Un an et quelques mois après sa cession par Société Générale à la FinTech danoise Ageras, la néo-banque hexagonale Shine est maintenant acquise par le spécialiste de la comptabilité Cegid. Ce dernier vise de la sorte à compléter son offre de services aux PME et s'inscrit dans une tendance qui semble devenir la norme du secteur.
Petite précision préalable, car, à l'occasion de l'opération, l'ex-startup se voit désormais qualifier de licorne, avec un bond prodigieux de sa capitalisation apparente depuis sa vente de l'an dernier à quelques 140 millions d'euros. De toute évidence, la coquille a gardé son nom mais son contenu a changé puisqu'elle inclut désormais des opérations dans plusieurs pays européens et que, dans la bataille, ses fondateurs originaux (Nicolas Reboud et Raphaël Simon) sont effacés au profit de ceux d'Ageras.
Mais le plus important est ailleurs, bien sûr. Après avoir tenté de développer en propre une solution d'accompagnement global des indépendants autour de fonctions bancaires, Shine se trouve dorénavant intégré dans un groupe poursuivant une stratégie similaire, avec une vision plus étendue, en termes de géographie (l'Union Européenne), de cible visée (élargie à toutes les petites et moyennes entreprises, ainsi qu'à leurs comptables), de portée commerciale (Cegid possédant une vaste base de clientèle).
L'initiative confirme une reconfiguration en cours de l'industrie, déjà esquissée, entre autres, par les velléités (encore timides) de Qonto de collaborer avec les cabinets comptables dans une perspective d'offre combinée ou, plus représentative, l'introduction déjà ancienne d'un module bancaire dans le catalogue du trublion Tiime. Au fil du temps, il apparaît que l'avenir appartient aux fournisseurs couvrant la totalité des besoins de gestion des PME, une réalité à laquelle un des leaders historiques de la comptabilité s'éveille donc et réalise sa plus grosse acquisition pour conserver sa position.
A contrario, l'évolution risque de marginaliser les établissements traditionnels, dont les efforts que la plupart engagent afin de proposer, eux aussi, des outils de pilotage (comptabilité, facturation, paye…) font pâle figure en comparaison de ce que distribuent les spécialistes. Se profile ainsi pour eux une cruelle défaite dans la bataille pour la personnalisation de la relation, qu'ils n'ont jamais su concrétiser de manière convaincante sur leur périmètre financier, alors que les plates-formes de services « administratifs » en font de longue date une caractéristique distinctive de leur métier.
À ce contexte général, dans lequel les produits bancaires deviennent accessoires par rapport aux capacités de gestion – ils sont d'ailleurs fréquemment rendus invisibles derrière les activités du quotidien –, s'ajoute un mouvement général à l'intention des comptables, qui peuvent eux-mêmes profiter des avantages des solutions émergentes. L'objectif final étant de simplifier la vie des responsables d'entreprises, notamment à travers l'automatisation, ces démarches de convergence paraissent inéluctables.



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