À l'issue d'un accord avec l'Agence Nationale de l'Habitat (ANAH), Sofinco devient le premier établissement officiellement mandaté pour le financement de MaPrimeRénov', le dispositif d'aide publique pour la rénovation du logement en France, sans lequel nombre de nos concitoyens renonceraient à engager des travaux indispensables.
Partie intégrante des moyens déployés en vue de tenir les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre du pays, le soutien financier aux efforts d'amélioration énergétique s'est imposé depuis plusieurs années, notamment chez les propriétaires de passoires thermiques. Véritable bouée de sauvetage pour les foyers les plus modestes possédant un bien souvent ancien et vétuste directement concerné, le parcours d'accès à la subvention s'avère malheureusement semé d'embûches.
Même sans revenir sur les aléas des décisions gouvernementales (ayant conduit à la suspension de sa distribution au cours de l'été), un défaut majeur de MaPrimeRénov' est son approche de remboursement d'une partie du montant de la facture. En principe, le donneur d'ordre est contraint d'avancer la totalité des frais, ce qui constitue un obstacle majeur. Afin de le surmonter, les entreprises proposent donc fréquemment de déduire la prime de leurs émoluments, celle-ci leur étant versée ultérieurement.
Le problème avec un tel montage, qui affecte d'ailleurs tous les bénéficiaires, est le délai de paiement. Alors que l'attribution de l'aide est déjà décidée, avant le lancement du chantier, le règlement de sa contribution par l'agence prend plusieurs mois, ce qui crée des difficultés de trésorerie pour les opérateurs qui la prennent à leur charge. Les artisans individuels et les petites structures ne peuvent se le permettre et perdent leur clientèle, tandis que les plus grosses mettent parfois leur viabilité en péril.
C'est donc là qu'intervient Sofinco (Pro), qui va financer tous les dossiers éligibles (après contrôle) et portés par des entreprises certifiées RGE (« Reconnu Garant de l'Environnement »), qu'elles soient ou non partenaires de l'enseigne (celles-là pouvant offrir à leur clients des facilités de paiement sur la part qui leur échoit). En pratique, le montant de la subvention accordée leur sera versé par l'organisme financier, dans les conditions normales de facturation (je suppose), ce qui permet de la déduire du devis présenté au client sans se préoccuper des retards de l'administration.
La filiale de crédit à la consommation du Crédit Agricole assume ainsi le rôle que n'auraient jamais dû avoir à jouer les acteurs de la rénovation de l'habitat. Se pose toutefois la question de savoir qui paiera le service (un crédit n'est jamais gratuit). Les artisans, qui auraient alors une simple option d'affacturage sur une créance très spécifique ? Ou l'ANAH, qui accepteraient de payer pour compenser ses délais de traitement ? Dans les deux hypothèses, est-il vraiment normal de faire appel à une institution financière pour pallier les déficience internes d'une agence étatique ?



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