fondamental, mais bien sur la communication qu'en fait OCBC. Car, dans le contexte actuel d'emballement autour de l'IA, les clients risquent de se focaliser exclusivement sur cet argument et, lui attribuant des propriétés quasiment magiques, se lanceront dans des opérations plus ou moins hasardeuses en croyant gagner à coup sûr (ce qui est évidemment absurde).

Le constat est d'autant plus alarmant que l'établissement cible en priorité une audience jeune, particulièrement encline à investir en ligne, sans accompagnement. Il ne fait guère de doute que l'ambition de multiplier par trois le nombre de « traders » soit à portée – la phase pilote qui vient de s'achever a déjà vu une augmentation de 50% de l'activité des moins de 35 ans – mais il faut craindre que ces futurs nouveaux adeptes des marchés s'embarquent dans cette aventure pour de mauvaises raisons

samedi 22 juin 2024

CommBank « réinvente » la banque

CommBank
Quand l'australienne CommBank se vante de réinventer la banque pour les entreprises, les détails de ses promesses fournissent hélas une démonstration caricaturale des raisons pour lesquelles il vaut mieux compter sur la FinTech pour transformer le secteur et, surtout, mieux répondre aux attentes de ses clients (quels qu'ils soient).

D'emblée, la déception guette. Ce que le titre de la communication officielle laisse entrevoir comme une véritable révolution se traduit modestement par trois nouveautés. Et, avant d'aller plus loin, je vous laisse juger de leur caractère disruptif : la transposition à l'intention des professionnels du programme de fidélité Yello, conçu pour le grand public, un compte à terme aux conditions de retrait anticipé flexibles et une solution de paiement spécialement développée pour les pharmaciens (et les patients).

Présentée autrement, la banque de demain selon CommBank se satisferait de quelques ajustements portant expressément – et de manière très limitée, en l'occurence – sur sa démarche marketing, ses produits financiers… et un certain degré de personnalisation de l'offre, dont la valeur réelle n'est pas très claire (il est question de paiements plus fluides pour des prescriptions transmises par téléphone) et qui, précision fort révélatrice, est le fruit d'une collaboration avec une jeune pousse locale (Scrypt Ventures).

CommBank réinvente la banque pour l'entreprise

Au-delà de l'ampleur ridicule des changements introduits par rapport à l'ambition proclamée, c'est son approche de l'innovation qui révèle les faiblesses du groupe… qui n'est pourtant pas le plus mal équipé en la matière. En effet, ses responsables abordent les évolutions par le prisme de leur organisation, ou, formulé différemment, en commençant par imaginer ce qu'ils pourraient créer. Une fois cette étape terminée, ils s'interrogent alors sur les besoins auxquels leur idée est susceptible de répondre.

Les bénéfices avancés pour le client reflètent cette méthode de pensée, entre le succès rencontré par Yello auprès des particuliers, supposé augurer d'une même faveur dans les entreprises, et les explications génériques sur la recherche de rendements maximaux sur la trésorerie. Seule la plate-forme de paiement destinée aux pharmacies esquisse une réflexion sur un cas d'usage spécifique… mais elle est indubitablement à porter à l'actif du partenaire retenu, dont l'activité est dédiée à ce secteur.

La véritable réinvention de la banque consisterait plutôt à enfin placer le client au cœur de ses préoccupations. Elle ne parlerait plus de ses produits et de leurs caractéristiques techniques mais elle se focaliserait essentiellement sur les moyens qu'elle met à leur disposition, dans un accompagnement de proximité, afin de les aider à atteindre leurs objectifs et leurs rêves. Ce sont ces derniers, identifiés chez telle ou telle catégorie de population, qui devraient figurer au premier plan de chaque innovation.

vendredi 21 juin 2024

Innzpira, une autre vision de l'aversion au risque

Innzpira
Arrivée du Chili pour sa participation à la London Tech Week, avec la ferme intention de s'installer sur le marché européen, Innzpira aborde l'évaluation de l'aversion au risque des clients d'institutions financières sous deux angles innovants : son approche psychologique, propulsée à l'apprentissage automatique, et les usages qu'elle en imagine.

Dans une certaine mesure, sachant que la jeune pousse a un catalogue générique autour de la connaissance client pour différents secteurs, le principe retenu à l'intention de l'industrie de la finance rappelle celui développé par le français NeuroProfiler. Un questionnaire (simple), mis à disposition de l'entreprise sous la forme d'API, est soumis au consommateur afin de déterminer – grâce à des algorithmes qui, pour une fois, ne sont pas qualifiés d'intelligence artificielle – son profil comportemental, permettant ensuite de déterminer son attitude probable face à divers aléas.

