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C'est pas mon idée !

vendredi 5 décembre 2025

L'IA de Chrp inspecte le risque résidentiel

Chrp
La collaboration engagée par l'assureur américain Nationwide avec la jeune pousse Chrp me procure l'occasion de découvrir simultanément une solution complète d'accompagnement de la prévention des risques sur l'habitation et une pratique de la compagnie en la matière (correspondant peut-être à un usage courant aux États-Unis).

En dehors des catastrophes, dont la fréquence et la sévérité s'accroissent avec le dérèglement climatique, les sinistres qui surviennent dans les résidences sont généralement dus à des défauts d'entretien ou à la vétusté des équipements… Les dommages liés à l'eau constituent le deuxième motif d'indemnisation outre-Atlantique, pour un montant moyen de 15 000 dollars. Pour les incendies, dont près de 24 000 par an sont déclenchés par des appareils défaillants, la facture grimpe à 88 000 dollars.

Face à cette situation, Chrp propose un outil d'inspection autonome : son utilisateur se laisse guider, grâce à une application mobile, dans un parcours de son bien immobilier, au cours duquel il prend une série de photographies des sources potentielles de problèmes qui lui sont indiquées. Des modèles d'intelligence artificielle analysent alors chacune des images afin d'y repérer les indices de quelques 400 facteurs de risque, par exemple la corrosion de la plomberie, les installations électriques déficientes…

Une fois l'exercice terminé, le demandeur reçoit un rapport complet, qui détaille les éléments dangereux identifiés – dont les plus importants sont ceux qui ne sont pas visibles de la part d'un non spécialiste – et fournit un ensemble de recommandations afin d'y remédier. La startup affirme que 30% ses campagnes aboutissent à la détection d'anomalies sur les circuits d'eau, souvent triviales et faciles à corriger (un robinet d'arrêt usé, une conduite ancienne…), susceptibles de générer un sinistre dans les 4 ans.

Accueil Chrp

Nationwide a donc sélectionné cette plate-forme… pour réaliser ses revues obligatoires. Apparemment imposées aux assurés (sur des critères que je ne connais pas), elles peuvent désormais, en option, être gérées entièrement par ces derniers, depuis leur téléphone, plutôt que de devoir planifier une visite par un expert. Ils reçoivent les résultats directement et seuls les points jugés critiques donnent lieu à une prise de contact de la part de l'assureur afin d'approfondir l'étude et éventuellement réagir.

Cette démarche de contrôle régulier pourrait inspirer les acteurs qui ne l'implémentent pas aujourd'hui. Sans en faire une obligation, qui serait certainement mal perçue, elle pourrait s'inscrire dans un programme de récompenses – par une réduction de prime, de préférence – associées à des mesures de prévention, comme il en existe déjà. Le recours à une solution automatisée devrait faciliter l'adoption, en limitant les contraintes sur les assurés, sans compromettre l'équilibre économique des fournisseurs.

jeudi 4 décembre 2025

Mastercard à l'assaut du score de crédit

Mastercard
À l'instar de nombreux autres acteurs de l'industrie qui manipulent des masses gigantesques de données financières, révélant une partie de la vie des utilisateurs de leurs services, Mastercard dévoile à son tour une suite de solutions permettant d'évaluer la fiabilité des consommateurs en complément – ou en remplacement ? – du score de crédit.

Avec Credit Intelligence, la firme reprend une promesse maintes fois entendue : quand un emprunteur potentiel ne dispose pas d'un historique suffisant pour avoir établi sa réputation auprès des agences de notation spécialisées, il est possible de recourir à d'autres sources de données plutôt que d'écarter sa demande sans autre forme de procès. Avec son réseau qui traite les opérations de paiement par carte de ses porteurs, Mastercard est naturellement bien placée pour se positionner sur ce créneau.

Déjà exploitée par quelques-uns de ses partenaires aux États-Unis, au Brésil, en Australie…, la plate-forme propose d'accéder, via un jeu d'API spécifique, à des informations riches issues de l'analyse du profil et des transactions réalisées par la personne évaluée (dont elle dérive une connaissance, par exemple, des catégories principales de ses achats, des montants concernés…). Des modèles propriétaires transforment ensuite cette matière brute en une estimation du risque de défaillance.

