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C'est pas mon idée !

samedi 20 décembre 2025

Le Crédit Agricole passe au prêt immo digital

Crédit Agricole
Longtemps considéré impossible à transposer en ligne, le crédit immobilier finit par faire sa transition, comme tous les autres services financiers. C'est aujourd'hui au tour du Crédit Agricole – défenseur acharné du réseau d'agences et de la relation avec un conseiller – de franchir le pas… vraisemblablement sous pression de la demande.

La position historique de l'industrie consistait à estimer que l'achat d'une résidence constituait une opération d'une telle importance pour les consommateurs qu'ils ne pouvaient imaginer de la préparer et encore moins la réaliser en totale autonomie, sans l'assistance d'un professionnel capable de les guider dans la complexité supposée de son financement. Tout au plus pouvaient-ils simuler leur projet avec des outils « digitaux » pour rêver un peu, en préambule à un rendez-vous obligatoire.

De toute évidence, les temps changent. Désormais, les clients du Crédit Agricole ont la faculté de créer leur dossier effectif depuis leur application mobile ou leur espace web en vue d'obtenir un accord de principe. Le processus, qui exploite automatiquement les informations déjà disponibles et évite donc les répétitions inutiles (le principe est basique mais encore si rare !), ne leur prendra que 6 minutes, jusqu'à la communication de la décision. Même pour les nouveaux arrivants, il ne faudra que 2 minutes de plus.

La suite des démarches est également possible via les mêmes canaux, notamment l'accès à l'offre de prêt un fois celle-ci établie, les ajustements éventuels sur les conditions, la transmission des justificatifs nécessaires, l'enregistrement des instructions de règlement du notaire et la signature électronique. En outre, tout au long des formalités, l'utilisateur est en mesure de suivre chacune des étapes de mise en œuvre.

La banque ne parvient toutefois pas à lâcher totalement la bride. Ainsi, à l'issue du dépôt d'une demande active, un spécialiste prend contact avec le client et lui proposera un accompagnement pour le reste des opérations. D'autre part, le dispositif comporte quelques limitations, à savoir un plafond de 600 000 euros pour une résidence principale et 300 000 euros pour les autres cas, dont le bien en investissement locatif.

En réalité, c'est parce que l'initiative s'avère incomplète que l'humain reste dans la boucle. En effet, le parcours en libre service déployé semble faire l'impasse sur le conseil et, par exemple, la personnalisation des offres n'est évoquée que dans le contexte des interactions avec le conseillé désigné. La personne la plus aguerrie au « digital » a besoin, pour un acte qui l'engage sur de longues années, d'aide pratique, d'explications détaillées, de recommandations par rapport à sa situation… que, visiblement, l'établissement ne sait pas à date fournir via ses plates-formes en ligne.

e-Immobilier by CA

jeudi 18 décembre 2025

La bonne idée ratée de Ma Carto Climat

AMRAE
Face au désarroi de nombreux chefs d'entreprises quant à leur exposition aux risques climatiques, l'Association du Management des Risques et des Assurances des Entreprises (AMRAE), soutenue par des organismes publics, dont l'ADEME, propose un outil d'auto-diagnostic. Qui s'avère malheureusement consternant d'amateurisme.

Bien que simple, le principe à l'œuvre avec la plate-forme Ma Carto Climat représente une première approche utile pour les dirigeants, notamment de petites et moyennes structures, qui ne savent pas nécessairement par où commencer lorsqu'ils prennent conscience de l'impératif de s'inquiéter de l'avenir de leur firme dans un monde sujet à des catastrophes naturelles toujours plus fréquentes et plus destructrices.

Sa principale valeur réside dans l'énumération de toutes les dimensions du problème, de manière à fournir à l'utilisateur un aperçu exhaustif des points les plus critiques dans son contexte spécifique et, de la sorte, à l'orienter vers les actions prioritaires à engager afin de garantir la résilience de son entreprise. Sont donc prises en compte les différentes composantes d'une activité économique – matières premières, opérations, personnel, informatique, transports, ventes – et les aléas susceptibles de les affecter.