L'offre d'Innzpira a cependant ceci de particulier qu'elle embrasse une perspective large sur cette notion de tolérance au risque. Par exemple, il n'est pas question de se contenter d'un score absolu et universel, qui serait applicable dans toutes sortes de situations et pour toutes sortes de besoins. Il est aussi possible de prédire les réactions à tel ou tel produit soumis au client, notamment selon sa présentation, et d'analyser les concordances possibles avec le résultat de son « test de personnalité ».

Forte de cette capacité originale, la startup positionne son service au-delà des questionnaires réglementaires qu'évoque automatiquement le concept d'appétence au risque dans les départements de conformité. Appréhendée comme partie intégrante de la connaissance de l'individu, elle devient un facteur supplémentaire d'ajustement de la relation aux spécificités de chacun, entre autres pour suggérer une solution correspondant au profil, donc plus propice à l'adoption et génératrice de satisfaction.

Accueil Innzpira

Plutôt que de l'envisager comme un outil de mesure destiné à satisfaire une contrainte légale, qui n'aurait de toutes manières que peu de chances de séduire les responsables de ce domaine, il vaut mieux considérer le système d'Innzpira comme un moyen d'enrichir les informations détenues sur les clients, sur un volet évidemment critique puisqu'il s'invite systématiquement dans les interactions avec l'argent. Il complète ainsi les critères de personnalisation et optimise la qualité de service perçue.

Naturellement, dans la plupart des institutions financières, détacher l'idée d'aversion au risque des étapes rébarbatives (et suscitant tellement d'abandons) dans les processus d'entrée en relation restera difficile. Il serait pourtant largement temps de prendre conscience de l'opportunité qu'elle représente. Correctement mise en œuvre et utilisée à bon escient, elle peut contribuer à la création de confiance et stimuler la fidélité.

jeudi 20 juin 2024

Une assurance contre la fraude au virement ?

Elmore
La fraude au virement autorisé (APP pour l'acronyme anglais) est devenue un véritable fléau que les transferts instantanés rendent toujours plus néfaste. Afin de responsabiliser les acteurs de la finance, le régulateur britannique continue à renforcer ses exigences de protection du consommateur, suscitant des réactions virulentes de l'industrie… et la commercialisation d'un contrat d'assurance dédié.

Le danger était identifié avant même la modernisation des systèmes de paiement : quand les opérations sont exécutées en quelques secondes, l'argent peut disparaître très rapidement et les recours sont alors problématiques en cas d'erreur ou de malversation. Pour les autorités, les moyens de limiter la menace existent, ce qui justifie leur position consistant à imposer, à partir de cet automne, le remboursement des victimes sous cinq jours ouvrés, sauf négligence manifeste et démontrable.

L'opportunité associée n'a pas échappé à Elmore, courtier de Lloyds spécialisé dans les services au secteur financier, qui a donc développé en collaboration avec la jeune pousse de la conformité Green Swan Compliance une couverture consacrée précisément à ce risque, dont la facture totale est estimée à 460 millions de livres sterling sur 2023. L'objectif est de fournir aux entreprises concernées une réponse appropriée aux nouvelles contraintes auxquelles elles seront bientôt confrontées.

Plutôt que les grands groupes bancaires, (légitimement) considérés à même d'en supporter la charge en propre, la cible prioritaire de la solution est constituée par les organisations de petite et moyenne taille, notamment dans la FinTech, qui risquent d'être débordées par les règles à venir et leurs conséquences potentielles sur leur équilibre, surtout celles qui partagent leur licence d'argent électronique avec des agents et autres distributeurs dont elles ne peuvent contrôler toutes les actions.

Elmore

Je dois admettre que je ne comprends pas comment un tel produit fonctionne. En effet, le principe de l'assurance repose sur la mutualisation de risques, normalement aléatoires, au travers d'une base de clients la plus large possible. Or la fraude est à la fois statistiquement déterministe (si j'ose dire) – à quelques variations minimes près selon les mesures de précaution prises – et déjà largement globalisée au niveau de chaque établissement de paiement. En conséquence, les primes demandées ne seront-elles pas le simple reflet d'une moyenne des sinistres attendus, le seul bénéfice supplémentaire à espérer étant une hypothétique prise en charge directe de l'indemnisation, dans les délais légaux, par la compagnie ?

