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C'est pas mon idée !

vendredi 20 décembre 2024

Le réseau CB enfin compatible avec Apple Pay

La Banque Postale
Dix ans après le lancement d'Apple Pay, La Banque Postale est la première à en proposer [PDF] une déclinaison capable de s'affranchir des réseaux américains Visa et Mastercard au profit de l'alternative française du Groupement des Cartes Bancaires CB. Voilà une excellente nouvelle pour les tenants de la souveraineté nationale.

Tandis que les règlements par carte deviennent prépondérants et que, parmi ceux-ci, le recours aux porte-monnaie numériques est en croissance constante, atteignant plus de 8% du total en 2023, le système domestique est en perte de vitesse, à la fois par désintérêt de certains établissements et par son incompatibilité, jusqu'à maintenant, avec Apple Pay. Sa viabilité dépendant directement du volume d'opérations qu'ils prend en charge, une telle tendance est inquiétante pour sa survie à long terme.

À l'issue d'une période expérimentale conduite avec une quarantaine de collaborateurs, La Banque Postale généralise depuis début décembre, avec un plan de déploiement progressif qui s'étale sur le premier trimestre 2025, la transition de tous ses clients vers le réseau CB, pour leurs transactions en ligne comme en magasin. Naturellement, sur les terminaux qui ne l'acceptent pas (en particulier hors de l'hexagone) le routage via Visa est activé, de manière transparente (comme avec les cartes en plastique).

Apple Pay sur le Réseau CB

Outre l'indépendance qu'il apporte vis-à-vis des géants internationaux (qui permet occasionnellement à nos concitoyens d'éviter les impacts de pannes historiques), un avantage du dispositif local fréquemment mis en avant est son coût moindre pour les commerçants. Le sujet est passé sous silence, mais celui-ci perdurera-t-il sur les paiements réalisés par l'intermédiaire de la solution d'Apple, sachant que la firme est plutôt gourmande sur les commissions qu'elle prélève lors de chaque opération ?

Quoi qu'il en soit, l'initiative comble enfin une lacune béante dans les velléités de souveraineté que ne manquent pas de brandir les acteurs français dès qu'ils en ont l'opportunité… sans toutefois engager tous les moyens qui seraient nécessaires afin de la concrétiser. Le terrain étant dorénavant déblayé par La Banque Postale, les autres banques suivront-elles son exemple ou continueront-elles à doucement creuser la tombe du réseau CB (en comptant peut-être sur Wero pour assurer sa relève) ?

jeudi 19 décembre 2024

Un centre d'appel multilingue grâce à l'IA

Bunq
Grâce à un moteur de traduction à base d'intelligence artificielle, la jeune pousse d'origine néerlandaise Bunq propose désormais à ses clients, dans toute l'Europe, une expérience dans leur langue préférée, à la fois dans son application mobile, à travers son assistant virtuel Finn et au niveau de son centre d'appel téléphonique.

Il suffit à l'utilisateur de sélectionner celle qu'il désire parmi les plus de 30 options disponibles – dépassant les frontières du continent avec, par exemple, le chinois ou le russe – pour convertir instantanément l'ensemble de la relation depuis l'anglais qui constituait jusqu'à maintenant le standard. Le changement intervient donc aussi pour les conversations de vive voix, dont la gestion est intégrée dans l'application, une traduction bidirectionnelle automatique étant alors mise en œuvre à la volée.

Cette nouveauté, qui serait apparemment une première mondiale dans le secteur financier, permet évidemment à Bunq de s'adresser dans leur langue aux citoyens de ses différents marchés de présence, ce qui représente un critère essentiel de démocratisation de l'accès à ses services. Mais il s'agit également d'un facteur d'inclusion important et unique pour les populations d'origine étrangère ne maîtrisant pas parfaitement le vocabulaire et les expressions propres à leur pays d'accueil.

De ce point de vue, le rôle du traducteur, en espérant que les algorithmes qui l'assument soient suffisamment performants, est du même ordre que celui que j'évoquais hier pour la clarté et la simplicité des contenus. Dans les deux cas, la préoccupation centrale, qui relève autant d'une démarche commerciale que du renforcement de la confiance des clients, consiste à s'assurer que les informations échangées sont bien comprises de part et d'autre, et donc d'éviter les ambiguïtés potentiellement génératrices de conflits.

