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C'est pas mon idée !

dimanche 31 mars 2024

Marsh lance une cyber-assurance affinitaire

Marsh McLennan
À la croisée de la prolifération des outils connectés et de l'inexorable montée des déficiences et malversations en tout genre, la cyber assurance est incontestablement une tendance importante. Avec sa nouvelle offre affinitaire, l'américaine Marsh ouvre (indirectement) la voie à son infiltration progressive dans notre vie quotidienne.

Dans le monde contemporain, il devient de plus en plus difficile (impossible ?) d'échapper indéfiniment aux attaques de hameçonnage, de rançongiciels et autres logiciels malveillants, sur son ordinateur personnel, sa tablette ou son téléphone. Ceux-ci étant devenus les supports des événements et informations critiques de l'existence, les conséquences du moindre incident s'avèrent rapidement désastreuses.

Pour cette raison, et en parallèle de leurs efforts semblables à l'intention des entreprises, les compagnies d'assurance développent des garanties dédiées destinées aux consommateurs. Malheureusement, comme toujours quand il s'agit de convaincre un individu de se protéger contre un risque hypothétique futur, dont, en outre, il ne distingue pas toujours l'impact potentiel, les taux d'adhésion spontanés restent faibles.

La meilleure solution consiste alors à intégrer la cyber couverture dans des produits existants. Quelques acteurs la propose ainsi, généralement en option, dans leurs contrats, tandis que Marsh distribue donc désormais aux entreprises une police, ajustable à l'exposition spécifique de la cible de clientèle visée, prête à accompagner et enrichir tout type de transaction, dans une pure logique de « finance enfouie ».

Selon les cas et les choix de la firme qui l'adopte, elle prend en charge une gamme exhaustive de risques personnels, depuis les infections par virus et tentatives d'extorsion jusqu'aux usurpations d'identité, en passant par les détournements et vols de comptes (par exemple sur des plates-formes de jeu), le harcèlement en ligne, les atteintes à la vie privée ou la réputation, les défauts de livraison (e-commerce)…

Marsh Consumer Cyber Protection

Avec un prix modique, annoncé à moins d'un dollar par mois par assuré, Marsh s'adresse principalement à des fournisseurs de services – associations sportives, organisations professionnelles (de médecins, notamment), employeurs cherchant à renforcer leurs avantages aux salariés,… – en soulignant autant la différenciation concurrentielle qu'ils peuvent en tirer que le surcroît de confiance suscité chez leurs usagers, qui peut même justifier de l'offrir gratuitement (au moins initialement).

Certaines de ces suggestions paraissent cependant trop artificielles pour être véritablement efficaces. A contrario, le lancement, aussi aux États-Unis, par HSB d'une cyber protection pour l'automobile montre une voie différente (ou complémentaire), consistant à ajouter une assurance spécialisée à chaque produit susceptible aux dangers d'internet, quelle qu'en soit la forme. Ne serait-ce d'ailleurs pas une pratique de bon sens au même titre que les garanties habituelles contre les pannes ?

Les hésitations et les expérimentations, entre autres sur les modèles de distribution, sont évidemment logiques pour une ligne émergente, dont il faut simultanément appréhender les mécanismes opérationnels et les perceptions par les clients (à la fois particuliers et entreprises). Face à l'ampleur actuelle des menaces et leur expansion constante, il y a toutefois maintenant urgence à optimiser les offres, dans toutes leurs dimensions.

samedi 30 mars 2024

La science comportementale au service du climat

CommBank
Si la plupart des institutions financières s'accordent sur leur rôle dans l'indispensable transition écologique de leurs clients, elles se contentent en général de déclarations d'intention et autres injonctions génériques. Plus avancée, CommBank explore le recours aux sciences comportementales afin d'encourager leur passage à l'action.

Toutes les études, partout autour de la planète, tendent à aboutir au même constat : une fois écartés la frange de sceptiques irréductibles et, à l'autre extrême, les convaincus qui ne ménagent aucun effort, une immense majorité des citoyens se déclarent plutôt favorables à l'adoption d'attitudes responsables… mais soit affirment ne pas savoir comment s'y prendre, soit ne sont pas prêts à changer spontanément leurs habitudes. Pour ceux-là, la seule solution est un accompagnement rapproché.

En réalité, l'obstacle fondamental est une constante de la psychologie humaine : la préférence pour l'immobilisme, entre crainte de l'inconnu et moindre dépense d'énergie (en écho ironique à notre thématique du jour). Or, les mêmes mécanismes entrant en jeu dans la relation à l'argent, comme le révèlent, notamment, les difficultés à faire adopter des pratiques budgétaires saines aux individus, CommBank estime que des réponses identiques sont susceptibles de vaincre aussi ces résistances.

C'est que la banque australienne est pionnière en matière d'introduction des sciences comportementales au cœur de ses métiers, à travers la mise en place d'une équipe dédiée – BeSci – depuis 2016 et la réalisation de projets concrets aux résultats probants, tels que sa plate-forme « Benefits Finder » de recherche des aides et subventions ou ses petits ajustements sur les modalités de remboursement de crédit hypothécaire, dont le fonctionnement repose sur la théorie des « nudges ».

CommBank & Science Comportementale

De toute évidence, et comme le souligne lui-même Richard Thaler, l'« inventeur » du concept, ces petits coups de pouce destinés à orienter (subtilement) les décisions d'une personne ne suffiront certainement pas à résoudre seuls la crise climatique, mais ils prendront nécessairement une part décisive dans la gigantesque bataille qui attend l'humanité, par leur faculté à faire (presque) systématiquement pencher la balance du côté positif pour l'environnement face aux alternatives du quotidien.

La réflexion n'en est à ce jour qu'à ces prémices au sein de CommBank. Une collaboration est instaurée spécifiquement sur ce sujet avec un laboratoire de recherche de l'université de Harvard dont elle est partenaire de longue date. En parallèle, l'équipe BeSci intègre officiellement les thématiques RSE dans sa mission afin de mettre en œuvre les idées qui en émergeront. Au vu des progrès accomplis autour du bien-être financier grâce ce dispositif, il y a de quoi être optimiste, ce qui positionne incontestablement la banque parmi les plus sérieuses et les plus en pointe dans son engagement pour l'environnement… sous l'angle de l'accompagnement des clients.

jeudi 28 mars 2024

Le coach financier de Chase fait ses preuves

Chase
Comme Bank of America avec son « Life Plan » (disponible depuis plus longtemps), J.P. Morgan découvre un an après le lancement de sa propre déclinaison de la planification financière « digitale » que non seulement une fraction notable de ses clients en sont extrêmement friands mais également qu'ils en retirent des bénéfices tangibles.

En dépit de ses limitations, en particulier sa focalisation exclusive sur l'épargne en vue de préparer des projets à moyen ou long terme (depuis un beau voyage jusqu'à la retraite, qui sont les thématiques favorites des utilisateurs), « Wealth Plan » affiche des résultats incontestablement flatteurs en 12 mois d'existence, avec ses quelques 10 millions d'adeptes (les clients qui ont eu recours à au moins une de ses fonctions par période de 90 jours) et, surtout, la création d'un million de plans personnalisés.