Dans chacun des registres énoncés et pour chacune des catégories d'événement considérées – forte chaleur, froid, feu de forêt, inondation, sécheresse, précipitations, vent, mouvement de terrain, déformation du sol –, il faut évaluer le degré de sensibilité de la zone d'implantation visée (y compris dans son évolution sur l'échéance d'analyse choisie), son impact potentiel pour l'établissement et le niveau de maîtrise de ce dernier, qui précise la maturité du plan de mitigation déjà élaboré, le cas échéant.

Une fois ses informations renseignées, le visiteur se voit proposer de télécharger un rapport complet qui, outre le détail des données qu'il a transmises, synthétise les éléments saillants de son diagnostic personnalisé et présente sous forme graphique les résultats obtenus. Il se conclut par une série de références à consulter pour aller plus loin, organisée dans un parcours type d'adaptation au dérèglement climatique.

Ma Carto Climat

Comme je le signalais d'emblée, l'objectif de la démarche est d'ouvrir les yeux des responsables sur les multiples axes à intégrer pour une mesure globale de leur situation, en leur demandant simplement de réaliser leur propre état des lieux. Naturellement, elle ne peut séduire que si elle est facile d'accès et ne requiert qu'un minimum d'efforts de la part d'individus qui ont tellement d'autres préoccupations en tête. Et c'est bien là où le bât blesse, en raison d'une conception apparemment bâclée du service.

Avec indulgence pour une suggestion passablement complexe à implémenter, passons sur l'absence totale de contextualisation, qui fait que, quel que soit votre secteur industriel (pourtant indiqué lors de l'inscription), vous serez amené à répondre à toutes les questions, certaines sans objet pour vous. Plus ennuyeux, vous devrez rechercher l'exposition aux aléas de votre lieu d'activité, aucun automatisme ne permettant de les récupérer à partir d'une adresse postale, alors que des sources publiques existent. Pire encore, vous devrez les ressaisir, à l'identique, pour chaque classe de processus !

Peut-être l'AMRAE a-t-elle mis en ligne une version beta de sa plate-forme et continue, en arrière-plan, à son enrichissement, à faire de l'expérience un incontournable pour les chefs d'entreprise sensibilisés aux risques climatiques. Je l'espère. Si ce n'est pas le cas, un autre acteur (un assureur, par exemple ?) pourrait-il s'emparer de l'idée et lui procurer la concrétisation qu'elle et que le sujet dans son ensemble méritent ?

mercredi 17 décembre 2025

Worldpay et les enjeux environnementaux du commerce

Ekko
Face aux initiatives dispersées autour de l'impact environnemental dans le commerce, le processeur global de paiements Worldpay déploie une collaboration avec le spécialiste Ekko afin de ramener la thématique dans son domaine naturel et, surtout, là où les parties prenantes ont réellement la possibilité d'agir : chez les marchands.

En dépit d'un reflux sensible depuis plusieurs mois, les consommateurs restent nombreux à vouloir prêter attention à l'empreinte carbone de leurs achats du quotidien. Or, aujourd'hui, les moyens dont ils disposent pour s'informer sont généralement fournis par de jeunes pousses dédiées ou par les banques ayant adopté leurs outils, ceux-ci établissant un bilan à partir d'une analyse des transactions effectuées… donc accessible (plus ou moins) longtemps après les emplettes correspondantes.

Avec l'irruption de Worldpay sur ce terrain, la préoccupation se rapproche de l'instant clé, puisque la technologie d'Ekko lui permet de proposer aux commerçants qu'elle équipe d'afficher directement sur leurs tickets de caisse une estimation du volume d'émissions de gaz à effet de serre du panier du client. Une option complémentaire suggère en outre à ce dernier de verser une petite contribution à un projet écologique… sans toutefois prétendre à une logique de compensation, qui serait totalement artificielle.

