La sensibilisation et la formation de leurs collaborateurs constituent les premières étapes dans la marche vers l'adoption de politiques environnementales pertinentes dans les grands groupes. Encore faut-il qu'elles embrassent les problématiques les plus pressantes. NatWest nous fournit une triste illustration de sa préférence pour l'esquive.
En instaurant, pour un montant d'1,5 millions de livres, une collaboration avec le département spécialisé de l'université d'Édimbourg pour la conception d'un cursus en ligne de 12 semaines sur le climat, le groupe britannique ne ménage certes pas ses efforts. Son ambition est de faire suivre le programme par plus de 16 000 employés (soit environ un quart de ses effectifs totaux), essentiellement les personnels qui sont en contact avec la clientèle et leurs principaux responsables, d'ici à 2024.
Bien qu'il soit également évoqué le besoin de développer les conversations sur les questions environnementales entre collègues, la priorité absolue portée par l'initiative est sans conteste d'aider les conseillers à introduire cette dimension dans leurs échanges avec leurs clients professionnels, autant dans la nécessité pour les entreprises de maîtriser leurs émissions de gaz à effet de serre que dans l'identification et l'exploitation des opportunités en tout genre que recèlent les démarches vers l'impact zéro.
Or ce positionnement induit immédiatement un horrible soupçon. Quand on voit la multiplication des produits « verts » commercialisés par NatWest (comme ses concurrents), à travers tous ses métiers, le doute est permis : les nouvelles compétences qu'acquerront les banquiers ne sont-elles pas avant tout le bagage indispensable du vendeur de demain ? Et, sous couvert de développement durable, l'objectif final n'est-il pas simplement d'assurer la croissance des résultats avec un catalogue repeint ?
Cependant, même si les intentions de la banque sont sincères, il y a bien plus fâcheux dans son approche : en se focalisant presque exclusivement sur l'assistance à l'optimisation du bilan écologique de ses clients, elle cède à la tentation tellement courante (dans tous les segments de la société, du grand public à la sphère politique) de faire reposer le cœur de son engagement en matière de changement climatique sur les actions de tierces parties, en passant sous silence son inertie interne.
Il est certainement plus simple d'encourager les clients à prendre soin de la planète… que de renoncer au financement des énergies fossiles (pour ne prendre que cet exemple, sur lequel se concentre le projet bank.green) et, après tout, à l'heure des comptes, l'entourloupe fera parfaitement illusion. Jusqu'à ce que les entreprises sur lesquelles s'exerce la pression, ainsi que, peut-être, les collaborateurs qui sont chargés de leur diffuser la bonne parole, placent l'institution financière face à ses contradictions.
Après la vague des grosses ficelles de communication, le « greenwashing » semble désormais se faire plus subtil. Mais il n'est pas plus admissible, surtout quand la méthode adoptée vise d'abord à reporter le poids de la transition sur autrui. Que les banques accompagnent leurs clients vers des comportements vertueux est une bonne idée (et une composante normale d'une approche RSE complète), mais uniquement si elle vient en complément de la réduction concrète de leurs impacts environnementaux directs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)