Par rapport aux pratiques habituelles dans la gestion de patrimoine, qui intègre depuis toujours la définition (avec un conseiller) d'un tel programme avant d'engager une stratégie financière, l'application touche déjà deux fois plus d'individus que tous les clients ayant profité de l'approche au cours de l'histoire de l'établissement. Et il ne s'agit pas d'un gadget superficiel puisqu'il est démontré que ceux qui se soumettent à l'exercice ont une probabilité significativement renforcée d'atteindre leurs objectifs.

Du point de vue de J.P. Morgan, l'outil, qui met de la sorte à la disposition de tout un chacun des capacités proches de celle de la banque privée, représente un formidable facteur de confiance et de développement : les encouragements à l'anticipation de projets futurs stimulent presque automatiquement l'acquisition de produits supplémentaires tandis que leur inscription dans un plan formel permet à la fois de rendre plus concrète la perception de leur finalité et de les associer à une réussite.

Meet J.P. Morgan Wealth Plan

Naturellement, derrière la présentation positive de ce bilan préliminaire, la réalité doit être tempérée. Ainsi, le million d'instances signalé constitue une infime minorité (moins de 2%) de l'ensemble de la clientèle. Or il faut être réaliste, même s'il reste une marge de progression pour sa pénétration, la solution ne s'adressera jamais à tous les consommateurs, soit par inadéquation de besoin (il suffit de penser aux nombreux ménages qui vivent au jour le jour), soit par incompatibilité d'ordre psychologique (entre autres chez les récalcitrants incurables à toute suggestion de planification).

Il n'en reste pas moins que le domaine sur lequel est positionné « Wealth Plan » recèle un potentiel commercial fort lucratif qui justifie sans ambiguïté sa mise en œuvre.  Mais l'étroitesse du marché concerné fournit aussi une puissante incitation à une extension à d'autres problématiques courantes parmi les populations, dont certaines – la maîtrise de l'endettement, par exemple – seront probablement moins rentables à l'échelle unitaire mais resteront néanmoins attractives par la dimension de leur audience cible.

mercredi 27 mars 2024

Clearcover lance la déclaration de sinistre par IA

Clearcover
Quand la plupart des institutions financières se piquent d'intelligence artificielle, surtout générative par les temps qui courent, elles évitent soigneusement d'en exposer directement les applications à leurs clients dans des domaines stratégiques, par crainte d'erreurs. Point d'états d'âme de ce genre pour le néo-assureur Clearcover, qui n'hésite pas à l'introduire au cœur de ses processus de déclaration de sinistre.

Alors que l'évaluation des dommages, désormais fréquemment réalisée par des algorithmes de reconnaissance d'images, s'automatise et autorise des réponses toujours plus rapides (a minima dans les cas peu complexes), la première étape du parcours devient maintenant la plus consommatrice de temps et de ressources. Entre la notification initiale d'incident et l'acquisition de l'ensemble des informations requises pour compléter le dossier, les échanges nécessaires nuisent à la satisfaction du client.

C'est donc sur ces interactions que Clearcover déploie l'IA (générative) en priorité. Après une phase préliminaire au cours de laquelle elle cherchait d'abord à assister ses opérateurs dans leur analyse des documents transmis et la préparation de leurs communications, elle franchit aujourd'hui un pas supplémentaire avec la mise en place d'un module conversationnel qui prend en charge de manière autonome la collecte des données de déclaration, de bout en bout, auprès de l'assuré lui-même.

Clearcover Claims

La valeur de l'initiative ne tient pas seulement à la capacité de l'outil de déterminer les multiples éléments à solliciter avant toute prise de décision et de faire le tri dans ce que fournit effectivement son interlocuteur. Elle peut également résider, si l'implémentation est réellement aboutie, dans la possibilité d'ajuster la forme du dialogue (le ton adopté, le niveau de langage…) selon la personnalité de chaque individu et les réactions qu'il exprime, implicitement ou explicitement, au cours de la discussion.

Le client en retire de la sorte un double avantage. D'une part, le traitement automatisé accélère fortement la résolution de son affaire. De ce point de vue, Clearcover vise un délai moyen de 30 minutes entre le premier contact et le versement de l'indemnisation (quand le dispositif est applicable), le record étant à ce jour de 7 minutes. D'autre part, l'intervention de l'IA est elle-même, potentiellement, un facteur de réduction des allers-retours entre le demandeur et son assureur, pour une perception de fluidité accrue.

Naturellement, ces bénéfices dépendront de la qualité de la technologie mise en œuvre, apparemment propriétaire à Clearcover. Ce qui laisse entrevoir à moyen terme une opportunité majeure de différenciation concurrentielle sur le plan de l'expérience client au travers des modèles d'intelligence artificielle intégrés dans la chaîne de traitement des sinistres, depuis la prise en charge initiale jusqu'à leur conclusion.

mardi 26 mars 2024

ChitChat, un WeChat pour l'Afrique

ChitChat
Portant l'ambition de dépasser les quelques initiatives locales au succès retentissant – dont m-Pesa est certainement la plus représentative – et de défendre la souveraineté panafricaine, la FinTech Union54 déploie en Zambie ChitChat, qui fait penser au chinois WeChat, et promet son extension rapide au reste du continent.

Quand tant de candidats à l'émulation ont essayé de commencer par l'un pour ensuite ajouter l'autre, la version beta de ChitChat inclut d'emblée les fonctions de communication, par tchat (comme son nom l'indique) ou par appel vocal, et de paiements entre proches. Cette dernière permet, sans surprise, d'envoyer de l'argent à un correspondant par le seul intermédiaire de son numéro de téléphone.

Selon toute vraisemblance, le dispositif s'appuie sur un compte prépayé pour son volet financier. Il possède cependant la particularité d'être libellé en dollars américains. Cette sévère concession aux velléités de souveraineté est malheureusement indispensable afin d'envisager une portée transnationale. Les conversions en kwachas zambiens devraient toutefois être réalisées à des conditions avantageuses, sinon sans frais.

En dehors des échanges instantanés entre utilisateurs enregistrés, les possibilités d'utilisation de ChitChat ne sont pas très claires, notamment en ce qui concerne la sortie des fonds, sous quelque forme que ce soit (virement bancaire, espèces…). En revanche, dans ce registre précis comme de manière générale, les projets esquissés pour l'avenir sont nombreux… et suivent un schéma finalement classique.

Accueil ChitChat

D'abord, une carte Mastercard, virtuelle ou matérielle, pourra être attachée au compte, autorisant de la sorte les règlements dans les commerces physiques et en ligne. Elle s'accompagnerait d'un module de gestion de finances personnelles pour ceux qui en ferait leur instrument principal, prenant en charge analyse des dépenses, création de sous-comptes pour un pilotage fin, épargne automatique, paiement de factures…

Mais, à l'image des références chinoises, il est également question d'introduire la faculté pour les marchands et autres fournisseurs de services d'installer leur boutique au cœur de l'outil de messagerie, qui deviendrait de la sorte une « super app » telle qu'en rêvent tant d'acteurs. Là encore, l'originalité de la démarche est, à terme, de proposer automatiquement aux participants l'accès au marché africain global.

Enfin, Union54 (pour les 54 états africains, j'imagine) veut miser aussi sur les tendances et les besoins émergents susceptibles de capitaliser sur sa technologie. Elle a ainsi prévu de distribuer la solution sous forme d'API, offrant l'opportunité à n'importe quelle entreprise de développer sa propre déclinaison, sous sa marque, pour ses usage(r)s spécifiques. Une instance dédiée aux gouvernements et à leurs employés, avec toutes les règles de sécurité et de confidentialité requises, est déjà dans les cartons.