En comparaison de ses concurrents, de plus en plus nombreux, Mastercard vante évidemment la portée étendue de son « radar », dans un monde où les règlements par carte deviennent majoritaires, et sa capacité à capturer les tendances en temps réel, ce qui joue à la fois sur la qualité des résultats fournis pour un individu mais également sur la performance de ses algorithmes, qui peuvent être réactualisés au fur et à mesure des évolutions conjoncturelles globales ou locales, par un entraînement permanent.

Mastercard Credit Intelligence

A priori, Credit Intelligence est destiné aux émetteurs désireux de développer leurs activités de prêt. Mais un autre scénario de mise en œuvre semble possible… du côté des acquéreurs. Imaginez un terminal de paiement reconnaissant un client grâce à sa carte de paiement, qui se verrait automatiquement proposer un financement, son éligibilité étant formellement validée en arrière-plan sans autre friction que la sollicitation de l'accord du porteur sur le partage de ses données (déjà intégrée, bien sûr).

Malgré son avantage considérable en termes d'accès à un trésor de matière première, Mastercard arrive tardivement sur le marché, encombré, de l'analyse des données de finances personnelles. Cependant, son métier d'origine est susceptible de lui offrir des opportunités d'usage inédites. A contrario, la marque n'étant pas en première ligne dans l'esprit des consommateurs, elle aura peut-être des difficultés à faire accepter son intrusion dans leur vie privée, même avec les précautions réglementaires nécessaires.

mercredi 3 décembre 2025

Zillow se rétracte sur le risque climatique

Zillow
L'initiative était trop belle pour durer… surtout dans l'Amérique de Trump. Il y a à peine plus d'un an, le leader des annonces immobilières en ligne Zillow ajoutait des informations de risque climatique à ses descriptions de propriétés. Sous la pression des agences, elles ont été retirées, laissant ainsi les acheteurs potentiels dans l'ignorance.

Fournies par le spécialiste First Street et élaborées à partir de modèles validés scientifiquement, les données dont il est question comprenaient cinq indicateurs de sensibilité aux inondations, aux incendies, au vent, à la chaleur et à la qualité de l'air, assortis de recommandations appropriées, notamment en termes d'assurance. À l'époque de la mise en place de cette rubrique environnementale, Zillow affirmait répondre de la sorte aux préoccupations de ses utilisateurs face au nombre important de résidences mises en vente exposées à l'un ou l'autre des aléas considérés.

Mais les professionnels du secteur n'ont pas apprécié et l'ont fait savoir, affirmant que l'affichage de ces informations leur faisait perdre une partie de leur chiffre d'affaires. La plate-forme a donc cédé et montre ainsi qui sont ses vrais clients, ceux dont il faut prendre soin. Ce ne sont pas les acquéreurs, qui devront désormais se contenter d'un lien discret en bas de page, grâce auquel ils pourront tout de même continuer à obtenir les mêmes renseignements indispensables, directement sur le site du fournisseur.

Pour la plupart des visiteurs, insuffisamment curieux, le retrait de la rubrique signifie qu'ils s'engageront dans un des actes les plus importants de leur existence, sans disposer de tous les éléments nécessaires à une prise de décision éclairée et rationnelle. Dans un contexte où le dérèglement du climat a des impacts toujours plus lourds et étendus, conduisant les assureurs à se retirer de régions entières, le rêve d'une vie a une probabilité croissante de devenir un cauchemar, sans filet de sécurité.

De manière générale, le choix de Zillow d'abandonner un outil essentiel pour la transparence des transactions est entaché de falsifications dont la thématique environnementale est coutumière. Il s'agit d'abord des tentatives des agences de discréditer les évaluations de First Street (par exemple en réfutant un danger d'inondation dans un lieu, sous prétexte qu'il n'en a pas connu depuis 40 ans). Les pertes de revenus elles-mêmes relèvent probablement de l'affabulation, le risque climatique n'étant qu'un critère parmi tant d'autres de modulation du prix d'un bien.

