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C'est pas mon idée !

dimanche 28 décembre 2025

L'IA sait-elle vraiment coder ?

CodeRabbit
La programmation logicielle est aujourd'hui un des domaines où le recours à l'intelligence artificielle générative est le plus courant et considéré le plus productif. Pourtant, une étude, certes imparfaite, du fournisseur de solutions de revue de code informatique CodeRabbit inciterait à relativiser son efficacité, en particulier en termes de qualité.

Pour beaucoup d'entreprises, l'IA est devenue une réalité incontournable d'abord et avant tout dans leur direction des systèmes d'information, où elle permet aux débutants de développer des applications plus rapidement et aux collaborateurs plus expérimentés de se concentrer sur les algorithmes les plus complexes. Avec ce qu'on nomme désormais le « vibe coding », encore rare mais qui se propage rapidement, elle offre même la possibilité à ceux qui ignorent tout du métier de créer des logiciels.

Malheureusement, alors qu'on imagine aisément (moi le premier) que la nature mathématique de la discipline se prête idéalement à son automatisation, l'analyse par CodeRabbit d'un échantillon de sources en licence libre révèle que les modules écrits avec l'assistance de l'IA (selon les déclarations volontaires des contributeurs impliqués) comportent beaucoup plus d'erreurs que ceux qui sont composés exclusivement par des humains, 70% de plus pour être précis, dans tous les registres considérés.

Au-delà du nombre, les anomalies introduites avec l'intelligence artificielle s'avèrent également plus critiques. Et quand on découvre que, outre les problèmes de logique, de maintenabilité, de performance…, les failles de sécurité prolifèrent – mauvaise gestion des mots de passe multipliée par presque deux, tout comme certains défauts techniques classiques, vulnérabilité bien connues de type « cross-site scripting » multipliées par trois… –, la circonspection et la prudence semblent de mise.

Ces résultats donnent d'autant plus à réfléchir que les perceptions de gains de temps grâce aux outils d'assistance semblent aussi démenties par la réalité. Une expérimentation scientifique aurait ainsi démontré que les professionnels estimant avoir travaillé 20% plus rapidement avec l'IA sont en fait plus lents d'autant, en moyenne. Une fois intégrée la durée nécessaire aux contrôles et aux corrections des bogues, sans même parler de ceux qui traverseront les mailles du filet, le bilan devient très négatif.

L'évolution augure mal de l'avenir du logiciel. Entre la liberté de création que procure l'intelligence artificielle, la propension historique des équipes à négliger les tests (et, parfois, à ne pas savoir les organiser correctement) et la tendance à accorder une confiance aveugle à la machine, la multiplication des incidents pourrait déboucher sur des crises majeures, soit à cause de défaillances directes, soit par l'exploitation malicieuse des faiblesses non détectées… qui, elle, est en croissance exponentielle.

Bogue Logiciel

vendredi 26 décembre 2025

Les mystifications du président de la FBF

Fédération Bancaire Française
À l'occasion de cette fin d'année, Daniel Baal, président du Crédit Mutuel et (pour une année) de la Fédération Bancaire Française, se prête à l'exercice de la grande interview avec la Revue Banque. Officiellement titrée sur une logique de « quatre vérités », j'y perçois plutôt une invraisemblable et consternante opération de mystification.

Je ne m'attarderai que sur deux des thématiques abordées dans l'entretien, particulièrement riche (et où, heureusement, tout ne relève pas de contre-vérités) : les monnaies « digitales » de banque centrale et la réglementation européenne dite FIDA, en préparation, sur l'ouverture des données financières au-delà de la vague initiale de la DSP2. Elles révèlent les grandes inquiétudes de l'industrie… sans que ses représentants veuillent admettre ce qui les contrarie vraiment dans ces évolutions.

Sur le premier sujet, je m'émerveille – tout en espérant qu'il s'agisse d'une tentative réthorique incohérente et non d'une conviction sincère qui trahirait son incompréhension – de la capacité du dirigeant à manipuler la réalité pour opposer l'euro numérique, qu'il décrie, aux « stablecoins » qu'il semble défendre. Selon son appréciation, le premier serait un instrument centralisé et basé sur la confiance, incomparable avec le support décentralisé (la « blockchain ») et les actifs garantissant la valeur des seconds.

Comme si la technologie employée – qui est désormais tellement éloignée de ses origines, entre autres dans le bitcoin, qu'elle a perdu toutes ses caractéristiques – suffisait à faire oublier que les instruments virtuels dont il parle sont sous le pilotage centralisé d'une entité émettrice, qui, comme il le souligne, doit en outre gérer une réserve dûment enregistrée. Et comme si la valeur de ces dépôts ne reposait pas elle-même sur la confiance… surtout quand elle est constituée de devises fiduciaires !

