Les annonces récentes de nouvelles expérimentations à base de blockchain en vue de mieux assurer la traçabilité des diamants mettent en lumière le véritable agenda de la plupart des grands groupes (tous secteurs confondus) qui se lancent dans ce genre d'initiative… et il paraît bien loin des promesses d'origine de la technologie.
Les enjeux de la filière du diamant (ou, plus généralement, des pierres précieuses et de la bijouterie) sont évidemment considérables, qu'il soit question de financement occulte de guerres civiles, de criminalité de haut vol, de contrefaçons et fraudes en tout genre… Dès 2016, une jeune pousse, Everledger, proposait une plate-forme exploitant, entre autres, les qualités uniques des blockchains afin d'introduire plus de transparence dans cette industrie. Elle semblait alors convaincre une belle palette d'acteurs.
Or, pour certains, cette solution, peut-être trop focalisée sur les besoins des compagnies d'assurance, ne pouvait suffire. Et voilà IBM tentant de rassembler ses clients habituels autour de son projet TrustChain, tandis que l'incontournable De Beers développe et teste une offre concurrente, Tracr, tous deux faisant porter leurs efforts sur la traçabilité depuis la mine jusqu'à la vente au détail. Il faudrait toutefois être extrêmement naïf pour croire que leur objectif est d'apporter une meilleure réponse au problème ciblé.
En réalité, la bataille qu'ils engagent concerne avant tout leur domination d'un marché qui, pour l'un, est perçu comme son pré carré, sur lequel son règne ne peut être contesté, et, pour l'autre, représente une extraordinaire opportunité de s'imposer comme intermédiaire obligé. Introduire l'idée d'une gouvernance décentralisée, confiée à un algorithme, est, dans ces conditions, la dernière de leurs préoccupations. Autant dire, donc, que la technologie blockchain n'est d'aucune utilité concrète pour leurs ambitions.
Les enjeux de la filière du diamant (ou, plus généralement, des pierres précieuses et de la bijouterie) sont évidemment considérables, qu'il soit question de financement occulte de guerres civiles, de criminalité de haut vol, de contrefaçons et fraudes en tout genre… Dès 2016, une jeune pousse, Everledger, proposait une plate-forme exploitant, entre autres, les qualités uniques des blockchains afin d'introduire plus de transparence dans cette industrie. Elle semblait alors convaincre une belle palette d'acteurs.
Or, pour certains, cette solution, peut-être trop focalisée sur les besoins des compagnies d'assurance, ne pouvait suffire. Et voilà IBM tentant de rassembler ses clients habituels autour de son projet TrustChain, tandis que l'incontournable De Beers développe et teste une offre concurrente, Tracr, tous deux faisant porter leurs efforts sur la traçabilité depuis la mine jusqu'à la vente au détail. Il faudrait toutefois être extrêmement naïf pour croire que leur objectif est d'apporter une meilleure réponse au problème ciblé.
En réalité, la bataille qu'ils engagent concerne avant tout leur domination d'un marché qui, pour l'un, est perçu comme son pré carré, sur lequel son règne ne peut être contesté, et, pour l'autre, représente une extraordinaire opportunité de s'imposer comme intermédiaire obligé. Introduire l'idée d'une gouvernance décentralisée, confiée à un algorithme, est, dans ces conditions, la dernière de leurs préoccupations. Autant dire, donc, que la technologie blockchain n'est d'aucune utilité concrète pour leurs ambitions.
Avec les mises en œuvre qu'ils poussent auprès de leurs partenaires respectifs, ils peuvent en effet s'assurer le contrôle de l'écosystème, en conservant la maîtrise des participants, des données (ou des typologies de données) enregistrées, de l'accès aux informations privatives et/ou, simplement, du code informatique sous-jacent. Incidemment, que l'organisme de « tutelle » soit une entreprise ou un consortium ne change rien à l'affaire, si ce n'est que, dans le second cas, les risques d'implosion sont décuplés.
Notons ici que la startup qui met en place sa blockchain peut, elle aussi, être soumise à la tentation de pouvoir absolu. La menace n'est cependant pas du même ordre, car un fournisseur inconnu n'est pas immédiatement en position de s'imposer comme tiers de confiance, ce qui l'incite à démontrer que sa valeur réside ailleurs. Pour Everledger, par exemple, le cœur du modèle réside principalement sur la création des « fiches d'identité » des diamants qu'elle suit, pas sur la conservation des informations.
Les dérives observées autour des diamants se retrouvent, hélas, dans quasiment tous les domaines où des applications de la blockchain sont envisagées, dont, naturellement, la finance. Dès qu'un grand groupe est à l'origine des initiatives, notamment quand il s'agit d'un acteur dominant du secteur ou d'un géant technologique, la méfiance est de mise : il y a de fortes chances qu'il vise à asseoir son influence, sans se soucier des bénéfices attendus d'une approche « authentique » traitant tous les participants à égalité.
Notons ici que la startup qui met en place sa blockchain peut, elle aussi, être soumise à la tentation de pouvoir absolu. La menace n'est cependant pas du même ordre, car un fournisseur inconnu n'est pas immédiatement en position de s'imposer comme tiers de confiance, ce qui l'incite à démontrer que sa valeur réside ailleurs. Pour Everledger, par exemple, le cœur du modèle réside principalement sur la création des « fiches d'identité » des diamants qu'elle suit, pas sur la conservation des informations.
Les dérives observées autour des diamants se retrouvent, hélas, dans quasiment tous les domaines où des applications de la blockchain sont envisagées, dont, naturellement, la finance. Dès qu'un grand groupe est à l'origine des initiatives, notamment quand il s'agit d'un acteur dominant du secteur ou d'un géant technologique, la méfiance est de mise : il y a de fortes chances qu'il vise à asseoir son influence, sans se soucier des bénéfices attendus d'une approche « authentique » traitant tous les participants à égalité.