Bunq – Real-Time Translation

Dans un registre totalement différent, l'initiative représente une démonstration supplémentaire, en parallèle de celle de Revolut, de la capacité extraordinaire de ces trublions à développer des modèles transnationaux qui leur permettent de viser une croissance exponentielle avec des moyens (presque) constants. En l'occurrence, grâce à l'IA, Bunq peut concentrer ses efforts et ses ressources sur une seule et unique plate-forme, immédiatement accessible à plus de 300 millions de consommateurs, avec une garantie de cohérence à travers tous les canaux de communication.

Dans une certaine mesure, c'est la promesse d'origine de la FinTech combinée avec l'essence de la startup qui trouve sa concrétisation dans ces exemples : la technologie permet clairement à ces entreprises de concevoir une banque réellement « digitale » avec une faculté de passage à l'échelle, notamment géographique, qui, incidemment, conditionne leur modèle économique. Faute de savoir les imiter, les acteurs traditionnels se rendent compte peu à peu de la formidable concurrence qui émerge de la sorte.

mercredi 18 décembre 2024

CaixaBank s'engage pour un langage clair

CaixaBank
Quand CaixaBank devient la première banque membre du « réseau pan-hispanique pour un langage clair et accessible » mis en place par l'académie royale d'Espagne, elle fait un premier pas en vue de s'attaquer à une des problématiques simultanément les plus importantes et les plus dédaignées dans le secteur financier.

L'adhésion à l'initiative ne représente évidemment qu'une déclaration d'intention, mais elle a, à tout le moins, le mérité de souligner une prise de conscience au sein de l'établissement vis-à-vis d'un sujet trop rarement abordé : la communication, sous toutes ses formes, avec son jargon hermétique mais également son recours récurrent à des concepts, notamment mathématiques, qui sont, en pratique, hors de portée de l'individu lambda, érige une barrière d'exclusion devant une partie de la population.

Concrètement, CaixaBank annonce le lancement de trois projets complémentaires de lutte contre ce phénomène. Deux d'entre eux visent l'ensemble de la clientèle, l'un étant consacré à simplifier et rendre plus transparents les supports de communication et l'autre étant dédié à l'adaptation des écrans des applications et autres interactions électroniques. Le dernier s'adresse plus particulièrement aux personnes présentant des difficultés de lecture, à qui seront proposées des versions spécifiques des documents.

Par ailleurs, l'institution a d'ores et déjà élaboré un guide de recommandation pour une rédaction accessible. Celui-ci est distribué à ses collaborateurs afin d'inculquer à chacun quelques notions fondamentales de linguistique leur permettant de préparer des textes – quid d'éventuels éléments de langage pour les échanges oraux ? – faciles à comprendre quand ils s'adressent aux clients. Cette composante de la démarche est évidemment indispensable pour garantir la cohérence à l'échelle de l'entreprise.

CaixaBank – Lenguage Claro y Accesible

Le soin apporté au langage employé dans la relation commerciale et, encore plus, de conseil, tellement critique dans l'univers financier, constitue un facteur majeur d'accessibilité qui l'inscrit directement dans une vision de responsabilité sociétale. Il en est peut-être même le point d'entrée, à partir duquel d'autres actions pourront se développer et exercer leur plein impact : comment peut-on accompagner correctement quelqu'un avec qui on ne s'est pas préalablement assuré qu'on se comprenait ?

La question est cruciale aujourd'hui, alors que les interactions se déroulent de plus en plus à travers des outils numériques ne possédant pas la faculté humaine – qui définit l'excellence d'un conseiller – d'interpréter les expressions (souvent non verbales) d'un interlocuteur incitant entre autres à ajuster son niveau de langage. Voilà un domaine dans lequel l'intelligence artificielle générative aurait vraisemblablement sa place, en reformulant les contenus selon le profil de l'audience… Encore faudrait-il l'entraîner, ce qui implique justement de définir un cadre tel que celui envisagé par CaixaBank.

mardi 17 décembre 2024

NAB veut éradiquer les mots de passe

NAB
Bien que la vague des arnaques au virement l'ait reléguée au second plan, l'inadéquation du mot de passe comme moyen d'authentification dans notre ère numérique est plus que jamais d'actualité. L'australienne NAB fait partie des premières banques qui planifient, à terme, l'éradication totale de ce système obsolète.