En sus de l'interaction immédiate avec les consommateurs, le dispositif offre également une excellente opportunité pour les marchands de s'impliquer concrètement dans les questions relatives aux changement climatique et de mettre en lumière le rôle qu'ils veulent jouer dans ce registre – selon Worldpay, une forte majorité semble estimer qu'il fait partie de leurs moteurs de croissance –, avec une option à la mise en œuvre extrêmement simple, puisqu'elle est entièrement prise en charge par leur fournisseur.

Ekko x Worldpay

Bien entendu, comme avec les autres solutions existantes (notamment dans les banques), je regrette que l'approche retenue reste largement passive, nonobstant la faculté de versement à une association, symbolique. Plus précisément, son intégration lors de la phase de paiement interdit toute anticipation et le seul partage d'un indicateur d'impact environnemental, qui risque par ailleurs de paraître abstrait aux non initiés, n'intéressera que les convaincus et ne les aidera guère à améliorer leur empreinte.

De toute évidence, l'étape suivante est du ressort des commerçants eux-mêmes. Armés de ce petit plus destiné à démontrer une certaine forme d'engagement, ils devront le compléter avec, par exemple, des mécanismes de sensibilisation, pour ceux qui ne se sentent pas concernés (ou de manière superficielle), et un accompagnement vers de meilleures pratiques, ne serait-ce qu'au sein de leur propre boutique. Je ne doute pas que Worldpay, moyennant une volonté de prolonger ses efforts et de s'aventurer hors de son cœur de métier, pourrait proposer quelques idées en la matière…

mardi 16 décembre 2025

L'innovation avec les fournisseurs de tech

Forrester
Dans notre monde dominé par les technologies, la tentation est grande pour les responsables informatiques des grands groupes de demander à leurs fournisseurs de présenter aux représentants des lignes métier les tendances susceptibles de transformer leur activité. Mais, rappelle Forrester, un tel exercice ne doit pas s'organiser n'importe comment.

Dans de nombreux cas, le format classique retenu – que le cabinet d'analystes rassemble sous l'expression de « journées de l'innovation » (je synthétise) et qui existe dans diverses variantes – consiste à simplement solliciter les principaux pourvoyeurs de solutions technologiques avec lesquels travaille l'entreprise afin qu'ils viennent exposer leurs réflexions sur les innovations du moment, accompagnées parfois, et de préférence, de démonstrations de leurs propres avancées en la matière.

Si l'intention est louable, la méthode s'avère déplorable. À défaut d'avoir identifié au préalable les besoins potentiels de l'audience considérée et spécifié les thématiques à privilégier, les invités vont chercher à vanter leurs (futurs) produits de manière générique. Les « spectateurs », incapables de se projeter dans des cas d'usage, perçoivent alors l'événement, au mieux, comme un moment de détente (au cirque) et, au pire, comme une perte de temps qui affecte la crédibilité de toute tentative ultérieure.

L'erreur est presque universelle et émane en droite ligne de la croyance persistante chez la plupart des professionnels de l'informatique que la technologie en elle-même suffit à créer l'innovation. Au cours des années passées, le syndrome a déjà tué la blockchain et le métavers (que je ne regretterai pas, pour ma part) et il menace aujourd'hui l'intelligence artificielle (surtout) agentique. Une mise en contexte, efficace et pertinente, est indispensable pour cristalliser la valeur d'un concept émergent !

Forrester – Co-Innovation Summit

Afin de concrétiser cet objectif, les analystes suggèrent un autre modèle de rencontre, qu'ils qualifient de « sommet de la co-innovation ». Sa caractéristique la plus marquante réside dans sa préparation : il n'est plus question de laisser les partenaires définir l'ordre du jour, ils sont invités à inscrire leur intervention dans un cadre spécifique, plus ou moins large, qui comprend les tendances jugées prioritaires dans l'entreprise et les envisagent au regard de résultats tangibles qu'elle pourrait en retirer.

