Free cookie consent management tool by TermsFeed
C'est pas mon idée !

vendredi 15 août 2025

De l'efficacité de la lutte contre la fraude

CommBank
La lutte contre la fraude, sous toutes ses formes, donne parfois l'impression d'être désespérée tellement la sophistication croissante des attaques semble difficile à suivre. C'est donc une note d'optimisme qu'apporte CommBank quand elle révèle qu'elle observe une baisse de 76% en deux ans des pertes de ses clients pour cause d'arnaque.

Bien qu'il n'englobe pas l'ensemble de la criminalité dont les consommateurs sont victimes au jour le jour, ce résultat est d'autant plus intéressant qu'il concerne un domaine dans lequel une des principales armes mises en œuvre aujourd'hui porte exclusivement sur la sensibilisation et l'éducation : contrairement aux campagnes de communication génériques (et ponctuelles) telles que celle des banques françaises, il démontre qu'une approche multi-facettes parvient à prouver son efficacité.

Voilà justement pourquoi l'institution australienne ne relâche pas ses efforts et ajoute une corde à son arc. Intégrée dans l'application Truyu – émanation de sa branche de capital-risque x15ventures – dédiée jusqu'à maintenant à la surveillance des menaces d'usurpation d'identité, la nouvelle fonction invite ses utilisateurs à transmettre une capture d'écran des SMS suspects qu'ils reçoivent : en quelques secondes, l'intelligence artificielle qui la propulse analyse l'image et détermine la probabilité qu'il s'agisse effectivement d'une escroquerie (financière ou autre, incidemment).

En France, le principe rappellera à ceux qui le connaissent le service 33700 ou la « phishing initiative », qui tous deux permettent de dénoncer des tentatives frauduleuses (via SMS pour le premier, via des sites de hameçonnage pour le second)… mais souffrent de lacunes rédhibitoires : outre leur faible notoriété, l'un n'apporte aucune confirmation de la qualification et l'autre est soumis à des délais parfois longs de traitement manuel, correspondant à sa mission primaire de prise de mesures coercitives contre les auteurs (ce que Truyu intègre également dans son modèle opérationnel).

CommBank Scam Checker

Naturellement, la solution australienne ne justifiera sa valeur que si elle est largement adoptée. Son inclusion dans une application existante, qui a apparemment conquis une audience conséquente depuis son lancement, lui donne un avantage immédiat de ce point de vue. Il laisse d'ailleurs imaginer l'intérêt de rassembler toutes les options de lutte contre les malversations au sein d'un titre unique, distinct de la plate-forme bancaire, dont ce n'est pas le rôle, quand bien même l'enseigne peut apporter sa crédibilité.

Il reste tout de même un point noir dans ce panorama : CommBank affirme investir plus de 900 millions de dollars, pour la seule année 2025, dans la protection de ses clients. Ces derniers seront rassurés de constater qu'ils font l'objet d'une telle attention… mais la facture paraît extrêmement salée et soulève de graves questions de viabilité de la démarche, sachant que la défense contre la fraude est une lutte permanente, qui demandera des efforts constants, probablement de plus en plus coûteux.

La communication de l'établissement dévoile enfin un autre mécanisme récemment introduit pour la validation des transactions de paiement en ligne, via son application plutôt que par un code à usage unique envoyé par SMS (exposé à des risques de fuite), tel qu'il existe depuis longtemps chez nous. Ce « retard » souligne combien il serait critique pour l'industrie, surtout dans le domaine de la sécurité, de surveiller les progrès enregistrés dans le monde entier, de manière à les répliquer au plus vite.

jeudi 14 août 2025

Tide déploie des cartes muettes

Tide
Au premier abord, l'annonce par la néo-banque Tide qu'elle distribue dorénavant des cartes de paiement sans aucune autre information que le nom du porteur me laisse de marbre : après tout, Apple a popularisé le principe depuis 2019. Mais comment se fait-il alors qu'elle soit la première à l'implémenter pour les entreprises britanniques ?

