A l'occasion de la publication d'une note de recherche sur le sujet, les analystes de Forrester se déchaînent (dans au moins 3 billets successifs [1]) pour nous annoncer que le mobile a le potentiel de devenir encore plus important et plus disruptif que ne l'a été Internet jusqu'à maintenant. La clé de cette déclaration péremptoire tient en un mot : "contexte", et la révolution n'en est qu'à ses prémices...
En effet, bien peu de professionnels anticipent aujourd'hui les opportunités que dessinent les caractéristiques uniques, actuelles et futures, des téléphones mobiles. Du côté des technologies, les capteurs GPS, boussoles et accéléromètres sont déjà présents dans tous les smartphones actuels et les fabricants promettent une généralisation dans toutes les gammes d'appareil, ainsi que de nouveaux composants (bientôt les puces sans contact NFC, puis des baromètres...). Du côté des usages, le mobile deviendra (devient ?) un outil universel pour interagir avec sa chambre d'hôtel, son parking, sa télévision, sa banque, sa maison, sa voiture...
Tout cela transforme le téléphone en l'objet qui "connait" le mieux son propriétaire. Et cette connaissance peut être mise à profit pour enrichir l'expérience utilisateur. Concrètement, le contexte ainsi "exploitable" peut se décliner sur 3 axes : situation (position, vitesse, altitude, environnement...), préférences (historique des interactions, informations partagées avec le fournisseur ou sur les réseaux sociaux...) et attitude (les "émotions" que l'on peut déduire des actions exécutées).
Bien entendu, la perception d'intrusion dans la vie privée constitue un risque majeur de cette tendance mais, comme le montrent quelques exemples récents, ces craintes sont rapidement balayées lorsque le bénéfice obtenu en contrepartie devient évident.
Devant ce phénomène, les créateurs d'"expérience mobile" qui perçoivent le téléphone comme un "mini PC" commettent une erreur fondamentale. Les lacunes des interfaces utilisateur (limitées par les contraintes matérielles) doivent être compensées par l'utilisation du contexte, ce qui implique une approche radicalement différente de celles qui prévalent pour les applications web. Incidemment, ce modèle contribuera au maintien de la popularité des applications natives (pouvant accéder à toutes les capacités de l'appareil), n'en déplaise aux tenants du "tout web" et de HTML 5.
La route vers les applications mobiles contextuelles ne sera cependant pas facile à emprunter. Il faudra apprendre à gérer des quantités importantes de données, prenant des formes "inhabituelles", et à exploiter celles-ci intelligemment. La première recommandation qui peut être formulée est de dépasser le stade de la simple géolocalisation, en cherchant à comprendre les comportements des utilisateurs et en adressant en priorité leurs "points de douleur". Mais, surtout, commencez par oublier ce que vous avez appris avec le web !
[1] The Future of Mobile is User Context (Thomas Husson)
What it Means for Content and Collaboration Professionals (Ted Schadler)
Why, How and When to Jump on the Mobile App Bandwagon (Josh Bernoff)
Je souhaite également mentionner une startup (discrète), Mobillus, dont j'ai emprunté le logo pour cet article et qui nous promet (pour bientôt) des solutions innovantes de gestion de contexte sur mobile...
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