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C'est pas mon idée !

lundi 20 octobre 2025

Testamento valide les clauses bénéficiaires

Testamento
Malgré des progrès sensibles depuis quelques années, en général stimulés par la pression réglementaire, la fiabilisation des clauses bénéficiaires sur les contrats d'assurance-vie reste une problématique majeure pour l'industrie. Testamento a récemment dévoilé une solution permettant aux fournisseurs de voir plus clair dans leur stock.

La priorité de la mise en conformité, initiée après le durcissement des exigences, consistait pour une majorité d'acteurs à porter une plus grande attention aux nouvelles souscriptions, avec des préconisations plus précises pour leurs clients. En revanche, les contrats existants constituent souvent une faille dans la démarche, en raison de leur nombre gigantesque, de leurs formats variés… et de la négligence des clients quant à la vérification et l'actualisation parfois nécessaire de leurs préférences.

Concrètement, les 73% de français de plus de 50 ans qui n'ont jamais revisité leur choix initial – risquant de la sorte une application contraire à leurs souhaits lors de la survenue du sinistre – contribuent largement aux plus de 5 milliards d'euros d'actifs en déshérence (selon une estimation de 2021). Et les carences des institutions financières en la matière leur coûtent cher : 115 millions d'euros de sanctions imposées par l'ACPR, à date.

Devant l'immensité de la tâche, la première étape du chantier d'assainissement devrait consister à analyser le portefeuille afin d'établir un état des lieux et, surtout, de définir les priorités d'un plan d'action opérationnel. Voilà justement où le nouveau produit de Testameto apporte une aide précieuse. Grâce à ses algorithmes sophistiqués (et un peu d'intelligence artificielle), il va effectuer un premier tri dans l'historique.

Testamento – Deep Vision

Afin de remplir sa mission, Deep Vision commence par extraire les clauses depuis les documents archivés, y compris quand elles sont rédigées à la main sur des formulaires imprimés (ensuite numérisés). Elle peut alors réaliser son véritable examen, au cours duquel elle repère les textes illisibles, les expressions incomplètes, les énoncés inacceptables… de manière à attribuer un score de fiabilité à chacune. Un rapport restitue finalement une synthèse des résultats, assortie de recommandations.

Ainsi armé, l'assureur peut entamer sereinement son travail de réalignement, avec la garantie de pouvoir concentrer ses efforts sur les cas les plus urgents. Dans cette phase, il peut s'appuyer sur un autre outil de Testamento, Beneficiary, intégrée avec Deep Vision, qui va l'aider à apporter les corrections nécessaires, à l'occasion de rendez-vous avec les clients ou par l'intermédiaire d'une plate-forme en ligne.

Les assureurs envisageront probablement la solution de Testamento pour sa contribution au respect de la réglementation et, par conséquent, à la réduction du risque de sanctions. Un deuxième aspect, tout autant pécuniaire, retiendra peut-être aussi leur attention, à savoir la maîtrise des frais engendrés par les clauses plus ou moins invalides. Mais ils devraient également s'intéresser à l'impact sur l'expérience client, entre renforcement de la confiance et opportunité de contact à haute valeur ajoutée…

dimanche 19 octobre 2025

Un protocole de confiance pour les agents IA

Visa
Les visites des sites de commerce en ligne par des agents intelligents étant en pleine explosion, Visa, comme le reste de l'industrie, se précipite afin de développer un protocole adapté pour les paiements et dévoilait donc récemment les résultats de ses travaux, fruits d'une collaboration étendue, destinés à instaurer un modèle de confiance.

Les consommateurs sont de plus en plus nombreux – aux États-Unis et dans le reste du monde – à apprécier ces nouveaux outils d'intelligence artificielle capables d'effectuer leurs emplettes pour leur compte, avec plus ou moins d'autonomie, à partir d'une simple directive énoncée en langage naturel. Cependant, les marchands qui accueillent ces clients un peu particuliers ont encore quelques obstacles et limitations à éradiquer avant de profiter pleinement de l'opportunité qu'ils entrevoient pour l'avenir.