Si je suis généralement sceptique quant aux chances de succès des tentatives de « super app » en Europe ou en Amérique du Nord, l'expérimentation que constitue ChitChat se place dans un contexte radicalement différent, encore vierge, à ma connaissance, d'initiatives d'ampleur dans ce domaine. Incidemment, il restera à voir si les citoyens seront sensibles à la fibre africaniste brandie par ses fondateurs.

lundi 25 mars 2024

BNY Mellon s'offre un supercalculateur IA

BNY Mellon
La course aux armements (informatiques) est lancée ! Derrière l'annonce de la première acquisition par une institution financière d'un supercalculateur Nvidia dédié à l'intelligence artificielle, BNY Mellon signale du haut de ses 240 ans d'histoire sa ferme intention de se placer en pointe du domaine, en particulier au profit de ses clients.

Au regard de ses antécédents, aussi bien en matière de culture d'innovation que dans l'exploitation des gisements de données que représente son activité phare de conservation de titres (dont elle est le numéro un mondial) à une époque où on parlait encore de « big data », l'initiative ne peut guère surprendre. Ses velléités d'extraire de la valeur de l'information, jusqu'à en dériver, si possible, de nouvelles lignes d'activité, ne peuvent être que stimulées par les récents progrès des technologies d'analyse.

Dans le prolongement de son « hub IA », qui opère d'ores et déjà une vingtaine de solutions en production, dans des domaines variés tels que l'automatisation, les prédictions ou la détection d'anomalies, BNY Mellon considère l'ajout d'un puissant socle d'infrastructure spécialisé comme un facteur essentiel dans son exploration des innombrables opportunités qui s'ouvrent avec les dernières générations d'outils.

Les premiers cas d'usage concrets mis en œuvre touchent par exemple à l'anticipation des dépôts (critique pour une gestion de trésorerie optimisée), le pilotage automatisé des paiements, les prévisions d'échanges et des soldes de comptes à la clôture des marchés. Des douzaines d'autres sont en cours de développement, sachant qu'un exercice de co-création avait produit plus de 600 idées d'applications l'an dernier.

BNY Mellon – Supercalculateur IA

BNY Mellon n'ignore évidemment pas les dangers sous-jacents et souligne ses efforts importants dans leur maîtrise, à travers, notamment une gouvernance rigoureuse. Mais, dans une intéressante mise en perspective, comme une sorte de rééquilibrage par rapport aux discours de prudence (voire de défiance) désormais habituels dans le secteur, elle n'oublie pas d'insister, en contrepoint, sur la capacité de l'intelligence artificielle à renforcer ses moyens dans sa stratégie de réduction des risques.

Malgré l'apparente logique de la démarche, je ne peux retenir quelques réserves sur le choix d'acquérir en propre un supercalculateur pour l'accompagner. Alors que l'infonuagique s'impose chaque jour un peu plus en raison de son extraordinaire flexibilité, ne s'agit-il pas d'une option potentiellement sclérosante dans un environnement en évolution permanente, autant du point de vue logiciel que matériel ?

D'autre part, l'approche retenue afin d'évaluer et sélectionner les utilisations possibles est entachée d'un défaut classique : en prenant la question par l'angle de la technologie (où pourrais-je donc décliner l'IA ?), les résultats sont nécessairement biaisés et débouchent sur des scénarios sans réel bénéfice distinctif… mais impliquant des coûts et complexités accrus, ainsi qu'un impact environnemental désastreux. Pour mémoire, la blockchain a connu le même phénomène il y a quelques années. Contactez-moi pour découvrir la méthode que je préconise afin d'éviter de syndrome.

dimanche 24 mars 2024

Bank of America unifie ses apps mobiles

Bank of America
La remise d'un prix de l'innovation centrée sur le client par Celent fournit l'occasion à Bank of America de vanter la récente unification de l'ensemble de ses métiers et de leurs applications mobiles au sein d'un logiciel unique à l'intention des particuliers. Bien que prometteuse, la démarche adoptée me paraît toutefois encore loin d'être aboutie.

A priori, l'intégration de la banque du quotidien, de la gestion de patrimoine, de l'investissement, de la banque privée et des avantages salariés dans un seul et même titre n'a guère de quoi impressionner, surtout en France où les grandes enseignes ont depuis longtemps procédé à une telle concentration, plus ou moins exhaustive. Mais l'implémentation qu'en propose Bank of America comporte quelques caractéristiques distinctives qui la rendent probablement plus pertinente pour sa cible.

D'emblée, la remise en cohérence des interfaces qui garantissent une expérience homogène au travers de toutes les fonctions disponibles mérite d'être soulignée car, bien que relevant d'une discipline élémentaire, elle n'est pas toujours au rendez-vous. Plus important, le risque de confusion qu'introduit la profusion d'options rassemblées dans l'espace commun est modulé par l'omniprésence de l'assistant virtuel Erica, capable de guider facilement et rapidement l'utilisateur dans ses demandes et recherches.

Autre facteur de satisfaction important, le planificateur financier « Life Plan » est également inclus et profite (peut-on du moins espérer) de sa nouvelle proximité avec tous les outils bancaires afin de remplir toujours plus efficacement sa mission d'accompagnement à 360° dans la réalisation des grands projets de vie, depuis l'apprentissage du pilotage de budget jusqu'à la préparation de la retraite en passant par l'acquisition prochaine d'une résidence, l'organisation de vacances de rêve…

Bank of America Mobile App

L'application n'est hélas pas exempte de nombreux défauts… jusqu'à me faire douter sérieusement de la sincérité de l'intérêt de la banque américaine pour les préoccupations de ses clients. Le premier d'entre eux est évidemment le fouillis que constitue malgré tout la consolidation d'une multitude de services. En dehors du chatbot, il semble que peu d'efforts aient été consacrés à rendre plus accessibles et intelligibles la présentation et la gestion des différents domaines pris en charge.

Dans un registre quasiment critique, il faut ensuite regretter que Bank of America ne prenne en compte que son propre univers. Dans une époque où, même aux États-Unis, la finance ouverte s'impose, les consommateurs qui, par exemple, ont souscrit des cartes de crédit auprès de concurrents ne pourront les agréger dans une vue globale de leurs comptes. Difficile dans ses conditions d'espérer que le planificateur financier puisse émettre des recommandations totalement fiables et opportunes.

En synthèse, l'initiative est prise, comme souvent, en tenaille entre deux exigences contradictoires, à savoir le recentrage sur les attentes des clients et les objectifs commerciaux. Sans surprise, la seconde tend à primer, avec une position systématiquement privilégiée pour les produits et le soupçon, finalement, d'une fusion des applications orchestrée essentiellement dans le but d'exposer les mobinautes à un catalogue de produits plus riche et de les encourager à compléter leur équipement.

samedi 23 mars 2024

CaixaBank crée un portail pour les agriculteurs

CaixaBank
Tandis que l'agriculture européenne connaît une crise globale, l'espagnole CaixaBank dédie à ce secteur une plate-forme de services extra-financiers, dans la lignée de celles qu'on trouve habituellement pour l'achat immobilier ou la mobilité. La banque est-elle en passe de se transformer en un assemblage d'expériences catégorielles ?

