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C'est pas mon idée !

jeudi 20 juin 2024

Une assurance contre la fraude au virement ?

Elmore
La fraude au virement autorisé (APP pour l'acronyme anglais) est devenue un véritable fléau que les transferts instantanés rendent toujours plus néfaste. Afin de responsabiliser les acteurs de la finance, le régulateur britannique continue à renforcer ses exigences de protection du consommateur, suscitant des réactions virulentes de l'industrie… et la commercialisation d'un contrat d'assurance dédié.

Le danger était identifié avant même la modernisation des systèmes de paiement : quand les opérations sont exécutées en quelques secondes, l'argent peut disparaître très rapidement et les recours sont alors problématiques en cas d'erreur ou de malversation. Pour les autorités, les moyens de limiter la menace existent, ce qui justifie leur position consistant à imposer, à partir de cet automne, le remboursement des victimes sous cinq jours ouvrés, sauf négligence manifeste et démontrable.

L'opportunité associée n'a pas échappé à Elmore, courtier de Lloyds spécialisé dans les services au secteur financier, qui a donc développé en collaboration avec la jeune pousse de la conformité Green Swan Compliance une couverture consacrée précisément à ce risque, dont la facture totale est estimée à 460 millions de livres sterling sur 2023. L'objectif est de fournir aux entreprises concernées une réponse appropriée aux nouvelles contraintes auxquelles elles seront bientôt confrontées.

Plutôt que les grands groupes bancaires, (légitimement) considérés à même d'en supporter la charge en propre, la cible prioritaire de la solution est constituée par les organisations de petite et moyenne taille, notamment dans la FinTech, qui risquent d'être débordées par les règles à venir et leurs conséquences potentielles sur leur équilibre, surtout celles qui partagent leur licence d'argent électronique avec des agents et autres distributeurs dont elles ne peuvent contrôler toutes les actions.

Elmore

Je dois admettre que je ne comprends pas comment un tel produit fonctionne. En effet, le principe de l'assurance repose sur la mutualisation de risques, normalement aléatoires, au travers d'une base de clients la plus large possible. Or la fraude est à la fois statistiquement déterministe (si j'ose dire) – à quelques variations minimes près selon les mesures de précaution prises – et déjà largement globalisée au niveau de chaque établissement de paiement. En conséquence, les primes demandées ne seront-elles pas le simple reflet d'une moyenne des sinistres attendus, le seul bénéfice supplémentaire à espérer étant une hypothétique prise en charge directe de l'indemnisation, dans les délais légaux, par la compagnie ?

Le cas échéant, une aide logistique peut constituer un argument de vente mais elle ne relève pas vraiment de l'assurance et ne soulagera pas le principal point de douleur des acteurs, à savoir leur portefeuille. De ce point de vue, seul le déploiement de mécanismes de prévention et de sauvegarde est susceptible d'exercer un effet positif. Ce qui tombe bien, puisque telle est exactement l'ambition du régulateur…

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