Bien que ses usages en conditions réelles restent rares et les cas où elle prouve sa valeur encore plus, la blockchain continue à susciter toutes sortes de fantasmes que la presse se fait une joie de colporter. Je soupçonne que cet engouement prolongé pour une chimère est un révélateur d'une faille dans la « digitalisation » des entreprises.
Je ne reviendrai pas en détail sur les raisons, déjà abordées ici, qui font que 95% des applications actuelles – très majoritairement expérimentales – qui mettent en jeu la technologie de blockchain ne présentent aucun intérêt, soit parce qu'elles reposent sur une justification partielle donc fausse (notamment quand il est question de remplacer un tiers de confiance par un registre distribué), soit parce que le coût de mise en œuvre est démesuré en comparaison du recours à une solution classique aussi pertinente.
Tentons plutôt de comprendre pourquoi et comment les entreprises peuvent en arriver à des démarches qui tiennent de l'absurdité. Mon hypothèse pour répondre à ces questions puise sa source dans le défaut généralisé de culture « digitale » parmi les dirigeants – et l'ensemble du management – des organisations traditionnelles. Incapables, dès lors, de faire la part entre le concret et les illusions d'une innovation technologique, ils se laissent emporter par une vague dont tout le monde leur promet qu'elle est une révolution.
Le phénomène à l'œuvre – qui peut se reproduire avec d'autres concepts – est particulièrement insidieux dans les institutions financières. Fascinés par la menace que présentait le bitcoin sur les métiers du secteur, quelques informaticiens se sont soudain pris de passion pour la technologie qui en constituait le moteur et ont offert à des responsables désemparés une réponse idéale : si la blockchain est capable d'opérer un système monétaire, elle pourra aisément résoudre tous les problèmes de la banque !
Détail fâcheux, ceux qui lancent ce genre de promesses sont experts de l'outil blockchain mais ont rarement une vision très précise du fonctionnement d'un produit financier. Ils ont ainsi facilement tendance à idéaliser les cas d'utilisation qu'ils proposent, en ignorant les obstacles qui les freineraient. En face d'eux, les personnes à qui ils « vendent » leurs solutions magiques ne comprennent pas les principes fondamentaux de la technologie (surtout par désintérêt) et n'exercent pas suffisamment leur esprit critique.
Il suffit ensuite d'un emballement, d'abord des spécialistes, bientôt relayés par des médias et des analystes en mal d'idées « disruptives », puis par des fournisseurs de logiciels et de services toujours à l'affût de nouvelles sources de revenus, pour que l'attrait de la blockchain ne mérite plus débat et que les décideurs capitulent devant la pseudo-vérité que proclame la masse des supposés « sachants », de crainte de passer à côté de quelque chose d'important par ignorance… alors que c'est elle qui les perd.
L'exemple est frappant : quand les orientations et choix stratégiques reposant entièrement sur des technologies sont validés (sinon dictés) par des comités de direction sans connaissance informatique, il faut s'attendre au pire. Or, dans l'ère « digitale » qui s'ouvre, la prolifération de nouvelles technologies va nécessairement multiplier les occasions similaires, tout comme les risques d'égarement qu'elles entraînent donc. La transformation de la culture d'entreprise est décidément urgente, à tous niveaux !
Je ne reviendrai pas en détail sur les raisons, déjà abordées ici, qui font que 95% des applications actuelles – très majoritairement expérimentales – qui mettent en jeu la technologie de blockchain ne présentent aucun intérêt, soit parce qu'elles reposent sur une justification partielle donc fausse (notamment quand il est question de remplacer un tiers de confiance par un registre distribué), soit parce que le coût de mise en œuvre est démesuré en comparaison du recours à une solution classique aussi pertinente.
Tentons plutôt de comprendre pourquoi et comment les entreprises peuvent en arriver à des démarches qui tiennent de l'absurdité. Mon hypothèse pour répondre à ces questions puise sa source dans le défaut généralisé de culture « digitale » parmi les dirigeants – et l'ensemble du management – des organisations traditionnelles. Incapables, dès lors, de faire la part entre le concret et les illusions d'une innovation technologique, ils se laissent emporter par une vague dont tout le monde leur promet qu'elle est une révolution.
Le phénomène à l'œuvre – qui peut se reproduire avec d'autres concepts – est particulièrement insidieux dans les institutions financières. Fascinés par la menace que présentait le bitcoin sur les métiers du secteur, quelques informaticiens se sont soudain pris de passion pour la technologie qui en constituait le moteur et ont offert à des responsables désemparés une réponse idéale : si la blockchain est capable d'opérer un système monétaire, elle pourra aisément résoudre tous les problèmes de la banque !
Détail fâcheux, ceux qui lancent ce genre de promesses sont experts de l'outil blockchain mais ont rarement une vision très précise du fonctionnement d'un produit financier. Ils ont ainsi facilement tendance à idéaliser les cas d'utilisation qu'ils proposent, en ignorant les obstacles qui les freineraient. En face d'eux, les personnes à qui ils « vendent » leurs solutions magiques ne comprennent pas les principes fondamentaux de la technologie (surtout par désintérêt) et n'exercent pas suffisamment leur esprit critique.
Il suffit ensuite d'un emballement, d'abord des spécialistes, bientôt relayés par des médias et des analystes en mal d'idées « disruptives », puis par des fournisseurs de logiciels et de services toujours à l'affût de nouvelles sources de revenus, pour que l'attrait de la blockchain ne mérite plus débat et que les décideurs capitulent devant la pseudo-vérité que proclame la masse des supposés « sachants », de crainte de passer à côté de quelque chose d'important par ignorance… alors que c'est elle qui les perd.
L'exemple est frappant : quand les orientations et choix stratégiques reposant entièrement sur des technologies sont validés (sinon dictés) par des comités de direction sans connaissance informatique, il faut s'attendre au pire. Or, dans l'ère « digitale » qui s'ouvre, la prolifération de nouvelles technologies va nécessairement multiplier les occasions similaires, tout comme les risques d'égarement qu'elles entraînent donc. La transformation de la culture d'entreprise est décidément urgente, à tous niveaux !
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