Les solutions dites « low-code » nous promettent un développement logiciel simplifié, pour tous, sans programmation (ou presque). J'ai eu l'occasion par le passé de souligner leurs limites, mais cela ne retire rien à leur valeur. Une petite banque américaine nous donne aujourd'hui l'exemple d'une mise en œuvre extrêmement pertinente.
Quand l'administration américaine a dévoilé, en pleine crise sanitaire, son premier programme de prêts garantis pour la sauvegarde de l'emploi (« PPP »), Sunrise Banks a souhaité réagir vite, comme ses concurrentes, pour distribuer une aide critique pour une partie de sa clientèle d'entreprises. Elle a cependant voulu prendre le temps de la réflexion, afin de choisir une approche optimale parmi les innombrables options qui ont soudain éclos sur le marché, quitte à gérer les premières demandes manuellement.
Pendant que les grandes enseignes mettaient en place des solutions d'automatisation, via des outils de RPA, sur le portail mis en place par le gouvernement (choix qui s'est avéré fatal quand l'excès de charge sur les infrastructures a conduit à bloquer ces robots), le responsable technique de Sunrise a exploré, en urgence, les offres d'une vingtaine de fournisseurs différents (éditeurs historiques et startups), finissant par les écarter en raison de leur faible qualité. Il ne lui restait plus alors qu'à lancer une réalisation interne.
Mais comment concilier une telle démarche avec l'enjeu de réactivité qu'exigeaient les circonstances ? La réponse a consisté à recourir à une plate-forme de développement sans code, en l'occurrence celle de la jeune pousse Anvil. Grâce à sa faculté de créer une application web par assemblage visuel de composants, la banque a mis en ligne son nouveau processus en deux semaines, lui permettant d'accélérer dramatiquement le traitement des dossiers, même en conservant des étapes de contrôle humain.
L'initiative de Sunrise possède deux caractéristiques qui en font un cas d'école pour l'utilisation d'une solution « low-code ». La première est liée au contexte : la priorité absolue du projet est placée sur la rapidité de déploiement et la fiabilité de fonctionnement, avant la qualité de l'expérience client. En outre, il est clair dès l'origine que ce qui doit être bâti aura une durée de vie limitée, ce qui justifie l'adoption d'une démarche tactique (laissant aussi, entre autres, des tâches non automatisées).
Par ailleurs, l'objectif visé est essentiellement l'implémentation d'un processus à base de remplissage d'un formulaire et de transmission de documents justificatifs, avec quelques phases intermédiaires de vérification et un résultat final qui se traduit par la génération et la transmission d'un fichier XML. En dehors de la complexité des questions posées (que Sunrise a pris soin de clarifier), il n'implique aucune manipulation ou transformation très élaborée et peut donc se satisfaire d'une application basique.
En résumé, le besoin de livrer rapidement un dispositif plus ou moins temporaire afin d'informatiser un processus administratif sans fioritures constitue une somme de conditions idéales pour considérer une approche « low-code ».
De toute évidence, et bien que les progrès de l'intelligence artificielle nous encouragent à rêver, la production de logiciel accessible à tous est loin d'être une réalité et les développeurs professionnels ont encore quelques beaux jours devant eux. Pourtant, les outils disponibles dès maintenant ne doivent pas être ignorés et, à défaut de se substituer aux méthodes traditionnelles, ils offrent de nombreuses opportunités d'automatiser des fonctions qui, souvent, ne peuvent l'être de manière efficace et rationnelle.
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