L'immense popularité du paiement fractionné n'attire pas uniquement l'attention des régulateurs du monde entier. Les établissements de crédit traditionnels sont également attentifs à une forme d'endettement de leurs clients susceptible d'impacter leur capacité de remboursement. TransUnion figure parmi les pionniers qui s'attaquent au problème.
Le fournisseur de données financières des consommateurs, en particulier à l'intention des agences de notation, a entamé des collaborations avec les principaux acteurs du BNPL aux États-Unis afin d'intégrer dans ses collectes les informations relatives aux financements sur le point de vente, dont, plus spécifiquement, ceux qui sont aujourd'hui sous les feux de l'actualité parce qu'ils échappent aux contraintes réglementaires les plus strictes du secteur et qu'ils passent ainsi sous les radars de la surveillance.
Dans un premier temps, TransUnion choisit de mettre ces indicateurs à la disposition de ses clients comme une simple option, en marge de ses produits historiques, dont ils retiennent tout de même le format standard. L'objectif est de ne pas affecter immédiatement les scores de crédit existants et de laisser le temps à leurs concepteurs et leurs utilisateurs de se familiariser avec l'ajout. Cependant, à terme et au fil de l'adoption, la cible est bien d'en faire une composante normale des évaluations de l'industrie.
FICO, un des leaders du domaine, partenaire de l'entreprise, se penche d'ores et déjà avec attention sur les opportunités de l'intégration des nouvelles approches de règlement différé au sein de ses modèles analytiques (qui font référence sur le marché). Et quand il est ici question d'opportunités, il ne s'agit pas uniquement d'optimiser le service rendu aux institutions financières : une proportion significative des adeptes du BNPL pourraient aussi bénéficier directement de la démarche de TransUnion.
En effet, les personnes qui recourent aux facilités de règlement font fréquemment partie des jeunes générations (un tiers ont entre 18 et 30 ans) ou des populations fragiles (presque la moitié entrent dans les catégories à risque). Or la difficulté qu'elles rencontrent n'est pas tant réellement leur propension au défaut que la maigreur de leur dossier, justifiée par un historique de crédit limité. L'introduction des opérations de BNPL dans le circuit représente alors justement un moyen idéal de combler cette lacune.
Le raisonnement est en outre amplifié par la possibilité que, dans les systèmes actuels, les transactions correspondant à ces commodités de paiement, surtout quand elles se multiplient, soient considérées exclusivement comme des révélateurs d'habitudes dangereuses, influençant négativement les appréciations émises, sans que jamais soient pris en compte, le cas échéant, les comportements vertueux que révèlerait au contraire une ponctualité irréprochable dans l'acquittement des échéances.
Naturellement, selon toute probabilité, les outils alternatifs de calcul de la fiabilité des emprunteurs – par exemple ceux qui reposent sur un analyse des comptes bancaires – sont largement capables de démontrer une efficacité au moins équivalente sur le sujet. Mais, pour les quelques 100 millions de citoyens américains concernés, le score de crédit classique reste une composante essentielle de leur bien-être financier. Et le BNPL fait de la sorte son entrée officielle dans la palette des solutions de crédit banalisées.