À l'image de la solution Agronomist déployée depuis 5 ans en Pologne par la filiale locale de BNP Paribas, le « Hub AgroBank » se présente comme un espace en ligne où les professionnels du monde agroalimentaire, clients ou non de l'établissement, parfois peu familiers des nouvelles technologies et des opportunités qu'elles leur ouvrent, peuvent découvrir une gamme étendue d'outils « digitaux » destinés à les accompagner dans leur activité quotidienne et leur développement.

Le site, qui semble encore assez embryonnaire, se répartit en quatre univers distincts : l'information, un catalogue agronomique, une place de marché financière et une « communauté » (qui ne correspond pas à ce qu'on peut imaginer sous ce nom). Derrière ces étiquettes génériques, le point commun de l'ensemble, qui permet d'en faire un dispositif original et probablement sans équivalent dans son domaine, est une approche véritablement centrée sur le numérique au service des métiers.

La partie réservée aux financements, certainement la plus représentative de ce point de vue, propose ainsi essentiellement, outre le crédit à l'équipement, des offres conçues dans le but d'accroître la visibilité d'une exploitation sur le web, y compris dans une démarche e-commerce. Dans la même veine, les actualités et les publications partagées (dont une revue trimestrielle), tout comme le calendrier d'événements et un canal de télévision, mettent un fort accent sur l'innovation technologique (qui se retrouve également dans la section communautaire, sous un angle de partenariats).

AgroBank Hub

Côté pratique et opérationnel, un simulateur assiste les visiteurs dans leur recherche des aides publiques, notamment européennes, auxquelles ils peuvent prétendre, et chacun sait à quel point ce sujet est critique. Pour la planification, un kit complet leur promet d'analyser leurs choix de production et de leur émettre des recommandations à partir des données climatiques. Enfin, l'inévitable calculateur d'empreinte environnementale ne se contente pas d'évaluations symboliques mais est associé à un véritable module de conseil pour une réorientation responsable.

La démarche de CaixaBank constitue une illustration supplémentaire de la tendance aux incursions des banques hors de leur pré carré (« Beyond Banking »). Le positionnement retenu ici est probablement opportun, entre une cible de clients dont les préoccupations financières figurent souvent au cœur de leur existence et une niche « digitale » inoccupée. En revanche, l'implémentation, qui relève comme son nom de « hub » le signale, d'un référentiel redirigeant vers des offres externes, sans intégration (un écueil qu'évite, au moins en partie, Agronomist), en limite hélas la valeur.

vendredi 22 mars 2024

Rosaly, toujours plus pour le bien-être financier

Rosaly
Rosaly a démarré son existence avec une facilité d'avance sur salaire mais a toujours intégré dans ses ambitions l'amélioration globale du bien-être financier des employés (puisqu'elle s'adresse aux entreprises). Au fil du temps, elle ajoute donc des services complémentaires, généralement éloignés de son point de départ.

Une première addition, particulièrement bienvenue en période de crise du pouvoir d'achat, fut d'abord le simulateur d'aides sociales, fréquemment méconnues (l'équivalent de 10 milliards d'euros ne seraient pas réclamés chaque année par les français). En quelques minutes et un questionnaire simplifié, l'utilisateur identifie les appoints de revenus auxquels il est éligible, parmi un millier de dispositifs recensés, et obtient une assistance sur les formalités à remplir afin d'en bénéficier. À défaut d'augmention des rémunérations, voilà une compensation minimale.

Autre nouveauté, toute récente, Rosaly offre désormais une option illimitée de consultation d'expert. Une situation compliquée, un projet à préparer ou à financer, un incident de parcours… Dans ces moments où le salarié ne sait à qui poser ses questions ou exposer ses difficultés, un professionnel certifié (« conseiller en économie sociale et familiale ») se tient prêt à répondre, par tchat ou par téléphone, dans le respect absolu de la confidentialité (notamment vis-à-vis de l'employeur qui finance la prestation).

Rosaly – Mes Experts

Parfaitement séduisante en l'état, la fonction « Mes Experts » m'inspire toutefois immédiatement une idée afin de la rendre encore plus utile et profitable pour la majorité de personnes qui ne prend pas conscience à temps de son besoin d'accompagnement (surtout, mais pas uniquement, dans les cas de dérive vers la précarité). En effet, sachant que les inscrits sont encouragés à connecter leur compte bancaire (par exemple pour le bouclier anti-découvert), une analyse des transactions pourrait repérer les occasions d'intervention et suggérer alors son recours.

Je ne m'attarderai pas sur un autre axe de réflexion, qui viserait à proposer le même genre de service en version 100% « digitale », ne serait-ce que pour les nombreux individus réticents à parler d'argent et de leurs problèmes avec un interlocuteur humain. Peut-être ces évolutions viendront-elles un jour enrichir la panoplie de Rosaly. En tous cas, elles s'inscriraient idéalement – probablement comme des dizaines d'autres – dans sa mission de restaurer la sérénité des travailleurs, qui a déjà conquis plus de 300 organisations et 100 000 usagers en à peine quatre ans d'activité.

jeudi 21 mars 2024

La SEC sanctionne l'IA-washing

SEC
Si on en croit la communication des enseignes, l'intelligence artificielle se serait désormais infiltrée partout (jusque dans les brosses à dent, si, si !). La réalité est souvent différente et, dans le domaine de la bourse, le régulateur ne plaisante pas avec les fausses allégations : la SEC américaine vient ainsi d'officialiser et de sanctionner l'« IA-washing ».

Ce sont deux sociétés de conseil en investissement qui font les frais, à hauteur de 400 000 dollars au total, de leurs excès d'emballement pour les concepts à la mode : la canadienne Delphia, qui affirmait depuis 4 ans dans ses documents réglementaires et marketing recourir à l'apprentissage automatique et à l'IA afin de repérer les meilleures opportunités sur les marchés, et Global Advisor, qui se présentait comme la première à mettre l'intelligence artificielle au service de ses analyses et prévisions.

Dans les deux cas, il s'avère que les déclarations reposaient sur du vent, non pas en raison de promesses irréalistes et impossibles à tenir mais, plus prosaïquement, par l'absence même des technologies évoquées au sein des outils mis en œuvre ! Ces faits tombent directement et sans ambiguïté sous le coup des lois sur la publicité mensongère (bien que, comme toujours, un accord amiable ait été trouvé dans lequel les entreprises incriminées n'admettent ni ne réfutent leur culpabilité tout en payant une amende).

SEC Enforcement Action

De la même manière que le « greenwashing » a surfé (et surfe encore à ce jour) sur les préoccupations environnementales des populations, le mirage des miracles qu'autoriserait l'IA sert maintenant à séduire les naïfs, dans tous les domaines, l'investissement n'étant probablement pas le plus affecté. Cependant cette nouvelle déclinaison d'une tentation historique se complique d'un facteur spécifique : l'ajout d'intelligence artificielle dans tel ou tel produit ou service est-il un réel bienfait ?

Dans ce registre, les messages de la SEC sont révélateurs, puisque, outre les appels à la prudence quant aux proclamations exagérées des acteurs financiers, ils soulignent simultanément les dangers propres à la technologie, tels que son immaturité ou sa propension aux erreurs et autres hallucinations. Non seulement il ne faut donc pas croire tout ce que prétendent les organisations mais, quand bien même elles ne mentiraient pas, il faut encore se méfier de leurs pratiques et de leurs solutions !