Le premier d'entre eux peut paraître paradoxal : alors que les malversations en tout genre – notamment la fraude – les ont contraints à mettre en place des mécanismes de protection contre les robots, il leur faut dorénavant accepter les incursions d'une partie d'entre eux, générateurs d'activité légitime. Autre motif de préoccupation critique, les commerçants veulent maintenir une relation avec l'humain qui se « cache » derrière l'IA connectée à leur site, à travers une collecte d'information toujours aussi précieuse.

Logiquement, les principales caractéristiques du « Trusted Agent Protocol » de Visa cherchent à répondre à ces enjeux. Dans cette optique, ses spécifications comportent donc des signatures chiffrées permettant, entre autres, de confirmer l'authenticité d'un agent virtuel… et de l'intention exprimée par son utilisateur lors d'une transaction ou encore de transmettre des données de reconnaissance du client (s'il possède déjà un compte, par exemple) et, naturellement, de ses instruments de paiement.

Visa Trusted Agent Protocol

Élaboré en concertation avec plusieurs entreprises du e-commerce, l'initiative de Visa se veut complémentaire – et surtout pas concurrente – des tentatives d'élaboration de standards du secteur. Quand ces derniers visent l'acte d'achat, elle se concentre plutôt sur les mécanismes de sécurité associés. Le protocole s'appuie d'ailleurs sur des normes d'authentification et de signature du web, avec l'objectif périphérique de minimiser les impacts de son implémentation sur les plates-formes existantes.

La démarche est certainement impérative afin d'entretenir la confiance dans un monde en partie piloté par l'intelligence artificielle… mais l'approche spécifique de Visa n'est peut-être pas idéale. D'une part, l'enseigne parle de sa propre implémentation et de son ambition de travailler sur le sujet avec les organismes internationaux ad hoc mais, contrairement à toutes les propositions de cadre pour l'IA agentique, elle ne paraît pas – explicitement, en tous cas – encline à une distribution libre et ouverte.

D'autre part, ses efforts sont, pour l'instant, relativement déséquilibrés, puisqu'ils portent exclusivement sur le renforcement de la protection des marchands vis-à-vis des systèmes d'IA, et négligent de fait l'importance d'établir également la confiance du côté des consommateurs, pour lesquels de telles garanties ne suffisent pas. Quand on connaît les risques auxquels sont potentiellement confrontés les porte-monnaie des pionniers du magasinage agentique, cet aspect mériterait autant d'attention…

samedi 18 octobre 2025

Les promesses fallacieuses de Lloyds

Lloyds Banking Group
Il est maintenant notoire que les jeunes se défient, sinon des banques en général, à tout le moins des cartes de crédit qui risquent de les entraîner dans une spirale d'endettement. Afin de les ramener à la raison, la britannique Lloyds fait valoir quelques justifications valides et vante ses efforts sur l'éducation financière… pourtant bien limités.

À ceux qui débutent dans la vie adulte et bancaire, l'établissement ne cherche plus à vendre des rêves d'autonomie et d'aide dans leurs projets grâce à l'un de ses instruments les plus profitables. L'argument principal de sa nouvelle carte Advance réside plutôt dans l'impératif – auquel elle peut effectivement contribuer – de bâtir un historique solide, reflété par un score de crédit élevé, qui leur permettra de réaliser leurs projets d'avenir, tels qu'un achat immobilier, aux meilleures conditions.

Naturellement, cet objectif ne peut être atteint qu'à travers l'adoption d'une attitude responsable. Lloyds accompagne donc son offre de quelques outils destinés à encourager les porteurs à maintenir le cap : un taux d'intérêt unique, pour une compréhension facilitée du fonctionnement de la carte, un espace en ligne dédié, dans lequel ils trouveront des ressources pour apprendre à l'utiliser sainement, et une prime de 20 livres en récompense d'un comportement optimal pendant les premiers 6 mois.