Ce triste épisode m'inspire deux réflexions, en plus de l'inconséquence de Zillow. D'une part, il s'inscrit dans une tendance de fond inquiétante, qui voit le « réalisme » économique reprendre l'avantage sur les exigences environnementales (mes guillemets visent à souligner que ce n'est qu'un mirage, surtout à long terme). Et ne nous y trompons pas : le désengagement est loin d'être confiné aux États-Unis. D'autre part, il prouve par l'absurde que, quoi qu'en pensent les réfractaires, l'approche réglementaire est le seul moyen de progresser dans certains domaines stratégiques.

Zillow

mardi 2 décembre 2025

La géolocalisation contre la fraude

Revolut
Le recours à la géolocalisation dans la lutte contre la fraude, en particulier avec la banque mobile, fait partie de ces idées anciennes trop peu exploitées. Réinterprétant à sa manière une option introduite l'année dernière par Monzo, Revolut dévoile un système de protection dédié aux cas de plus en plus fréquents de vol de téléphone.

Les deux variantes reposent sur les mêmes prémices, à savoir que les consommateurs ont tendance à émettre leurs virements depuis leur domicile ou, à tout le moins, depuis quelques lieux habituels (qui peuvent aussi comprendre leur site de travail ou une résidence secondaire, par exemple). Fort de ce constat, les deux établissements proposent à leurs clients d'enregistrer ces zones géographiques dans leur application bancaire, de manière à restreindre les opérations exécutées en dehors de celles-ci.

En revanche, alors que Monzo en faisait une clé de verrouillage absolue, Revolut choisit d'ajouter des contraintes supplémentaires lorsqu'une transaction est initiée hors limites, sachant que le mécanisme n'entre en jeu que pour les demandes dont le montant dépasse un seuil également spécifié par le client. Plus précisément, une authentification forte (biométrique) est alors systématiquement exigée et le transfert est mis en attente pendant une heure, ce qui laisse le temps de réagir en cas d'incident.

Revolut Street Mode

Le dispositif « Street Mode » répond directement à une catégorie de malversations précise, en forte progression, surtout au Royaume-Uni (multiplication par cinq depuis 2021), où il est déployé en priorité (ainsi que sur le continent européen). Les vols de smartphone s'accompagnent en effet maintenant souvent d'un déverrouillage sous coercition destiné à permettre aux agresseurs de prendre le contrôle des applications bancaires installées et de réaliser avec elles des opérations à leur profit.

D'un point de vue général, la démarche de Revolut est bien intentionnée et paraît adaptée à une menace réelle. Je m'interroge pourtant sur la multiplication des facteurs de contrôle dans l'utilisation des services financiers. Le nombre de paramètres à maîtriser afin d'assurer la sécurité de son argent devient progressivement excessif, jusqu'à, peut-être, s'avérer contre-productif. Ne serait-il pas plutôt possible d'imaginer des solutions invisibles, apprenant du comportement de chaque utilisateur individuel ?

dimanche 30 novembre 2025

L'Europe amende la DSP2

Parlement Européen
En attendant l'entrée en vigueur de sa troisième itération, qui avance péniblement dans son parcours législatif, la deuxième directive européenne des services de paiement (DSP2) se voit amendée par le Conseil et le Parlement, dans une perspective qui laisse totalement de côté l'innovation, quoi qu'en dise la communication officielle…

Les nouveautés répondent naturellement aux préoccupations du moment, la progression de la fraude figurant en tête, sans surprise. Selon toute vraisemblance, elles vont cependant mécontenter toutes les parties prenantes – celles dont on a l'habitude d'entendre les récriminations et d'autres qui font déjà entendre leur voix – à la seule exception des consommateurs dont la protection est encore renforcée.

En résumé, aux termes du texte sur lequel se sont mises d'accord les institutions, les prestataires de services de paiement (PSP) deviendront presque automatiquement responsables des pertes subies par leurs utilisateurs. Il devront ainsi les rembourser dès qu'un mouvement est initié ou modifié par un escroc ainsi qu'en cas d'usurpation d'identité, quand un tiers se fait passer pour un représentant de l'établissement, pour peu que la victime l'ait informé et qu'elle ait déposé une déclaration à la police.