Un deuxième aspect de l'approche est explicite dans le terme de co-innovation. Il s'agit donc d'éliminer le côté passif du dispositif et, au contraire, de susciter des collaborations opérationnelles entre les différents participants (y compris entre fournisseurs), engagées en amont des sessions planifiées, dans le but de maximiser l'adéquation des solutions présentées avec les orientations fixées initialement, dans une perspective globale et cohérente, jusqu'à esquisser des idées prêtes à implémenter, en quelque sorte.

Naturellement, la démarche exige des efforts conséquents. Les organisateurs doivent commencer par explorer les attentes potentielles de leurs collègues et les transformer en cahier des charges à l'intention des partenaires qu'ils souhaitent convier. Il leur faut ensuite œuvrer conjointement à la construction des pièces maîtresses de l'événement et les agencer de manière à leur donner un sens. Mais c'est une évidence : l'innovation (comme toute autre activité) ne porte ses fruits qu'à force de travail !

lundi 15 décembre 2025

Un lab pour la santé financière des seniors

FinTech Scotland
À la recherche d'une position à défendre face à la puissance londonienne toute proche, l'organisme de promotion de la FinTech en Écosse lance un lab d'innovation qui, contrairement aux standards du genre, n'est pas centré sur la technologie mais se penche sur la question sociétale de la santé et du bien-être financier des seniors.

Dans son principe, le programme, prévu pour une durée de quatre mois, reprend ce qui se fait maintenant depuis des années afin d'encourager le développement de nouveaux concepts dans l'industrie. Il s'agit donc de rassembler un ensemble d'acteurs, issus des grands groupes de la finance, du monde académique, d'instances publiques et de l'écosystème local de startups, et de faire émerger, par leur collaboration, des réflexions, des prototypes, des projets pilotes capables de changer le statu quo.

Cependant, alors que la plupart des initiatives du genre laissent le champ libre aux participants d'exercer leur créativité sur tous les domaines qui les inspirent ou, de plus en plus fréquemment, leur imposent de réfléchir à des solutions exploitant telle ou telle technologie du moment (hier la blockchain, aujourd'hui l'intelligence artificielle, pour citer les exemples les plus courants), le Finance and Health Lab se fixe plutôt un périmètre d'usages, en l'occurrence autour des besoins spécifiques des personnes âgées.

La thématique est évidemment en phase avec une préoccupation largement partagée dans les pays occidentaux, à la population vieillissante. Pour toutes les parties prenantes, les intéressés comme les représentants gouvernementaux et les institutions financières, cette évolution profonde impose des changements de modèles, que ce soit pour les accompagner dans la « digitalisation » du quotidien ou pour la prise en compte des exigences et des contraintes de citoyens qui risquent l'exclusion.

FinTech Scotland – Finance and Health Lab

L'ambition de la démarche, qui inclura une conférence nationale sur la finance et la santé, est d'aider et d'inciter les volontaires à analyser et comprendre les données disponibles, engager des recherches dédiées, proposer des orientations réglementaires, dialoguer entre pairs et, idéalement, produire des solutions concrètes (plus ou moins élaborées) en faveur de la prise de confiance et de l'autonomie des seniors avec leur argent grâce à une série de webinaires, de tables rondes et autres événements.