Le moins qu'on puisse dire est que ce dispositif n'impressionne guère et qu'il a peu de chances de remplir sa mission, surtout auprès de sa cible prioritaire des personnes faisant leur entrée sur l'échelle du score de crédit. Outre le fait que la simplification des frais et le partage de conseils génériques risquent d'être ignorés ou vite oubliés par ceux qui se seront laissés convaincre, il semblerait logique que ces capacités soient ouvertes à tous les clients, susceptibles d'en profiter quelle que soit leur ancienneté.

Lloyds Advance Credit Card

En synthèse, l'initiative de Lloyds ne fournit qu'un seul (maigre) motif de satisfaction : elle démontre que l'éducation et le bien-être financiers commencent à prendre de l'importance dans la perception qu'ont les institutions des attentes de leurs clients. Malheureusement, soit par méconnaissance profonde des enjeux et des solutions capables de les relever, soit par choix délibéré de minimiser les investissements, la plupart des acteurs passent totalement à côté de l'opportunité, pour l'instant.

La carte de crédit procure pourtant quelques occasions idéales pour stimuler l'engagement du porteur sur la maîtrise de son destin financier. Les envois de relevés de compte mensuels, les appels à régler tout ou partie du solde débiteur, les versements réellement effectués… constituent autant de moments dans lesquels l'attention du consommateur est captée et peut être fixée sur les décisions à prendre – assorties de recommandations avisées – ou passées – via un éclairage sur leurs conséquences…

vendredi 17 octobre 2025

Plaid crée un nouveau score de crédit

Plaid
L'agrégateur de données bancaires Plaid n'est certes pas le premier parmi ses pairs à s'aventurer sur le terrain des agences de notation des emprunteurs. Cependant, son nouveau « LendScore » est probablement le plus sophistiqué à date… et il arrive à point nommé alors que des alertes émergent sur les solutions traditionnelles.

C'est justement un acteur du score de crédit, TransUnion, qui révèle ces jours-ci les résultats extrêmement inquiétants de son analyse des tendances sur son marché. En effet, il en ressort que les prêts – automobiles, en particulier, sur lesquels une partie de l'industrie est actuellement en grande difficulté – accordés aux consommateurs les mieux évalués, donc supposés être les plus fiables, généraient dorénavant des pertes trois fois supérieures à ceux de la catégorie la plus risquée (« subprime »).

La principale raison de la dérive, selon l'étude, serait la généralisation des fraudes à l'identité synthétique, à travers lesquelles des cybercriminels passent 18 à 24 mois à construire de faux profils en leur assignant une activité fictive, jusqu'à atteindre un score parfait. Celui-ci sert alors à exécuter des transactions en masse, irrémédiablement vouées au défaut de remboursement. Or les institutions financières, habituées à concentrer leur attention sur les dossiers du bas de l'échelle, ne sont pas armées pour détecter ces escroqueries (mais TransUnion est là pour les aider !).

Plutôt que de chercher à détecter les abus, dont il existe d'autres formes, incidemment, sur les méthodes traditionnelles, les approches alternatives, comme celle de Plaid, qui reposent sur l'exploitation de l'historique financier des demandeurs présentent un avantage certain, puisqu'elles sont (en tous cas pour l'instant) très difficiles, sinon entièrement impossibles, à détourner. L'exigence de connexion aux comptes bancaires, dont le titulaire est bien sûr vérifié, réduit fortement la possibilité d'attaque.

Plaid LendScore

Bien qu'il offre une réponse à cette problématique en progression alarmante, le produit que propose Plaid est, comme tous ses équivalents, en priorité positionné comme un complément aux outils classiques : il vise principalement à ouvrir l'accès au crédit à des individus dont l'évaluation « officielle » n'est pas favorable. Dans ce registre, la jeune pousse introduit toutefois une extension aux seuls calculs statistiques basé sur une modélisation des défaillances bâtie sur plus d'un milliard d'opérations.