Le cas échéant, une aide logistique peut constituer un argument de vente mais elle ne relève pas vraiment de l'assurance et ne soulagera pas le principal point de douleur des acteurs, à savoir leur portefeuille. De ce point de vue, seul le déploiement de mécanismes de prévention et de sauvegarde est susceptible d'exercer un effet positif. Ce qui tombe bien, puisque telle est exactement l'ambition du régulateur…

mercredi 19 juin 2024

Bye bye Shine…

Shine
La recherche d'un repreneur était engagée depuis quelque temps, l'annonce par Société Générale de la cession de Shine, la néo-banque à l'intention des freelances acquise en 2020, n'est donc pas une surprise. Elle confirme à la fois la difficulté de se réinventer pour un grand groupe et le virage stratégique de sa nouvelle direction.

C'était il y a à peine plus de quatre ans, la jeune pousse alors à la recherche des moyens de se développer se laissait séduire par une promesse de soutien tout en conservant son indépendance. À l'époque, je ne croyais pas à cette dernière et prédisait un mariage douloureux. Je me suis trompé : Shine est restée tellement autonome qu'elle n'a pas bénéficié des synergies espérées (seule une offre de crédit de Franfinance s'est concrétisée) et n'a donc guère progressé durant tout cet épisode.

Désormais, une fois réglées les nécessaires validations administratives (qui prendront plusieurs mois), le trublion rejoindra le giron d'Ageras, une entreprise d'origine danoise et de portée internationale spécialisée dans les services aux professionnels. Son intégration d'une offre bancaire paraît raisonnable… si ce n'est qu'elle fera double emploi au sein de son catalogue existant. Peut-être la technologie et l'expertise de Shine seront-elles reprises mais l'avenir de la marque elle-même semble compromis.

Du côté de Société Générale, la vente est présentée comme une opération de recentrage des activités. Ayant déjà abandonné, sur le même créneau, l'aventure Prismea du Crédit du Nord, l'établissement, qui n'évoque même pas le rôle potentiel de Boursorama, prétend répondre aux attentes de la cible des travailleurs indépendants grâce à son modèle de réseau historique. Voilà une triste démonstration de la profonde incompréhension de ce qui constitue la véritable valeur des startups spécialisées.

Bye bye Shine

L'enseigne au logo rouge et noir s'enfonce de la sorte un peu plus dans sa stratégie de rationalisation opérationnelle, censée redresser son attractivité auprès des investisseurs et sa capitalisation boursière. Hélas, la capitulation totale qui l'accompagne sur le front de l'innovation risque de – et devrait, si les « marchés » étaient cartésiens – produire un effet contraire. Et au passage, Shine, qui avait tout pour devenir une star de la FinTech française, aura fait les frais de ces péripéties qui ne la concernent en rien.

Je crois qu'il ne subsiste maintenant que Treezor dans le portefeuille de Société Générale pour porter le flambeau de la transformation. Les conditions étant plus ou moins identiques, en particulier du point de vue des synergies et de la valeur générée, il faut probablement s'attendre à un désengagement de plus. Enfin, quand le terrain sera dégagé, il restera à se rendre à l'évidence : le groupe sera revenu à son état de 2010, en plus précaire et sans perspective pour son avenir… en dehors d'un éventuel rebond orchestré via Boursorama – hypothèse qui s'éloigne – ou de son acquisition.

mardi 18 juin 2024

La menace d'Apple sur la banque évolue

Apple
Deux ans après la présentation de son offre de paiement fractionné, qui marquait sa première entrée de plain-pied dans les métiers de la banque, Apple abandonne la partie et revient à sa stratégie éprouvée de collaboration avec des spécialistes pour la distribution de produits financiers. Une menace de disruption qui s'estompe ? Pas sûr.

Dans le sillage de l'annonce, à l'occasion de sa conférence dédiée aux développeurs, de l'ajout de plusieurs offres de partenaires, la marque à la pomme a logiquement confirmé le retrait de son option dédiée. Outre une extension géographique prometteuse, les utilisateurs gagneront en flexibilité avec cette évolution, puisqu'ils accèderont directement aux facilités de crédit de leur banque, pour les clients d'ANZ en Australie, de CaixaBank en Espagne, de HSBC et Monzo au Royaume-Uni, de Citi, Synchrony et tous les établissements exploitant la plate-forme technologique de Fiserv aux États-Unis.