Naturellement, on verra si le format retenu porte ses fruits et aboutit à un résultat probant, l'exercice du lab s'avérant (hélas) souvent décevant. Toujours est-il que celui-ci a le mérite de prendre l'innovation par le bon angle, en soumettant une problématique clairement identifiée – relevant de surcroît d'enjeux dont tout le monde est conscient – et d'appeler à lui apporter des réponses. Même s'il n'engendre pas de miracle, son approche devrait rester une inspiration, en particulier pour ceux qui imaginent changer le monde en adoptant une technologie sans explorer d'abord un besoin à fond.

dimanche 14 décembre 2025

La prédiction choc quantique de Saxo

Saxo Banque
Comme chaque année, Saxo Banque livre ses prédictions choc, dont les plus technologiques font évidemment référence à l'intelligence artificielle. Cependant, celle qui retient mon attention concerne l'informatique quantique et le risque systémique qu'elle engendrerait si, aussi improbable qu'elle puisse paraître, elle devrait se concrétiser.

Rappelons d'abord, pour ceux qui ne connaîtraient pas l'exercice auquel se livre l'établissement danois tous les mois de décembre, qu'il s'agit non pas de formuler des prévisions économiques au sens propre mais d'imaginer quelques scénarios extrêmement improbables mais aux conséquences formidables s'ils se réalisaient effectivement. Dans le cas qui m'intéresse, l'événement déclencheur serait l'arrivée en 2026 d'un ordinateur quantique opérationnel, tenant toutes ses promesses.

Parmi ces dernières, celle qui constituerait un cataclysme pour notre monde contemporain est sa capacité à briser toutes les barrières de sécurité numériques, qui protègent les communications, les données bancaires et d'identité, les infrastructures… en un mot tout ce qui s'appuie sur des algorithmes de chiffrement. Comment serait-ce possible ? En gros, la future génération de calculateurs est adaptée à une parallélisation de traitements qui se jouerait des secrets cryptographiques employés aujourd'hui.

Face à la survenue subite d'un tel épisode, les équipes de Saxo pointent les cryptoactifs en première ligne des victimes, sans négliger les impacts sévères sur l'ensemble du secteur financier, qui se trouverait largement paralysé. Ils suggèrent une panique généralisée provoquant un repli vers des supports physiques, métaux précieux et monnaie fiduciaire, tandis que les gouvernements et les entreprises se précipiteraient pour déployer une riposte, qu'ils imposeraient sur des échéances très courtes.

Saxo Banque – Prédictions Choc 2026

La perspective n'est pas rose… mais elle me paraît largement sous-estimée ! D'emblée, s'inquiéter de l'effondrement du bitcoin et de ses équivalents (dont la valeur disparaîtrait instantanément) est anecdotique, ne serait-ce que par la part infime de capitalisation qu'ils représentent, en comparaison des répercussions sur les banques, dont non seulement les échanges seraient menacés mais également les données qu'elles conservent, protégées par des mécanismes devenus obsolètes, derrière des pare-feu et autres équipements de filtrage transformés en gruyère « digital ».

Autre sujet d'inquiétude, la mise en place d'une parade efficace demandera des années de travail. Il est parfaitement illusoire d'espérer actualiser rapidement des solutions de sécurité dispersées sur des milliards d'appareils en tout genre et appliqués à des millions de gisements d'information, dont certains (beaucoup) résident dans des systèmes historiques que presque personne ne maîtrise plus désormais. La seule réponse consistera à isoler les entreprises sensibles de l'internet. Est-ce possible ? Et comment imaginer alors de vivre sans les connexions indispensables de notre quotidien ?

L'hypothèse retenue par Saxo n'a évidemment (quasiment) aucune chance de se matérialiser telle que décrite, l'informatique quantique étant une aventure des petits pas, dont l'avènement se produira progressivement, sur plusieurs années. À défaut d'avoir une quelconque valeur de prédiction, sa mise en lumière possède toutefois une vertu majeure, celle de souligner l'ampleur immense des défis auxquels cette technologie émergente risque de confronter nos sociétés et l'urgence de les anticiper.

samedi 13 décembre 2025

Eyst simplifie l'indemnisation

Generali
À l'occasion d'une ronde d'investissement d'Eyst, Generali révèle sa collaboration avec la jeune pousse hexagonale. Dans certaines circonstances, elle propose ainsi à ses assurés une solution prépayée qui leur offre non seulement une indemnisation instantanée, sans avance de fonds, mais aussi quelques avantages supplémentaires.

