Free cookie consent management tool by TermsFeed
C'est pas mon idée !

mercredi 5 février 2025

Les ambitions de l'assurance paramétrique

Aon
Discrètement, l'assurance paramétrique prend pied dans des domaines de plus en plus stratégiques, partant des couvertures simples contre les retards de vol, pour évoluer vers les phénomènes météorologiques… et aboutir aujourd'hui à une garantie, proposée par Aon, contre les submersions littorales consécutives aux ouragans.

Le principe, désormais classique, reste simple, même si l'exécution est, en l'occurence, un peu plus complexe. À la signature de son contrat, le client définit le montant d'indemnisation qu'il souhaite (qu'il détermine en fonction des dommages potentiels, normalement) et la cote de montée des eaux à partir de laquelle il lui sera versé. Ces deux facteurs, ainsi que la localisation géographique de la propriété concernée (qui établit son exposition au risque), permettent alors de fixer la prime à payer.

À partir de cet instant, le partenaire technologique de l'assureur Floodbase (sachant que le réassureur Swiss Re figure également parmi les contributeurs de l'initiative) déploie un mécanisme de surveillance (propulsé à l'intelligence artificielle, sans surprise) qui, en cas d'événement majeur, estime en continu la hauteur moyenne des vagues de submersion dans la zone qui entoure le bien. Dès que le seuil fixé dans la police est franchi, le dédommagement prévu est versé au bénéficiaire, automatiquement.

Aon présente sa solution comme une réponse aux problématiques que l'industrie de l'assurance affronte en raison du dérèglement climatique. Cependant, si je comprends bien l'intérêt de pouvoir offrir une couverture à des personnes et des entreprises qui font face au retrait de certaines enseignes dans les régions sensibles ainsi que l'avantage pour la compagnie de limiter son engagement (il n'est plus question de compenser les dommages réels), le coût pourrait rester un obstacle critique pour les clients.

Parametric Storm Surge Insurance

Par rapport aux produits relativement simples développés jusqu'à maintenant, le recours à une approche paramétrique dans ce genre de scénario avancé procure une source complémentaire de valeur ajoutée. En effet, il évacue toute nécessité d'expertise et d'évaluation du préjudice subi, ce qui constitue non seulement une économie de moyens en soi mais prend en outre une importance particulière dans les situations de catastrophe naturelle où le nombre de dossiers à traiter devient vite ingérable.

Sans être, dans ce contexte, la panacée, l'assurance paramétrique pourrait donc n'être plus seulement une option destinée à optimiser l'expérience client (par son instantanéité et sa transparence) mais aussi un nouveau modèle de protection à part entière, capable de fournir un palliatif dans les cas où les contrats traditionnels ne sont plus en mesure de remplir leur mission. Dans le contexte actuel de croissance exponentielle des risques climatiques et de leurs impacts, une telle option ne se refuse pas.

mardi 4 février 2025

Un rabais d'assurance sur la conduite autonome

Tesla
Dans une sorte de réponse aux détracteurs de la conduite autonome, qui se manifestent particulièrement depuis quelques mois, Tesla commence à déployer un mécanisme incitatif auprès de ses clients ayant choisi sa solution d'assurance, sous la forme d'un rabais de prime octroyé en proportion de la fréquence d'activation du dispositif.

Proposée uniquement en Arizona et au Texas, dans un premier temps, la formule appliquée est simple : chaque mois, le ratio du kilométrage effectué en mode automatique (par rapport au total) détermine la réduction imputée sur le coût de la couverture de responsabilité civile (et donc à l'exclusion des autres garanties, notamment tous risques). L'avantage, reporté directement sur le prélèvement mensuel suivant, peut atteindre 10% dès qu'est franchi le seuil de la moitié des trajets.

Notons que la nouveauté vient s'ajouter à l'approche comportementale existante du produit d'assurance de Tesla. Or celle-ci intégrait déjà, de manière détournée, quelques facteurs liées à la conduite autonome, par exemple (et logiquement) par l'exclusion des parcours concernés dans un certain nombre des critères d'évaluation du score de sécurité mis en place afin de moduler les primes (alertes de collision, freinages brusques, prises de virage agressives, non respect des distances de sécurité…).

L'introduction d'une ristourne plus explicite correspond donc à un objectif de visibilité, à travers lequel le constructeur veut encourager activement ses clients à recourir à son mode automatique (dont, incidemment, le prix, qui leur est facturé en supplément, sera de la sorte légèrement amorti). Il ne fait aucun doute que les informations accumulées sur des millions de kilomètres de circulation justifient largement le petit cadeau, tout en maintenant un bénéfice net pour l'équilibre financier de l'assurance.

Pilote Automatique Tesla

Un article à propos du score de sécurité fournit d'ailleurs, à travers une description des formules mathématiques implémentées, une perspective extrêmement intéressante sur les analyses statistiques de données effectuées et la manière dont leurs résultats sont exploités dans le but d'estimer l'impact des comportements observés sur le risque d'accident. Il en ressort rapidement que les corrélations sont suffisamment importantes pour expliquer la supériorité d'un logiciel aux agissements prédictibles.