Enfin, tous les américains, quel que soit leur émetteur de carte, disposeront également de l'intégration du leader du BNPL Affirm. Dans tous les cas, le choix de l'une ou l'autre des solutions de financement, en complément du règlement comptant, apparaît automatiquement dans l'interface d'Apple Pay, autorisant la sélection du mode souhaité juste avant la validation de la transaction. Notons que la communication n'est pas très claire quant à la disponibilité pour les achats en boutique, seuls ceux effectués en ligne (sans discrimination de navigateur web) ou dans les apps étant évoqués.

Aucune précision n'est donnée non plus concernant le devenir du tableau de bord qui représentait un des meilleurs arguments en faveur de l'approche immergée dans le porte-monnaie mobile : espérons que l'intégration avec des fournisseurs tiers comprenne la consolidation des engagements et leur suivi au cœur de l'outil de paiement.

Apple BNPL

L'arrêt du service en propre d'Apple sera peut-être jugé rassurant par les acteurs du crédit s'inquiétant de l'irruption d'un concurrent d'un tel poids économique et jouissant d'une telle position au premier plan de la relation de paiement avec les consommateurs. Le retour à une politique de partenariats – qui révèle probablement la difficulté, mal anticipée, à pénétrer un domaine d'activité qui lui est largement étranger et s'avère, en particulier, incompatible avec sa dimension globale – leur procurera la satisfaction de pouvoir prétendre à une place privilégiée dans cet écosystème si important.

Il ne faut toutefois pas exagérer la portée de cet accident de parcours : même quand elle déploie des offres externes, Apple prend un soin extrême à la conception d'une expérience client exceptionnelle… qui devient à terme la norme universelle. Les firmes capables de se conformer aux exigences associées auront tout à gagner à la coopération à laquelle elles sont invitées. En revanche, celles qui ne proposent pas aujourd'hui un système à l'état de l'art, prêt à être embarqué sans coutures dans une plate-forme tierce, restent irrémédiablement exposées à la menace de disruption.

lundi 17 juin 2024

Après l'Italie, BBVA viserait l'Allemagne

BBVA
Il y a moins de trois ans, BBVA se lançait le défi alors assez improbable de créer en Italie une nouvelle banque « digitale », en partant de zéro (si ce n'est son expérience et son excellence en la matière). Aujourd'hui, selon une information confidentielle obtenue par Forbes, sa recette pourrait prochainement être déclinée en Allemagne.

À ce stade, il ne s'agirait que d'un projet non définitif. La phase actuelle d'étude de faisabilité est pilotée par le responsable de la division italienne, ce qui laisse entrevoir une réplication plus ou moins fidèle du modèle existant… dont les 420 000 clients conquis fournissent un indice de son succès. La cadence de déploiement a cependant toutes les chances de s'accélérer sous peu, puisque, en parallèle, une campagne de recrutement a démarré afin de constituer l'équipe qui en aura la charge.

Forbes n'a guère plus de détails à fournir mais souligne néanmoins la participation de BBVA au capital de Solaris Bank, fournisseur de solutions de banque en services d'origine allemande, et sous-entend de la sorte que la jeune pousse serait parfaitement positionnée pour propulser l'établissement à venir, dans une approche nativement flexible et ajustable aux besoins des utilisateurs d'un monde « digital ». Il serait intéressant de vérifier si ce moteur était également derrière la filiale transalpine.

Outre son statut de leader économique, le choix de l'Allemagne – après mûre réflexion – pour continuer le mouvement d'expansion européenne du groupe espagnol prolonge probablement la logique retenue pour son démarrage par l'Italie : les deux pays disposent d'un système bancaire traditionnel relativement conservateur et où le modèle 100% en ligne ou mobile n'a pas encore vraiment pris racine (à l'exception peut-être de N26, dont la réussite sur sa terre natale n'est cependant pas éclatante).

Selon cette logique, la France, avec son marché plutôt encombré, resterait à l'abri de la menace d'un débarquement imminent. À moins que la stratégie de BBVA n'embraye rapidement sur une attitude plus agressive visant les autres régions du continent possédant un potentiel attractif et où la concurrence est endormie, notamment en raison des fermetures récentes de trublions historiques (Orange Bank, Ma French Bank…). Sa compréhension profonde des enjeux de l'ère « digitale » lui procurerait certainement un avantage considérable face à des acteurs qui, pour la plupart, vieillissent mal.

