Les promesses de l'intelligence artificielle suscitent une immense vague de créativité parmi les entrepreneurs du monde entier… hélas rapidement tempérée par les risques sous-jacents. Qui mieux qu'un spécialiste de l'assurance pour les startups technologiques pouvait comprendre les enjeux émergents et apporter la réponse idoine ?
Au même titre que les exemples les plus emblématiques de rupture que constituent le dérèglement climatique et l'apparition des véhicules autonomes, l'infiltration de l'IA dans toutes sortes de domaines – avec, entre autres, ses possibles erreurs de jeunesse, les impacts qu'elle est susceptible d'exercer sur des activités sensibles et les incertitudes qu'elle introduit dans la détermination des responsabilités – met à mal les couvertures classiques et impose par conséquent une sérieuse remise à plat.
Voilà la mission à laquelle s'attaque désormais Vouch. Son ambition est de fournir une garantie ad hoc aux entreprises – américaines – qui développent et commercialisent des solutions à base de « grands modèles de langage » (LLM) et autres catégories d'intelligence artificielle. Plus précisément, elle prend en charge sans équivoque les risques que les produits de responsabilité civile existants n'incluent pas explicitement, et se trouvent donc en zone grise, ainsi que ceux qui sont entièrement inédits.
Sont englobés, de la sorte, non seulement les éventuels dysfonctionnements, indisponibilités et erreurs techniques, comme pour n'importe quel composant logiciel, mais également toutes les répercussions de biais et de discrimination, d'hallucinations, d'infractions réglementaires, de violation de propriété intellectuelle…, que les préjudices soient avérés et emportent des dommages ou qu'il s'agisse de défense face à une procédure intentée par un tiers, contre l'éditeur lui-même ou un de ses clients.
Concrètement, les illustrations évoquées s'étalent des plaintes déposées autour des questions de droits d'auteur, dont l'actualité fourmille depuis quelques semaines, jusqu'à l'hypothèse d'un système d'analyse médicale automatisée qui émettrait un jugement erroné, critique pour la santé d'un patient, en passant par un chatbot d'épargne qui formulerait des recommandations engendrant des pertes non anticipées. Autant de cas qui seront probablement récusés avec les polices en vigueur aujourd'hui.
Honnêtement, il paraît difficile d'imaginer comment Vouch parvient à élaborer un contrat viable, au vu du faible recul dont dispose l'industrie, autant sur les sinistres causés par l'intelligence artificielle et sur leur portée potentielle que sur le traitement juridique des affaires correspondantes. Il faut supposer que ses conditions et son coût pourront évoluer avec l'expérience. Il n'en reste pas moins que l'initiative signale au secteur de l'assurance l'extrême réactivité nécessaire vis-à-vis des changements du monde.
Dans un contexte où de nombreux grands groupes, notamment de la finance, expérimentent les usages de l'IA mais restent réticents à leur industrialisation en raison des innombrables dangers qui les guettent, et dont nul ne sait mesurer ni l'ampleur ni les effets, le fait que les partenaires impliqués détiennent une couverture dédiée représente un facteur crucial de confiance et de modération des inquiétudes. Le bénéfice en ira à la fois aux fournisseurs (et à leur chiffre d'affaires) et à l'innovation en général.