Historiquement, le numéro et le mois d'expiration étaient imprimés, en relief, sur les cartes afin d'en permettre la reproduction physique sur les reçus délivrés par les appareils de « lecture » de l'époque (les anciens parmi vous se souviennent probablement de ce qu'on qualifiait de « fer à repasser »). Avec l'avènement de la puce électronique, qui a totalement supplanté cet ancien système, ces données n'avaient plus aucune utilité puisqu'elles étaient transmises par voie informatique.

Hélas, au début de ce siècle, est né l'e-commerce et son adaptation aux moyens de paiement en vigueur à ce moment-là, qui a remis au goût du jour l'usage des identifiants de la carte, de manière à les transmettre, après saisie manuelle, lors du règlement du panier. Depuis, ils sont donc restés présents sur les supports distribués… jusqu'à ce que la banque mobile offre une solution plus sûre, en invitant les clients à rechercher les références nécessaires dans leur application et non plus sur un bout de plastique.

Sans surprise, Tide brandit toujours le même argument de sécurité pour expliquer son initiative : parce qu'il est tellement facile pour une personne indélicate de capturer d'un coup d'œil les données avec lesquelles elle pourra effectuer des achats frauduleux, sans même avoir à dérober la carte, il est préférable de les déplacer dans un espace protégé sur le téléphone du client. En outre, dans une large mesure, l'expérience utilisateur gagne au changement pour ceux qui ont toujours leur appareil sous la main.

Tide Strips Card Numbers

Dans une période où les institutions financières déploient des moyens considérables afin de lutter contre les malversations en tout genre – y compris avec des dispositifs relativement complexes et fragiles tels que le code de validation (CVV) dynamique, qu'elle facturent sans vergogne au détriment de la protection de ceux qui refusent une ponction abusive –, pourquoi n'ont-elles pas déjà généralisé le mécanisme trivial que représente la transition de l'ensemble de ces fonctions vers leur application mobile ?

Bien sûr, pour les établissements traditionnels, intervient la question de l'adoption des outils « digitaux », qui n'est pas, à ce jour, universelle bien que fortement majoritaire. Mais la sécurité ne devrait-elle pas passer avant tout autre critère – comme le proclament d'ailleurs fréquemment les acteurs de l'industrie – et donc justifier la distribution de cartes muettes par défaut, avec une version « classique » en option, pour les individus refusant l'application mobile et désirant faire des emplettes sur internet ?

mercredi 13 août 2025

Flagrant délit d'IA-blanchiment chez Santander

Santander
Avec chaque grande tendance, technologique ou autre, Santander nous a habitués à ses fanfaronnades. Il n'est donc guère surprenant de la retrouver aujourd'hui en pleine opération d'IA-blanchiment (ou « AI-washing »), avec laquelle elle atteint des sommets en évoquant, entre autres, son ambition d'inscrire l'intelligence artificielle dans ses gènes.

Bien que les déclarations à l'emporte-pièce ne manquent pas sur cette thématique tellement à la mode, je ne crois pas avoir, à ce jour, identifié une autre institution financière prétendre comme le groupe espagnol, par la voix de son directeur des données et de l'IA, devenir « AI-first » ou, encore mieux, « AI-native », suggérant à travers ces expressions que l'intelligence artificielle a vocation à s'infiltrer au cœur de l'ensemble de ses activités, au point d'en devenir le moteur principal.

Plus précisément, les modèles et les agents seront appelés, à terme, à piloter chaque décision, chaque processus, chaque interaction (hyper-personnalisée) avec les clients… Cette vision hégémonique s'appuie sur trois piliers : l'intégration de l'IA dans toutes les métiers – de la gestion de produit au marketing, en passant par le crédit, par exemple –, sa mise en œuvre dans les fondations de ses systèmes informatiques, la participation à l'écosystème (avec les grands fournisseurs) comme levier de croissance.