BBVA Allemagne

Le 19 juin, BBVA confirmait la rumeur de son plan d'expansion vers l'Allemagne, à l'horizon de 2025.

dimanche 16 juin 2024

La livre digitale franchit une étape

Banque d'Angleterre
Comme nombre de ses consœurs dans le monde, la Banque d'Angleterre explore l'opportunité d'une livre sterling « digitale », complémentaire de la monnaie physique. Avec la prudence caractéristique de sa nature, elle progresse lentement… et vient tout juste de valider la faisabilité technique des paiements de proximité.

Une première étude théorique avait déjà permis de qualifier le fonctionnement de ce cas d'usage essentiel, dont la contrainte principale est l'adaptabilité des systèmes d'encaissement existants au nouvel instrument, afin que son adoption puisse se dérouler de manière transparente, sans l'hypothèque d'un renouvellement généralisé de l'équipement des commerçants. Cette fois, le prestataire retenu pour l'exercice était chargé de réaliser une preuve de concept pour confirmation des résultats.

Dans cette perspective, trois scénarios ont été mis en œuvre et déclinés sur les trois catégories de terminaux disponibles sur le marché (classique, mobile – connecté à un smartphone – et entièrement logiciel). En résumé, les deux approches distinctes évaluées dans un contexte de connexion au réseau ont pu être menées à bien sans modification des appareils mais, sans grande surprise, les échanges « hors ligne » ne se sont avérés possibles que moyennant des changements sur leurs fonctions internes.

En effet, dans de telles conditions (qui constituent donc toujours le point dur des monnaies « digitales »), il est évidemment nécessaire qu'un compte soit géré localement afin de conserver la trace des transactions exécutées, jusqu'à ce qu'une liaison avec le registre centralisé autorise leur enregistrement définitif. L'expérimentation comprenait la conception des évolutions requises, qui ont abouti concrètement sauf avec le module d'encaissement mobile, faute d'ouverture aux développements tiers.

Digital Pound

Le test nous procure une occasion de comprendre les modalités opérationnelles de la livre « digitale »., dans l'hypothèse où elle serait déployée (la décision n'étant pas encore à l'ordre du jour). Le principe repose sur une tenue de compte centralisée et anonyme, prise en charge par la Banque d'Angleterre, avec laquelle interagissent les porte-monnaie électroniques des citoyens, fournis pas des entreprises privées (dont les banques peut-on supposer), par l'intermédiaire d'API mises à leurs disposition.

Un détail intéressant de l'implémentation envisagée se glisse dans les deux scénarios connectés, l'une reproduisant le processus en vigueur aujourd'hui, avec un ordre de paiement transmis au prestataire du marchand qui invoque ensuite l'interface de la banque centrale, tandis que l'autre imagine un appel direct à cette dernière, éliminant le rôle présent de l'acquéreur. Ceux qui craindraient pour leur métier seront cependant réconfortés de savoir qu'une telle solution introduit des complications techniques.

En pratique, la démarche que suit la Banque d'Angleterre est tellement lente, avec une phase telle que ce « PoC » dont les conclusions paraissent réellement triviales, qu'on se demanderait si elle ne cherche pas à gagner du temps afin de ne pas avoir à se lancer (un peu) seule parmi les grands pays occidentaux. Quand on prend conscience de sa quasi absence de réflexion (hélas largement répandue) sur les bénéfices d'une monnaie digitale de banque centrale, il vaut mieux se réjouir de ses hésitations.

samedi 15 juin 2024

Une carte enrichie chez Sofinco

Sofinco
Réagissant tardivement à l'impact du paiement fractionné sur son activité historique de crédit à la consommation, Sofinco dévoile, comme la plupart de ses concurrentes depuis quelques mois, une carte multi-fonctions… à laquelle elle ajoute une extension de garantie qui lui permet de se différencier sur un marché âprement concurrentiel.

Pour ce qui concerne son fonctionnement principal, le nouvel instrument adopte l'état de l'art en la matière : une carte Visa, gratuite sous conditions, utilisable en magasin physique ou en ligne, propose à son porteur le choix d'un règlement comptant (différé, retenu par défaut), en trois ou dix fois, ou encore par 36 ou 60 mensualités d'emprunt classique (selon le montant). La sélection s'effectue immédiatement après une dépense ou en fin de mois, à l'occasion du prélèvement des transactions en attente, par SMS (en réponse à une notification), par téléphone ou via l'application dédiée.