En parallèle, des charges supplémentaires leur incombent, destinées à limiter les risques préventivement. Outre le contrôle des titulaires de compte, l'authentification forte et l'évaluation des risques, imposés par des réglementations existantes, ils auront l'obligation de proposer à leurs clients des fonctions de plafonnement des transferts et de suspendre les transactions suspectes. Seule échappatoire, ils pourront se retourner contre les « plates-formes » qui relaient des fraudes précédemment signalées.

Payment Services Regulation

Dans un registre différent, qui, bien que légitime, risque d'alourdir certains traitements, l'information des consommateurs devra être enrichie, plus particulièrement sur l'ensemble des frais encourus pour un règlement, avant son exécution. L'exigence s'imposerait également aux distributeurs automatiques – dont on sait combien ils sont propices à des abus sur les retraits en devises étrangères –, les taux de change appliqués étant d'ailleurs explicitement mentionnés par le législateur.

Pour le reste, on se contentera de vœux pieux, sans aucune esquisse de leur mise en œuvre opérationnelle. Il est donc question, d'une part, d'interdire la discrimination contre les opérateurs agréés de l'« open banking », alors qu'il semblerait que certaines banques soient tentées de limiter les accès à leurs systèmes. D'autre part, surgit une promesse de facilitation des procédures d'habilitation des entreprises de paiement, mais assortie de toutes les contraintes traditionnelles, ce qui la rend difficilement crédible.

En synthèse, voilà un texte qui s'efforce de répondre à des urgences – dont beaucoup causées par des déficiences de l'industrie – mais semble avoir été assemblé à la hâte, sans nécessairement s'interroger en profondeur sur les conséquences des mesures envisagées. Le résultat probable à en attendre sera une vague de projets de mise en conformité… qui seront financés au détriment de l'innovation, encore une fois.

samedi 29 novembre 2025

Westpac facilite les désabonnements

Westpac
Puisque les idées neuves semblent avoir disparu du secteur financier, attardons-nous une fois encore sur une de celles qui, bien que relativement anciennes, peinent à s'imposer. L'occasion nous en est procurée par Westpac qui, grâce à une collaboration avec Mastercard, dévoile une fonction de résiliation rapide des abonnements inutiles.

L'australienne n'est pas tout à fait novice en la matière, ayant depuis longtemps – comme plusieurs de ses consœurs – mis en place ce qu'elle nomme le « savings finder », qui, à partir d'une analyse de leur historique d'opérations, présente aux consommateurs des pistes d'économies potentielles sur leurs dépenses courantes, soit à travers la suggestion de changer de fournisseurs (par exemple d'électricité ou de téléphonie), soit en les invitant à vérifier l'utilité de leurs souscriptions actives.

C'est ce dernier poste que Westpac s'attache désormais à compléter. Une fois la personne convaincue qu'elle peut se passer d'un des services mis en avant – parmi ceux qu'elle n'utilise plus, voire dont elle a oublié l'existence, notamment –, l'outil lui propose d'en demander la révocation d'un geste dans son application bancaire, lui évitant de la sorte les démarches administratives parfois cachées et alambiquées que déploient les entreprises désireuses de préserver à tout prix leurs sources de revenus.

Le dispositif répond à un véritable besoin, si on en croit l'étude de marché conduite par l'établissement. Elle évalue à environ 6,7 milliards de dollars le total annuel des abonnements payés par les australiens, dont presque un tiers admettent qu'ils pensent gaspiller un peu de leur argent de la sorte. Ce constat n'est guère surprenant quand on découvre qu'une bonne partie de la population – 40% de la génération Z et des milléniaux, en particulier – surveille ses comptes moins d'une fois par mois.

Westpac Savings Finder

La nouvelle capacité est bienvenue dans la panoplie des banques qui se préoccupent réellement du bien-être financier de leurs clients (et pas seulement d'engranger quelques commissions lors de leurs changements de fournisseur). Elle s'inscrit dans une logique qui devrait être universelle : le meilleur conseil perd toute sa valeur s'il n'est pas appliqué… et se contenter de le prodiguer sans l'accompagner d'un moyen de l'actionner instantanément réduit d'au moins 80% ses chances d'être mis en œuvre.