Naturellement, la transformation devra se dérouler dans une approche transparente et responsable, particulièrement importante pour l'industrie bancaire. Les actions entreprises seront ainsi encadrées par des protocoles extrêmement stricts en matière d'éthique, de sécurité et de conformité (notamment sur la protection des informations sensibles, qui restent toujours sous contrôle), de manière à garantir, à travers une explicabilité absolue, le traitement impartial de toutes les demandes des clients.

Santander – AI-Native

Jusque-là, les objectifs mentionnés sont identiques à ceux de toutes les consœurs de Santander… Peut-être a-t-elle des projets spécifiques qui justifient la grandiloquence de sa communication ? D'emblée, il ne faut pas chercher d'originalité dans le passé : ses seuls faits d'arme concernent des usages classiques au point de nous lasser, à savoir la lutte contre la fraude, la génération de résumé des échanges avec les clients (mais sont-ils exploités ?), l'automatisation de processus, l'aide aux développeurs…

Et pour l'avenir ? Ce sera une collaboration renforcée avec OpenAI, portant la promesse de stimuler la création d'assistants capables de suggérer des options stratégiques, de promouvoir la personnalisation de la relation avec les clients, de fluidifier la gestion des back-offices… Pourtant, il ne s'agit, du moins à ce stade et pour les deux prochaines années, que de mettre ChatGPT entre les mains des collaborateurs – 15 000 initialement, le double d'ici le mois de décembre, soit 15% des effectifs de la société.

Outre le ridicule effort de surenchère sur l'intelligence artificielle, la démarche de Santander est tristement typique de la manière d'aborder une stratégie d'entreprise dans les grands groupes contemporains. Comme s'il suffisait d'énoncer une cible (ambitieuse, qui plus est) et, au mieux, d'en dessiner la première étape pour espérer l'atteindre. En l'occurrence, la banque risque de rapidement se heurter à l'obstacle quasiment insurmontable commun à la plupart des acteurs du secteur : les difficultés d'accès aux données, indispensables à l'IA, verrouillées dans des silos historiques.

mardi 12 août 2025

Des paiements plus transparents avec Google

Google
Comme les autres géants technologiques, Google veut prendre une place en propre dans les paiements. Mais cela ne l'empêche pas, en parallèle, de continuer à enrichir les possibilités proposées avec les instruments traditionnels, carte en tête. L'introduction de nouvelles options dans son navigateur Chrome offre un cas intéressant.

Passons rapidement sur les informations additionnelles qui seront fournies aux internautes utilisant le moteur de recherche de l'entreprise ou son porte-monnaie en ligne lors de leurs interrogations sur les taux de change : dans un mode pour l'instant expérimental, les résultats habituels seront complétés par l'affichage direct des conditions – frais compris – pratiquées par quelques spécialistes tels que Ria et Wise. Un transfert pourra ensuite être exécuté sur ces plates-formes en quelques gestes.

La suite concerne la fonction de remplissage automatique des données de paiement incluse dans le navigateur web. Un premier ajout s'inscrit dans une tendance majeure, qui vient donc désormais s'immiscer au plus profond de l'expérience e-commerce : outre le choix d'un des supports préalablement enregistrés, le consommateur pourra également régler ses achats (éligibles) en plusieurs fois grâce aux solutions de BNPL d'un éventail de partenaires (Affirm et Zip initialement, Klarna et d'autres à venir).

Enfin, dernière évolution, particulièrement notable pour le marché américain (seul visé à ce stade), l'outil connaît maintenant les détails des programmes de récompense qui accompagnent plus de 100 cartes de crédit parmi les plus populaires. Ainsi armé, il devient capable d'afficher automatiquement, lors de la demande de sélection d'un moyen de paiement, les primes et autres avantages auxquels peut prétendre le porteur sur son achat en cours avec chacune de ses cartes, afin d'éclairer sa décision.