Puis viennent donc les assurances complémentaires incluses : outre les couvertures habituelles de Visa pour les voyages et les locations de voiture ainsi que les non moins traditionnelles options d'assistance, Sofinco intègre les protections, désormais relativement courantes, contre la casse, le vol et les défauts de livraison sur les achats, complétées par une garantie supplémentaire sur les biens d'équipement (via la prise en charge des frais de réparation), au-delà du délai légal, de 12 mois en version standard et de 36 mois avec la carte Premier, quel que soit le mode de financement.

Sofinco À la Carte

Une telle initiative, présentée comme inédite sur le marché, a de quoi séduire les consommateurs désireux de protéger leurs acquisitions les plus précieuses, offrant une alternative attractive et économique, malgré ses limitations (plafond annuel de 3 000 ou 6 000 euros et franchise de 75 euros), aux solutions similaires commercialisées avec une certaine insistance par les grandes enseignes de distribution. La mise en œuvre par recours au service après-vente, plutôt que via remplacement (qui serait d'ailleurs beaucoup plus coûteux à implémenter), constitue en outre un excellent moyen d'encourager une attitude responsable en cas de défaillance d'un produit.

Du point de vue de la filiale du Crédit Agricole, l'approche est indéniablement astucieuse. Grâce à cet avantage original, sa carte a toutes les chances d'être privilégiée par ses clients, notamment pour leurs achats de montant élevé… qui sont évidemment les plus propices au recours à une des formes de crédit proposées. Ce qui est d'abord un facteur de conquête, relevant essentiellement du marketing, devient de la sorte également un vecteur de transformation pour le véritable métier de l'établissement.

vendredi 14 juin 2024

Un espace « ma voiture » dans une app bancaire

Garanti BBVA
Dans un pays, la Turquie, où plusieurs banques se sont lancées avec plus ou moins de bonheur dans des aventures de « super-app » destinées à enrichir et différencier l'expérience offerte à leurs clients, la filiale locale de BBVA choisit maintenant une voie originale et prometteuse avec l'ajout d'une section dédiée à leur automobile.

Au sein de son nouvel espace « mon véhicule », l'application mobile de la marque invite tout d'abord les utilisateurs à fournir l'immatriculation de leur voiture, qu'ils peuvent en outre compléter avec des photos, de manière à personnaliser leur environnement. Ils bénéficient alors d'une intégration transparente de quelques fonctions pratiques, telles que le système de péage autoroutier (HGS), les services de l'administration, pour le règlement des taxes et autres amendes, ou encore le contrat d'assurance.

Ces options ne sont certes pas totalement inédites dans l'univers financier, mais leur assemblage dans un module consacré à l'automobile est déjà unique. Cependant, ce qui rend vraiment la démarche intéressante est l'inclusion d'un volet budgétaire dans cet ensemble : à travers l'identification et l'isolation des dépenses relatives à son véhicule – carburant, péages, parking, entretien… – extraites de ses comptes, le propriétaire obtient une vue précise et exhaustive des frais qu'il engage pour sa voiture.

Une dernière composante introduit enfin une (modeste) dimension de conseil, par exemple par l'intermédiaire de campagnes de sensibilisation et d'information, notamment dans un registre de développement durable dans les transports, et de rappels contextuels, qui aideront les consommateurs à ne plus jamais oublier de payer leurs contraventions et leurs factures de péages ou de renouveler leur police d'assurance.

Garanti BBVA – My Vehicle

En comparaison des « super-apps » généralistes, au sujet desquelles j'ai plusieurs fois exprimé mes doutes quant à leur pertinence, surtout pour une institution financière, l'approche retenue par Garanti BBVA paraît extrêmement sensée. Grâce à sa perspective à 360° sur la thématique automobile, dont une part conséquente réservée à son impact sur les comptes de l'usager, représentant un de leurs postes les plus importants (après le logement), elle défend à la fois sa légitimité et sa valeur.

Au vu de la sensibilité verte qu'affirme l'établissement, on se prendrait maintenant à rêver d'une extension du dispositif, afin qu'il embarque plus clairement et plus largement les enjeux environnementaux de la mobilité. Cela pourrait ainsi commencer par un aperçu de l'empreinte carbone des déplacements en voiture et des recommandations sur la conduite ou le choix du véhicule… puis s'étendre à des considérations sur les modes de transport alternatifs, autant sur le plan économique qu'écologique.

jeudi 13 juin 2024

Apple Intelligence, une approche ciblée de l'IA

Apple
Contrairement aux autres géants technologiques, Apple prend son temps avant de monter dans le train de l'intelligence artificielle, s'attirant autant de critiques que Google et les erreurs de jeunesse qu'a provoquées sa précipitation. Il restera encore à évaluer ses facultés réelles mais sa solution, désormais en approche, a au moins une qualité qui mérite l'attention des entreprises hésitant à se lancer.