Forte de son adoption par des centaines de plates-formes aux usages variés des informations qu'elle fournit, elle complète ses sources de référence par l'analyse des comportements des utilisateurs finaux au sein de celles-ci. Il ne s'agit donc plus seulement d'examiner les mouvement de fonds mais aussi d'explorer une sorte de récit global des pratiques de l'emprunteur potentiel autour de ses finances personnelles.

Plus que jamais, les solutions modernes de protection contre les clients à risque, dans un monde où le crédit est soumis à des menaces de toutes sortes, deviennent incontournables, autant pour prendre en compte la variété croissante des profils et des situations des clients et affiner des critères de décision historiquement approximatifs que comme une parade à des techniques de fraude toujours plus inventives.

jeudi 16 octobre 2025

L'état réel de l'éducation financière des jeunes

Attest
À rebours des clichés sur les jeunes et leur attitude vis-à-vis des questions financières, une étude de la plate-forme spécialisée Attest révèle que la Génération A – celle qui suit immédiatement la Z – s'avère beaucoup plus précoce que les précédentes, et qu'on ne l'imagine généralement, dans l'adoption de bons réflexes avec l'argent.

Focalisée sur un domaine spécifique mais néanmoins représentatif, une enquête auprès d'un millier de parents d'adolescents britanniques, âgés de 15 à 16 ans, nous permet ainsi de découvrir que la quasi-totalité de ces derniers (94%) disposent de quelques économies, la moitié ayant accumulé un pactole de 1 000 livres ou plus (11% dépassant même les 10 000 livres, mais, à ce stade, les disparités de classe entrent en jeu et ces niveaux sont réservés à ceux qui sont issus d'un milieu familial aisé).

Si la majorité de cette population met uniquement de côté une partie de son argent de poche, une fraction non négligeable occupe un emploi à temps partiel (21%) ou bien réalise des tâches de voisinage telles que le baby-sitting (14%) afin de compléter son pactole. D'autre part, ils sont nombreux à posséder des outils bancaires qui les aident dans leur pilotage budgétaire : compte courant dans un établissement traditionnel (53%) ou digital (37%), compte d'épargne dédié (54%), carte de paiement (la moitié)…

Dans un registre légèrement différent, les auteurs soulignent que les membres de ce qu'ils nomment la génération autonome sont immergés depuis leur naissance dans le monde « digital », qu'ils passent une grande partie de leur vie dans des jeux vidéos, sur des sites de génération de contenus par l'intelligence artificielle… Ceux-ci façonnent directement leurs attentes vis-à-vis des enseignes qui leur fournissent des services, entre autres financiers, en termes de personnalisation, de réactivité, d'ergonomie…

Attest – Gen Alpha Report

Pour revenir à l'éducation financière, il semblerait que les crises, récessions économiques et autres difficultés rencontrées par leurs parents au cours de leur existence aient profondément imprimé leur marque sur les comportements des jeunes, désireux de tirer les leçons des déboires de leurs aînés. Mais la généralisation progressive de l'accès aux produits bancaires dès le plus jeune âge constitue probablement un autre facteur de progrès, notamment sur l'incitation à épargner.

Naturellement, cette évolution offre une opportunité aux acteurs du secteur, grands groupes historiques ou jeunes pousses, dans la mesure où ils savent adapter leurs modèles de relation à une cible sensiblement différente de celles qu'ils connaissent, génération Z incluse. Mais l'accueil de cette clientèle crée également un excellent tremplin pour enrichir la culture financière des adolescents à travers des approches pédagogiques contextuelles, ancrées dans leur expérience réelle, telle qu'elle ressort de leurs opérations au sein des applications mobiles bancaires. Il s'agirait d'une autre manière d'appréhender leur besoin d'apprentissage, personnalisé, avec leurs codes.

mercredi 15 octobre 2025

Olenbee rend les titres restaurant invisibles

Olenbee
Le monde du titre restaurant, jaloux de ses privilèges réglementaires et de ses marges confortables, n'est guère propice à l'innovation. Pourtant quelques jeunes pousses tentent d'en changer les règles, notamment en termes d'expérience utilisateur, à l'instar d'Olenbee, que je découvre à l'occasion de son récent accord avec Deliveroo.