Que masquent en fait ces arguments fallacieux ? Les banques voient d'un mauvais œil le projet de la Banque Centrale Européenne parce que, bien que ses contours définitifs ne soient pas encore finalisés, elles craignent le choix d'une gestion directe de la monnaie « digitale », en dehors de leur périmètre, qui leur ferait perdre l'accès à une masse conséquente d'épargne conservée par l'institution. Naturellement, elles préfèrent une option somme toute équivalente… mais sous contrôle privé (le leur).

Quant à FIDA, dont j'ai déjà traité ici des réactions virulentes qu'elle suscitait, notamment de la part du Crédit Mutuel, la caricature est tout aussi pittoresque et absurde. Le seul prétexte que trouve M. Baal en appui de son rejet épidermique du texte consiste à brandir la menace d'emprise sur les données des consommateurs européens par les géants américains et chinois. Et tant pis pour la FinTech, notamment française, qui promeut une avancée décisive pour son pouvoir d'innovation et de transformation.

Et tant pis, au passage, pour les clients des banques qui, après tout, devraient être libres de décider s'ils veulent confier leur vie financière à des entreprises qui, quelle que soit leur origine, leur proposent des services qu'ils ne trouvent pas dans leur établissement traditionnel ! Et voilà finalement tout l'enjeu du discours du président de la FBF : ne changez rien à notre monopole et laissez-nous continuer à opérer comme il y a cinquante ans, sans concurrence… nos clients sont contents ainsi. Quel mépris !

Brouillard

jeudi 25 décembre 2025

Éducation numérique au Crédit Agricole

Crédit Agricole
À travers son lancement d'un parcours « digital » de souscription de crédit immobilier, j'évoquais récemment la transition progressive du Crédit Agricole vers une approche de ses métiers moins centrée sur la relation en agence. Une autre actualité vient aujourd'hui souligner cette évolution : les ateliers Clic Club de la caisse d'Île de France.

Leur principe est largement répandu au Royaume-Uni, où, bien sûr, le rythme de fermeture des points de vente est sans commune mesure avec celui de l'hexagone (il suffit de comparer les plus de 5 000 adresses de la banque verte aux quelque centaines que maintiennent les plus conservatrices de ses homologues britanniques). Mais la mise en place de ces sessions d'accompagnement des clients dans l'usage des outils numériques montre bien que les temps changent pour l'ensemble de l'industrie.

Sur la deuxième quinzaine de novembre, l'établissement a donc mobilisé presque 300 collaborateurs et administrateurs bénévoles pour l'animation d'ateliers, dans ses locaux un peu partout dans la région. Ceux-ci ont permis à quelques 1 500 participants d'en apprendre plus sur deux thématiques jugées prioritaires actuellement : la protection contre la fraude et les arnaques, dont on sait que la sensibilisation des consommateurs est la première arme, et l'utilisation pratique de l'application mobile de l'enseigne.

Selon les commentaires partagés par le Crédit Agricole, il ressort, certes sans grande surprise, que l'audience de ces événements est majoritairement constituée de seniors, moins à l'aise que les jeunes générations avec les interactions à distance. Cependant, leurs réticences sont plus souvent liées à leurs incertitudes et autres hésitations vis-à-vis des plates-formes mises à leur disposition qu'à une véritable incompréhension. En fait d'apprentissage, les clients cherchent plutôt une forme de réassurance.

Crédit Agricole – Clic Club

Les organisateurs des Clic Clubs mettent en avant l'alignement de la démarche avec les valeurs mutualistes, notamment de proximité et de solidarité, du Crédit Agricole. Il est vrai que, au-delà de leur objectif affiché, ces séances procurent aussi une occasion de rencontres entre des responsables, dont les élus, et des clients qui se rendent de moins en moins fréquemment dans leur agence. Quand bien même la population ciblée n'est évidemment pas la plus désengagée quant aux relations en face à face.

Une offre d'assistance à la banque « digitale » est toujours empreinte d'ambivalence, entre la volonté qu'elle manifeste d'attirer des visiteurs dans les implantations physiques et leur ambition de faciliter l'adoption des solutions en ligne. Mais la réalité semble commencer à prendre le pas sur les illusions : tous les clients seront amenés à réaliser une part conséquente de leurs opérations financières sans l'aide d'un professionnel. Cependant, s'ils s'y habituent, continueront-ils alors longtemps à ressentir le besoin d'un conseil humain de proximité pour leurs besoins plus sophistiqués ?

mercredi 24 décembre 2025

BBVA, leader de la finance enfouie

BBVA
Pour le secteur financier, l'année 2025 a été pratiquement consacrée toute entière à l'intelligence artificielle… même si ses applications concrètes restent finalement discrètes. Les services enfouis, largement délaissés, mériteraient pourtant d'être prioritaires et BBVA, récipiendaire d'une distinction dans le domaine, ne s'y trompe pas.

