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C'est pas mon idée !

samedi 9 avril 2022

Changement d'ère chez Arkéa

Arkéa
Deux ans après le départ de son directeur général, Ronan Le Moal, et un an après celui de son président, Jean-Pierre Denis, Arkéa acte maintenant sa réorientation stratégique en cédant successivement ses participations dans les trois jeunes pousses emblématiques de son positionnement historique. La malédiction du changement de tête ?

Pour Budget Insight [PDF] comme pour les siamoises Leetchi et MangoPay [PDF], la réthorique est identique : un nouvel investisseur entre au capital afin d'accompagner leur développement et leur expansion à l'international. Pourtant, en arrière-plan, la réalité est que ces opérations constituent avant tout un désengagement de l'établissement breton, qui abandonne ainsi ses anciennes ambitions auprès de la fine fleur de la FinTech et, peut-être, une vision de sa place particulière dans le paysage financier du pays.

Oubliées, d'un côté, les velléités de dépasser ses frontières régionales d'origine avec une solution de paiement leader sur les places de marché du monde entier. Effacés, de l'autre côté, les rêves de prendre un avantage déterminant dans l'univers de la banque ouverte, alors même que des géants tels que Visa (avec l'acquisition de Tink), Mastercard (avec le rachat de Finicity) ou bien Klarna (avec la création de sa propre plate-forme) démontrent à quel point cette tendance est perçue comme porteuse de potentiel pour l'avenir.

Naturellement, il n'est pas à exclure que ces grands projets se soient trouvés dans une impasse et, dans cette hypothèse, un renouvellement des équipes dirigeantes représente une occasion de mettre fin à des expériences vouées à l'échec. Toutefois, dans le cas présent, il semblerait plutôt qu'une décision délibérée de changer de cap soit à l'œuvre, motivée par un recentrage d'Arkéa sur ses cœurs de métier et une perte d'appétence pour l'innovation, assortie d'un sérieux coup de frein sur les investissements en la matière.

Arkéa cède Leetchi et MangoPay

Dans ces conditions, le retrait de leur actionnaire majoritaire est probablement positif pour les jeunes pousses concernées, qui vont de la sorte pouvoir repartir de l'avant grâce à l'engagement de leurs nouveaux bailleurs de fonds. Il ne faut cependant pas négliger l'impact que peut avoir sur leur activité et leur santé les attentes de ces derniers (d'autant que ce sont des professionnels de l'investissement, sans la perspective industrielle d'une banque), si elles ne sont pas alignées avec leur plan de marche existant.

Plus fâcheuses seraient les conséquences pour la FinTech hexagonale d'un revirement avéré d'Arkéa. Passons sur la prise de contrôle de deux fleurons du secteur par des opérateurs américains, consacrant une fois encore l'état navrant du capital risque en France, voire en Europe. Bien plus grave est le risque de voir disparaître, ne serait-ce qu'en partie, un soutien essentiel à l'écosystème, qui s'exerce notamment à travers la fourniture de services bancaires en marque blanche et le financement de startups.

Les mouvements au sommet des organisations sont toujours des moments délicats pour les stratégies, surtout quand celles-ci ont mûri durant de longues années. La sorte de rentrée dans le rang que paraît engager Arkéa depuis quelques mois (matérialisée par une relative discrétion sur le front de l'innovation) n'est pas nécessairement une surprise, au vu des profils de ses nouveaux responsables, mais elle laissera un goût amer à ceux qui comptait sur elle pour entretenir un peu de « disruption » dans la finance.

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