Alors que les géants de l'internet ont commencé depuis longtemps leur bascule vers des alternatives plus robustes, les institutions financières, qui sont à la fois plus exposées et plus sensibles, apparemment satisfaites de leurs approches à deux facteurs (imposées par la réglementation, en Europe), n'ont, jusqu'à maintenant, guère entamé leur transition vers les « passkeys » constituant l'état de l'art du moment.

De quoi s'agit-il ? Le principe repose sur un classique mécanismes de cryptographie asymétrique : pour l'utilisateur, il se traduit par la création sur son appareil d'une paire de clés, en général lors de l'initialisation de son compte. La première, privée (ce qui implique qu'elle n'est absolument jamais partagée), sert à répondre à un « défi » du fournisseur de services permettant de prouver, grâce à une vérification par la seconde, publique, la légitimité de celle ou celui qui tente de se connecter.

En comparaison des mots de passe, les avantages sont considérables. Tout d'abord, l'élément opérationnel de sécurisation (la clé privée) ne circule jamais et est stocké dans une sorte de coffre-fort dont il n'est extrait, temporairement, que lors d'une authentification. Il est donc beaucoup plus difficile à dérober. D'autre part, il n'est pas nécessaire de le mémoriser, ce qui évite, entre autres, le risque induit par la propension des personnes à réutiliser les mêmes codes dans de multiples applications.

NAB – Passkeys

Et puis, les « passkeys » autorisent une bien meilleure expérience, à l'usage. En effet, l'accès à la clé, conservée en toute sécurité par le téléphone, le navigateur web ou un outil de gestion dédié, est, dans la plupart des cas, déverrouillé par un dispositif biométrique, le reste de la procédure étant entièrement automatique. Le résultat est une authentification à deux facteurs – la possession d'un secret presque inviolable et une caractéristique physique de l'individu – résolument transparente.

Pour NAB, le déploiement des « passkeys » se déroule par étapes. Depuis le mois de juin, il a ciblé les nouveaux clients de sa filiale 100% « digitale » Ubank et depuis quatre mois il est aussi proposé, en option toutefois, à ceux qui possédaient déjà un compte. L'extension à l'établissement historique devrait suivre et l'objectif final est de faire disparaître toute possibilité d'utiliser un mot de passe d'ici 5 ans. L'échéance peut paraître lointaine, mais les consommateurs ne changent pas d'habitudes facilement.

Aujourd'hui, dans le sillage de la mise en œuvre des solutions d'authentification forte exigées par le législateur, les banques ont relâché leurs efforts sur ce front. Il est vrai que le niveau de protection atteint peut être estimé optimal. En revanche, les méthodes adoptées s'avèrent souvent complexes et pénibles pour les clients (jusqu'à parfois les décourager d'utiliser leurs applications). Il serait temps de passer à la dernière génération de technologies qui parvient à combiner sécurité et convivialité !

lundi 16 décembre 2024

L'art de la personnalisation

Forrester
Les entreprises considèrent souvent la personnalisation de leurs produits et services comme le graal inconditionnel de la relation client. Mais Jessica Liu et Cole Walsh (pour Forrester) nous rappellent que les consommateurs ne sont pas prêts à accepter n'importe quoi en la matière… et qu'il faut surtout prêter attention à leurs attentes.

Contrairement aux idées reçues, une enquête auprès d'un échantillon d'américains révèle ainsi qu'un tiers d'entre eux rejettent catégoriquement toute interaction personnalisée de la part des firmes avec lesquelles ils sont en contact. Un des facteurs de cette résistance tient à la prise de conscience des enjeux de protection de leur vie privée et, a contrario, aux excès déjà observés dans ce domaine : en 2020, 30% des individus exprimaient déjà leur refus de partager plus de données personnelles.

