Apparemment, un des effets « magiques » de la crise sanitaire actuelle est de révéler les archaïsmes qui survivent dans les banques du monde entier… et qui se révèlent soudain problématiques. Je découvre ainsi que le livret bancaire, héritage du XVIIIème siècle que je croyais disparu, est encore en usage dans certaines parties du monde.
Voilà une curiosité que la plupart des français n'ont jamais connue, puisque je crois que sa dernière incarnation, à la Caisse d'Épargne (?), remonte aux années 80. Pour ma part, j'ai eu l'occasion de renouer avec le livret imprimé (dont celui qui illustre ce billet), sous une forme à peine plus évoluée que ses ancêtres, au cours d'un séjour au Japon, pendant la décennie suivante. Une annonce de l'australienne CommBank me fait maintenant prendre conscience que cet objet d'un autre âge n'est toujours pas enterré.
Inventé il y a longtemps afin de laisser au client une trace écrite de sa situation financière (avant cela, seule la banque conservait un état comptable), le livret est simplement destiné à enregistrer les transactions réalisées, ligne à ligne. À la faveur de l'informatisation du secteur et après une phase pendant laquelle son remplissage, jusque-là manuel, était progressivement pris en charge par une imprimante, il a été rapidement remplacé par l'envoi automatisé de relevés d'opérations à intervalles réguliers.
Évidemment conçu pour une relation face à face en agence (bien que, dans mon expérience japonaise, une piste magnétique sur sa couverture permettait aussi de l'utiliser dans les guichets automatiques, comme une carte), le livret est extrêmement mal adapté aux circonstances que nous vivons aujourd'hui avec la pandémie. Or une partie des clients de CommBank ne disposent d'aucun autre moyen d'interagir avec leurs comptes, en particulier pour leurs paiements ou pour leurs retraits d'espèces.
Désormais confrontés aux ouvertures limitées des succursales de leur établissement et aux risques de contagion en cas de contacts, ceux-là se trouvaient plus ou moins abandonnés, sans accès sûr à leur argent. Alors la banque vient de décider de leur distribuer en urgence des cartes de débit, qui leur donneront la possibilité d'effectuer des retraits sur les distributeurs. En revanche, il devront continuer à s'accommoder des services en ligne limités au strict minimum qui accompagnent leur compte.
L'anecdote vient utilement rappeler qu'il peut s'avérer dangereux de laisser perdurer des produits obsolètes dans les catalogues. CommBank sous-entend qu'elle ne fait là que répondre à la demande de consommateurs peu aguerris aux technologies modernes, mais ce n'est, en réalité, qu'un prétexte à une réticence générale, inspirée autant par immobilisme de tradition que par paresse intellectuelle, à engager les efforts nécessaires pour maintenir la capacité de la banque à offrir le meilleur à tous ses clients.
Les institutions financières n'ont, heureusement, pas toutes des comptes à livret dans leurs offres, mais n'ont-elles pas souvent quelques vestiges du passé dont elles devraient envisager de se débarrasser avant qu'ils ne reviennent les hanter un jour ?
Voilà une curiosité que la plupart des français n'ont jamais connue, puisque je crois que sa dernière incarnation, à la Caisse d'Épargne (?), remonte aux années 80. Pour ma part, j'ai eu l'occasion de renouer avec le livret imprimé (dont celui qui illustre ce billet), sous une forme à peine plus évoluée que ses ancêtres, au cours d'un séjour au Japon, pendant la décennie suivante. Une annonce de l'australienne CommBank me fait maintenant prendre conscience que cet objet d'un autre âge n'est toujours pas enterré.
Inventé il y a longtemps afin de laisser au client une trace écrite de sa situation financière (avant cela, seule la banque conservait un état comptable), le livret est simplement destiné à enregistrer les transactions réalisées, ligne à ligne. À la faveur de l'informatisation du secteur et après une phase pendant laquelle son remplissage, jusque-là manuel, était progressivement pris en charge par une imprimante, il a été rapidement remplacé par l'envoi automatisé de relevés d'opérations à intervalles réguliers.
Évidemment conçu pour une relation face à face en agence (bien que, dans mon expérience japonaise, une piste magnétique sur sa couverture permettait aussi de l'utiliser dans les guichets automatiques, comme une carte), le livret est extrêmement mal adapté aux circonstances que nous vivons aujourd'hui avec la pandémie. Or une partie des clients de CommBank ne disposent d'aucun autre moyen d'interagir avec leurs comptes, en particulier pour leurs paiements ou pour leurs retraits d'espèces.
Désormais confrontés aux ouvertures limitées des succursales de leur établissement et aux risques de contagion en cas de contacts, ceux-là se trouvaient plus ou moins abandonnés, sans accès sûr à leur argent. Alors la banque vient de décider de leur distribuer en urgence des cartes de débit, qui leur donneront la possibilité d'effectuer des retraits sur les distributeurs. En revanche, il devront continuer à s'accommoder des services en ligne limités au strict minimum qui accompagnent leur compte.
L'anecdote vient utilement rappeler qu'il peut s'avérer dangereux de laisser perdurer des produits obsolètes dans les catalogues. CommBank sous-entend qu'elle ne fait là que répondre à la demande de consommateurs peu aguerris aux technologies modernes, mais ce n'est, en réalité, qu'un prétexte à une réticence générale, inspirée autant par immobilisme de tradition que par paresse intellectuelle, à engager les efforts nécessaires pour maintenir la capacité de la banque à offrir le meilleur à tous ses clients.
Les institutions financières n'ont, heureusement, pas toutes des comptes à livret dans leurs offres, mais n'ont-elles pas souvent quelques vestiges du passé dont elles devraient envisager de se débarrasser avant qu'ils ne reviennent les hanter un jour ?
Livret bancaire d'une banque japonaise (vers 1994) |
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