Décidément, les compagnies d'assurance s'emballent pour les données et les usages qu'elles peuvent en faire pour rationaliser leurs modèles industriels. Après les cas polémiques que j'évoquais la semaine dernière, en voici deux autres qui, bien qu'ils paraissent légitimes, n'en soulèvent pas moins des questions lourdes de conséquences.
Commençons par le projet de l'américaine Allstate, qui souhaite capitaliser sur les travaux d'Arity, sa filiale spécialisée dans l'analyse de données de conduite, pour affiner ses modèles de calcul de risque. En l'occurrence, elle explore la possibilité de pénaliser (sur leur prime) les automobilistes qui utilisent leur téléphone au volant, après avoir déterminé, à travers l'étude de 160 millions de trajets enregistrés, que cette pratique induisait un surcoût d'indemnisation pour l'assureur pouvant atteindre 160%.
Pour ce faire, la compagnie envisage simplement d'intégrer dans son application mobile des capacités de surveillance qui lui permettent de détecter un comportement dangereux. L'approche ne pouvant pas être imposée aux clients, on peut déjà s'interroger sur sa pertinence (au-delà d'une sensibilisation un peu maladroite). Surtout, étant soumise à un accord préalable des régulateurs, elle présentera un dilemme intéressant dans les états (nombreux) dans lesquels l'acte du « text and drive » constitue une infraction…
Le deuxième exemple est plus positif, puisqu'il consiste à proposer des réductions de prix aux conducteurs de Tesla qui en adoptent les fonctions de conduite assistée. Là encore, la logique des données est implacable : une administration américaine a déterminé que le taux d'accident de ces voitures avait baissé de 40% après l'introduction de cette option ! Rapidement, une startup, Root, a lancé une offre ajustée en conséquence, aux États-Unis. Plus récemment, le numéro un en ligne britannique lui a emboîté le pas.
Commençons par le projet de l'américaine Allstate, qui souhaite capitaliser sur les travaux d'Arity, sa filiale spécialisée dans l'analyse de données de conduite, pour affiner ses modèles de calcul de risque. En l'occurrence, elle explore la possibilité de pénaliser (sur leur prime) les automobilistes qui utilisent leur téléphone au volant, après avoir déterminé, à travers l'étude de 160 millions de trajets enregistrés, que cette pratique induisait un surcoût d'indemnisation pour l'assureur pouvant atteindre 160%.
Pour ce faire, la compagnie envisage simplement d'intégrer dans son application mobile des capacités de surveillance qui lui permettent de détecter un comportement dangereux. L'approche ne pouvant pas être imposée aux clients, on peut déjà s'interroger sur sa pertinence (au-delà d'une sensibilisation un peu maladroite). Surtout, étant soumise à un accord préalable des régulateurs, elle présentera un dilemme intéressant dans les états (nombreux) dans lesquels l'acte du « text and drive » constitue une infraction…
Le deuxième exemple est plus positif, puisqu'il consiste à proposer des réductions de prix aux conducteurs de Tesla qui en adoptent les fonctions de conduite assistée. Là encore, la logique des données est implacable : une administration américaine a déterminé que le taux d'accident de ces voitures avait baissé de 40% après l'introduction de cette option ! Rapidement, une startup, Root, a lancé une offre ajustée en conséquence, aux États-Unis. Plus récemment, le numéro un en ligne britannique lui a emboîté le pas.
Dans ce dernier cas, il suffit à l'assuré de déclarer qu'il recourt à la conduite assistée pour bénéficier d'un rabais de 5%. La démarche se veut expérimentale et vise d'abord, pour Direct Line, à mesurer l'effet réel de l'automatisme sur les usages et les risques. La petite américaine, en revanche, s'inscrit dans un mode industriel, avec une analyse en temps réel de la conduite, afin de déterminer les périodes effectives d'activation de la fonction et de moduler la prime payée en fonction des données précises ainsi collectées.
Ces multiples initiatives pointent, à plus ou moins brève échéance, vers une généralisation de la transformation du smartphone en un véritable espion personnel, utilisé pour capter les informations régissant l'accès à des services divers. Or se posera inévitablement un jour la question des limites, entre les demandes légitimes et celles qui seront perçues comme intrusives (en fonction de la sensibilité de chaque individu), entre le caractère facultatif de la pratique (indirectement imposé par la réglementation) et la pression qui peut s'exercer sur le consommateur pour la lui faire accepter…
Ces multiples initiatives pointent, à plus ou moins brève échéance, vers une généralisation de la transformation du smartphone en un véritable espion personnel, utilisé pour capter les informations régissant l'accès à des services divers. Or se posera inévitablement un jour la question des limites, entre les demandes légitimes et celles qui seront perçues comme intrusives (en fonction de la sensibilité de chaque individu), entre le caractère facultatif de la pratique (indirectement imposé par la réglementation) et la pression qui peut s'exercer sur le consommateur pour la lui faire accepter…