Malgré les progrès de l'« open banking » et l'apparition de fournisseurs alternatifs de score de fiabilité financière aux méthodes variées, l'évaluation de la qualité des emprunteurs laisse toujours une partie de la population de côté. Le spécialiste Credolab complète donc son offre avec un système capable de prédire le niveau de revenus d'un individu.
Le principe de recourir à des données plus ou moins génériques pour pallier les limitations du traditionnel score de crédit (basé, pour l'essentiel, sur un historique de relation bancaire) est loin d'être nouveau. Il y a une quinzaine d'années, les pionniers les plus visibles capitalisaient sur l'explosion des réseaux sociaux pour mieux connaître les consommateurs… jusqu'à ce qu'ils soient accusés d'entretenir des biais… qui semblaient pourtant moins sévères que ceux des pratiques ancestrales.
Désormais, les acteurs tels que Credolab s'appuient sur des informations beaucoup plus abstraites pour tenter d'identifier le profil de chaque personne. Sont ainsi pris en compte, par exemple, la connaissance des appareils détenus (en priorité le téléphone), les applications mobiles installées, notamment celles qui sont payantes, leur typologie d'utilisation, les préférences d'interaction, l'analyse de l'agenda et des contacts… dont l'accès devra naturellement avoir été accordé explicitement au préalable.
Un glissement s'est de la sorte opéré depuis une approche de corrélation (en mesurant la confiance qu'inspire quelqu'un à travers ses échanges en ligne) vers une logique purement statistique, sans aucune préoccupation de causalité rationnelle, qui pourrait donc « décider » que les propriétaires d'iPhone bleus sont plus fiables que ceux qui ont une version rose. Elle est implémentée par des modèles d'apprentissage automatique, entraînés à partir d'un vaste échantillon fourni par les clients de la jeune pousse.
Au-delà de ses solutions classiques de détection de fraude et de calcul de risque destinées aux établissements de crédit, Credolab propose maintenant à ces derniers un module de prédiction des revenus, reposant sur les mêmes mécanismes. L'ajout est évidemment important pour les prêteurs qui ne peuvent se contenter de s'assurer que l'emprunteur qui les sollicite est enclin à rembourser ses dettes mais doivent aussi vérifier qu'il aura effectivement les moyens de faire face à ses échéances.
Or nombreux sont ceux qui ont des difficultés à produire des justificatifs acceptables – entre autres parce que les documents présentés sont incomplets ou parce que les falsifications sont devenues monnaie courante et induisent un surcroît de méfiance – et se trouvent ainsi rejetés à tort. En partageant le contenu de leur téléphone – dans le respect total de la confidentialité des données personnelles, clame Credolab –, ces exclus peuvent alors obtenir une chance d'accéder au financement dont ils ont besoin.
Comme souvent avec les offres de cette catégorie, celle-ci est déployée initialement en Amérique Latine, où les opportunités de suppléer un système élitiste sont les plus importantes, l'Asie du Sud-Est étant en ligne de mire pour la suite. La promesse est alléchante, y compris d'un point de vue social, mais la démarche retenue, fondée sur des modèles statistiques opaques, risque d'être difficilement acceptable par des acteurs du secteur financier généralement prudents sur l'octroi de crédit aux particuliers.



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