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C'est pas mon idée !

jeudi 28 novembre 2019

La pilule de la DSP2 ne passe toujours pas

Open Banking Expo
L'ouverture des données imposée par la deuxième directive des services de paiement (DSP2) devrait aujourd'hui être devenue la norme. Hélas, il n'en est rien et les banques redoublent de critiques vis-à-vis des réglementations qui, prétendent-elles, freinent leurs velléités d'innovation. Leurs arguments sont cependant faciles à retourner.

Suprême ironie, c'est lors d'une table ronde organisée dans le cadre de l'Open Banking Expo à Londres que, selon le compte-rendu qu'en fait FinTech Futures, un panel de responsables directement concernés par le sujet a exprimé un point de vue unanime sur, pêle-mêle, un texte européen qui reste perçu comme excessif et superflu, une pesanteur réglementaire généralisée qui handicaperait toutes les initiatives… en même temps qu'une totale incapacité à imaginer les opportunités de la banque ouverte.

En réalité, les échos des échanges rassemblent une magnifique collection d'excuses éculées, comme savent en brandir les grands groupes afin de justifier leur immobilisme. Prenons un exemple dans les propos du directeur de l'« open banking » pour HSBC : la mise en place de l'accès aux données de leurs comptes par les clients mobilise des ressources considérables pour en assurer la sécurité, et celles-ci auraient été mieux utilisées à concevoir de nouveaux produits destinés aux consommateurs.

Son collègue, directeur de la transformation à TSB, renchérit en déclarant que, plus globalement, les contraintes qui pèsent sur les métiers de la finance limitent leur rapidité d'exécution alors que les entrepreneurs rêvent de toujours avancer à pleine vitesse. Là encore, il met en exergue les précautions à prendre en matière de protection des environnements ayant vocation à s'ouvrir vers l'extérieur, qui doivent nécessairement être prioritaires face à l'impatience supposée des utilisateurs des services exposés.

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Il faut pourtant rétablir la vérité : ces explications ne sont que des leurres qui cherchent à masquer une situation catastrophique dans beaucoup d'institutions financières. Certes, la sécurité est importante mais elle n'est guère plus complexe à mettre en œuvre avec des API qu'avec des applications en ligne ou mobiles. Surtout, les problèmes rencontrés depuis la date d'entrée en vigueur de la DSP2 sont principalement des défauts de fonctionnement qui révèlent un retard technologique inquiétant.

Qu'il soit dû à un manque de compétences, notamment autour des approches modernes de l'informatique, ou à des socles préhistoriques incapables de suivre les besoins contemporains, et plus probablement à une combinaison des deux, il constitue le premier obstacle, non seulement à l'application de la réglementation mais également à l'innovation en général. Dans ces conditions, on ne peut que se féliciter des initiatives qui stimulent l'émergence de nouvelles solutions en dehors de cet univers sclérosé.

Plutôt que de continuellement incriminer des facteurs externes pour défendre la lenteur de leur transformation, les banques devraient peut-être d'abord se pencher sur les causes qui sont sous leur contrôle et qui, si elles étaient traitées, permettrait de faire un grand pas en avant. Encore faut-il en avoir la volonté… Car, derrière les beaux discours sur l'innovation, elles peuvent aussi être soupçonnées de préférer le confort de la stabilité, qui, visiblement, ne les empêche pas d'engranger de confortables profits.

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