Même en dehors de ces cas extrêmes, dont une partie est peut-être justement suscitée par une saturation de sollicitations mal calibrées, les analystes soulignent que, afin d'atteindre son objectif et de réellement satisfaire sa cible, la personnalisation doit non seulement s'inscrire dans un contexte pertinent, elle doit également, et d'abord, s'accompagner d'un apport de valeur concret pour son destinataire.

Cette valeur peut être d'ordre économique, fonctionnel, de l'expérience, voire symbolique (je vous laisse lire le billet pour plus de détails sur ces différentes variantes) mais elle est essentielle. Incidemment, j'ajouterais qu'elle ne sera appréciée que si elle ne demande pas d'effort supplémentaire pour être captée (je pense notamment aux tentatives, rarement fructueuses, de déployer des applications bancaires dont l'interface peut être configurée en fonction des préférences et des besoins de chacun).

Forrester – Personnalisation

En conséquence, avant de chercher à individualiser les services, il est impératif de réfléchir objectivement à l'intérêt que va trouver le client dans ce que l'organisation lui soumet. En d'autres termes, il vaut mieux une campagne publicitaire (par exemple) visant un segment de marché relativement large avec une offre porteuse de sens que de s'adresser à un interlocuteur unique avec une proposition dans laquelle il ne perçoit pas de bénéfice (au hasard… une simple annonce pour un produit financier).

Naturellement, toutes ces préconisations ne devraient être que des évidences, relevant de l'obsession du client dont se réclament tant d'entreprises, de tous secteurs. Elles sont pourtant nécessaires puisque les initiatives de personnalisation, en particulier dans les départements de marketing des groupes bancaires, se focalisent sur la vente, caractéristique d'une approche auto-centrée, et non sur l'acquisition, qui supposerait d'avoir pris en considération en priorité la promesse de valeur associée à son objet.

dimanche 15 décembre 2024

Quand l'IA devient bouc émissaire

UnitedHealthCare
Depuis que le meurtre de son directeur général semble avoir été motivé par le ressentiment contre les refus et délais de prise en charge médicale de ses assurés par UnitedHealthCare, des voix s'élèvent contre son usage de l'analyse de données et de l'intelligence artificielle afin de valider les demandes. Elles se trompent peut-être de cible.

Indépendamment de l'affaire criminelle, dont l'enquête suit son cours, le cas d'UHC est probablement représentatif de ce qui attend à terme la plupart des entreprises qui tentent de concrétiser les promesses de l'IA, surtout dans des secteurs sensibles (dont la finance, bien entendu). Au-delà des risques d'erreurs et autres dérives, la perception qu'en ont les clients (et les autres observateurs) est cruciale et le mystère qui l'entoure dans l'esprit du grand public est propice à toutes sortes de fantasmes.

En l'occurrence, la presse se fait largement l'écho ces derniers temps des récriminations de certains patients, voire des quelques procès intentés, contre la compagnie, incriminant directement les algorithmes qu'elle met (mettrait ?) en œuvre – sans supervision d'un praticien – afin de valider ou rejeter les sollicitations de couverture de soins qu'elle reçoit. Implicitement, et parfois explicitement, le message sous-jacent consiste à mettre en doute les « compétences » des outils exploités dans ce but.

Naturellement, que les modèles déployés puissent commettre des bévues, parfois impossibles à anticiper, est incontestable (tout comme les humains, incidemment). Mais s'il est question, comme on le lit depuis plusieurs jours, de comportements systématiques (ce qu'UHC conteste, évidemment, en partageant ses statistiques internes), les logiciels peuvent difficilement en être responsables. Il faut plutôt chercher du côté de ceux qui les ont mis au point et avec quelles données de référence…

Accueil UnitedHealthCare

En effet, il ne faut jamais oublier que ce qu'on appelle l'intelligence artificielle n'est, finalement, que de l'imitation plus ou moins adroite. Sauf à ce que ses concepteurs soient des incapables (ce qui relèverait d'une faute de management), ces avis générés automatiquement sur les dossiers ne font ainsi que répliquer ce qu'elle a appris… vraisemblablement à partir de l'historique de l'entreprise. Inutile donc de blâmer la technologie, seuls ses utilisateurs peuvent répondre d'éventuels égarements.