Grâce à un partenariat avec l'émetteur de moyens de paiement spécialisés Edenred, la startup permet aux compagnies de fournir une carte virtuelle à leurs clients dès que leur déclaration de sinistre ou leur demande de remboursement a été validée. Compatible avec Google Pay et Apple Pay, elle est transmise par SMS et est prête à activer d'un geste. Afin d'éviter les abus, elle présente la particularité de n'être acceptée que pour les catégories de commerçants pour lesquelles elle est configurée.

Le produit s'adapte à divers cas d'usage, parmi lesquels Eyst et Generali suggèrent entre autres, dans le registre de la santé, la prise en charge des consultations de médecine douce ou, dans le domaine de l'habitation, le recours à un serrurier lors d'une perte de clés. Des scénarios sont également envisagés dans le secteur de la mobilité. À chacun correspondent un montant forfaitaire contractuel et ses propres restrictions de bénéficiaire (praticien ou artisan dûment identifié, dans les exemples précédents).

Si cette approche de limitation par classe professionnelle de l'utilisation des cartes distribuées peut susciter quelques doutes, légitimes, notamment en raison d'une gestion approximative de ces informations dans l'industrie financière, Eyst répond avec un accès aux données des transactions exécutées en temps réel, qui procure aux assureurs à la fois une visibilité inégalée sur les pratiques réelles de leurs clients et une capacité de contrôle extrêmement utile pour lutter efficacement contre la fraude.

Accueil Eyst

Non contente de ces bénéfices, Generali a travaillé directement avec les équipes de la jeune pousse en vue d'ajouter un bonus à sa version du dispositif, sous la forme de « cashback », c'est-à-dire la restitution d'une partie des dépenses réalisées (dans des conditions non précisées). J'imagine que cette extension, qui sera intégrée dans l'offre standard d'Eyst, est conçue pour encourager les personnes réticentes à adopter un système susceptible de les inquiéter par sa nouveauté ou par ses limitations.

En synthèse, il ne faut pas s'y tromper : malgré le discours qui vante son intérêt (certes réel) pour les consommateurs, ce genre de solution de dédommagement fondée sur les technologies modernes autorise avant tout une bien meilleure maîtrise de leur gestion des indemnisations pour les compagnies, grâce à la transparence des plates-formes de paiement électronique et aux capacités de pilotage qu'elles comportent aujourd'hui.

vendredi 12 décembre 2025

Une protection contre la fraude par téléphone

Truecaller
Spécialiste historique de l'identification de l'interlocuteur lors d'appels téléphoniques, Truecaller veut maintenant étendre son champ d'action à la protection contre les arnaques, dont on sait qu'elles constituent un des fléaux contemporains. Au-delà du seul volet technologique, elle introduit une dimension familiale séduisante dans sa vision.

Le principe de l'offre s'inscrit dans une logique d'extension des mécanismes relativement classiques de filtrage des numéros indésirables, correspondant en général à des pratiques de démarchage commercial abusif ou à des réseaux d'escroquerie. Il est donc d'abord question d'un outil avec lequel l'utilisateur définit, entre autres, le niveau de restriction souhaité, gère ses propres listes noires et détermine ses préférences de traitement des sollicitations entrant dans les critères d'exclusion fixés.

La particularité avec Family Protection est de confier à un de ses membres le pilotage de la défense pour l'ensemble du foyer. L'abonnement permet ainsi de couvrir jusqu'à cinq personnes, dont celle qui est considérée comme possédant la meilleure maturité numérique est désignée comme administrateur et est alors chargée de configurer la solution pour ses proches. Il ou elle dispose également d'une faculté de support à distance en cas de besoin, par exemple pour lever un doute sur un événement.