Paiement dans Chrome

L'approche devrait facilement séduire les consommateurs, qui n'hésitent pas à adopter de multiples cartes, en grande partie sur la base de leurs promesses d'économies et/ou de cadeaux, mais qui ne savent plus, au moment opportun, laquelle leur procurera le bénéfice optimal pour chaque transaction à finaliser, et se résolvent alors généralement à recourir à la plus familière d'entre elles, effaçant de la sorte toutes les opportunités qui les avaient conduit d'abord à accumuler une vaste collection dans leur portefeuille.

En revanche, les émetteurs seront peut-être moins enthousiastes, entre ceux qui profitent, par exemple en raison de leur notoriété, de l'effet de carte préférée à défaut de maîtriser toutes les caractéristiques des autres, et ceux qui vantent des avantages extravagants en comptant sur la mémoire courte de leurs clients pour en limiter le coût. Quoi qu'il en soit, Google donne ici une leçon magistrale sur la manière dont les outils modernes peuvent contribuer à mettre plus de transparence dans les actes du quotidien, avec une information contextuelle qui aide à prendre de meilleures décisions.

lundi 11 août 2025

Quel est votre rapport à l'argent ?

My Life – BIL
Je profite de la trêve estivale et du calme plat qui règne sur l'actualité de l'innovation pour m'attarder sur un thème qui me tient à cœur – le bien-être financier – en rebondissant sur un (ancien) article de la banque luxembourgeoise BIL et sa question de titre un brin provocante et néanmoins essentielle : avez-vous l'argent heureux ?

Bien que la plupart d'entre nous exprimons facilement notre scepticisme vis-à-vis de l'adage populaire « l'argent ne fait pas le bonheur », il s'avère que celui-ci comporte un fond de vérité indiscutable : sans remettre en cause les difficultés particulières qu'entraîne fréquemment la pauvreté, l'observation scientifique permet de vérifier que le stress financier peut tout autant affecter les plus aisés. L'interrogation posée par BIL devient alors infiniment plus importante que le niveau de ressources ou de patrimoine.

Sur la base d'un livre écrit par Ken Honda, l'établissement suggère un test simple afin de mesurer son état d'esprit : parcourez l'historique de vos transactions bancaires et évaluez votre ressenti à la lecture de vos rentrées d'argent et de vos dépenses. Quelle que soit votre situation, si vous percevez une frustration durant cette consultation, il faut agir. Vous ne pouvez être en harmonie avec votre budget que si vos opérations évoquent un plaisir ou, à tout le moins, un sentiment d'accomplissement.

L'autrice souligne un des principaux facteurs constitutifs d'une dissonance cognitive synonyme de préoccupation, voire d'angoisse, qui nuisent à un bon équilibre de vie. Pour de nombreuses personnes, la pression sociale exerce une influence excessive sur les choix du quotidien… qui ne répondent pas à des besoins ou des envies réels. Un cas caricatural mais parfaitement représentatif est celui de la voiture ou la maison achetée dans le but d'affirmer son statut parmi ses pairs et non par préférence intime.

Avez-Vous l'Argent Heureux ?

Comment corriger le tir ? Le premier réflexe consisterait certainement à identifier ce biais spécifique, qui perturbe les décisions et mène à l'irrationalité, et tenter de l'éradiquer. Mais la réalité n'est souvent pas si simple. L'analyse des motivations profondes des individus révèle que, pour une partie d'entre eux, l'affichage de la position sociale est la plus puissante : ceux-là ne verront évidemment pas leurs excès sous un angle négatif, ils contribuent au contraire à la satisfaction de leurs désirs.

La seule solution viable consiste donc plutôt à commencer par une introspection, à travers laquelle on découvrira le moteur de son bonheur (la liberté, la générosité, l'accumulation…). Dès lors, il faudra le traduire en actions concrètes sur les mouvements d'argent, en privilégiant ceux qui sont alignés avec le critère retenu et en écartant autant que possible les autres (quitte à renverser de manière artificielle la perspective intellectuelle sur les paiements impossibles à éviter qui ne lui correspondent pas).

