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C'est pas mon idée !

lundi 18 juin 2018

La résurrection du paiement en ligne sans carte

NatWest
L'idée de régler les achats en ligne par virement interbancaire est aussi ancienne que le e-commerce. Elle est même parvenue à s'imposer dans quelques pays (en Allemagne, notamment). Aujourd'hui, à la faveur des évolutions technologiques et réglementaires récentes, la britannique NatWest cherche à lui donner une nouvelle impulsion.

Car, en dehors des exceptions historiques, souvent dues à une culture pré-existante de paiement en espèces, les règlements par carte sont incontestablement ultra-dominants dans le commerce en ligne. Pourtant, la filiale de RBS estime que la généralisation en cours des systèmes de virement instantané (« Faster Payments » au Royaume-Uni) et les exigences d'ouverture des comptes bancaires incluses dans la deuxième directive européenne des services de paiement (DSP2) lui offrent une opportunité.

L'expérimentation qu'elle a lancée avec le distributeur de téléphonie mobile Carphone Warehouse est initialement très limitée, puisqu'elle ne concerne que le versement de la franchise lors du remplacement d'un appareil couvert par son assurance et elle n'est opérationnelle que sur iPhone (suis-je le seul à noter ici une absurdité ?). En pratique, sur la page de paiement, le client peut choisir un bouton « NatWest Pay », qui va automatiquement le renvoyer sur l'application de la banque pour valider la transaction.

Dans un premier temps, seuls les clients de NatWest peuvent profiter du service (a priori, les autres ne devraient pas voir l'option sur leur écran). Cependant, l'objectif ultime est bien de le rendre accessible à tous les consommateurs, quel que soit l'établissement teneur de leur compte, en capitalisant sur les dispositions de la DSP2, autant pour la consultation du solde disponible – permettant d'émettre une alerte en cas de risque de découvert, par exemple – que pour l'exécution effective du transfert.

NatWest Pay

Les bénéfices de la solution sont toujours identiques depuis les premières tentatives du genre. Celui qui sera fréquemment mis en avant en priorité est le surcroît de sécurité qu'il apporte à la fois au marchand et à son client, en instituant un passage obligé par le site de NatWest – agissant là en tiers de confiance – au cours de l'opération. L'équation économique entre également en jeu : en écartant les réseaux de carte, la banque maîtrise ses revenus et peut proposer des conditions avantageuses aux e-commerçants.

En revanche, plusieurs inconvénients tempéreront l'enthousiasme, même si le recours au virement instantané éradique les délais de paiement exaspérants d'autrefois et procure à toutes les parties une vision des flux en temps réel. En premier lieu, les marchands n'apprécieront pas une expérience utilisateur qui, bien qu'elle soit présentée comme plus fluide que la saisie des informations de la carte, introduit une rupture de parcours (la bascule vers l'application bancaire), inévitablement synonyme d'abandons de panier.

Surtout, NatWest Pay s'ajoute à une longue liste d'options de paiement, pour lesquelles il devient difficile de se faire une place sur les sites de vente en ligne. Certes, la DSP2 laisse entrevoir un modèle qui n'est pas réservé aux clients d'une seule banque, mais il ne faudra pas longtemps aux concurrents de NatWest pour déployer un système équivalent, créant un marché fragmenté peu attractif pour les commerçants. A minima, il faudrait donc plutôt envisager un effort de place, comme aurait pu l'être PayLib en France (tandis que la dépendance de ce dernier à la carte paraît toujours plus anachronique).

Ce ne sera donc peut-être pas encore tout à fait pour cette fois, mais il devrait bien être possible de concevoir, enfin, un instrument de paiement adapté au monde « digital » : entièrement dématérialisé, sécurisé, immédiat, robuste, transparent, économique…

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