Tink n'a certes pas inventé le concept, mais son implémentation de l'analyse des dépenses à des fins d'évaluation de la solvabilité des emprunteurs représente pour elle une percée supplémentaire dans la chaîne de valeur de la donnée bancaire, d'autant plus significative dans le contexte présent de tensions sur les prix à la consommation.
Les anciennes méthodes prisées des établissements de crédit, qu'il s'agisse de recourir aux agences de notation, de compulser une série de justificatifs ou de se satisfaire de formulaires déclaratifs, ne sont désormais plus adaptées aux exigences du XXIème siècle ou, à tout le moins, ne suffisent plus. Aujourd'hui, les clients demandent des traitements quasiment instantanés, requérant un minimum d'efforts de leur part, tandis que leurs fournisseurs veulent profiter d'outils de mesure plus performants et plus fiables.
Forte de ce constat, Tink ne vise pas (à ce stade, en tous cas) à offrir un produit fini, délivrant un score prêt à l'emploi, tel qu'en proposent des acteurs spécialisés (par exemple Algoan). En fournissant des informations semi-brutes sur les habitudes de dépenses, qui complètent celles des revenus (via un service lancé au début de l'année), elle s'adresse plutôt à des entreprises qui souhaitent garder une maîtrise totale sur leur algorithmes de contrôle d'éligibilité et ont besoin de matière première pour ce faire.
La jeune pousse procure donc maintenant à celles-là le niveau de détail qui leur est nécessaire, plutôt que de les laisser elles-mêmes extraire des transactions élémentaires les critères qui comptent pour leurs métiers. Un aperçu sur la répartition du budget moyen entre le logement, les remboursements de prêts, les assurances, le transport et quelques autres grandes catégories donne ainsi un référentiel précis pour comprendre les risques de défaut, y compris en intégrant les tendances inflationnistes connues.
Les faiblesses des systèmes à base de score, notamment américains, sont identifiées de longue date, entre autres du point de vue de l'exclusion qu'elles créent pour les personnes qui, pour toutes sortes de raisons, n'ont pas d'historique adéquat. Moins fréquemment évoquée, leur incapacité à prendre en compte les changements de situation, aux conséquences potentiellement radicales, constitue une autre limitation critique. L'interprétation en temps réel du comportement financier permet de les éliminer toutes et constitue à ce titre une option qui devrait devenir rapidement incontournable.
Voilà le genre d'opportunité (dans le prolongement de celle qu'elle a récemment commencé à exploiter dans les paiements) qui attire naturellement Tink (comme ses consœurs), dont l'activité historique de consolidation des accès aux APIs des institutions soumises à la réglementation (DSP2) se mue progressivement en simple commodité, avec un modèle économique en perdition (cf. la gratuité chez Nordigen). Attendons-nous à voir dans les prochains une explosion de solutions à forte valeur ajoutée construites sur les données bancaires et ciblant divers cas d'usage plus ou moins spécifiques…
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