Nous sommes entrés depuis quelques années dans une ère de technophilie généralisée et relativement irrationnelle qui, pour la majorité, ne s'appuie sur aucune connaissance solide. Résultat, les dérives sont permanentes, de plus en plus extrêmes et difficiles à contrôler (et, dans les faits, quasiment impossibles à stopper). Elle s'exprime aujourd'hui autour de l'IA comme hier avec les cryptomonnaies… et qui sait quelle sera la prochaine vague. Seule constante, à chaque fois les consommateurs sont perdants.

mercredi 20 mars 2024

ScotiaBank s'essaie à la psychologie de l'argent

ScotiaBank
En dépit de son caractère déterminant pour comprendre et conseiller les clients dans leurs choix financiers, l'économie comportementale reste une discipline théorique, rarement appliquée dans les banques. Mais quand ScotiaBank commence à aborder la psychologie de l'argent, elle fait peut-être les premiers pas vers son intégration.

Bien sûr, l'initiative s'avère encore timide puisqu'elle consiste seulement en un test en quinze questions (un peu trop centrées sur l'argent à mon goût pour garantir l'objectivité) qui promet aux visiteurs d'identifier leur style financier prépondérant parmi les six grandes catégories retenues que sont l'appartenance (au groupe), la certitude (pour l'avenir), la connexion (avec les proches), la contribution (à l'amélioration de sa situation), l'indépendance (et l'autonomie) et le potentiel (ou pouvoir tout faire).

Les résultats fournissent à la fois une description synthétique du profil, assortie d'une perspective sur le ressenti, les motivations et les comportements par rapport à l'argent qui lui sont associés, ainsi que quelques recommandations génériques entre exploitation des qualités principales et précautions à prendre pour assurer sa sérénité. Enfin, l'ensemble est complété par une suggestion pratique correspondant à une solution distribuée par la banque, telle qu'un compte épargne ou un programme de fidélité.

ScotiaBank est encore très loin d'embrasser l'extraordinaire opportunité que recèle la prise en considération des perceptions intimes de chaque individu dans l'instauration d'une relation personnalisée, mais cette approche préliminaire démontre a minima sa capacité à en discerner l'importance et sa volonté d'en appréhender les contours, sachant que, naturellement, la capitalisation sur ce niveau de connaissance des clients exige une réinvention presque totale des méthodes de distribution en vigueur.

ScotiaConseils

Basculant dans une vision inconditionnellement centrée sur le client, il faudrait ainsi imaginer un modèle dans lequel les interactions, quel que soit le canal employé (« digital » ou humain), sont guidées par sa situation connue et ses besoins, exprimés ou implicites, puis articulées à travers le prisme de son style spécifique… sachant que ce dernier s'étend en outre sur une palette infinie de nuances, au-delà des six niveaux schématiques primaires, qui mériterait aussi d'être assimilée, idéalement.

Historiquement, les (bons) conseillers possédaient les compétences, souvent intuitives, relevant notamment de l'empathie, qui leur permettaient d'adapter leur accompagnement aux traits psychologiques de leur client. Hélas, même quand cette faculté, désormais rare, subsiste chez quelques individus exceptionnels, elle n'est plus guère applicable dans le contexte d'une relation majoritairement à distance. Il serait bien temps de la réinventer pour la banque du XXIème siècle car c'est cela aussi la « digitalisation ».

mardi 19 mars 2024

AXA ubérise l'agent d'assurance

AXA
L'information n'est certes pas toute fraîche mais je découvre aujourd'hui, grâce à sa sélection  comme innovation du mois par Qorus, OpenInsur, lancé à partir de 2022 par AXA. Il ne s'agit pas, comme son nom le sous-entend, d'assurance ouverte à proprement parler, mais d'une nouvelle approche du réseau « physique » de distribution.

À travers un déploiement progressif au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Cameroun, au Gabon, l'initiative, qui porte, à ce stade, uniquement sur les contrats automobiles, vise le continent africain, où, la souscription d'une couverture en ligne n'est vraisemblablement pas encore entrée dans les mœurs et où l'interaction avec un intermédiaire humain reste donc primordiale… mais s'avère difficile à globaliser en raison d'une densité limitée des points de présence sur le territoire.

Plutôt que de chercher à développer ses implantations traditionnelles, lourdes et coûteuses à installer et à entretenir, AXA a préféré s'inspirer de la méthode qu'a employée en son temps Uber afin de chambouler l'activité historique des taxis, à savoir la mise au point d'une application mobile et le recrutement de mandataires indépendants. Toute personne intéressée par une source de revenus d'appoint (à base de commissions) est invitée à déposer sa candidature et, si cette dernière est acceptée, devra suivre une formation avant de commencer à vendre des produits.

AXA OpenInsur

L'objectif est d'amener l'assurance au plus près des clients (autant géographiquement que culturellement) sans investissement important, notamment immobilier. Les recrues exercent librement, en itinérance, sans locaux dédiés, puisque tout ce dont elles ont besoin est rassemblé sur leur téléphone : parcours de souscription, demande de renouvellement (via une photo de la carte grise du véhicule), délivrance d'attestation… Mais leur rattachement à un agent officiel évite les conflits concurrentiels.

Selon cette perspective, OpenInsur rappelle, plus encore qu'Uber, les principes du porte-monnaie mobile M-Pesa, qui remplit une fonction similaire dans le domaine bancaire. L'immense succès de ce dispositif peut donner espoir pour sa déclinaison dans l'assurance, bien que, à 15 ans d'écart, on puisse s'interroger sur la réelle nécessité de miser sur une relation face à face pour ces services (je ne suis d'ailleurs pas certain que le réseau d'opérateurs du système kenyan soit toujours aussi crucial).

Quoi qu'il en soit, la compagnie a des ambitions en vue de prolonger son concept. Outre la prise en charge d'actes supplémentaires, dont la déclaration de sinistre, elle envisage de l'adapter à d'autres segments, tels que la santé ou les garanties des PME, dans une démarche qui, au-delà de sa valeur commerciale, représente potentiellement un enjeu d'inclusion et de bien-être des populations, en particulier rurales.

lundi 18 mars 2024

Paiement biométrique : J.P. Morgan accélère

J.P. Morgan
Après des années d'expérimentations sans grande envergure et souvent sans lendemain, l'irruption de la plus importante banque du monde, J.P. Morgan Chase, pourrait faire décoller le paiement biométrique… si, du moins, elle parvient à surmonter quelques réticences persistantes, notamment du côté des consommateurs.

Lancé il y a juste un an, le premier pilote mené avec une poignée d'entreprises – couvrant les deux technologies principales, de reconnaissance faciale et de la paume de la main – s'avère apparemment concluant puisque le responsable de l'activité pour la banque révèle qu'il sera étendu au cours des prochains mois. La généralisation est d'ores et déjà envisagée, pour le début de 2025, soutenue par l'ambition de conquérir à terme tous les clients concernés, soit un marché colossal représentant un volume annuel de plus de 35 milliards de transactions et 2 000 milliards de dollars.

Bien que les deux méthodes soient traitées simultanément, l'objectif ultime étant de fournir aux marchands un système d'encaissement universel supportant simultanément les règlements par carte, avec ou sans contact, par porte-monnaie mobile ou par biométrie, la reconnaissance faciale semble plus prometteuse car elle ne requiert qu'un équipement standard (une caméra), présent dans tous les scénarios considérés, y compris en ligne, contrairement à un capteur du réseau veineux.