Même s'il y avait manipulation sur la machine, elle ne serait pas si différente d'une distribution de consignes incitant les médecins à appliquer des critères plus stricts à leurs évaluations. Et il en est de même si cette manipulation résulte d'une évolution incontrôlée des modèles, le facteur d'origine étant alors la négligence dans leur surveillance… qui doit s'exercer de la même manière que sur des collaborateurs.

Les circonstances dramatiques qui accompagnent la polémique sur les pratiques d'UnitedHealthCare mettent en lumière un phénomène auquel il va falloir hélas s'habituer : comme avec chaque nouvelle technologie dont le fonctionnement est obscur pour le quidam lambda et dont les médias font une solution miracle, les consommateurs sont prompts à faire de l'IA le bouc émissaire de tous leurs maux, quitte à s'engouffrer dans des amalgames absurdes. Les banques qui, à une autre époque, tentaient d'exploiter les données de paiement de leurs clients se souviendront du syndrome. Et elles auront besoin aussi de se remémorer les parades à envisager…

samedi 14 décembre 2024

Changement climatique et assurance santé

AXA
À l'évocation des impacts du dérèglement climatique sur le secteur de l'assurance, la première cible qui vient à l'esprit concerne l'immobilier, résidentiel ou professionnel. Mais un article d'AXA Prévention sur la santé environnementale nous rappelle que ce n'est pas le seul domaine dans lequel il faut se préparer à des évolutions majeures.

En effet, les conséquences du réchauffement de la planète sur les individus sont considérables, selon plusieurs axes distincts. Ce sont d'abord les événements exceptionnels – ouragans, épisodes pluvieux inhabituels, canicules… – et leurs effets directs sur le monde qui nous entoure – inondations, glissements de terrains, feux de forêts… – qui se multiplient et s'intensifient, entraînant des victimes de plus en plus nombreuses ainsi que le développement et l'aggravation de certaines pathologies.

Par ailleurs, les causes du changement climatique agissent également au détriment de la santé des terriens, qu'il s'agisse des maladies chroniques et autres troubles médicaux engendrés par les polluants présents dans l'air, l'eau, l'alimentation…, des épidémies qui se répandent en raison notamment des modifications profondes apportées par l'homme aux écosystèmes naturels, à l'instar du COVID-19, voire des incidences psychologiques de ces multiples facteurs et de l'angoisse qu'ils suscitent…

AXA Prévention – Santé Environnementale

Logiquement, l'enjeu pour AXA Prévention face à ces risques consiste à les anticiper et mettre en place des parades en amont, déployées par des instances gouvernementales ou, mais c'est plus rare, grâce à des initiatives privées. Sans surprise, il est donc question de renforcer l'information du public, sur les dangers et sur les moyens de se protéger, et de prendre des mesures concrètes à la source : sur la qualité de l'eau, de l'air et des sols, la nourriture, le logement, la relation à la biodiversité…

Il n'en reste pas moins que la tendance à la dégradation globale de la santé restera probablement à la hausse pour encore quelques temps. Et les couvertures spécialisées – de la sécurité sociale comme des mutuelles et autres compagnies d'assurance – se retrouvent contraintes de prendre en compte ce phénomène. Le défi n'est peut-être pas trop difficile à relever dans le cas des évolutions relativement régulières qui affectent la plupart des risques. Cependant, de plus en plus, des aléas imprévisibles vont perturber les modèles classiques et il faudra alors inventer de nouvelles approches…

vendredi 13 décembre 2024

Santander lance le salaire à la demande

Santander
Rendues possibles et viables grâce à la transformation de l'industrie des paiements, les solutions de versement de salaire à la demande ont fleuri au cours des cinq dernières années. Dans un marché surtout occupé par des startups, l'espagnole Santander devient une des premières banques traditionnelles à en proposer sa déclinaison.

