Misant en grande partie son avenir sur l'informatique cognitive, IBM ne cesse d'imaginer de nouveaux cas d'utilisation pour sa technologie Watson, depuis la victoire de cette dernière au jeu télévisé Jeopardy! en 2012. L'une de ses plus récentes idées consiste à faire participer le « super-ordinateur » aux réunions stratégiques des entreprises.
Dans le récit que fait la « MIT Technology Review » de la démonstration d'une telle situation, Watson prend l'apparence d'un écran géant, occupant un mur entier de la salle de conférence, complété d'une batterie de micros destinés à écouter les échanges. Son premier rôle consiste à répondre aux questions qui lui sont posées : à tout moment, les participants peuvent lui demander de retrouver une information ou, pour prendre un exemple précis, de calculer une estimation des ventes du dernier trimestre.
Autre fonction relativement triviale, de secrétariat, le système est capable, grâce à ses capacités de reconnaissance de la parole, d'enregistrer les conversations et d'en fournir immédiatement une retranscription complète et détaillée. En ligne de mire, cette approche passive pourrait aussi s'enrichir, progressivement, d'options plus intrusives : vérification des faits énoncés et rectification des erreurs, alerte lorsque les discussions s'égarent, en suggérant de revenir au sujet initial…
Cependant, la véritable valeur de Watson ressort surtout lorsqu'il est invité à contribuer aux débats. Ainsi, dans une simulation de réunion de direction, après avoir relu (à haute voix) un mémo interne sur une potentielle acquisition et fourni une liste de cibles envisageables, lorsqu'un des membres de l'assemblée lui demande s'il a une suggestion à faire, il est prêt à « donner son avis » et, sans hésiter, recommande d'éliminer l'un des candidats identifiés, en argumentant sa position.
Selon les chercheurs qui développent ces usages, l'introduction d'une machine dans les réunions présente plusieurs avantages. En premier lieu, elle est un facteur d'efficacité incontestable, par exemple lorsqu'elle donne un accès instantané aux informations nécessaires à la prise de décision ou quand elle évite les dérives excessives, génératrices de pertes de temps.
Plus subtilement, l'outil peut également s'imposer comme garant d'une participation équilibrée de toutes les personnes présentes ou encore stimuler la contradiction (un désaccord sera plus facilement exprimé s'il émane d'abord, plus ou moins directement, de Watson). De manière générale, son objectivité et sa « froideur » offrent également un excellent moyen de lutter contre le syndrome du « biais de groupe » (toutes les personnes partageant une théorie tendent à minimiser ses défauts).
Pourtant, malgré toutes ses qualités, sera-t-il vraiment raisonnable de faire entrer Watson dans les salles de réunion ? Il existe en effet un risque non négligeable et insidieux que les participants humains aux discussions n'osent plus s'opposer à l'ordinateur omniscient (et bientôt omnipotent) et que les décisions prises ne soient plus que des choix mécaniques, stéréotypés, sans aucune prise de risque. Je ne sais pourquoi mais une telle perspective ne me semble pas si désirable…
Dans le récit que fait la « MIT Technology Review » de la démonstration d'une telle situation, Watson prend l'apparence d'un écran géant, occupant un mur entier de la salle de conférence, complété d'une batterie de micros destinés à écouter les échanges. Son premier rôle consiste à répondre aux questions qui lui sont posées : à tout moment, les participants peuvent lui demander de retrouver une information ou, pour prendre un exemple précis, de calculer une estimation des ventes du dernier trimestre.
Autre fonction relativement triviale, de secrétariat, le système est capable, grâce à ses capacités de reconnaissance de la parole, d'enregistrer les conversations et d'en fournir immédiatement une retranscription complète et détaillée. En ligne de mire, cette approche passive pourrait aussi s'enrichir, progressivement, d'options plus intrusives : vérification des faits énoncés et rectification des erreurs, alerte lorsque les discussions s'égarent, en suggérant de revenir au sujet initial…
Cependant, la véritable valeur de Watson ressort surtout lorsqu'il est invité à contribuer aux débats. Ainsi, dans une simulation de réunion de direction, après avoir relu (à haute voix) un mémo interne sur une potentielle acquisition et fourni une liste de cibles envisageables, lorsqu'un des membres de l'assemblée lui demande s'il a une suggestion à faire, il est prêt à « donner son avis » et, sans hésiter, recommande d'éliminer l'un des candidats identifiés, en argumentant sa position.
Selon les chercheurs qui développent ces usages, l'introduction d'une machine dans les réunions présente plusieurs avantages. En premier lieu, elle est un facteur d'efficacité incontestable, par exemple lorsqu'elle donne un accès instantané aux informations nécessaires à la prise de décision ou quand elle évite les dérives excessives, génératrices de pertes de temps.
Plus subtilement, l'outil peut également s'imposer comme garant d'une participation équilibrée de toutes les personnes présentes ou encore stimuler la contradiction (un désaccord sera plus facilement exprimé s'il émane d'abord, plus ou moins directement, de Watson). De manière générale, son objectivité et sa « froideur » offrent également un excellent moyen de lutter contre le syndrome du « biais de groupe » (toutes les personnes partageant une théorie tendent à minimiser ses défauts).
Pourtant, malgré toutes ses qualités, sera-t-il vraiment raisonnable de faire entrer Watson dans les salles de réunion ? Il existe en effet un risque non négligeable et insidieux que les participants humains aux discussions n'osent plus s'opposer à l'ordinateur omniscient (et bientôt omnipotent) et que les décisions prises ne soient plus que des choix mécaniques, stéréotypés, sans aucune prise de risque. Je ne sais pourquoi mais une telle perspective ne me semble pas si désirable…
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