Le partenaire retenu pour ce volet de l'expérimentation est le fournisseur spécialisé PopID, dont l'approche ne réserve pas de surprise. L'utilisateur commence par créer un compte, auquel sont associés un identifiant chiffré calculé à partir d'un « selfie » et les références d'une carte de paiement, toutes informations conservées par la banque afin d'en garantir la sécurité. Lors de son passage en caisse (réelle ou virtuelle), il choisira l'option biométrique et validera son opération d'un sourire à la caméra.

PopID POS

Grâce à sa position de premier établissement acquéreur aux États-Unis, J.P. Morgan Chase possède les moyens d'installer le paiement biométrique parmi les gestes banals de la vie quotidienne… pour peu qu'il consente les efforts nécessaires au niveau de sa stratégie de distribution – par exemple en termes de tarification (sujet toujours éminemment sensible) – pour que les commerçants l'adoptent sans hésitation. Encore faudra-t-il également que les consommateurs se laissent convaincre.

En effet, les usages courants de la technologie, notamment sur nos smartphones où elle est déjà exploitée, entre autres, pour les paiements, ne semblent pas suffire à faire franchir sans craintes l'étape supplémentaire demandée par la banque. Je pense que le mode de fonctionnement passif proposé génère automatiquement une inquiétude : nous préférons tous nous assurer que nous sommes à l'origine de nos transferts d'argent en les déclenchant par une action délibérée, aussi triviale soit-elle.

La durée des expérimentations, caractéristique des habitudes de l'industrie, laisse au moins le temps d'évaluer ces possibles limitations et d'en rechercher des solutions ou, à tout le moins, des palliatifs. En tous cas, jamais l'hypothèse d'une transition vers le paiement biométrique n'a paru si proche de se réaliser. En revanche, il reste à s'étonner que J.P. Morgan appuie sa solution sur les réseaux de carte au lieu de profiter de l'opportunité pour basculer vers les transferts bancaires instantanés.

dimanche 17 mars 2024

Klarna mise sur la banque ouverte

Klarna
Malgré l'ouverture d'interfaces de paiement depuis le compte bancaire, instaurée au Royaume-Uni en 2018 et imposée en Europe par la fameuse directive des services de paiement (DSP2) l'année suivante, leur usage reste marginal, faute d'expérience utilisateur adéquate. Mais Klarna s'en empare et la donne pourrait changer.

Jusqu'à maintenant, les solutions brutes de paiement à base de finance ouverte se sont révélées relativement malcommodes dans leur mise en œuvre. Pour régler une dépense, tout commence par un clic qui transfère le contrôle vers l'application de la banque de l'acheteur, dont le lancement exige une authentification à deux facteurs, puis il reste à valider la transaction, qui peut elle-même requérir sa propre authentification forte, avant de revenir sur l'espace marchand pour confirmation de bonne fin.

Dans l'implémentation de Klarna, et elle est en cela comparable à celles de tous les acteurs qui cherchent à développer un instrument de paiement générique au-dessus de ce mécanisme, le client est invité à établir par anticipation la connexion à son compte bancaire. Cette préparation permet alors de simplifier les parcours, puisqu'il n'est plus nécessaire de demander l'autorisation d'accès lors de chaque règlement. Or dans cette approche, le géant du BNPL est idéalement positionné pour transformer l'essai.

En effet, là où, malgré des avantages indéniables (en termes de coûts, de sécurité, de fiabilité…), les nouveaux venus peinent à déployer leur produit auprès des commerçants, toujours réticents à ajouter un terminal ou une option d'encaissement supplémentaire (pour une audience nécessairement limitée, au démarrage), Klarna a le privilège d'être déjà largement présent sur les sites marchands et dans les boutiques (32 000 au Royaume-Uni, concerné par la récente annonce), qui vont ainsi instantanément profiter de l'addition, de manière totalement transparente.

Klarna Open Banking

La jeune pousse a en outre un argument imparable en vue de convaincre les consommateurs de partager l'accès à leur compte puisque celui-ci est proposé dès l'entrée en relation pour une toute autre fonction : l'évaluation du profil comportemental, à partir d'une analyse de l'historique des opérations, exploitée en vue d'offrir les meilleures conditions de financement. Or, une fois la liaison avec la banque créée, pourquoi s'embarrasser de l'enregistrement d'une carte de débit ?

Klarna décline aujourd'hui le règlement par compte bancaire dans une dizaine de pays, par exemple en Allemagne à travers le système local Sofort, mais le recours aux interfaces règlementaires devrait permettre d'accélérer sa généralisation, entre autres dans l'Union Européenne. Outre-Manche, le dispositif est activé depuis peu pour les paiements au comptant et il le sera pour les options différées dans le courant de l'année. Au vu des économies possibles en évitant les réseaux de carte, il devrait être fortement encouragé auprès des clients, ce qui devrait stimuler l'adoption et mettre en lumière une opportunité encore méconnue et, surtout, mal maîtrisée de l'open banking.

samedi 16 mars 2024

MetLife valorise la prévention par les praticiens

MetLife
Dans l'univers de l'assurance, la prévention occupe une place de plus en plus importante. Si la priorité porte d'abord sur la sensibilisation et l'accompagnement des bénéficiaires, l'initiative « Spotlite » de l'américaine MetLife nous rappelle opportunément que, en matière de garantie de santé, les praticiens ont également un rôle essentiel.

Ce n'est pas un hasard si la compagnie a choisi la spécialité dentaire pour le lancement de sa démarche, puisqu'il s'agit d'un domaine de la médecine courante dans lequel une hygiène régulière et des soins précoces sont critiques afin d'éviter les situations d'urgence, assorties de leurs désagréments parfois insupportables, et les prises en charge lourdes et coûteuses… mais sont facilement négligés ou oubliés par les intéressés, que ce soit par distraction ou par excès d'insouciance.

Le programme concocté en réponse à ce constat consiste pour MetLife à distinguer parmi ses praticiens affiliés, qui ont normalement déjà fait l'objet d'une sélection rigoureuse sur la base de leurs compétences, ceux qui démontrent par leurs résultats leur engagement pour la prévention. C'est, bien entendu, une analyse de l'historique des consultations (intégrant leur nature et leur fréquence comme leur prix), actualisée annuellement, qui permet d'établir l'entrée dans cette élite de la profession.

MetLife Dental Insurance

Lorsque l'assuré recherche un dentiste à proximité de sa résidence ou de son lieu de travail via l'annuaire mis à sa disposition, les premières recommandations iront naturellement à ceux qui ont été reconnus de la sorte. La promesse associée, qui sert de seul encouragement à les préférer, est celle d'une meilleure qualité de soins, focalisée sur l'anticipation des risques, synonyme de bien-être physique et psychologique… mais aussi financier, une fois prise en compte la part des frais non remboursés.

Aussi désirable soit-elle, pour les assureurs soucieux de maîtriser leurs dépenses et, idéalement, pour les usagers souhaitant s'éviter des tracas futurs, la prévention reste difficile à inculquer dans les comportements. Il vaut donc d'explorer tous les moyens imaginables afin de la développer et, comme l'illustre le cas de MetLife, il peut être utile pour ce faire de s'appuyer sur les partenaires, qui sont sensibilisés et, quand ils sont sérieux, peuvent agir concrètement et stimuler les bonnes habitudes. Et la santé n'est probablement pas le seul secteur susceptible de bénéficier d'une telle approche.

vendredi 15 mars 2024

Deux façons d'envisager l'éducation financière

Monabanq
La douzième édition de la semaine internationale de l'éducation financière, organisée sous l'égide de l'OCDE à partir de lundi prochain, nous procure cette année l'occasion de comparer deux approches opposées de cet enjeu si important : l'exhortation de France FinTech aux pouvoirs publics face à l'initiative proactive de Monabanq.