Le principal point de friction des solutions existantes réside dans leur recours à un moyen de paiement dédié – un chèque, une carte ou bien sa déclinaison virtuelle dans un téléphone. Entre les limitations sur les montants (qui obligent fréquemment à jongler avec d'autres instruments ou à abandonner une partie de la valeur faciale), l'acceptation sélective par les commerçants, les risques de perte ou d'oubli…, les consommateurs ne peuvent profiter pleinement d'un avantage salarié pourtant plébiscité.

La réponse qu'apporte Olenbee à ces contraintes consiste simplement à s'appuyer sur la carte bancaire que le bénéficiaire possède déjà, avec laquelle il pourra régler ses dépenses de repas comme il en a l'habitude pour tous ses achats, sans se poser de questions, en étant assuré de recevoir les indemnités auxquelles il peut prétendre.

En pratique, le collaborateur doit d'abord configurer son profil dans l'application mobile de la jeune pousse afin d'établir l'association avec sa carte et avec le compte bancaire auquel elle est rattachée (via les services de Linxo). Par la suite, dès que des transactions éligibles sont identifiées dans son historique (celles qui portent sur l'alimentation, selon la législation en vigueur), il lui suffit de les sélectionner, d'un geste, pour réclamer le remboursement de la quote-part à la charge de l'employeur.

Deliveroo x Olenbee

Naturellement, outre les possibles erreurs de catégorisation des opérations par carte, le mode de fonctionnement retenu peut imposer quelques restrictions, par exemple sur des courses en supermarché, où la distinction entre les produits éligibles et les autres est impossible sans accès au reçu détaillé. Je suppose que le partenariat avec Deliveroo qui vient d'être annoncé permet d'éviter ce genre de difficultés, en autorisant automatiquement les quelques 35 000 fournisseurs affiliés au service de livraison.

L'approche d'Olenbee n'est pas inédite. En 2022, j'évoquais les initiatives similaires de Sesame (aujourd'hui disparu, apparemment) et Openeat. Mais le gros du marché, qui passe par la conquête des entreprises et se trouve de la sorte relativement verrouillé, est depuis longtemps aux mains de quelques acteurs importants… qui ne sont pas prêts à adopter un modèle les conduisant à renoncer aux commissions (souvent décriées) qu'ils prélèvent auprès des commerçants. Et tant pis pour l'expérience des usagers…

mardi 14 octobre 2025

La FCA accélère sur la finance ouverte

FCA
Pendant que l'Union Européenne et, surtout, ses grands groupes (bancaires et autres) tergiversent sur la future réglementation qui doit étendre les principes de la DSP2 à l'ouverture de toutes les données financières, le régulateur britannique avance concrètement, autant sur le plan législatif que sur la mise en œuvre effective de ses ambitions.

Sur le papier, la situation actuelle sur le sujet est quasiment identique entre le Royaume-Uni et le continent : les velléités de contraindre les établissements à permettre à leurs clients de partager leurs informations avec les partenaires (habilités) qu'ils choisissent sont affirmées et des orientations plus ou moins précises sont définies quant aux textes envisagés, soumis à discussion dans l'industrie. Pourtant, dans les faits, les méthodes employées de part et d'autre de la Manche ne pourraient être plus divergentes.

En effet, contrairement aux seules considérations théoriques mises en avant par nos représentants, qui conduisent nos entreprises à se diviser en deux camps irréconciliables – entre tenants et opposants –, nos voisins insulaires déroulent une approche extrêmement pragmatique. Plusieurs chantiers opérationnels sont ainsi organisés par les autorités afin d'évaluer, généralement dans un contexte proche de la réalité, les véritables opportunités et limitations des recommandations proposées.

