Face à la croissance constante des escroqueries en ligne, l'australienne Westpac prend désormais des mesures proactives : elle élabore et maintient un registre des e-commerçants (étrangers) aux pratiques suspectes, dans l'objectif de bloquer automatiquement les paiements que tentent d'effectuer ses clients en leur faveur.
Le principe consiste à analyser les transactions passées, les marchands concernés, leurs comportements et les éventuelles plaintes déjà enregistrées à leur encontre, afin de constituer cette liste noire. Par la suite, si un consommateur effectue un règlement à destination d'une de ces entreprises à haut risque, celui-ci est retenu par la banque, et un SMS lui est envoyé afin de lui expliquer les circonstances du rejet. S'il le souhaite, il peut cependant contacter un conseiller afin de contester la procédure et finaliser son achat.
Une première expérimentation organisée l'an dernier afin de valider le concept, ciblant tout particulièrement les vendeurs de pilules amincissantes, a permis d'empêcher 11 000 opérations de 4 000 clients, pour un total de 12 millions de dollars de préjudice évité. Généralisé depuis le début d'année, sur des arnaques aussi classiques (compléments alimentaires, plates-formes de rencontre, services professionnels…), le volume devrait atteindre rapidement 120 millions de dollars économisés annuellement.
Son intention est louable mais la démarche de Westpac soulève toutefois une question éthique majeure : l'institution financière est-elle légitime pour sélectionner les lieux où ses clients peuvent dépenser leur argent ? Et elle s'expose à de sérieux reproches si, notamment, elle commet des erreurs dans sa catégorisation. Aujourd'hui, elle évalue sa qualité à partir du fait que 99% des victimes identifiées ne cherchent pas à forcer leur paiement… mais est-ce un indicateur fiable au vu des achats visés ? N'y a-t-il pas surtout une réticence à parler de ces sujets avec un interlocuteur de la banque ?
À l'inverse, c'est faire preuve d'une audace respectable que de prendre à bras-le-corps un problème que tout le monde connaît mais auquel personne (réseaux publicitaires, pouvoirs publics…) ne veut s'attaquer. À défaut d'autre solution, il faudra probablement se satisfaire de ses limitations… ou envisager des ajustements susceptibles de rendre le système moins intrusif. Pourquoi ne pas se contenter, par exemple, d'une alerte argumentée, offrant simplement au consommateur l'option d'annuler son opération ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)