Une étape supplémentaire pourrait ensuite être franchie avec l'ajout d'incitations contextuelles. En effet, l'affichage de sa liste de souscriptions peut faire prendre conscience au consommateur de celles qu'il n'exploite pas… mais il resterait encore à identifier et mettre en avant celles qui ne paraissent pas indispensables, par rapport à son comportement et ses habitudes, et pourraient, par exemple, être suspendues au profit de la création d'une cagnotte pour un projet d'avenir, illustration à l'appui.

vendredi 28 novembre 2025

OCBC se met aux appels téléphonique « in app »

OCBC
La protection contre les appels téléphoniques frauduleux est une préoccupation importante pour nombre de banques et son intégration dans leur application mobile constitue à ce jour la meilleure parade connue. À Singapour, son adoption par OCBC fournit également à cette dernière l'occasion d'en faire ressortir un autre avantage notable.

Afin de lutter contre un fléau devenu incontrôlable, Monzo fut la première (je crois) à imaginer un système de confirmation de conversation avec un de ses conseillers, permettant de repérer, a contrario, les appels émanant d'escrocs. Elle a été rapidement imitée par quelques consœurs, dont ING et Sumeria, avant d'être dépassée par cette idée de Westpac (?), elle-même répliquée (par Sumeria, encore), de gérer les échanges téléphoniques au sein de son app, interdisant ainsi toute usurpation d'identité.

Voilà maintenant venu le tour d'OCBC d'implémenter cette capacité pour ses clients particuliers, après l'avoir mise en place pour les entreprises en juin dernier. Ce faisant, l'établissement embrasse une perspective assez différente de ses prédécesseurs, probablement en raison d'un contexte local spécifique : le premier objectif visé est cette fois de sécuriser les communications vers son centre d'appel, en évitant notamment le mécanisme d'authentification fragile que constituent les codes envoyés par SMS.

De fait, le fonctionnement inverse, c'est-à-dire quand la banque joint ses clients, ne sera déployé qu'au premier semestre de l'année prochaine (et il ne concernera que le support et les équipes anti-fraude). Cette sorte d'insouciance semble liée au constat que Singapour s'éveille juste aux dangers des imposteurs téléphoniques, seulement 1 700 cas ayant été signalés entre janvier et juin dans tout le pays. Mais sa forte croissance et son incidence sur la confiance des consommateurs justifie néanmoins la riposte.

OCBC – In-App Calls

En revanche, au-delà des seuls arguments de sécurité, OCBC promeut aussi son initiative sous un angle commercial, en jouant sur une corde potentiellement sensible pour les Singapouriens. En effet, les appels passés depuis son application mobile échappent aux surcoûts de téléphonie transfrontalière (dans la mesure où une connexion réseau est disponible, WiFi par exemple), ce qui permet de vanter la faculté de contacter facilement et de manière économique sa banque depuis n'importe où dans le monde… en particulier pour les cas d'urgence, dont les suspicions de fraude.

Quels que soient les enjeux régionaux, l'intégration de fonctions de communication vocale dans les plates-formes bancaires, comme l'ont été précédemment les échanges de messages, devient progressivement incontournable, a minima pour la protection des clients (et de leur argent). Les institutions financières qui se lanceront rapidement peuvent encore espérer, comme OCBC, se positionner en pionnières. Mais la fenêtre d'opportunité va se refermer rapidement et laisser place à une faiblesse visible.

jeudi 27 novembre 2025

Credolab prédit les revenus des emprunteurs

Credolab
Malgré les progrès de l'« open banking » et l'apparition de fournisseurs alternatifs de score de fiabilité financière aux méthodes variées, l'évaluation de la qualité des emprunteurs laisse toujours une partie de la population de côté. Le spécialiste Credolab complète donc son offre avec un système capable de prédire le niveau de revenus d'un individu.

Le principe de recourir à des données plus ou moins génériques pour pallier les limitations du traditionnel score de crédit (basé, pour l'essentiel, sur un historique de relation bancaire) est loin d'être nouveau. Il y a une quinzaine d'années, les pionniers les plus visibles capitalisaient sur l'explosion des réseaux sociaux pour mieux connaître les consommateurs… jusqu'à ce qu'ils soient accusés d'entretenir des biais… qui semblaient pourtant moins sévères que ceux des pratiques ancestrales.