L'exercice a débuté avec une (classique) étude, confiée à un grand cabinet de conseil (KPMG), dans le but de recueillir les avis des parties prenantes. Mais, en parallèle, la FCA rassemblait, au début de l'année, les volontaires (110 ont répondu à l'appel) dans un « sprint » de deux jours, sorte de remue-méninges virtuel destiné à identifier et collecter des cas d'usages susceptibles de justifier la mise en place d'un cadre juridique et à définir quelques principes permettant d'atteindre les objectifs visés.

FCA – Open Finance

Les démarches expérimentales vont maintenant entrer dans une phase d'accélération. Le mois dernier, un « smart data accelerator » était déployé, en collaboration avec le spécialiste Raidiam. Cette nouvelle déclinaison du bac à sable cher au régulateur anglais a vocation à mettre à la disposition des acteurs participant à l'initiative un environnement prêt à l'emploi pour développer et tester des prototypes fonctionnels de solutions exploitant d'hypothétiques données financières partagées.

La FCA prépare en outre deux « sprints » supplémentaires, d'une durée plus longue, entre novembre 2025 et février 2026. Ouverts aux firmes, aux législateurs et aux partenaires étrangers (qui ont jusqu'au 2 novembre pour s'inscrire), en qualité d'observateur ou de producteur, ceux-là seront consacrés à la création d'applications réelles, dans l'accélérateur évoqué précédemment, autour de deux thèmes ressortant comme propices dans les études : le crédit hypothécaire et les services aux PME.

L'objectif recherché à travers ces opérations est double. D'un côté, il s'agit d'éprouver sur le terrain (même simulé) les possibilités tangibles d'une éventuelle réforme à fort impact et, a contrario, de ne pas se contenter d'espérer béatement que des résultats rêvés se matérialisent. De l'autre, l'implication des entreprises du secteur leur donne l'occasion de s'approprier le changement, d'en mesurer les bénéfices potentiels, d'en relativiser les risques… et d'éviter le syndrome du rejet par peur de la nouveauté.

On n'en regrette que plus la réticence historique et inébranlable des autorités françaises et européennes à créer des bacs à sable pour l'innovation financière, dont tout montre pourtant qu'ils ont contribué à l'épanouissement de l'écosystème FinTech britannique.

lundi 13 octobre 2025

Des formations à la cybersécurité inefficaces

UC San Diego
Tous les grands groupes, et encore plus ceux du secteur financier, déploient des formations à l'intention de leurs collaborateurs afin de les sensibiliser aux risques de cybersécurité. Or une étude de l'université de San Diego, portant spécifiquement sur les programmes de lutte contre le hameçonnage, révèle qu'ils ont un impact quasiment nul.

La cible retenue n'est pas choisie au hasard puisque le « phishing » (pour reprendre son appellation d'origine) constitue aujourd'hui le principal vecteur des cyberattaques dans le monde. Et ce qui étonne immédiatement avec la présentation des travaux de l'équipe qui appartient à la division dédiée à la santé dans l'établissement public est qu'elle ne serait que la deuxième, à date, à se pencher sur les effets véritables des démarches pédagogiques de lutte contre un fléau aussi ancien que dévastateur.

Tous ceux qui travaillent, salariés ou contractuels, au sein d'une entreprise importante connaissent ces modules éducatifs, qu'ils sont contraints de suivre à intervalles réguliers, souvent avec réticence. Dans les structures un peu plus créatives, ce sont aussi parfois des simulations de courriels piégés qui sont envoyés, aboutissant à une piqûre de rappel contextuelle sur les conséquences potentiellement graves de leur inattention. Et bien ces méthodes n'ont aucune influence sur les comportements.

