Entre ses annonces de restructuration massive, en cours, et de l'introduction de l'intelligence artificielle « agentique » au cœur de ses offres infonuagiques, des analystes estiment qu'Oracle est peut-être en voie de réinventer radicalement la manière dont ses progiciels seront distribués et mis en œuvre chez ses clients dans un avenir proche.
Le point de départ des conjectures est une estimation – élaborée à partir d'une promesse précédente d'un plan de restructuration – à une dizaine de milliers le nombre de postes supprimés chez le géant du logiciel d'ici décembre (sur un total d'environ 160 000 salariés). Les observateurs s'accordent sur les fonctions qui seront visées par ces mesures : il devrait s'agir, en grande partie, des divisions en charge des évolutions des progiciels, laissant place à une stratégie centrée sur le « cloud » et l'IA.
Or ce segment de son catalogue est une importante source de profits – souvent qualifiée de vache à lait chez les éditeurs qui ont réussi à s'imposer – qu'aucune menace sérieuse ne justifierait de sacrifier à court ou moyen terme. L'hypothèse que formule donc Akshara Naik Lopez pour Forrester est que les personnes qui vont être licenciées le seraient parce que leur rôle est voué à la disparition pure et simple grâce à ce nouveau pilier de l'avenir rêvé de l'entreprise qu'est désormais l'intelligence artificielle.
Plus précisément, les évolutions, adaptations et autres personnalisations auxquelles procèdent les clients – notamment les grands groupes – afin d'ajuster les capacités des solutions qu'ils adoptent à leurs besoins précis pourraient ne plus requérir l'intervention de développeurs et d'intégrateurs (les partenaires d'Oracle risquent donc de souffrir particulièrement), puisque les progiciels embarqueraient maintenant des agents intelligents grâce auxquels chaque entreprise ajouterait ses propres variations.
Si une telle vision se concrétise, il ne faut qu'un soupçon d'imagination pour prédire une révolution dans l'univers du progiciel tel qu'on le connaît depuis sa naissance dans les années 90. Au lieu des produits finis relativement rigides auxquels nous sommes habitués, intégrant tout depuis le cœur de métier considéré jusqu'aux interfaces homme-machine, les fournisseurs livreraient un socle de services – servant de fondation – et une IA agentique permettant au client de gérer ses opérations à sa guise.
Le modèle prédominant du secteur s'en trouverait complètement renversé… et beaucoup plus conforme aux attentes et aux pratiques des utilisateurs. Alors que le principe théorique consistait initialement à proposer une solution unique conçue sur la base de processus supposés optimaux, qui devaient s'imposer aux entreprises avec le logiciel, ces dernières ont presque toujours dépensé des fortunes pour y introduire, à plus ou moins grande échelle, leurs spécificités. Avec la nouvelle génération envisagée, seules seraient offertes des fonctions élémentaires, que les équipes (internes ou externes) adapteraient alors à l'organisation existante, facilement, à moindre coût et avec une flexibilité extrême, par exemple pour des besoins temporaires.
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