Discrètement, l'assurance paramétrique prend pied dans des domaines de plus en plus stratégiques, partant des couvertures simples contre les retards de vol, pour évoluer vers les phénomènes météorologiques… et aboutir aujourd'hui à une garantie, proposée par Aon, contre les submersions littorales consécutives aux ouragans.
Le principe, désormais classique, reste simple, même si l'exécution est, en l'occurence, un peu plus complexe. À la signature de son contrat, le client définit le montant d'indemnisation qu'il souhaite (qu'il détermine en fonction des dommages potentiels, normalement) et la cote de montée des eaux à partir de laquelle il lui sera versé. Ces deux facteurs, ainsi que la localisation géographique de la propriété concernée (qui établit son exposition au risque), permettent alors de fixer la prime à payer.
À partir de cet instant, le partenaire technologique de l'assureur Floodbase (sachant que le réassureur Swiss Re figure également parmi les contributeurs de l'initiative) déploie un mécanisme de surveillance (propulsé à l'intelligence artificielle, sans surprise) qui, en cas d'événement majeur, estime en continu la hauteur moyenne des vagues de submersion dans la zone qui entoure le bien. Dès que le seuil fixé dans la police est franchi, le dédommagement prévu est versé au bénéficiaire, automatiquement.
Aon présente sa solution comme une réponse aux problématiques que l'industrie de l'assurance affronte en raison du dérèglement climatique. Cependant, si je comprends bien l'intérêt de pouvoir offrir une couverture à des personnes et des entreprises qui font face au retrait de certaines enseignes dans les régions sensibles ainsi que l'avantage pour la compagnie de limiter son engagement (il n'est plus question de compenser les dommages réels), le coût pourrait rester un obstacle critique pour les clients.
Par rapport aux produits relativement simples développés jusqu'à maintenant, le recours à une approche paramétrique dans ce genre de scénario avancé procure une source complémentaire de valeur ajoutée. En effet, il évacue toute nécessité d'expertise et d'évaluation du préjudice subi, ce qui constitue non seulement une économie de moyens en soi mais prend en outre une importance particulière dans les situations de catastrophe naturelle où le nombre de dossiers à traiter devient vite ingérable.
Sans être, dans ce contexte, la panacée, l'assurance paramétrique pourrait donc n'être plus seulement une option destinée à optimiser l'expérience client (par son instantanéité et sa transparence) mais aussi un nouveau modèle de protection à part entière, capable de fournir un palliatif dans les cas où les contrats traditionnels ne sont plus en mesure de remplir leur mission. Dans le contexte actuel de croissance exponentielle des risques climatiques et de leurs impacts, une telle option ne se refuse pas.