Cerise sur le gâteau, mais uniquement pour les adeptes du système Android (en espérant que l'iPhone puisse supporter la même fonction prochainement), le responsable désigné possède une capacité d'intervention en temps réel. S'il le spécifie, il peut recevoir une notification quand un de ses affiliés reçoit un appel signalé par les règles qu'il a mises en place et mettre fin (brutalement) à la conversation si elle a tout de même été engagée… ou rassurer le destinataire avec un message amical.

Truecaller Family Protection

Le service n'est initialement déployé que dans quelques pays – Suède, Chili, Malaisie, Kenya – et son extension se déroulera progressivement, dans des régions clés, notamment en Inde, à partir du premier trimestre 2026, selon les résultats obtenus et les réactions des premiers utilisateurs. Précisons qu'il est gratuit mais qu'une version payante, Premium Family, ajoute quelques options complémentaires (essentiellement sur la lutte contre le spam) et, surtout, procure une expérience sans publicité.

Pour les institutions financières, parmi d'autres entreprises sensibles, qui nous avaient un temps habitué à équiper leurs clients de logiciels antivirus afin de sécuriser leur navigation en ligne, la solution de Truecaller pourrait constituer un nouveau cadeau utile à leur offrir, bénéfique pour tous. L'opportunité de collaboration mériterait d'être explorée alors que, face à une menace désormais presque hors de contrôle, l'industrie ne parvient guère à organiser sa défense… en dehors d'initiatives de sensibilisation.

jeudi 11 décembre 2025

Starling aide à parler d'argent dans le couple

Starling Bank
Le bien-être financier constitue déjà une notion complexe à appréhender pour un individu, alors imaginez le casse-tête à résoudre lorsqu’il faut l’envisager à deux (voire dans une famille complète) ! Starling propose donc un outil avec lequel les couples peuvent aborder une première étape vers l’harmonie… celle de la communication.

Comme toujours lorsqu’on se frotte à ces thématiques, la difficulté provient de l’importance des perceptions et des ressentis vis-à-vis de l’argent, dont l’impact sur la qualité de vie dépasse de très loin les simples questions de chiffres. Entre deux partenaires, en particulier, et c’est l’axe retenu par la jeune pousse, le degré de compatibilité entre leurs sensibilités dans ce domaine précis est un des facteurs essentiels de l’entente à long terme ou, a contrario, de la survenue de conflits.

Les tensions, latentes ou exprimées, sont d’ailleurs reconnues par les intéressés. Ainsi, l’enquête menée par Starling auprès des britanniques révèle que deux tiers d’entre eux confirment que les différences de perspective avec leur conjoint sont génératrices de stress et tendent à retarder leurs grand projets (achat de résidence, enfant…). Et cette situation est aggravée par leur réticence à parler du sujet, considéré tabou (il est trois fois plus susceptible de les effrayer lors d’un premier rendez-vous que le mariage !).

Afin de décrypter les mécanismes en jeu et, autant que possible, apporter des solutions, l’étude comprend une analyse statistique des comportements, aboutissant à la définition de sept profils différents, relativement classiques par rapport à l’état de l’art de la recherche sur la psychologie de l’argent : du parcimonieux (le plus fréquent) à l’autruche (qui ne veut pas affronter la réalité), en passant par, entre autres, l’extravagant (dans l’association à l’amour) ou le secret (gardant jalousement ses pensées pour soi)…

Starling – Let's Talk Money

À partir de cette catégorisation, grossière mais efficace, les chercheurs ont ensuite essayé de déterminer comment la coexistence se déroulait réellement parmi les personnes interrogées. Si, sans surprise, ceux qui ont une approche similaire ont plus de facilité à s’entendre, sans qu'elle soit systématique, toutefois, il ressort des combinaisons que je qualifierai d’explosives (au pire, elles créent des conflits dans 97% des cas) et d’autres dans lesquelles la complémentarité fonctionne parfaitement.

