J'ai, depuis quelques mois, la sourde impression que le bouillonnement d'innovation qui agitait le secteur financier depuis une dizaine d'années tend à s'essouffler. Le panel de startups invitées à l'édition 2019 de la conférence Finovate Spring, qui vient de se terminer, apporte peut-être une confirmation, ainsi qu'une explication, à ce phénomène.
Certes, je n'étais pas à San Francisco pour prendre le pouls de l'événement en direct et celui-ci n'est probablement plus aussi représentatif de l'écosystème qu'il le fut un jour. Pour autant, les séances de démonstrations qui sont sa marque de fabrique reflètent une mutation universelle : au moins 90% des plus de 60 présentations ayant défilé sur scène durant 2 jours concernaient des solutions technologiques destinées aux institutions financières, laissant la part congrue aux acteurs désireux de rompre le statu quo.
Insensiblement, ce qu'on nomme aujourd'hui FinTech et qui est toujours censé représenter le cœur de l'innovation dans l'univers de la banque a donc glissé d'une vision, souvent idéaliste, composée de trublions cherchant à imposer des modèles – économiques, opérationnels, de distribution, d'interaction… – radicalement différents de ceux en vigueur vers une approche beaucoup plus sage et tristement banale de fourniture de logiciels destinés à améliorer l'efficacité des processus existants.
Malheureusement, le mouvement prend une forme de spirale infernale prête à étouffer l'innovation, entre, d'une part, investisseurs et entrepreneurs convergeant ensemble vers le développement des produits paraissant les plus prometteurs pour une rentabilité élevée et rapide et, d'autre part, des clients bancaires historiquement frileux qui voient leur position et leurs convictions renforcées – derrière des illusions de transformation – par la prolifération de jeunes pousses qui les sollicitent quotidiennement.
À l'extrême, la conjugaison des forces contraires arrivera progressivement à éteindre totalement, autant dans les startups que dans les institutions financières, l'audace indispensable pour concevoir les métiers et les services du monde « digital ». Même si d'autres facteurs entrent en jeu dans ce cas, la publication des résultats du premier trimestre de BPCE en donne un exemple caricatural, quand elle expose simultanément l'abandon de Fidor (l'innovation !) et l'investissement dans Oney (la tradition !).
Il serait dangereux de persister dans un tel immobilisme, en essayant de se convaincre que l'essentiel de la transformation a été accompli. Car des concurrents d'une tout autre trempe sont en embuscade : les géants technologiques américains, qui ne ressentent pas nécessairement le besoin de prendre pied dans un marché complexe mais qui n'hésitent pas à le faire quand l'enjeu est de répondre aux attentes de leurs utilisateurs, et les stars chinoises qui finiront par vouloir sortir de leurs frontières.
Certes, je n'étais pas à San Francisco pour prendre le pouls de l'événement en direct et celui-ci n'est probablement plus aussi représentatif de l'écosystème qu'il le fut un jour. Pour autant, les séances de démonstrations qui sont sa marque de fabrique reflètent une mutation universelle : au moins 90% des plus de 60 présentations ayant défilé sur scène durant 2 jours concernaient des solutions technologiques destinées aux institutions financières, laissant la part congrue aux acteurs désireux de rompre le statu quo.
Insensiblement, ce qu'on nomme aujourd'hui FinTech et qui est toujours censé représenter le cœur de l'innovation dans l'univers de la banque a donc glissé d'une vision, souvent idéaliste, composée de trublions cherchant à imposer des modèles – économiques, opérationnels, de distribution, d'interaction… – radicalement différents de ceux en vigueur vers une approche beaucoup plus sage et tristement banale de fourniture de logiciels destinés à améliorer l'efficacité des processus existants.
Malheureusement, le mouvement prend une forme de spirale infernale prête à étouffer l'innovation, entre, d'une part, investisseurs et entrepreneurs convergeant ensemble vers le développement des produits paraissant les plus prometteurs pour une rentabilité élevée et rapide et, d'autre part, des clients bancaires historiquement frileux qui voient leur position et leurs convictions renforcées – derrière des illusions de transformation – par la prolifération de jeunes pousses qui les sollicitent quotidiennement.
À l'extrême, la conjugaison des forces contraires arrivera progressivement à éteindre totalement, autant dans les startups que dans les institutions financières, l'audace indispensable pour concevoir les métiers et les services du monde « digital ». Même si d'autres facteurs entrent en jeu dans ce cas, la publication des résultats du premier trimestre de BPCE en donne un exemple caricatural, quand elle expose simultanément l'abandon de Fidor (l'innovation !) et l'investissement dans Oney (la tradition !).
Il serait dangereux de persister dans un tel immobilisme, en essayant de se convaincre que l'essentiel de la transformation a été accompli. Car des concurrents d'une tout autre trempe sont en embuscade : les géants technologiques américains, qui ne ressentent pas nécessairement le besoin de prendre pied dans un marché complexe mais qui n'hésitent pas à le faire quand l'enjeu est de répondre aux attentes de leurs utilisateurs, et les stars chinoises qui finiront par vouloir sortir de leurs frontières.
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