Avec CloudPay, du nom du partenaire qui lui fournit sa technologie, l'institution veut mettre à la disposition des PME – à partir de 100 salariés, tout de même – une fonction qui est jusqu'à maintenant plutôt réservée aux grands groupes. Son principe est désormais connu : le collaborateur, armé de l'application mobile dédiée, peut demander le versement de sa rémunération acquise, au fur et à mesure de ses jours de travail, sans attendre la fin du mois (ou toute autre échéance contractuelle).

Une fois mise en place et configurée, selon les règles spécifiques à chaque organisation, la plate-forme de CloudPay prend en charge tous les détails administratifs des opérations. D'une part, elle pilote les paiements vers les comptes des bénéficiaires (depuis ceux de l'entreprise). Par ailleurs, une connexion avec les systèmes de gestion des ressources humaines détermine les droits de chaque utilisateur et gère, entre autres, les régularisations des avances sur les règlements périodiques habituels.

En pratique, l'introduction de cette nouvelle offre s'avère relativement superficielle, aucune intégration n'étant prévue, si ce n'est, vraisemblablement, pour ce qui concerne les interactions avec les comptes des employeurs. L'enrôlement (bien qu'il soit accessible depuis l'espace client de Santander), le déploiement et le support, notamment, sont assurés par la société CloudPay, en totale indépendance.

Santander CloudPay

Ce choix stratégique, malgré tout peu contestable en raison de la complexité du fonctionnement du dispositif (par exemple pour les liens avec les systèmes de paye), aboutit à quelques incongruités, dont la moindre n'est pas le recours aux mécanismes fournis par Visa de règlement sur les cartes des destinataires. On imaginerait que la banque préfèrerait logiquement exploiter ses services de virement instantané… Dans un autre registre, des opportunités risquent de lui échapper, entre autres sur le financement de ces paiements anticipés, pour les structures à la trésorerie tendue.

Enfin, Santander manque une excellente occasion de combler une lacune (classique) dans la solution de CloudPay. Sa position lui procure en effet une légitimité incontestable dans l'accompagnement des individus adeptes du salaire à la demande, afin d'éviter les dérives potentielles, depuis le renforcement des comportements de survie au jour le jour jusqu'aux risques de surendettement. La mise à disposition d'un outil ad hoc, aidant à un usage raisonné, viserait en outre à la fois un objectif éthique et, pourquoi pas, marketing (en conquête de clients, particuliers, d'autres établissements).

jeudi 12 décembre 2024

BoursoFirst, la banque privée pour les experts

Boursorama
Le vétéran hexagonal de la banque 100% « digitale » Boursorama dévoile pour la première fois une offre destinée à une clientèle de haut de gamme, avec laquelle il réussit simultanément à trahir un peu de son héritage culturel et à maintenir, envers et contre tout, hélas, son approche historiquement focalisée sur les produits financiers.

L'idée de départ paraît judicieuse puisque, selon ses calculs, 400 000 clients parmi les 7 millions que compte aujourd'hui BoursoBank entrent dans la catégorie des hauts patrimoines tels qu'ils sont définis par l'INSEE. Quand un segment aussi attractif – et aussi lucratif, potentiellement – prend une telle ampleur, il est évidemment temps de concocter une solution mieux adaptée à ses besoins. Et il est également envisageable de séduire les millions d'autres qui se sentent mal servis par leur banque actuelle.

Que contient donc BouroFirst afin de conquérir les ménages aisés ? Pour 29 euros par mois et via un espace dédié dans les applications habituelles de l'établissement, ses adeptes bénéficieront, en guise de friandise, de quelques privilèges sur les services classiques (tarification avantageuse des opérations de bourse, rémunération relevée sur le livret d'épargne, carte de paiement en métal avec, entre autres, programme de récompenses et accès aux salons d'aéroport, promotions exclusives à venir…).

Mais l'essentiel réside dans une gamme étendue de produits, hautement spécialisés, dont la souscription se fait bien entendu entièrement en ligne. Nous parlons ici de produits structurés sur mesure, de contrats d'assurance-vie luxembourgeois, de fonds de « private equity » (c'est-à-dire sur des entreprises non cotées), de crédit lombard, de comptes à terme… avec des conditions qui correspondent à la clientèle visée (par exemple un ticket minimum de 100 000 euros pour les supports d'investissement).

