Le monde du titre restaurant, jaloux de ses privilèges réglementaires et de ses marges confortables, n'est guère propice à l'innovation. Pourtant quelques jeunes pousses tentent d'en changer les règles, notamment en termes d'expérience utilisateur, à l'instar d'Olenbee, que je découvre à l'occasion de son récent accord avec Deliveroo.
Le principal point de friction des solutions existantes réside dans leur recours à un moyen de paiement dédié – un chèque, une carte ou bien sa déclinaison virtuelle dans un téléphone. Entre les limitations sur les montants (qui obligent fréquemment à jongler avec d'autres instruments ou à abandonner une partie de la valeur faciale), l'acceptation sélective par les commerçants, les risques de perte ou d'oubli…, les consommateurs ne peuvent profiter pleinement d'un avantage salarié pourtant plébiscité.
La réponse qu'apporte Olenbee à ces contraintes consiste simplement à s'appuyer sur la carte bancaire que le bénéficiaire possède déjà, avec laquelle il pourra régler ses dépenses de repas comme il en a l'habitude pour tous ses achats, sans se poser de questions, en étant assuré de recevoir les indemnités auxquelles il peut prétendre.
En pratique, le collaborateur doit d'abord configurer son profil dans l'application mobile de la jeune pousse afin d'établir l'association avec sa carte et avec le compte bancaire auquel elle est rattachée (via les services de Linxo). Par la suite, dès que des transactions éligibles sont identifiées dans son historique (celles qui portent sur l'alimentation, selon la législation en vigueur), il lui suffit de les sélectionner, d'un geste, pour réclamer le remboursement de la quote-part à la charge de l'employeur.
Naturellement, outre les possibles erreurs de catégorisation des opérations par carte, le mode de fonctionnement retenu peut imposer quelques restrictions, par exemple sur des courses en supermarché, où la distinction entre les produits éligibles et les autres est impossible sans accès au reçu détaillé. Je suppose que le partenariat avec Deliveroo qui vient d'être annoncé permet d'éviter ce genre de difficultés, en autorisant automatiquement les quelques 35 000 fournisseurs affiliés au service de livraison.
L'approche d'Olenbee n'est pas inédite. En 2022, j'évoquais les initiatives similaires de Sesame (aujourd'hui disparu, apparemment) et Openeat. Mais le gros du marché, qui passe par la conquête des entreprises et se trouve de la sorte relativement verrouillé, est depuis longtemps aux mains de quelques acteurs importants… qui ne sont pas prêts à adopter un modèle les conduisant à renoncer aux commissions (souvent décriées) qu'ils prélèvent auprès des commerçants. Et tant pis pour l'expérience des usagers…
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