Toutes les personnes possédant les moyens suffisants pour satisfaire leurs besoins essentiels peuvent espérer améliorer leur bien-être financier. Pour ce faire, la priorité ne sera pas de gagner plus mais, avant tout, de changer de comportement avec l'argent, en accordant celui-ci avec les ressorts psychologiques qui régissent sa perception. Ils sont encore rares aujourd'hui, mais des outils qui intègrent ces différentes dimensions commencent à émerger et peuvent offrir une aide précieuse en la matière.

dimanche 10 août 2025

La finance participative française s'essouffle

France FinTech
En attendant le baromètre de l'association France FinTech, le marché français de la finance participative tendrait, selon L'Agefi, à poursuivre le déclin entamé à partir de 2023, après le bond enregistré durant les années post-COVID. Le mouvement atteint un tel niveau qu'il semble nécessaire de repenser les stratégies de fond en comble.

Après avoir perdu plus d'un quart de son volume d'activité au cours des deux années précédentes, ce premier semestre serait donc sur la voie d'une baisse supplémentaire de 10 à 15%. Celle-ci serait principalement due au secteur immobilier, qui représente environ la moitié des collectes et continue à subir la crise générale du domaine. Les énergies renouvelables, cumulant presque 25% des fonds recueillis, parviendraient en revanche à limiter la casse, sans toutefois afficher une santé brillante.

Outre quelques fermetures de plates-formes, le coup de frein serait dû, pour l'essentiel, à une plus grande sélectivité des dossiers acceptés. Il s'agit d'un revirement par rapport à une période de forte croissance… qui n'était pas toujours bien maîtrisée, entraînant un inévitable renchérissement des taux de défaut, dangereux à la fois pour l'équilibre financier des intermédiaires concernés et pour la confiance de leurs clients.

Cette situation de risque, renforcée par la conjoncture économique peu favorable, conduit certains acteurs à envisager de réclamer une contribution à leurs investisseurs, soit pour leur faire bénéficier des meilleures opportunités, soit pour partager les coûts des contentieux. Dans tous les cas, la fin de la gratuité (faciale) paraît être à l'ordre du jour… ce qui pourrait s'avérer contre-productif pour des participants déjà réticents.

France FinTech – Finance Participative

Face à la dépression qui affecte la finance participative en France, une réinvention complète des approches en vigueur serait probablement indispensable. Je soupçonne qu'elle souffre d'un manque d'attrait pour les personnes qui disposent de fonds à faire fructifier. Entre autres faiblesses : l'offre est relativement limitée (les opérations en cours à un moment donné sont peu nombreuses), le modèle requiert un engagement soutenu… et les crypto-actifs créent une concurrence dans les instruments alternatifs.

Naturellement, dans une illustration parfaite du dilemme classique des solutions de mise en relation entre deux typologies de clientèle, l'autre catégorie de partie prenante, constituée par les entités en recherche de financement, est elle-même frileuse en raison de l'audience réduite qu'elle est susceptible de toucher. La clé pour débloquer cette impasse imposera de développer la notoriété du concept, auprès des demandeurs comme des bailleurs de fonds, en défendant ses caractéristiques distinctives.

Je reste un fervent enthousiaste de la finance participative et de ses possibilités de rendre l'investissement ou le crédit plus concret, plus transparent et plus engagé. Mais il ne pourra pas progresser tant qu'il ne sera pas démocratisé très largement. Peut-être faut-il user des méthodes d'influence qui réussissent aux cryptomonnaies (en les attaquant sur leurs points faibles ?), peut-être faut-il rechercher des partenariats avec des acteurs présents en première ligne (les banques)… Une certitude : sans prise de mesures drastiques, le crowdfunding restera une anecdote dans le paysage.

samedi 9 août 2025

La modernisation des agences n'en finit pas

NAB
Dans le monde entier, les banques traditionnelles se répartissent en deux catégories : celles qui visent à glisser vers une relation essentiellement « digitale », complétée par quelques points d'accueil pour des besoins spécifiques, et celles, de plus en plus rares, qui refusent d'abandonner leur modèle historique reposant sur leur réseau d'agences. NAB est de ces dernières et elle réaffirme son choix depuis quelques mois à travers une vaste campagne de modernisation de ses implantations.