Forte de ces enseignements, Starling Bank met à la disposition des internautes, clients ou non, un outil d’auto-évaluation. Là, ils sont invités à répondre, à deux, à quelques questions, de manière à leur faire découvrir leur style, à le comparer avec celui de leur partenaire, à mesurer leurs risques de déséquilibre et, surtout, à entamer un dialogue. En effet, celui-ci est un premier pas vers l’évitement des dissensions engendrées par les incompréhensions des écarts d’appréciation inévitables entre les individus.

Aussi utile et pédagogique soit la démarche de la néo-banque, je regrette tout de même qu’elle se « contente » d'esquisser un embryon de réponse, essentiellement théorique, aux interrogations qu’elle peut induire chez ses clients. Je m’attendrais par exemple à ce qu’elle s’attache à fournir des solutions de pilotage concrètes, adaptées à leur contexte spécifique, prenant en compte et adoucissant les points de contention les plus courants selon leurs profils. Ce sera peut-être pour une itération future…

mercredi 10 décembre 2025

Un comité consultatif de jeunes pour Block

Cash App
Afin de mieux adapter sa solution de paiement mobile Cash App aux changements sociétaux et aux attentes de ses utilisateurs, Block (ex-Square) met en place, aux États-Unis, un comité consultatif composé d'une quinzaine à une vingtaine de jeunes, dont les réactions et les idées ont vocation à aider la firme à façonner l'avenir de ses produits.

Concrètement, les participants retenus seront sollicités pour des études et autres enquêtes génériques, ainsi que lors de sessions dédiées, qui devraient se tenir mensuellement à distance et sous forme présentielle une fois par trimestre. Intégré au cœur du processus de développement, le dispositif leur permettra d'être impliqués dans divers domaines – nouveaux concepts, expérience utilisateur, comportements « digitaux »… – et à différents niveaux – design, sécurité, stratégie…

Dans une démarche de séduction essentielle, Block fait valoir quelques bénéfices et avantages aux futurs membres de son TAC (« Teen Advisory Council »). Outre les opportunités d'enrichir leurs compétences dans un programme collaboratif, d'étendre leur réseau personnel, de s'immerger dans des sujets technologiques de pointe et d'être parties prenantes à l'élaboration d'outils comptant des millions d'adeptes, ils recevront un soutien à leur progression professionnelle… et une compensation pécuniaire.

Pour l'entreprise, l'initiative, dans sa spécificité, possède un intérêt double. D'une part, il s'agit bien sûr de s'assurer que sa plate-forme répond parfaitement aux attentes de ses clients – ceux d'aujourd'hui, dont une majorité fait partie des générations Y et Z, mais aussi ceux de demain, que préfigurent les adolescents enrôlés pour le comité. L'enjeu est crucial pour la pérennité de l'activité mais il est particulièrement complexe dans un contexte d'évolution constante des habitudes des consommateurs.

Par ailleurs, comme avec d'autres tentatives de recourir au talent des jeunes, les recrues du TAC font partie d'un groupe qui est naturellement curieux et aventureux, donc plus susceptible que d'autres d'anticiper les transformations importantes de demain. Leur regard neuf, en principe, sur une thématique où les pratiques ancestrales sont légion, même dans des startups, constitue un atout supplémentaire, autorisant potentiellement les idées radicales et propice à une différenciation concurrentielle inédite.

La mise en place de comités consultatifs n'est pas inscrite dans les usages courants des grands groupes mais certains se plient tout de même à l'exercice. Dans de nombreux cas, il s'agit plutôt d'instances consacrées à l'acculturation technologique, qui représente effectivement un des défis majeurs de ces acteurs. Cependant, l'adaptation du modèle à une vision prospective des métiers, avec des individus immergés dans une culture la plupart du temps étrangère à leurs dirigeants, mériterait d'être envisagée.

Block – Cash App