Si tout le monde s'accorde sur le constat de l'insuffisance criante de formation aux arcanes de l'argent parmi nos concitoyens (et il en est plus ou moins de même sur toute la planète), je ne peux que réitérer mon avis que l'école n'est pas le lieu adéquat pour y remédier, contrairement à ce que suggère la lettre ouverte de l'écosystème de la FinTech adressée au premier ministre et à la ministre de l'éducation nationale.

Je ne reviendrai pas sur tous les arguments qui justifient ma position, je me contenterai de deux des plus sérieux. D'abord, au vu de la baisse dramatique du niveau général dans les matières de base (arithmétique et lecture), les priorités de l'enseignement ne peuvent souffrir aucune diversion. Incidemment, que retiendra un élève d'un cours sur les taux d'intérêt quand il ne maîtrise pas les notions élémentaires de calcul ?

Par ailleurs, pourquoi surcharger les programmes des collèges et des lycées, alors qu'il existe des structures idéalement placées pour assumer le rôle pédagogique tant désiré ? Je pense bien sûr aux banques (et équivalentes), auprès desquelles les adolescents ouvrent un premier compte à partir de 12 ans, les adultes étant contraints d'en détenir un dès leur premier emploi (ou leur inscription à France Travail).

Monabanq x Spak

Voici justement l'exemple de Monabanq, qui offre désormais à ses clients, gratuitement, un cursus complet concocté par la jeune pousse spécialiste Spak en collaboration étroite avec les conseillers de l'établissement (pour une meilleure adéquation à la cible et aux conditions existantes). Aussi modeste soit la démarche, elle permet d'illustrer (presque) tous les avantages de son intégration par une institution financière.

D'emblée, le format adopté, autorisé par la liberté de création d'une entité indépendante, s'adapte au mieux aux habitudes des jeunes générations visées en priorité (car les plus défaillantes). La vingtaine de modules de micro-apprentissage proposées combinent vidéos, quiz ludiques, anecdotes…, le tout sur un ton léger et parfois décalé, destinés à facilement mémoriser les concepts présentés autour de thèmes économiques liés à l'actualité, de sujets génériques, de produits bancaires…

Plus important, les thématiques abordées prennent beaucoup plus de sens dans l'environnement de la banque, où leur réalité est à portée de clic, que dans un cadre scolaire où les rudiments inculqués restent désespérément théoriques. Et l'approche serait encore plus percutante si elle s'inscrivait dans le contexte des opérations exécutées par le client , pour un éclairage, un appui, voire du conseil, in situ.

Dans le domaine de l'éducation, il est toujours tentant de transférer les responsabilités vers l'état, mais, de toute évidence, l'école ne peut combler tous les besoins. Les apprentissages relevant de la vie pratique, en particulier, non seulement sont intrinsèquement hors de son champ de compétences naturel mais bénéficient de surcroît d'une efficacité démultipliée lorsqu'ils sont apportés au sein de leur périmètre natif.

jeudi 14 mars 2024

Et le bien-être financier des PME ?

Pulsoo
À l'intersection des deux grandes tendances que représentent la gestion de finances d'entreprises (« BFM ») et le développement de nouveaux services à l'intention des PME, la portugaise Banco BPI lance, en collaboration avec l'opérateur de télécommunication NOS et avec l'appui de de Personetics, une solution de pilotage originale.

D'emblée, le choix pour une banque de déployer une application indépendante de ses outils classiques, qui plus est distribuée gratuitement à tous, clients ou non, a de quoi surprendre par rapport aux usages, qu'on pense à la gestion de budget destinée aux particuliers ou bien à ses équivalents dédiés aux professionnels. Il est vrai que, à défaut de modèle économique explicite à ce stade, les promesses du dispositif laissent facilement entrevoir des opportunités multiples de générer des revenus.

C'est que, comme nous y habitué Personetics depuis plus d'une décennie dans son approche de l'accompagnement du grand public, il n'est résolument pas question ici d'un simple tableau de bord des rentrées et des dépenses catégorisées de la structure, agrégées depuis ses différents comptes (par l'intermédiaire des interfaces réglementaires de banque ouverte, naturellement). Ainsi, Pulsoo se présente comme un véritable système de gestion à 360° de l'entreprise, couvrant non seulement la trésorerie et les financements mais aussi la fiscalité, les ressources humaines…

Si la plate-forme appréhende d'abord sa cible d'un point de vue généraliste, par exemple en adoptant dans ses interactions avec ses utilisateurs une posture alignée avec la littératie financière moyenne des responsables de PME (plutôt faible), elle offre cependant la relation ultra-personnalisée qui constitue l'ADN de Personetics, à travers la découverte et l'apprentissage constant des pratiques et des attentes de chaque client individuel, de manière à partager des informations clés et à prodiguer des recommandations toujours pertinentes et toujours au moment idoine.

Accueil Pulsoo

L'objectif affiché est de faciliter la vie du chef d'entreprise en le soulageant de la charge qui lui incombe de tout maîtriser en permanence, dans tous les compartiments de son organisation, qu'il en possède ou non les compétences. Il s'agit, entre autres, de recevoir automatiquement les rappels de ses obligations diverses, afin d'éviter les oublis parfois catastrophiques, ou d'avoir toujours sous la main toutes les données et les moyens nécessaires à la planification de son activité et l'anticipation de ses besoins.

En synthèse, Pulsoo se révèle être fondamentalement une solution d'assistance au bien-être financier des entrepreneurs. À ce titre, et en dépit de ses racines évidemment ancrées dans la banque, elle a toute légitimité à se développer en dehors de celle-ci… quitte à, par la suite (?), intégrer des ponts avec elle, au-delà de l'accès « open banking » actuel, afin de simplifier l'exécution contextuelle d'opérations sur les comptes. Incidemment, cette orientation procurerait en outre la base d'un modèle économique.

mercredi 13 mars 2024

Consommateur vert : oubliez vos préjugés

Forrester
Les préoccupations environnementales des consommateurs figurent désormais au centre de l'attention des entreprises comme des états. Elles sont malheureusement le siège de préjugés sommaires qu'une étude du cabinet Forrester vient opportunément déconstruire. Ses résultats devraient aussi infléchir les stratégies d'accompagnement.

Avec un minimum d'observation, les mythes des comportements verts, aussi crédibles paraissent-ils, sont faciles à débusquer. Ainsi, parmi les 5 principaux pays européens, l'Allemagne est presque systématiquement perçue comme la plus en pointe. En réalité, elle est à la traîne, l'Italie et l'Espagne étant les championnes des attitudes pro-actives. Quant aux jeunes, tous derrière Greta Thunberg ? Ils sont pourtant accros à la « fast fashion » et, faute de moyens, aux prix bas, sans considération pour la planète, tandis que leurs aînés comptent plus de réfractaires mais aussi plus d'engagés.

Les français sont globalement en milieu de tableau (le Royaume-Uni se classe bon dernier), avec une caractéristique spécifique. En effet, la proportion de ceux que Forrester qualifie de « dormants » – les individus qui ne sont pas spontanément convaincus mais restent susceptibles de changer une fois sensibilisés – s'avère particulièrement importante (quand elle représente déjà 40% tous pays confondus) et seul un sur cinq estime que la réduction de son impact demande trop d'efforts.