Fidèle à son obsession de l'expérience utilisateur, la marque à la pomme choisit donc d'intégrer de « petits modèles » d'IA générative au cœur de ses produits, là où elle est susceptible d'apporter une véritable valeur ajoutée, de manière quasi invisible. Voilà une rupture majeure avec l'habitude qui s'est maintenant installée de promouvoir des dispositifs arborant fièrement leur étiquette technologique (certes à la mode), avec des velléités universalistes qui trahissent une absence de réflexion sur l'usage.

La méthode d'Apple présente deux avantages significatifs. D'abord, la spécialisation de ses composants, qui peut tout de même se décliner sur une multitude de domaines différents, autorise leur exécution sur un socle matériel modeste, sans exigence de puissance démesurée (en l'occurrence un téléphone). Non seulement s'agit-il d'une excellente nouvelle pour l'environnement, cela rend possible une exploitation respectueuse des données sensibles, qui n'ont plus à être transmises et partagées.

L'autre bénéfice concerne la qualité des algorithmes mis en œuvre. En effet, les variables prises en compte pour une fonction chargée de résumer un texte ou de dessiner un émoji personnalisé sont automatiquement restreintes, ce qui limite drastiquement les risques d'anomalies et autres hallucinations. Il est en outre plus facilement envisageable, dans ces circonstances, de poser des garde-fous sur les résultats fournis, par exemple par l'intermédiaire de filtres plus ou moins statiques.

Apple Intelligence

Naturellement, la contrepartie réside dans l'étroitesse du périmètre couvert par chacune de ces « mini-modèles », qui ne sont donc pas en mesure de traiter n'importe quelle demande. Apple résout la difficulté en proposant à l'utilisateur de compléter sa réponse via l'interrogation d'une des plates-formes généralistes du marché (dans un premier temps, ce sera ChatGPT), sacrifiant au passage un peu de la transparence des interactions… et les autres avantages évoqués précédemment, bien entendu.

On perçoit bien à ce stade de la description en quoi la démarche de la firme de Cupertino peut inspirer les organisations – dont, en particulier, les institutions financières – qui se précipitent sur l'intelligence artificielle et engagent d'innombrables expérimentations… qu'elles rechignent ensuite à déployer, par crainte, notamment, de fuites d'informations confidentielles ou des conséquences négatives sur leur image, voire sur leur portefeuille, qu'aurait la moindre imperfection de leurs applications.

Il vaut certainement mieux, comme Apple, oublier, pour l'instant, les assistants virtuels qui se prétendent omniscients et se concentrer sur des fonctions précisément ciblées, sur lesquelles l'apport de l'IA est à la fois important et indiscutable, et faire l'effort d'entraîner des modèles dédiés à ces tâches. Il sera alors tellement plus simple de les amener à un niveau de maturité digne de les mettre entre les mains des clients (entre autres)… et de contrôler qu'ils remplissent correctement le rôle qui leur est assigné.

mercredi 12 juin 2024

Risque climatique et systèmes financiers

MAS
Les risques climatiques font peser une menace de plus en plus sérieuse sur la stabilité des systèmes financiers… qui impose donc de les mesurer. Dans cette perspective, l'autorité monétaire de Singapour a collaboré avec la structure d'innovation de la banque des règlements internationaux afin de mettre au point un premier cadre d'évaluation.

À travers son projet Viridis, la BIS a d'abord travaillé sur l'identification et la formalisation des innombrables dimensions dans lesquelles s'exercent les impacts du changement climatique sur les institutions financières, dont la complexité intrinsèque, les données parfois lacunaires et le manque de compréhension des phénomènes (et de leurs implications) rendent la tâche extrêmement difficile. Le résultat est une plate-forme destinée à aider les régulateurs à surveiller et maîtriser les risques associés.

Conçue avec la MAS singapourienne et plusieurs de ses consœurs dans le monde (entre autres pour la fourniture de données de référence), celle-ci vise non seulement à définir les principales caractéristiques et les métriques essentielles au suivi mais elle comprend également des outils qui en facilitent la collecte. Le recours à des modèles de traitement du langage naturel permet en effet d'extraire et synthétiser les informations requises depuis les documentations règlementaires publiées par les entreprises.