Le chantier, qui représentera un investissement de 55 millions de dollars, a déjà permis de rénover une centaine de succursales dans tous le pays – y compris dans les zones rurales, dans un but explicite de maintenir son ancrage dans les communautés locales – et presque cinquante supplémentaires sont planifiées avant la fin de l'année.

Il est question d'un véritable changement de format pour les agences, qui voient leur organisation historique repensée pour présenter un visage plus hospitalier, avec un aménagement soigné, une prise en compte des exigences d'accessibilité et une division de l'espace conçue en priorité pour les conversations avec les clients.

L'objectif est d'abord de répondre aux attentes de tous ceux qui privilégient des interactions en face à face pour parler de leurs préoccupations financières, en leur offrant un lieu ouvert, facile d'accès, personnalisé et où ils se sentent bienvenus. Les efforts de transformation leur transmettent en outre un message plus ou moins subliminal : la banque est présente à proximité de chez moi pour longtemps. Si ces arguments vous donnent une impression de déjà-vu, ce n'est pas un hasard.

NAB – Branch Network

Depuis deux décennies, les institutions financières ont multiplié les initiatives de ce genre, dont les « agences du futur », destinées à tester des concepts relativement avancés, furent une émanation populaire durant quelques années. Or, au-delà de l'impératif immobilier de rafraîchir des espaces commerciaux qui, comme tous les autres, deviennent vétustes au fil du temps, aucune de ces tentatives n'a produit de résultats extraordinaires… par exemple face à la baisse de fréquentation généralisée.

Rien d'étonnant à cela, à mon avis : les promesses de renforcement de la relation avec les clients qui motivent officiellement les travaux ne peuvent assurément pas être tenues par une simple opération cosmétique sur les locaux. En revanche, le facteur le plus important, qui consisterait à proposer une expertise de qualité – à l'écoute, empathique, orientée sur le conseil et l'accompagnement – grâce à des équipes de collaborateurs de haut niveau, ne fait jamais l'objet de programmes de la même ampleur…

jeudi 7 août 2025

La FinTech grignote les résultats des banques

KPMG
D'un côté, voici une étude de KPMG qui prédit une érosion à moyen terme de la profitabilité du secteur bancaire britannique. De l'autre, nous avons le rapport annuel de Monzo, qui reflète la croissance soutenue des grands trublions britanniques de la FinTech. Les deux tendances sont étroitement liées et devraient encourager l'innovation.

Au-delà de la baisse des bénéfices de 3,7 milliards de livres enregistrée en 2024, qui met fin au rebond post-pandémie, les analystes estiment que, à défaut de réforme structurelle, la rentabilité des principaux établissements reculerait d'environ un tiers d'ici 2027, engendrant une poursuite de la chute de quelques 11 milliards de livres. La première cause de pessimisme est économique, entre stagnation du développement et une augmentation des coûts, notamment de personnel et de technologie.

Pourtant, un autre facteur prend une importance de plus en plus visible. En effet, les acteurs traditionnels perdent du terrain sur les dépôts, ce qui entraîne automatiquement une pression sur leurs marges. Si le repli de leur part de marché de 84% à 80% en 5 ans semble modeste, il représente tout de même de l'ordre de 100 milliards de livres de fonds captés par les fournisseurs de crédit spécialisé… et les néo-banques, qui limitent leurs capacités de financement et les profits qu'elles génèrent.

