Tandis que se répandent les inquiétudes sur l'avenir de Fidor dans le groupe BPCE, un dirigeant de la Caisse d'Épargne Midi-Pyrénées évoque le lancement, programmé à la rentrée prochaine, d'une nouvelle offre de banque en ligne, intégrée aux structures existantes, en estimant qu'un modèle indépendant n'est pas viable en France.
Directement inspirée par Eko – la solution à petit prix du Crédit Agricole – et ses résultats flatteurs (elle aurait capté 10% des ouvertures de compte depuis son lancement à la fin de 2017), la nouvelle venue, qui devrait s'appeler Enjoy dans le réseau des Caisses d'Épargne, sera proposée à 2 euros par mois et sera accessible exclusivement à distance, par des outils en ligne et mobiles, naturellement, et via un centre d'appel.
Dans une approche radicalement opposée à celle de Fidor, qui vient tout juste d'inaugurer les premières briques de sa plate-forme dans l'hexagone, il ne semble pas question ici de bâtir une nouvelle banque « digitale » mais simplement d'élaborer un produit de bas de gamme à partir du catalogue existant et destiné à compléter celui-ci. L'objectif est donc avant tout de prendre une position dans la guerre des tarifs (comme l'illustre aussi le Crédit Agricole avec sa surprenante campagne anti-Orange Bank).
Cette vision est confirmée par Pierre Carli, président du directoire de la Caisse d'Épargne Midi-Pyrénées, quand il explique que BPCE ne souhaite pas créer une offre dédiée (indépendante des établissements existants) parce que les banques 100% en ligne actuelles démontreraient l'absence de marché, en n'étant considérées que pour des comptes secondaires. À l'appui de sa démonstration, il cite l'exemple des États-Unis où, selon lui, les acteurs traditionnels maintiennent leur emprise et savent évoluer.
Le raisonnement me paraît extrêmement fragile, à cause, notamment, de ses prémisses biaisées, voire erronées. À commencer par l'idée qu'un fournisseur ne distribuant que des comptes – ou autres services financiers – d'appoint n'a pas d'avenir possible. Aussi évidente soit-elle pour quelqu'un qui exerce dans une banque universelle dans le pays où ce modèle est perçu comme la seule option sensée, elle peut pourtant être remise en cause, grâce aux gains d'efficacité qu'autorisent les technologies modernes.
Quand bien même l'hypothèse serait-elle vérifiée, et en prenant en compte le fait que, quoi qu'il en soit, la plupart des challengers désirent capter l'essentiel de la relation avec leurs clients, il est extraordinairement prématuré de conclure que ce qui ne s'est pas produit jusqu'à aujourd'hui n'arrivera jamais. Aussi bien en France qu'aux États-Unis, d'ailleurs, où, bien que les contextes soient entièrement différents, les mêmes mécanismes entrent en jeu pour limiter l'essor de concepts alternatifs.
En effet, j'affirme qu'il est impossible, à ce jour, de savoir si les consommateurs sont prêts à basculer leur vie financière vers une néo-banque pour la simple raison que, dans leur immense majorité, ils n'en ont pas l'opportunité. Une fois écartés les établissements en ligne qui ne sont qu'une transposition électronique de leurs ancêtres en agence, il reste peut-être Orange Bank (qui souffre de défauts de qualité), Revolut (reconnue d'abord comme un produit pour globe-trotters), N26 (dont la notoriété est trop marginale)… qui n'ont donc clairement pas les moyens, à ce stade, de définir une tendance.
On ne pourra juger du changement (ou non) de comportement des français vis-à-vis de leur argent que quand ils auront à leur disposition une banque réellement différente (c'est-à-dire qui leur procure une expérience utilisateur optimale) et ayant gagné la confiance d'une partie significative de la population. Dans l'intervalle, toute affirmation n'est que conjecture et il faut se garder de toute sentence définitive. Il serait judicieux, au contraire, d'engager quelques expérimentations afin d'acquérir des certitudes.
Avec l'appui de Fidor, BPCE aurait pu être la première institution à vérifier l'appétence des consommateurs pour un autre modèle, avec lequel elle aurait pu, simultanément, entamer une rénovation en profondeur de ses infrastructures. Il semblerait que la perspective s'en éloigne, probablement rattrapée par les démons d'une approche mutualiste qui veut coûte que coûte maintenir son ancrage territorial historique et qui peine à se ré-inventer à l'ère « digitale », alors que cela devrait justement être un défi exaltant.