Plus précisément, quand les chercheurs analysent scientifiquement, sur un échantillon de 19 500 personnes (les salariés de l'université, en l'occurrence), les taux de réponse à des tentatives de hameçonnage, la différence entre ceux qui ont bénéficié d'une formation et les autres est de 2%, presque dans la marge d'erreur statistique. En outre, la performance se dégrade rapidement dans le temps : en quelques mois, les réflexes minimaux de prudence éventuellement acquis se sont définitivement évaporés.

UC San Diego – Cybersecurity Training

Une raison majeure de cette inefficacité patente serait le manque d'engagement des participants dans les campagnes de prévention et les matériels pédagogiques mis à leur disposition. L'enquête démontre, par exemple, que trois quarts des individus interrogés passent moins d'une minute à les consulter. Et je soupçonne, que même quand un contrôle a posteriori rend obligatoire de passer plus de temps sur les contenus, à contre-cœur, leur appropriation effective n'est pas beaucoup plus élevée.

Les auteurs déduisent de ces constats que les approches par l'éducation sont futiles, surtout quand on prend en compte les coûts qu'elles représentent, et suggèrent donc que la seule solution viable serait technologique. Ils mentionnent notamment des protections avancées sur les systèmes d'identification et d'authentification pour réduire le danger en cas d'attaque réussie. Pour ma part, je considère que ce niveau de réponse, indispensable, ne pourra jamais suffire face à la sophistication toujours croissante des cybercriminels. Il faudrait donc revoir en profondeur les modèles pédagogiques traditionnels pour les rendre pertinents et adaptés aux audiences de notre époque.

Actualité repérée grâce à DCOD (merci Marc !)

dimanche 12 octobre 2025

ChatGPT, la nouvelle super app ?

OpenAI
Depuis l'apparition des super apps chinoises, toutes sortes d'entreprises, depuis les géants des médias sociaux jusqu'aux stars du secteur financier, ont tenté, sans grand succès, de décliner le principe dans leur environnement. Aujourd'hui, OpenAI renouvelle le genre dans ChatGPT et, cette fois, la recette pourrait s'avérer convaincante.

À l'exception des européens, pour l'instant, tous les utilisateurs du service, y compris ceux qui se contentent de la version gratuite, ont désormais la possibilité d'interagir directement avec leurs applications favorites, depuis l'interface du chatbot, en langage naturel (mais exclusivement en anglais)… Quoique, dans un premier temps, seule une poignée de solutions populaires est réellement accessible de cette manière, en attendant une adoption massive par les éditeurs, si l'ambition d'OpenAI se matérialise.

Concrètement, deux modes de fonctionnement sont proposés. Le plus trivial consiste à solliciter explicitement un logiciel afin de réaliser une action. Il s'agira, par exemple, de réserver un hôtel via Booking.com, de transformer un croquis en un diagramme structuré dans Figma, de créer une nouvelle « playing list » dans Spotify… Mais ChatGPT possède également la faculté de suggérer spontanément le recours à une application quand il le juge pertinent : interroger Zillow pour une recherche de logement…

Les entreprises qui souhaitent intégrer leurs produits dans cet écosystème ne pourront pas faire n'importe quoi. Elles devront notamment adhérer à un corpus formel de règles, destiné à encadrer les pratiques et protéger les usagers (même les plus jeunes). Par ailleurs, les exigences relatives au respect de la vie privée et à la confidentialité des données sont complétées par une demande de connexion à chaque outil d'un partenaire, explicitant clairement les informations partagées avec la plate-forme.

Apps in ChatGPT

Pour les développeurs, la mise en compatibilité de leurs solutions avec ChatGPT devrait s'avérer sinon triviale du moins rationalisée. OpenAI met ainsi à leur disposition une documentation complète, accompagnée d'exemples, afin de les aider à prendre en main les différents protocoles définis pour ses besoins. En sus du standard de fait MCP (« Model Context Protocol »), dédié aux échanges « techniques » avec des agents intelligents, une couche supplémentaire, elle-même ouverte, couvre, entre autres, les contraintes qui s'exercent sur les interfaces graphiques exposées au sein du chatbot.