BoursoBank Lance BoursoFirst

Au premier abord, des outils aussi complexes (et, pour certains d'entre eux, extrêmement risqués entre les mains d'un néophyte) devraient être réservés à des experts aguerris de la finance… et on peut espérer qu'ils n'intéresseront guère les autres. Mais BoursoFirst a tout de même prévu un accompagnement personnalisé, assuré par… des conseillers humains (au téléphone), proposant information détaillée sur les instruments proposés, réalisation de bilans patrimoniaux, aide à la sélection des meilleures options en fonction des objectifs et des préférences de chacun.

Je suis curieux de découvrir combien de clients parmi ceux que BoursoBank range dans une classe aisée seront réellement sensibles aux charmes des produits structurés ou du « private equity ». Intuitivement, j'aurais tendance à penser que la majorité des individus concernés cherchent éventuellement à profiter de toutes les opportunités des marchés, à condition qu'ils n'aient pas à perdre du temps à comprendre les arcanes de dispositifs plus ou moins exotiques ni à suivre leur portefeuille au quotidien. En d'autres termes, la promesse fondamentale de la banque privée, que ne tient pas BoursoFirst.

mercredi 11 décembre 2024

Amazon vend (et finance) des voitures

Amazon
Ce n'est pas tout à fait une surprise puisque l'annonce en avait été faite l'année dernière, c'est désormais une réalité : Amazon vend des voitures (neuves), introduisant dans ce marché très spécifique les qualités, notamment en termes d'expérience utilisateur, qui ont bâti son succès au fil des ans. Une révolution est probablement en gestation.

Pour l'instant, seuls des véhicules de la marque Hyundai sont proposés, dans 48 villes américaines, et les concessionnaires restent impliqués, pour la gestion opérationnelle des commandes et la livraison. De son côté, le géant de l'e-commerce déploie tout son savoir-faire, dans la présentation du catalogue (avec recherche par modèle, finition, couleur, accessoires…), la garantie de prix ajustés (finis les marchandages, promet-il !), le parcours fluide jusqu'au règlement et à la signature électronique…

Ce dernier intègre notamment la reprise d'une voiture précédente – à des conditions établies par un partenaire dédié et dont le montant est immédiatement déduit de la facture finale – et, naturellement, une option de financement pour ceux qui ne peuvent payer comptant. Le processus, entièrement en ligne et sans rupture, se déroule en quelques clics, sans préalablement exiger de paperasse inutile, en s'appuyant entre autres, je suppose, sur des mécanismes de qualification de crédit avancées.

Pour les constructeurs, le premier bénéfice est une exposition à une audience de millions d'acheteurs potentiels. Pour leurs distributeurs, Amazon prend soin de souligner sa prise en charge des différentes étapes de la vente – son domaine d'expertise –, ne laissant sous leur responsabilité que le moment le plus précieux de la remise des clés à l'acquéreur… et les commissions qui leur restent attribuées (peut-être diminuées d'une quote-part prélevée par la plate-forme, mais il n'en est pas question).

Amazon Autos

L'initiative n'en est qu'à ses débuts et on peut même supposer qu'il s'agit d'un galop d'essai. Si tout se déroule comme prévu, dans les prochains mois, la couverture géographique sera étendue à d'autres villes et des marques supplémentaires seront accueillies. Et, pour les thématiques qui nous concernent plus particulièrement, les modalités de financement devrait s'enrichir rapidement, au-delà du simple prêt classique, avec, par exemple, une possibilité de leasing d'ores et déjà évoquée.

Avec son expérience client optimale et ses particularités (maintes fois copiées), telles que les commentaires des acheteurs sur leur automobile et leurs appréciations sur les vendeurs, Amazon entend redéfinir les habitudes d'un secteur qui a peu évolué avec l'ère « digitale ». Incidemment, il en est de même pour les aspects financiers des transactions : l'émergence d'un nouvel acteur, prenant la place de celui qui est présent aujourd'hui en concession, risque de rebattre les cartes d'un vaste marché.