Directement inspirée par Eko – la solution à petit prix du Crédit Agricole – et ses résultats flatteurs (elle aurait capté 10% des ouvertures de compte depuis son lancement à la fin de 2017), la nouvelle venue, qui devrait s'appeler Enjoy dans le réseau des Caisses d'Épargne, sera proposée à 2 euros par mois et sera accessible exclusivement à distance, par des outils en ligne et mobiles, naturellement, et via un centre d'appel.
Dans une approche radicalement opposée à celle de Fidor, qui vient tout juste d'inaugurer les premières briques de sa plate-forme dans l'hexagone, il ne semble pas question ici de bâtir une nouvelle banque « digitale » mais simplement d'élaborer un produit de bas de gamme à partir du catalogue existant et destiné à compléter celui-ci. L'objectif est donc avant tout de prendre une position dans la guerre des tarifs (comme l'illustre aussi le Crédit Agricole avec sa surprenante campagne anti-Orange Bank).
Cette vision est confirmée par Pierre Carli, président du directoire de la Caisse d'Épargne Midi-Pyrénées, quand il explique que BPCE ne souhaite pas créer une offre dédiée (indépendante des établissements existants) parce que les banques 100% en ligne actuelles démontreraient l'absence de marché, en n'étant considérées que pour des comptes secondaires. À l'appui de sa démonstration, il cite l'exemple des États-Unis où, selon lui, les acteurs traditionnels maintiennent leur emprise et savent évoluer.
Le raisonnement me paraît extrêmement fragile, à cause, notamment, de ses prémisses biaisées, voire erronées. À commencer par l'idée qu'un fournisseur ne distribuant que des comptes – ou autres services financiers – d'appoint n'a pas d'avenir possible. Aussi évidente soit-elle pour quelqu'un qui exerce dans une banque universelle dans le pays où ce modèle est perçu comme la seule option sensée, elle peut pourtant être remise en cause, grâce aux gains d'efficacité qu'autorisent les technologies modernes.
Quand bien même l'hypothèse serait-elle vérifiée, et en prenant en compte le fait que, quoi qu'il en soit, la plupart des challengers désirent capter l'essentiel de la relation avec leurs clients, il est extraordinairement prématuré de conclure que ce qui ne s'est pas produit jusqu'à aujourd'hui n'arrivera jamais. Aussi bien en France qu'aux États-Unis, d'ailleurs, où, bien que les contextes soient entièrement différents, les mêmes mécanismes entrent en jeu pour limiter l'essor de concepts alternatifs.
En effet, j'affirme qu'il est impossible, à ce jour, de savoir si les consommateurs sont prêts à basculer leur vie financière vers une néo-banque pour la simple raison que, dans leur immense majorité, ils n'en ont pas l'opportunité. Une fois écartés les établissements en ligne qui ne sont qu'une transposition électronique de leurs ancêtres en agence, il reste peut-être Orange Bank (qui souffre de défauts de qualité), Revolut (reconnue d'abord comme un produit pour globe-trotters), N26 (dont la notoriété est trop marginale)… qui n'ont donc clairement pas les moyens, à ce stade, de définir une tendance.
On ne pourra juger du changement (ou non) de comportement des français vis-à-vis de leur argent que quand ils auront à leur disposition une banque réellement différente (c'est-à-dire qui leur procure une expérience utilisateur optimale) et ayant gagné la confiance d'une partie significative de la population. Dans l'intervalle, toute affirmation n'est que conjecture et il faut se garder de toute sentence définitive. Il serait judicieux, au contraire, d'engager quelques expérimentations afin d'acquérir des certitudes.
Avec l'appui de Fidor, BPCE aurait pu être la première institution à vérifier l'appétence des consommateurs pour un autre modèle, avec lequel elle aurait pu, simultanément, entamer une rénovation en profondeur de ses infrastructures. Il semblerait que la perspective s'en éloigne, probablement rattrapée par les démons d'une approche mutualiste qui veut coûte que coûte maintenir son ancrage territorial historique et qui peine à se ré-inventer à l'ère « digitale », alors que cela devrait justement être un défi exaltant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)