Comme toujours, la démarche de Tesla constitue un message adressé au secteur de l'assurance traditionnelle, dont la prudence vis-à-vis des véhicules électriques et autonomes (qui se traduit par des tarifs élevés) lui porte préjudice. Mais elle représente surtout une affirmation forte, soutenue par des actes concrets, de sa confiance en ses algorithmes, que la marque compte faire valoir en priorité auprès de ses clients… et des futurs utilisateurs de ses taxis autonomes (s'ils finissent par voir le jour).

lundi 3 février 2025

Sabadell géolocalise les achats

Banco Sabadell
L'espagnole Banco Sabadell nous offre – involontairement, je présume – un moment de nostalgie avec la dernière nouveauté introduite dans ses applications bancaires : grâce à une collaboration avec le spécialiste Snowdrop, elle permet dorénavant à ses clients de localiser précisément les achats enregistrés dans leur historique d'opérations.

Bien que la banque mette exclusivement l'accent sur cette capacité à placer le lieu d'une transaction sur une carte, celle-ci s'inscrit dans une réponse plus globale à une problématique à laquelle nous sommes tous plus ou moins confrontés : la « traduction » dans un langage compréhensible – avec le nom réel de l'enseigne, pour commencer – des descriptifs ésotériques des dépenses apparaissant dans les relevés de compte, qui constitue justement le domaine d'expertise de Snowdrop.

Dans ce contexte, la géolocalisation apporte certes un petit plus mais il semble absurde d'en faire une avancée majeure. D'abord, elle ne s'adresse qu'à des personnes capables de se repérer sur un plan (plus rares qu'on ne l'imagine) et qui sont de plus enclines à en faire l'effort… dans le cas où l'adresse restituée ne leur suffit pas. Notons en outre qu'Apple Pay fournit déjà ce service (avec quelques défauts) à ceux qui préfèrent régler leurs emplettes avec leur téléphone plutôt qu'avec leur carte.

Surtout, en l'état, sa valeur ajoutée est extrêmement limitée. La communication officielle mentionne ainsi uniquement la faculté de vérifier la légitimité d'une opération grâce à son positionnement, qui faciliterait la détection de fraude et renforcerait de la sorte le sentiment de confiance du consommateur. Pourquoi pas, mais il me paraît regrettable que des années d'explorations autour de ce principe ne soient pas mises à profit pour déployer quelques options véritablement utiles dans la vie quotidienne.

Sabadell – Géolocalisation

Une des premières idées qui me viennent à l'esprit consiste à automatiser la détection de transactions suspectes sur la base d'une localisation incohérente, telle qu'elle a été testée par de nombreuses entreprises – institutions financières ou startups – au fil des ans, parmi lesquelles BillGuard, par exemple, était pionnière en 2014.

Dans un tout autre registre, j'ai également souvenir (sans que j'en retrouve hélas la référence) d'une initiative dans laquelle la personne enregistrait ses meilleures expériences et pouvait ensuite les retrouver en un clin d'œil dans son app bancaire, avec tous les détails nécessaires pour les reproduire (où est ce restaurant où j'ai si bien mangé le mois dernier ?), et éventuellement les partager avec ses amis. À moins qu'il ne s'agisse de retourner un produit à un commerçant pour son remboursement…

Plus exotique, une poignée de créatifs avaient imaginé (c'était en 2012 !) d'aider les acheteurs compulsifs à maîtriser leurs instincts, grâce à un mécanisme d'alerte lors de leur entrée dans une zone où ils avaient tendance à dépenser à l'excès. Le principe avait même été repris par une banque américaine un peu plus tard.

Naturellement, ce ne sont là que quelques exemples destinés à démontrer que les données susceptibles d'être extraites d'un historique de compte ouvrent une multitude d'opportunités de services additionnels. Même pour un établissement en manque d'inspiration, il n'est guère difficile de trouver des exemples à décliner afin de révéler tout le potentiel de ce qui n'est, sous sa forme brute actuelle, qu'une anecdote technique.

dimanche 2 février 2025

Amazon adopte le paiement par compte bancaire

NAB
La domination écrasante des cartes – Visa et Mastercard, en particulier – dans l'univers des paiements en ligne serait-elle désormais menacée ? Si les méthodes alternatives à base de transfert bancaire peinent apparemment à s'imposer, l'adoption de l'une d'elles par Amazon, en Australie, pourrait contribuer à leur accélération.

Naturellement, le géant du e-commerce a depuis longtemps mis en place des options de règlement par prélèvement (selon les normes et habitudes en vigueur dans chaque pays), mais elles n'offrent pas le confort d'utilisation de la carte, sans même parler de leur familiarité. C'est justement afin de pallier ces frictions que, presque partout dans le monde, émergent de nouvelles solutions, faciles à mettre en œuvre, sécurisées et instantanées, reposant généralement sur des interfaces de finance ouverte.

