Bien que le terme soit apparu en 2014, ce n'est que depuis l'année dernière que le web3 a commencé à gagner en popularité, et il représenterait désormais l'avenir du web. Ses détracteurs ne manquent pas, qui s'attaquent généralement à ses promesses, mais il souffre surtout d'un défaut structurel, qui le condamne automatiquement.
De quoi serait donc faite cette prochaine génération de la toile ? Selon sa définition la plus courante, il s'agirait d'une transition vers des technologies de blockchain, favorisant la décentralisation et stimulant une économie à base de « tokens », et de plus en plus fréquemment associée aux métavers, qui capitalisent eux-mêmes sur ces composants.
Sa principale ambition serait ainsi de lutter contre l'hégémonie des géants de l'internet et le pouvoir exorbitant qu'ils exercent aujourd'hui sur l'univers « digital ». Hélas, les critiques, qui vont parfois jusqu'à douter de la valeur d'une telle vision, sont prompts à souligner combien le web3 aussi est dominé par des acteurs puissants.
Oublions un instant ces polémiques et attardons-nous plutôt sur les fondations de la proposition, par exemple à travers une comparaison des évolutions historiques successives. Au tout début, était le « world wide web » (depuis qualifié de 1.0), portant le projet d'un accès universel, libre et instantané à la connaissance. Quelques années plus tard, le web 2.0 prenait le pas avec le rêve d'une (re)prise de pouvoir par l'utilisateur final, dans la création et le partage de contenus, la collaboration, les réseaux sociaux…
Certes, les résultats n'ont pas toujours été à la hauteur des espérances, mais ces dernières sont parfaitement limpides et reflètent l'immense gouffre qui les sépare de ce que les prophètes veulent nous vendre dorénavant. En effet, autrefois, l'objectif était de satisfaire les attentes (implicites, le plus souvent) des internautes, tandis que le web3 nous vante maintenant des outils et des technologies, ésotériques pour la majorité de la population, en invoquant des bénéfices à la fois obscurs et fallacieux.
Même si l'idée avait la moindre chance de concrétisation, qui, hormis quelques idéalistes, aspirerait à la décentralisation en tant que telle ? À supposer qu'elle soit la solution, les milliards d'adeptes des médias sociaux ressentent-ils vraiment le besoin de s'affranchir de l'emprise de Facebook, de Snap, de ByteDance (pour TikTok)… ? A priori, seuls les régulateurs semblent véritablement se préoccuper des excès de ces entreprises.
A contrario, les fans de cryptomonnaies et de NFT, dont les études récentes nous affirment qu'ils deviennent très nombreux, notamment parmi les jeunes, sont-ils convaincus par les principes sous-jacents, en particulier ceux de la blockchain ? Les comprennent-ils seulement ? Ou bien sont-ils simplement attirés par les chimères d'enrichissement rapide et sans efforts que suscite un écosystème hors de contrôle ?
Le concept de web3 est né d'une approche purement technologique et il reste désespérément ancré dans une logique exclusivement technologique, à laquelle sont ensuite arbitrairement raccrochées quelques illusions difficilement crédibles. Or l'expérience montre sans ambiguïté que les démarches d'innovation ou de transformation assises uniquement sur des solutions, sans considération préalable des besoins auxquelles elles répondent, sont irrémédiablement vouées à l'échec et à l'oubli.
Illustration par Tung Nguyen (Pixabay) |
90% des NFT et du Web30 n'a aucun sens, je le répète depuis plus d'un an. Néanmoins il y a un angle très intéressant qui conciste à créer un objet virtuel unique ET indépendant du créateur (si c'est bien fait). C'est effectivement une brique "Tech" mais l'usage est intéressant, comme associer du contenu à un sac chanel pour enrichir sa valeur.
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