L'ensemble du concept, qui rappelle distinctement le modèle historique des super apps, reprend les mêmes arguments de séduction. Du point de vue des consommateurs, il donne corps aux promesses de l'intelligence artificielle agentique, qu'ils seraient alors en mesure de piloter depuis un tableau de bord unique, représentant en quelque sorte leur assistant personnel universel, capable de comprendre et exécuter toutes leurs demandes, en cohérence parfaite avec leur contexte et leurs préférences.

Le frein à la réalisation de cette vision, à ce stade, est le nombre limité d'applications tierces concernées. OpenAI veut les attirer en vantant un accès immédiat à un marché potentiel de 800 millions d'adeptes de son IA… et en préparant l'ajout de moyens de monétiser leur participation. Si le parcours de WeChat (en Chine) constitue une leçon, il n'est pas irréaliste d'imaginer que le succès soit au rendez-vous. J'attends maintenant de voir quelle institution financière se lancera la première dans l'aventure…

samedi 11 octobre 2025

RBS adopte le prêt sur la propriété intellectuelle

NatWest
La solution de crédit garanti par la propriété intellectuelle que NatWest a dévoilée en Angleterre l'année dernière à l'intention des entreprises de croissance a visiblement fait ses preuves et rencontré sa clientèle puisqu'elle sera bientôt étendue à l'Écosse. Ce genre de produit reste cependant une exception dans le secteur en Europe.

La faculté pour une société d'emprunter des fonds en engageant ses actifs physiques – stocks, équipements industriels, propriétés immobilières… – est inscrite dans les habitudes des banques depuis la nuit des temps, mais elle ne répond plus aux besoins des pépites émergentes de l'économie contemporaine de la connaissance, en particulier les acteurs du logiciel et, ces derniers temps, de l'intelligence artificielle, dont le capital est essentiellement immatériel… et souvent difficile à valoriser.

La réponse qu'apporte NatWest consiste justement à permettre à ces structures – notamment les jeunes pousses qui sont dans une phase d'hyper-croissance et recherchent des moyens d'accompagner leur développement sans passer par (ou en complément de) une levée de fonds synonyme de dilution de l'actionnariat… et potentiellement délicate dans la période présente – d'accéder à des financements en contrepartie de leur propriété intellectuelle, évaluée par un expert indépendant.

Ce dernier, Inngot, ne se contente pas d'apporter ses compétences en matière de détermination d'un prix de marché pour la propriété intellectuelle susceptible d'être prise en compte pour l'offre de prêt. Il fournit également une expérience simplifiée et fluide aux directeurs financiers qui souhaitent explorer l'opportunité. À travers un questionnaire qui ne leur prend que quelques minutes, ils déterminent (gratuitement) si leur portefeuille est éligible, puis une demie-heure et moins de 1 000 livres suffisent pour quantifier le financement possible, transmis ensuite à la banque pour décision finale

NatWest – IP-Backed Lending

NatWest communique quelques exemples représentatifs d'opérations réalisées au cours des derniers mois et souligne l'existence de plusieurs domaines d'excellence en Écosse à même de profiter de sa solution – dont le déploiement dans le pays est autorisé depuis un récent changement réglementaire. Le groupe mentionne entre autres l'activité importante dans des industries telles que le jeu et le divertissement ou encore les efforts de transition climatique, potentiellement candidates à son offre.

Les institutions financières commencent tout juste, péniblement, à s'adapter aux attentes et aux contraintes spécifiques des startups et de leurs fondateurs. Il leur faudrait également, comme NatWest, mieux appréhender le décalage entre leurs produits historiques et la réalité d'une immense partie de leur clientèle de PME… dont la désindustrialisation des pays occidentaux a profondément transformé le profil, et, par conséquent, la position par rapport aux filtres traditionnels appliqués sur les dossiers.