Déployée depuis plus d'une décennie, d'abord aux États-Unis, l'assurance automobile dont la prime est modulée en fonction du comportement du conducteur produit, au mieux, des résultats mitigés (voire ce que beaucoup qualifient d'échec, en France). Cependant sa valeur en matière de prévention continue à susciter des initiatives.
Prenons le cas de l'américaine PEMCO, venue tardivement sur l'opportunité (en 2022, semble-t-il), des années après sa concurrente pionnière, Progressive. Sans originalité, elle invite ses clients à activer le module Pemcodometer dans son application mobile. Celui-ci évalue la qualité de leur conduite, en mesurant les accélérations et freinages, les types de voies empruntées, les excès de vitesse, l'usage du téléphone au volant…, grâce aux différents capteurs intégrés dans les smartphones modernes.
La motivation principale sur laquelle joue le dispositif depuis ses débuts réside, naturellement, dans les économies potentielles, avec une réduction de prix selon le score obtenu à l'issue d'une période probatoire de 91 jours. Mais son impact sur la diminution des risques, connu et mesuré depuis longtemps, devient maintenant un argument de premier plan, comme le signale cette campagne de sensibilisation au pic d'accidents dont les jeunes sont victimes en été (les 100 jours les plus mortels).
En complément d'un ensemble de recommandations génériques à l'intention de cette cible particulièrement fragile, PEMCO suggère ainsi de profiter de la trêve estivale afin de relever le défi de son système… et adopter de la sorte quelques bons réflexes en réponse aux critiques formulées par le logiciel au fur et à mesure des trajets effectués. Critiques généralement mal acceptées quand elles viennent des parents (ou autres adultes) mais qui peuvent exercer leur influence en provenance d'une machine.
Indépendamment de la réorientation de ses objectifs, qui, était en réalité déjà sous-jacente, la démarche a également le mérite de, justement, interpeller les parents en relation avec la sécurité de leurs enfants, en encourageant les premiers à préconiser – voire contraindre ? – le recours au dispositif par les seconds, en dehors de toute considération financière. Voilà une excellent moyen de développer l'adoption, qui, dans tous les cas, bénéficie aussi à l'assureur à travers la baisse de la sinistralité.
Le principe devrait intéresser les assureurs français, alors que l'âge minimal d'obtention du permis de conduire et, donc, de conduite en totale autonomie a récemment été ramené à 17 ans. C'est toute une cohorte de nouveaux automobilistes à haut risque qui débarque de la sorte sur les routes et qui doit être couverte, la plupart du temps via le contrat des parents : bien que le sujet soit rarement abordé, j'imagine que l'industrie explore toutes les pistes lui permettant de limiter ces aléas supplémentaires.