Forrester – Green Stereotypes

En résumé, lorsqu'on exclut la frange d'irréductibles auprès desquels les initiatives destinées à encourager des pratiques vertueuses n'ont aucune chance de trouver un écho, il subsiste dans l'hexagone une petite minorité de véritables « éco-conscients », qui profiteront de toutes les facilités mises à leur disposition mais ne les ont pas attendues pour passer à l'action au quotidien, et, surtout, une vaste majorité de personnes prêtes à s'impliquer pour peu qu'elles soient stimulées et encouragées.

Quelles sont les conséquences pour les démarches qu'entreprennent les banques dans ce domaine ? Comme s'il fallait une confirmation de mes exhortations répétées depuis des mois, le (désormais) classique tableau de bord exposant l'empreinte écologique des dépenses s'adresse aux utilisateurs de la première catégorie et laisse inévitablement au bord de la route les plus nombreux, pour qui les mesures (relativement abstraites) affichées ne constitueront pas un déclencheur majeur de décision.

A contrario, les institutions financières sont extraordinairement bien placées, notamment avec ces outils d'analyse, pour justement fournir l'étincelle capable de faire basculer les millions d'indécis et autres timorés dans le camp des convaincus. Il « suffirait » pour ce faire d'accompagner la vision passive proposée d'un éclairage concret sur les enjeux associés et de préconisations opérationnelles pour une transition en douceur.

mardi 12 mars 2024

Mastercard étend son pilote de souscriptions

Mastercard
Moins d'un an après la présentation de sa solution de pilotage des abonnements depuis le compte bancaire, Mastercard en expérimente une déclinaison multi-établissements et ouvre de la sorte (involontairement ?) la voie à une guerre concurrentielle dans l'industrie, probablement inévitable à terme, via l'« open banking ».

La nouvelle offre « smart subscriptions », à l'intention des institutions financières, repose d'abord sur un principe désormais largement répandu : une analyse de l'historique des transactions permet d'identifier les souscriptions du détenteur du compte. Outre la faculté de mieux suivre, et anticiper, ces paiements récurrents, des options contextuelles proposent alors de suspendre, résilier ou transférer chez un autre fournisseur, opportunément mis en avant, les services correspondants.

À ce socle, Mastercard ajoute donc maintenant une dimension supplémentaire qui change tout. En effet, alors que les systèmes existants sont conçus pour se « brancher » sur le système d'information de la banque qui l'adopte, celui-ci est intégré avec la plate-forme d'agrégation de l'enseigne (issue de l'acquisition de Finicity). Ainsi, au prix, il est vrai, d'un effort de la part du consommateur, qui doit connecter ses différents comptes, tous ses abonnements sont pris en charge, quel qu'en soit le mode de règlement.

Mastercard Open Banking

Pour les américains visés par le déploiement actuel, en mode pilote, l'avantage est de disposer d'un point de contrôle centralisé de leurs souscriptions, souvent réparties sur leurs multiples cartes de crédit. Pour les institutions financières, il n'est plus seulement question de procurer un outil d'optimisation des finances personnelles à leurs clients ni, comme avec la première version de son produit, de réduire le coût des interventions sur contestation des règlements, mais aussi d'attaquer frontalement la concurrence.

Si les quelques implémentations d'accès aux données d'établissements tiers dans les applications des banques se contentent aujourd'hui de fonctions peu stratégiques de consultation de soldes, de transactions et au mieux, de leur répartition par catégories, Mastercard suggère, en revanche, aux adeptes de « smart subscriptions » de s'immiscer dans les relations de leurs clients avec d'autres partenaires financiers en s'appropriant l'intermédiation de leurs abonnements par le biais de promotions.

En d'autres termes, la visibilité acquise sur les comptes des personnes, quel qu'en soit le teneur, sera potentiellement retournée contre ce dernier. Naturellement, de jeunes pousses se sont fait une spécialité de ce modèle mais elles sont rarement menaçantes pour les acteurs historiques. S'il commence à se généraliser au cœur du sérail, les réactions risquent d'être virulentes et de relancer les débats sur la légitimité du partage d'information de plus en plus fréquemment imposé par les régulateurs.

lundi 11 mars 2024

B100 invente la « banque saine »

B100
Pour les établissements historiques qui n'ont pas encore créé leur enseigne 100% « digitale », il devient relativement difficile de trouver un positionnement différenciateur dans un marché désormais très encombré. La jeune espagnole ABANCA joue la fibre responsable afin de démarquer la sienne, qu'elle qualifie de « banque saine ».

Quand un nouveau client souscrit auprès de B100 (comme «  be hundred »… et espérer vivre 100 ans à 100%), il ouvre trois comptes simultanément : un compte de dépôt et sa carte de débit, évidemment, pour les opérations du quotidien, un compte d'épargne classique permettant de faire fructifier ses économies et un « compte de santé » destiné à capitaliser sur les efforts consentis afin de maintenir sa forme physique.

Comment ce dernier fonctionne-t-il ? L'utilisateur est d'abord invité à connecter l'application de la banque à l'outil de mesure d'activité de son téléphone. Puis il se fixe un seuil de nombre de pas quotidiens et le montant, prélevé sur son solde courant, qu'il souhaite mettre de côté à chaque fois qu'il le dépasse. Il bénéficie alors sur cette cagnotte d'une rémunération bonifiée. Les fonds restent bien sûr toujours disponibles.

Dans un autre registre, l'utilisation de la carte « Pay to Save » donne lieu à un versement de 25% des commissions d'interchange perçues par B100 à un projet de lutte contre la pollution des océans mis en place par la jeune pousse Gravity Wave. Par souci de transparence, le porteur dispose d'un suivi gramme par gramme du volume et de la localisation des plastiques qu'elle collecte grâce à sa contribution (et au total).

B100 – Pay to Save

Un telle démarche combinant une préoccupation environnementale avec le soin du bien-être individuel est particulièrement bien pensée dans l'époque actuelle et les mécanismes déployés à ce stade dans cet objectif possèdent en outre le double avantage d'être simples à comprendre et percutants. Cependant, ils ouvrent une perspective qui pourrait largement dépasser le cadre de ces premiers gadgets.

Sur le volet de la protection de la planète, au risque de me répéter, il semblerait important de compléter l'approche passive proposée par un accompagnement concret des consommateurs vers des comportements vertueux. A minima et bien que j'aie l'habitude d'en minimiser la valeur, une évaluation de l'impact écologique des dépenses en parallèle de la mesure du plastique récupéré qu'elles autorisent serait bienvenue.

Du côté du bien-être, je ne vous surprendrai pas en suggérant que son compartiment financier aurait une place naturelle dans le dispositif : pourquoi ne pas décliner, par exemple, le principe du versement automatique vers un super compte d'épargne autour de critères correspondant à de bonnes pratiques avec l'argent (règlement de factures en temps et en heure, absence de découvert, dépenses sous contrôle…) ?

En conclusion, B100 esquisse une solution extrêmement intéressante, parfaitement dans l'air du temps et résolument différente de ses concurrentes. Il reste toutefois à espérer qu'elle ne se réduise pas à un « coup marketing » et que ses promesses de santé, de la personne comme de la planète, soient au contraire prolongées durablement, à travers les innombrables opportunités que ces thématiques recèlent.