Un démarrage en Allemagne (comme N26), deux cofondateurs d'origine russe (comme Revolut), Vivid donne décidément l'impression de vouloir suivre les traces des plus grandes réussites parmi les néo-banques européennes ! Mais qu'a-t-elle donc de nouveau à apporter sur un marché qui commence à être singulièrement encombré ?
Contrairement à ses consœurs nées au cours des derniers mois, qui visent prioritairement des niches de clientèle mal servies par les poids lourds de l'industrie (les entrepreneurs, les TPE et les PME constituant une cible de choix, dans ce registre), Vivid se présente comme un établissement généraliste, dont le compte courant, la carte bancaire et l'application mobile, tellement classiques qu'ils s'appuient en grande partie sur l'offre de « banque as a service » de solarisBank, sont destinés au grand public.
Alors, quelle originalité ? Ce sont d'abord les petits plus copiés ici et là qui dessinent une solution séduisante : sa carte, inspirée par celle d'Apple (qui a lancé une mode), sans aucune inscription de numéro ou de code (pour son utilisation en ligne, les informations sont disponibles dans l'application), ou ses « poches » qui permettent d'organiser son budget, y compris en laissant choisir laquelle est associée au moyen de paiement, ou encore son futur module d'investissement (sans frais, sur les actions américaines).
Et puis, dans le sillage d'une tendance qui semble prendre de l'ampleur actuellement (Revolut s'y met ce mois-ci, par exemple), il y a un programme de cashback, sur toutes les dépenses effectuées, qui promet jusqu'à 10% de reversements, entre autres à travers un mécanisme de récompense de la fidélité aux commerces de proximité qui rappelle les beaux jours (lointains) de FourSquare et de ses maires. Pas d'emballement inconsidéré, toutefois, puisque les remboursements seront limités à 20 euros par mois.
Si je ne suis résolument pas fan du cashback et de l'opacité qu'il génère (dans les tarifications, dans les relations commerciales…), Vivid en a imaginé un usage astucieux qui est probablement la seule véritable innovation de son offre à ce stade. En effet, les gains perçus chaque mois sont portés sur une « poche » spéciale où le client est invité à « jouer » à l'investisseur : s'il le désire, il peut l'indexer sur un titre de son choix (sans acquérir d'action) et voir la valeur de la réserve évoluer selon son cours de bourse.
Avec sa garantie de ne jamais imputer les pertes nettes, le dispositif est sans risque pour le consommateur. Cependant, il représente une excellente première introduction aux marchés financiers pour les personnes qui hésitent à se constituer un portefeuille. Il ne fait guère de doute que l'étape suivante consistera, quand l'option d'investissement sera prête, à proposer de passer de la simulation à la réalité, toujours sur les petits montants de la cagnotte du cashback… avant de faire le grand saut vers l'autonomie.
Vivid parviendra-t-elle à convaincre face aux mastodontes de l'industrie bancaire traditionnelle et de la FinTech avec ses petites différences ? Il paraît assez difficile d'y croire, pour l'instant. Mais, si elle continue à accumuler ainsi des idées nouvelles tout en maintenant la cohérence de son modèle et de sa mission (« faites pousser votre argent »), elle pourrait un jour créer la surprise. Dans l'intervalle, son approche et ses composantes mériterait de susciter des déclinaisons dans le reste du secteur…
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