Les indicateurs ainsi rassemblés portent sur les émissions indirectes de gaz à effet de serre, les expositions à des risques matériels et des analyses prospectives déclinées sur différents scénarios d'évolution du climat. Reconnaissant que, devant l'ampleur du chantier à réaliser, les éléments disponibles dans cette itération sont encore embryonnaires, ses promoteurs soulignent que le système ne fournira qu'un aperçu de la situation des banques… dont il restera à approfondir les points d'alerte.

Projet Viridis

L'urgence justifie cette sorte de précipitation, particulièrement inhabituelle dans l'univers de la finance et encore plus de sa supervision, qui préfèrent généralement mûrir leurs initiatives et prendre le temps de les expérimenter et de les valider avant de les déployer. Clairement, les responsables prennent désormais conscience des conséquences imprévisibles mais indubitablement considérables de la crise environnementale sur leur périmètre de responsabilité… à savoir la stabilité de l'économie.

En supposant qu'il soit partagé avec ses briques technologiques, il va maintenant falloir mettre en œuvre le cadre qui a été préparé, dans sa forme rudimentaire, à la fois au niveau des autorités mais également des institutions financières, afin qu'il puisse jouer son rôle de garde-fou au plus tôt, aux côtés des mécanismes de contrôle prudentiel existants. Le choix d'une démarche relativement automatisée devrait simplifier l'adoption mais le cycle décisionnel restera bien sûr le principal obstacle à franchir.

mardi 11 juin 2024

N26 lance son compte d'épargne

N26
La remontée des taux d'intérêt crée des conditions optimales pour un retour de la chasse aux dépôts et à leur rémunération comme arme de séduction. L'opportunité n'a bien sûr pas échappé aux trublions de la FinTech : après Lydia le mois dernier, c'est au tour de N26 de dévoiler sa solution, assortie de quelques caractéristiques originales.

La normalisation de la situation sur les marchés, permettant de recommencer à rétribuer l'épargne à des niveaux raisonnables, rallume la concurrence que se livrent historiquement les établissements qui cherchent, pour diverses raisons, à capter l'argent de leurs clients. Si le terrain privilégié pour cette bataille a toujours été celui des taux servis, les nouveaux entrants, fidèles à leurs habitudes de rupture des conventions, rivalisent aujourd'hui de créativité pour en imaginer et déployer d'autres.

Ainsi, le compte dédié que vient de lancer N26 en France tente de jouer sur sa flexibilité afin d'attirer l'attention des consommateurs. Au lieu des traditionnels – et obscurs, pour le commun des mortels – calculs d'intérêt par quinzaine et leurs versements uniques en fin d'année, la néo-banque promet une appréciation au jour le jour et un règlement mensuel. La distinction est subtile mais, outre la transparence qu'elle apporte, elle procure une visibilité bienvenue aux bienfaits de l'épargne.

Sur le plan des taux, la jeune pousse innove également puisqu'ils sont ajustés selon l'abonnement de l'utilisateur. D'une valeur plancher de (tout de même) 2,26% (bruts) pour les détenteurs d'un compte totalement gratuit, ils atteignent jusqu'à 4% pour les clients de l'offre « Metal » de haut de gamme. Cette progressivité est évidemment destinée à encourager l'adoption de cette dernière, surtout pour ceux qui ont une réserve suffisante à mettre de côté, susceptible de rendre le prix de l'option indolore.

N26 Épargne

De manière plus générale, l'objectif de N26 avec ce produit consiste à la fois à re-dynamiser sa stratégie de conquête de clients supplémentaires, qu'elle espère aguicher avec ses avantages exceptionnels, et à stimuler la transition vers son positionnement comme établissement principal pour un maximum de personnes, en capitalisant sur la valeur additionnelle qu'elle délivre sur l'argent qui reste dans ses livres. Naturellement, une telle place représente aussi un important facteur de fidélisation.

Bien que notoirement efficace pour l'engagement et l'adhésion des consommateurs, la course aux taux affriolants ne peut en principe se prolonger éternellement en raison de son coût élevé. Les autres critères de différenciation deviennent alors primordiaux pour la rétention des clients. Or, en l'occurrence, il faut bien avouer que l'approche de Sumeria (Lydia), avec sa rémunération directe du compte courant qui ne demande aucun effort ni planification, paraît plus à même de convaincre que les adaptations un peu trop techniques de N26. En réalité, l'idéal serait de combiner les deux !