La santé éclatante de Monzo illustre clairement l'évolution. Avec presque 13 millions de clients – dont 650 000 moins de 16 ans conquis en quelques mois après le lancement d'une offre qui leur est dédiée et qui constitueront probablement une génération perdue pour l'industrie historique –, la fuite des capitaux est évidente, d'autant plus qu'ils sont de plus en plus nombreux à confier à la jeune pousse une bonne partie de leurs opérations (plus de la moitié d'entre eux sont désormais actifs plus d'une fois par semaine).

Monzo 2025

Le mouvement n'a en outre aucune raison de s'inverser à moyen terme car les nouveaux entrants n'ont pas encore atteint la maturité, comme le démontre par exemple leurs ratios de prêts sur dépôts, aux alentours de 30%. Au fil du temps, ils vont donc nécessairement compléter leurs offres de crédit, venant de la sorte attaquer directement une autre source de revenus des institutions financières en place tout en éliminant une des puissantes motivations des consommateurs au « conservatisme ».

Face à la menace, que recommandent nos amis de KPMG ? Des mesures d'optimisation de l'efficacité opérationnelle (entre autres sur la productivité des employés)… et l'accélération de l'adoption de l'intelligence artificielle, bien sûr ! Cette dernière idée est-elle raisonnable alors que les coûts des technologies sont déjà identifiés comme responsables de la dégradation des performances des banques ? Il faudrait au moins quelques orientations concrètes pour donner du corps à un tel conseil.

Selon moi (et je ne surprendrai personne), la réponse devrait plutôt se situer dans l'innovation. Contrairement à ce que suggèrent les consultants, les niveaux de rémunération des dépôts ne sont pas le seul attrait des acteurs de la FinTech : leur succès s'est d'abord construit sur leur expérience client et les distinctions qu'ils obtiennent régulièrement depuis des années dans ce domaine prouvent que leur avantage perdure. Toute tentative de riposte concurrentielle devrait donc commencer par là, en particulier dans les services « digitaux », où la différence est la plus marquée.

mercredi 6 août 2025

Génération Z et éducation financière

USAA
Les lacunes d'éducation financière chez les jeunes constituent un sujet d'inquiétude récurrent dans le secteur. Une étude menée par USAA, plus spécifiquement autour du score de crédit, permet de mieux comprendre comment les intéressés le perçoivent, ce qui pourrait contribuer à développer des approches pédagogiques efficaces.

La première partie de l'enquête révèle des résultats sans surprise, par rapport à toutes les évaluations sur la littératie financière, sur l'état parfois catastrophique des connaissances de la génération Z sur les critères qui influencent leur note : d'emblée, ils sont 45% à admettre ne pas les maîtriser. Parmi les handicaps qu'ils citent à l'obtention d'une valeur honorable, il mélangent par exemple l'endettement – notamment les prêts étudiants et les cartes de crédit – et les incidences du coût de la vie.

En revanche, ces mêmes individus sont loin d'être inconscients. Tout d'abord, trois quarts d'entre eux sont plus ou moins au fait de leur score… même si l'anxiété les prend facilement lors de sa consultation, ce qui, au pire, en conduit plus de six sur dix à s'abstenir de s'informer. Plus étonnant, une analyse de la situation de quelques 300 000 clients âgés de 18 à 26 ans a conduit USAA à découvrir qu'une vaste majorité (69%) dépassaient le seuil considéré comme « bon » selon les standards du marché.

Autre facteur notable d'optimisme, les jeunes sont prêts à consentir des efforts dans le but d'améliorer leur position, en estimant qu'ils sont capables d'atteindre le sommet de l'échelle (pour 76% de l'échantillon). Ils évoquent pour ce faire des méthodes éprouvées, dont, au premier rang, la mise en place d'un budget et le paiement dans les délais de leurs encours de carte, ainsi que des actions concrètes plus drastiques telles que cuisiner tous leurs repas eux-mêmes ou se priver de leurs prochaines vacances.