PayTo en est la déclinaison australienne qu'implémente dorénavant la boutique Amazon locale, grâce à une collaboration avec NAB. Compatible avec 95% des comptes détenus par le grand public, elle garantit une expérience client transparente, surtout en association avec le système d'identification PayID par adresse de courriel ou numéro de téléphone (sans toutefois interdire le recours aux classiques coordonnées bancaires).

Concrètement, la plate-forme commercialisée par l'institution financière auprès des acteurs du e-commerce invite d'abord le consommateur à enregistrer son compte, de la même manière qu'une carte : il en fournit l'identifiant puis valide l'opération via son application de banque à distance. Cette dernière maintient une liste des accès préalablement autorisés, révocables à tout moment. Dès lors, quand il souhaite payer un achat, il lui suffit de confirmer son accord, d'un geste, à travers le même média.

NAB x Amazon

La promesse de PayTo, comme celle de tous les dispositifs équivalents, est évidemment attractive pour les commerçants. Entre l'immédiateté des versements, directement sur le compte du bénéficiaire, et – sujet éminemment sensible dans la distribution (même chez les plus gros) vis-à-vis des pratiques des réseaux de paiement qu'ils considèrent monopolistiques – les coûts de transaction réduits, en passant par une protection renforcée contre la fraude, ils ne sont pas les plus difficiles à convaincre.

La tâche est plus ardue du côté de leurs clients. En effet, d'une part, ils sont accoutumés aux parcours de paiement par carte, relativement simples, dont il sera rigoureusement impossible de les détourner avec une procédure paraissant un tant soit peu plus complexe. D'autre part, ils sont en majorité réticents aux changements, notamment s'ils n'en perçoivent pas les bénéfices (qui, en l'occurrence sont extrêmement minces pour eux). C'est sur ce point que l'introduction du paiement via le compte bancaire par une enseigne aussi populaire qu'Amazon peut constituer un catalyseur de conversion des comportements pour l'industrie. Et il le sera encore plus s'il est mis en avant…

samedi 1 février 2025

BPCE lance la souscription en ligne de PER

BPCE
Le dispositif du Plan d'Épargne Retraite Individuel (PERI) est officiellement né en France à l'automne 2019. Un an plus tard, Yomoni en lançait sa déclinaison, avec un parcours de souscription entièrement à distance. Aujourd'hui, enfin, BPCE devient la première banque traditionnelle à répliquer cette expérience 100% en ligne.

Accessible depuis les applications web et mobiles des Banques Populaires et Caisses d'Épargne (chacunes à leurs couleurs), l'enrôlement se déroule en trois étapes relativement classiques : après une simulation des revenus de retraite légale, l'utilisateur se voit accompagner dans la sélection d'un produit compatible avec sa situation et ses préférences, lui permettant d'évaluer le complément qu'il peut espérer, puis, s'il est convaincu, il ne lui reste plus alors qu'à signer son contrat par voie électronique.

Naturellement, le client a toujours la possibilité, à tout moment de la procédure, de solliciter l'assistance d'un conseiller, afin d'obtenir plus d'information ou, le cas échéant, de finaliser sa démarche, par téléphone ou en agence. Cette faculté est évidemment un incontournable pour un établissement qui, comme ses équivalents historiques, reste attaché à la relation humaine directe… mais notons que les acteurs « digitaux » n'hésitent pas eux-mêmes à proposer un échange avec un spécialiste.

PERI Banque Populaire

Même s'il faut saluer l'avancée, pionnière, de BPCE, elle soulève quelques questions fondamentales, pour elle et pour l'industrie en général, quant au retard considérable pris dans la mise en place d'une option de souscription en ligne pour le PER. Certes, ses particularités, par exemple au niveau de la fiscalité, peuvent mériter un accompagnement, mais imposer le recours à un expert expose la banque à laisser ses clients les plus à l'aise avec les outils numériques se tourner vers la concurrence.

Plus globalement, quand on entend la ritournelle qui se répand aujourd'hui dans les institutions financières selon laquelle leur transformation « digitale » serait terminée, il y a de quoi sourire. Si tous les produits ne sont pas disponibles à la vente sur les canaux électroniques (comme l'avait déjà presque atteint BBVA en 2018) et si les clients n'y sont pas suffisamment guidés dans leurs choix au point qu'ils soient contraints de s'adresser à un conseiller, alors, de toute évidence, il reste du pain sur la planche !

La stratégie qui consiste à attendre que la majorité des consommateurs soient prêts à réaliser toutes leurs opérations – petites et grandes – de manière autonome pour leur en offrir la capacité est doublement viciée : non seulement elle ignore les besoins des minorités défricheuses influentes – qui trouveront leur bonheur ailleurs, de plus en plus facilement – mais elle retarde en outre une transition inévitable qui bénéficie à tous.