Quand le spécialiste américain de l'investissement Fidelity décide de créer un jeu pour initier les jeunes aux ficelles des marchés, le résultat promet de ne pas être conventionnel. De ce point de vue, "Beat the Benchmark" ne déçoit pas. En prime, la démarche de conception est elle-même une démonstration d'excellence…
Le projet est né dans les Fidelity Labs, la structure d'incubation d'idées innovantes de l'institution financière. Au départ, il a pris la forme tout à fait classique d'un concours de performance sur les marchés : les participants disposent chaque matin d'un capital virtuel qu'ils doivent faire fructifier en "achetant" des actions dans le courant de la journée. Le soir, les gains et pertes sont calculés et, après deux semaines, est déclaré vainqueur celui qui termine avec les bénéfices cumulés les plus importants.
Immédiatement mis entre les mains de quelques étudiants, le jeu a été un succès incontestable, confirmé par des discussions nourries sur le forum complétant le dispositif. Pourtant, rapidement, une difficulté est apparue : comme ils plaçaient des sommes virtuelles, certains participants ont commencé à prendre des risques démesurés, sur des "penny stocks", et ont fini ainsi par fausser la compétition et dénaturer l'orientation éducative que voulait lui donner Fidelity.
Il fallait donc changer de modèle. Appliquant alors une des leçons de la "lean startup" d'Eric Ries, les concepteurs ont décidé de "pivoter" leur projet. Ils ont développé un jeu radicalement différent, sur des bases entièrement nouvelles, en tentant de mieux cibler les objectifs à atteindre (c'est-à-dire privilégier l'investissement à long terme, sur la base d'une "vraie" stratégie et non seulement la chance). Cette fois, les réactions des participants ont permis de détecter un fort déficit de connaissance du sujet (quelques-uns pensaient même que "S&P 500" était le pseudonyme d'un joueur !).
Nouveau "pivot", aboutissant au "Beat the Benchmark" actuel, fortement axé sur la pédagogie, en repartant des basiques tels que les notions d'action, d'obligation, de fonds mutuel… Son principe (exclusif) consiste à constituer un portefeuille qui doit "battre" un indice de référence, sur une année sélectionnée aléatoirement (a posteriori). Avec ce troisième essai, qui est encore au stade du "produit minimum viable" (autre concept proposé par E. Ries), les créateurs espèrent en avoir terminé avec les "pivots" et pouvoir entamer la phase de "persévérance", toujours avec la participation active des utilisateurs.
Bien que beaucoup tentent d'accroître leur agilité en empruntant les techniques qui réussissent dans les startups, les grandes entreprises ont toujours beaucoup de mal à passer de la théorie à la réalité. Dans cette optique, l'approche de Fidelity propose une réponse astucieuse, en introduisant les éléments d'une méthode (relativement) éprouvée dans un mode expérimental et sur un projet d'innovation. Il s'agit donc d'un apprentissage par la pratique dans des conditions particulièrement propices, qui devrait permettre d'en tirer un maximum d'enseignements utiles pour une application dans d'autres contextes.
Le projet est né dans les Fidelity Labs, la structure d'incubation d'idées innovantes de l'institution financière. Au départ, il a pris la forme tout à fait classique d'un concours de performance sur les marchés : les participants disposent chaque matin d'un capital virtuel qu'ils doivent faire fructifier en "achetant" des actions dans le courant de la journée. Le soir, les gains et pertes sont calculés et, après deux semaines, est déclaré vainqueur celui qui termine avec les bénéfices cumulés les plus importants.
Immédiatement mis entre les mains de quelques étudiants, le jeu a été un succès incontestable, confirmé par des discussions nourries sur le forum complétant le dispositif. Pourtant, rapidement, une difficulté est apparue : comme ils plaçaient des sommes virtuelles, certains participants ont commencé à prendre des risques démesurés, sur des "penny stocks", et ont fini ainsi par fausser la compétition et dénaturer l'orientation éducative que voulait lui donner Fidelity.
Il fallait donc changer de modèle. Appliquant alors une des leçons de la "lean startup" d'Eric Ries, les concepteurs ont décidé de "pivoter" leur projet. Ils ont développé un jeu radicalement différent, sur des bases entièrement nouvelles, en tentant de mieux cibler les objectifs à atteindre (c'est-à-dire privilégier l'investissement à long terme, sur la base d'une "vraie" stratégie et non seulement la chance). Cette fois, les réactions des participants ont permis de détecter un fort déficit de connaissance du sujet (quelques-uns pensaient même que "S&P 500" était le pseudonyme d'un joueur !).
Nouveau "pivot", aboutissant au "Beat the Benchmark" actuel, fortement axé sur la pédagogie, en repartant des basiques tels que les notions d'action, d'obligation, de fonds mutuel… Son principe (exclusif) consiste à constituer un portefeuille qui doit "battre" un indice de référence, sur une année sélectionnée aléatoirement (a posteriori). Avec ce troisième essai, qui est encore au stade du "produit minimum viable" (autre concept proposé par E. Ries), les créateurs espèrent en avoir terminé avec les "pivots" et pouvoir entamer la phase de "persévérance", toujours avec la participation active des utilisateurs.
Bien que beaucoup tentent d'accroître leur agilité en empruntant les techniques qui réussissent dans les startups, les grandes entreprises ont toujours beaucoup de mal à passer de la théorie à la réalité. Dans cette optique, l'approche de Fidelity propose une réponse astucieuse, en introduisant les éléments d'une méthode (relativement) éprouvée dans un mode expérimental et sur un projet d'innovation. Il s'agit donc d'un apprentissage par la pratique dans des conditions particulièrement propices, qui devrait permettre d'en tirer un maximum d'enseignements utiles pour une application dans d'autres contextes.
Est-ce bien responsable ?
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