USAA – Gen Z & Credit Score

La seule zone d'ombre dans ce tableau rassurant concerne cependant la faible propension de cette catégorie de consommateurs à s'appuyer sur l'expertise de leur entourage (leurs parents, en priorité) et de professionnels en vue de compléter leur apprentissage (un tiers seulement l'envisagent), alors qu'ils sont nombreux (deux tiers) à vouloir progresser. Il faut probablement voir dans cette réticence le reflet d'une culture dominante de l'éducation en libre service, notamment via les canaux « digitaux ».

Ce panorama milite donc pour la mise en place de solutions pédagogiques à l'intention d'une génération apparemment demandeuse. Afin d'en maximiser la portée et l'impact, elles devront tenir des compte des préférences, explicites ou non, de leur cible : les supports électroniques, évidemment, en retenant des démarches alignées sur l'état de l'art en la matière (dont, pour rebondir sur une de mes marottes, une contextualisation des contenus pour chaque apprenant), une intégration aussi transparente que possible (à l'inverse de discours pontifiants), la reprise des bases qui semblent manquer à beaucoup et, plus largement, une posture didactique portée par un langage simple…

mardi 5 août 2025

Google régule sa consommation électrique

Google
Étant un des grands fournisseurs mondiaux de capacités d'intelligence artificielle, Google est confronté à l'immense problème de leur consommation énergétique. Fidèle à son habitude d'optimisation, la firme commence donc à déployer des mécanismes sophistiqués afin d'ajuster au mieux ses besoins aux contraintes de ses fournisseurs.

Le contexte le plus propice à la mise en œuvre de ce nouveau dispositif est celui de l'atteinte des limites de capacité à l'occasion de pics de consommation (par exemple en période de grand froid et son impact sur la demande de chauffage) : les centres de production informatique concernés, directement reliés aux systèmes des distributeurs d'électricité et donc informés en temps réel, sont alors configurés pour reporter ultérieurement l'exécution de tâches considérées comme moins prioritaires.

Le premier cas d'usage implémenté par Google, déjà activé trois fois dans une de ses installations aux États-Unis, concerne le traitement des vidéos téléchargées sur YouTube, mises en attente pendant que le moteur de recherche et le service de cartographie continuent à fonctionner au plus haut niveau de performance. Logiquement, des réflexions sont maintenant engagées pour décliner le principe sur les opérations d'apprentissage automatique et d'entrainement de l'IA, particulièrement gourmandes.

Google – Flexible Data Center

Les avantages d'une telle architecture sont multiples. Il s'agit d'abord de soulager la pression exercée sur les réseaux de transport, en offrant à leurs opérateurs une meilleure visibilité sur la consommation maximale possible, ce qui leur permet de mieux s'organiser – en termes de production ou de liaisons entre usines, notamment – et, en conséquence, d'accélérer le déploiement de raccordements supplémentaires.

Vient ensuite, naturellement, l'argument environnemental : les énergies renouvelables étant pour la plupart intermittentes, la faculté de choisir les moments d'une partie de la charge autorise non seulement de réduire le recours à des sources polluantes lors des pointes mais également, avec les « bons » paramètres de sélectionner les intervalles de temps durant lesquels les centrales solaires ou éoliennes tournent à plein régime. Le coût pourrait aussi entrer en ligne de compte, si les tarifs sont modulés au fil de l'eau.

Si, bien sûr, l'électricité la plus verte est celle qui n'est pas nécessaire, la tendance actuelle à l'explosion des besoins impose de rechercher des moyens d'en minimiser l'impact. Comme toujours, Google propose une idée qui mériterait d'être répliquée dans toutes les industries grandes utilisatrices d'informatique… dont les institutions financières. Elles pourraient ainsi commencer à réfléchir sur leurs fonctions réellement essentielles et envisager de piloter les autres selon les impératifs énergétiques.