Désormais, les acteurs tels que Credolab s'appuient sur des informations beaucoup plus abstraites pour tenter d'identifier le profil de chaque personne. Sont ainsi pris en compte, par exemple, la connaissance des appareils détenus (en priorité le téléphone), les applications mobiles installées, notamment celles qui sont payantes, leur typologie d'utilisation, les préférences d'interaction, l'analyse de l'agenda et des contacts… dont l'accès devra naturellement avoir été accordé explicitement au préalable.

Un glissement s'est de la sorte opéré depuis une approche de corrélation (en mesurant la confiance qu'inspire quelqu'un à travers ses échanges en ligne) vers une logique purement statistique, sans aucune préoccupation de causalité rationnelle, qui pourrait donc « décider » que les propriétaires d'iPhone bleus sont plus fiables que ceux qui ont une version rose. Elle est implémentée par des modèles d'apprentissage automatique, entraînés à partir d'un vaste échantillon fourni par les clients de la jeune pousse.

Accueil Credolab

Au-delà de ses solutions classiques de détection de fraude et de calcul de risque destinées aux établissements de crédit, Credolab propose maintenant à ces derniers un module de prédiction des revenus, reposant sur les mêmes mécanismes. L'ajout est évidemment important pour les prêteurs qui ne peuvent se contenter de s'assurer que l'emprunteur qui les sollicite est enclin à rembourser ses dettes mais doivent aussi vérifier qu'il aura effectivement les moyens de faire face à ses échéances.

Or nombreux sont ceux qui ont des difficultés à produire des justificatifs acceptables – entre autres parce que les documents présentés sont incomplets ou parce que les falsifications sont devenues monnaie courante et induisent un surcroît de méfiance – et se trouvent ainsi rejetés à tort. En partageant le contenu de leur téléphone – dans le respect total de la confidentialité des données personnelles, clame Credolab –, ces exclus peuvent alors obtenir une chance d'accéder au financement dont ils ont besoin.

Comme souvent avec les offres de cette catégorie, celle-ci est déployée initialement en Amérique Latine, où les opportunités de suppléer un système élitiste sont les plus importantes, l'Asie du Sud-Est étant en ligne de mire pour la suite. La promesse est alléchante, y compris d'un point de vue social, mais la démarche retenue, fondée sur des modèles statistiques opaques, risque d'être difficilement acceptable par des acteurs du secteur financier généralement prudents sur l'octroi de crédit aux particuliers.

mercredi 26 novembre 2025

Shine passe dans le giron de Cegid

Shine
Un an et quelques mois après sa cession par Société Générale à la FinTech danoise Ageras, la néo-banque hexagonale Shine est maintenant acquise par le spécialiste de la comptabilité Cegid. Ce dernier vise de la sorte à compléter son offre de services aux PME et s'inscrit dans une tendance qui semble devenir la norme du secteur.

Petite précision préalable, car, à l'occasion de l'opération, l'ex-startup se voit désormais qualifier de licorne, avec un bond prodigieux de sa capitalisation apparente depuis sa vente de l'an dernier à quelques 140 millions d'euros. De toute évidence, la coquille a gardé son nom mais son contenu a changé puisqu'elle inclut désormais des opérations dans plusieurs pays européens et que, dans la bataille, ses fondateurs originaux (Nicolas Reboud et Raphaël Simon) sont effacés au profit de ceux d'Ageras.

Mais le plus important est ailleurs, bien sûr. Après avoir tenté de développer en propre une solution d'accompagnement global des indépendants autour de fonctions bancaires, Shine se trouve dorénavant intégré dans un groupe poursuivant une stratégie similaire, avec une vision plus étendue, en termes de géographie (l'Union Européenne), de cible visée (élargie à toutes les petites et moyennes entreprises, ainsi qu'à leurs comptables), de portée commerciale (Cegid possédant une vaste base de clientèle).

