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C'est pas mon idée !

dimanche 10 avril 2022

La dérive des cryptomonnaies

Ethereum
Bien que quelques réfractaires persistent à réfuter le problème environnemental des principales cryptomonnaies (y compris via une transition vers des énergies vertes, qui seraient mieux employées à des usages vitaux), un mouvement se dessine afin de le résoudre en profondeur. Aux dépens, hélas, de la vision idéologique d'origine.

Le point de départ de la polémique réside dans la consommation énergétique démesurée du mécanisme dit de « preuve de travail » qui, dans le but d'assurer le fonctionnement de la blockchain de bitcoin (et de la majorité de ses émanations) et la confiance dans sa conservation inaltérable des données de transactions repose sur la mise en concurrence de multiples calculateurs autour d'une énigme cryptographique périodique.

La solution la plus couramment proposée, baptisée « preuve d'enjeu », que devrait éventuellement adopter sous peu Ethereum, consiste, en revanche, à déléguer la mission de validation des informations enregistrées aux intervenants, sur la seule base de leur capacité à démontrer leur investissement dans le système (au sens générique et sous diverses variantes), garant de leur intérêt à en maintenir la viabilité dans la durée.

Sur le plan technique, l'évolution envisagée est tout à fait louable et, en apparence, conserve toutes les propriétés désirées sur les dispositifs en question. Malheureusement, les promoteurs modernes de la « preuve d'enjeu » ont oublié un facteur essentiel de l'équation initiale : sa dimension politique, à tendance anarchiste, présente dans le document [PDF] fondateur publié en 2008 par le fameux Satoshi Nakamoto.

C'est cet aspect qui justifie le recours à un algorithme et de la puissance informatique pour contrôler les opérations, de manière aussi autonome que possible (…mais non parfaite). Naturellement, dès que le pouvoir est (ré-)attribué aux participants, notamment ceux qui possèdent le plus de richesse (sous une forme ou une autre), le modèle bascule dans une logique capitaliste traditionnelle et perd de la sorte toute sa substance.

Au-delà du débat philosophique, cette dénaturation est critique dans la mesure où elle annihile presque totalement la notion de décentralisation qui est supposée être la raison d'être des blockchains et dont nous abreuvent les tenants du web3. En effet, elle aboutit à une approche typique des sociétés anonymes, certes avec une myriade de petits actionnaires, dont cependant les voix comptent rarement pour grand chose.

Concrètement, la perspective offerte serait similaire à une organisation dans laquelle les décisions seraient prises et validées par un vote (toutes les quelques secondes) auquel prendraient part, en proportion de leur investissement, les associés suffisamment engagés et stimulés pour y consacrer un minimum d'effort. L'histoire nous a largement démontré que ce genre d'agencement est propice aux dérives, délibérées ou non.

Au bout du raisonnement, se pose finalement toujours la même question qui fâche : derrière les promesses fallacieuses des blockchains et de leurs applications (jusque dans les cryptomonnaies, en l'occurrence), existe-t-il des avantages réels à les utiliser ? Ou bien ne s'agit-il que d'illusions entretenues par un battage médiatique insensé et l'aveuglement de beaucoup d'observateurs qui n'appréhendent qu'une partie du sujet ?

Cryptomonnaies
Illustration par A M Hasan Nasim (Pixabay)

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