Cegid x Shine

L'initiative confirme une reconfiguration en cours de l'industrie, déjà esquissée, entre autres, par les velléités (encore timides) de Qonto de collaborer avec les cabinets comptables dans une perspective d'offre combinée ou, plus représentative, l'introduction déjà ancienne d'un module bancaire dans le catalogue du trublion Tiime. Au fil du temps, il apparaît que l'avenir appartient aux fournisseurs couvrant la totalité des besoins de gestion des PME, une réalité à laquelle un des leaders historiques de la comptabilité s'éveille donc et réalise sa plus grosse acquisition pour conserver sa position.

A contrario, l'évolution risque de marginaliser les établissements traditionnels, dont les efforts que la plupart engagent afin de proposer, eux aussi, des outils de pilotage (comptabilité, facturation, paye…) font pâle figure en comparaison de ce que distribuent les spécialistes. Se profile ainsi pour eux une cruelle défaite dans la bataille pour la personnalisation de la relation, qu'ils n'ont jamais su concrétiser de manière convaincante sur leur périmètre financier, alors que les plates-formes de services « administratifs » en font de longue date une caractéristique distinctive de leur métier.

À ce contexte général, dans lequel les produits bancaires deviennent accessoires par rapport aux capacités de gestion – ils sont d'ailleurs fréquemment rendus invisibles derrière les activités du quotidien –, s'ajoute un mouvement général à l'intention des comptables, qui peuvent eux-mêmes profiter des avantages des solutions émergentes. L'objectif final étant de simplifier la vie des responsables d'entreprises, notamment à travers l'automatisation, ces démarches de convergence paraissent inéluctables.

mardi 25 novembre 2025

Apple Pay devient accessible par QR code

Ecommpay
Ecommpay devient une des premières plates-formes de paiement à implémenter la capacité de régler les achats en ligne avec Apple Pay dans les environnements incompatibles, grâce à une nouvelle option de validation des transactions par QR Code. Elle promet de la sorte une meilleure rétention d'une clientèle particulièrement attractive.

Jusqu'à maintenant, le porte-monnaie mobile de la marque à la pomme est disponible selon deux modes : via une interface sans contact sur le téléphone, pour les opérations de proximité, ou à travers l'intégration au cœur du système et/ou du navigateur web, pour les achats à distance. Malheureusement, cette dernière possibilité n'est offerte que sur les équipements maison (iPhone, iPad et Macbooks) et dans le logiciel Safari, laissant à l'écart les nombreux utilisateurs de systèmes Windows ou Linux.

C'est donc cette population qu'Ecommpay veut aider les marchands à séduire avec la solution d'Apple, automatiquement activée chez ses clients. En pratique, le mécanisme consiste, pour le consommateur, à sélectionner Apple Pay parmi les différentes méthodes de paiement proposées lors de son passage en caisse, ce qui déclenche l'affichage du fameux QR code. Il lui suffit alors de capturer ce dernier avec son iPhone ou son iPad pour exécuter le règlement, avec la sécurité renforcée du m-wallet.

Ecommpay – Apple Pay par QR Code

La communication officielle vante l'intérêt pour les e-commerçants de proposer leur moyen de paiement préféré aux nombreux adeptes d'Apple Pay qui ne peuvent aujourd'hui l'utiliser pour leurs emplettes en ligne, alors que des études montrent qu'ils sont plus dépensiers que la moyenne. Mais l'argument est spécieux car non seulement cet écart est largement dû à une surreprésentation des catégories aisées, il serait aussi naïf de penser que le fait de devoir recourir à leur carte de paiement pour leurs règlements (sur leur matériel usuel) soit un facteur majeur de renoncement à l'achat…

La réalité est plutôt qu'Apple et, dans une moindre mesure, ses partenaires essaient de combler un vide dans leur couverture du marché, synonyme de revenus manqués et de ruptures dans les velléités de faire du porte-monnaie mobile un réflexe universel pour toutes les transactions de la vie courante. La technologie retenue rend son déploiement et son usage simples, ce qui constitue la seule vraie force de l'initiative : l'approche autorise une expérience plus fluide et mieux sécurisée en comparaison de la saisie d'informations de carte bancaire, ce qui reste l'atout principal de l'enseigne.