Certes, la tendance n'a (et c'est heureux !) pas totalement disparu et des initiatives émergent régulièrement, un peu partout dans le monde, de mise à disposition de telle ou telle fonction sous forme de services. Mais rares sont les établissements qui tentent de faire de cette approche un modèle de référence pour l'ensemble de leurs métiers. A travers le prix qui vient de lui être décerné par Global Finance, BBVA démontre son engagement dans ce mouvement et sa détermination à le généraliser.

À l'appui de son choix, la publication souligne l'importance pour le groupe espagnol de fournir ses solutions là où ses partenaires en ont besoin, simplement et instantanément. Elle cite ainsi en exemple les jeux d'API que propose sa branche dédiée aux entreprises et à l'investissement pour l'affacturage inversé (prêt à intégrer dans les processus de paiement des fournisseurs), pour le financement de véhicules (autorisant l'accès au crédit sur le point de vente) ou encore pour la gestion de trésorerie des PME.

BBVA – Embedded Finance

L'évolution est enclenchée depuis plusieurs années mais elle ne parvient toujours pas à convaincre les décideurs des institutions traditionnelles, qui persistent à croire que leurs réseaux d'agences constitue la panacée pour la distribution de leurs produits et continuent à hésiter à développer les capacités de vente au sein de leurs propres plates-formes « digitales ». Rappelons que BBVA a pris de l'avance sur ce terrain il y a près d'une décennie et qu'elle montre à nouveau sa lucidité face au changement.

En effet, aujourd'hui, les outils financiers ne peuvent plus se contenter d'un cycle de vie autonome, tel qu'il existe historiquement. Les technologies modernes aidant, ils doivent être disponibles à l'endroit et au moment où ils sont nécessaires et ils doivent s'insérer dans les parcours des usagers, sans friction mais en toute transparence. Voilà l'enjeu essentiel de la banque enfouie, dans laquelle BBVA se positionne en leader grâce à sa compréhension et son anticipation des orientations inéluctables de l'industrie.

Enfin, pour refermer la boucle de mon introduction, ceux qui doutent devraient prendre conscience que leurs tentatives de s'approprier l'intelligence artificielle n'aboutira qu'à des déconvenues ou, au mieux, à des solutions limitées et peu compétitives s'ils ne mettent pas en place au préalable une vraie stratégie de « banque en services »…

mardi 23 décembre 2025

La bourse devient un jeu… d'argent, bien sûr

CME Group
Si la bourse donne fréquemment – à juste titre, d'une certaine manière – l'impression de relever du jeu de hasard, la frontière avec cet univers était jusqu'à maintenant étanche. Aujourd'hui, elle vole toutefois en éclat avec une collaboration entre le spécialiste historique des produits dérivés CME Group et la plate-forme de paris en ligne FanDuel.

Aux côtés, notamment, de ses applications dédiées aux grands événements sportifs, le nouveau titre « Predicts » de l'enseigne permettra aux résidents de cinq états américains (pour commencer, son extension étant prévue dans les prochains mois) de miser sur leur vision d'un certain nombre d'indicateurs de marché et économiques, tels que les indices Nasdaq et S&P, les prix de quelques matières premières et autres cryptomonnaies ou encore les estimations de produit national brut ou d'inflation.

Concrètement, après un enrôlement qui se veut strictement contrôlé – exigeant informations personnelles et document d'identité officiel –, les clients se verront proposer d'acheter ou de vendre des « contrats » sur la réalisation de tel ou tel événement, à une échéance donnée. On retrouve là, jusque dans la faculté de négociation secondaire, le principe des opérations à terme dont CME Group est en quelque sorte expert, la principale différence résidant dans le coût d'accès, minime, à partir de 1 à 99 cents.

FanDuel Predicts

L'objectif de l'institution est d'ailleurs clairement énoncé : il s'agit essentiellement de développer sa base de clientèle, en ouvrant ses produits financiers relativement exotiques aux millions d'adeptes de FanDuel, quitte à en détourner la finalité originelle. De point de vue du fournisseur de jeux, sous le prétexte fallacieux de procurer l'occasion aux citoyens de reprendre contact avec leur environnement – aléas économiques ou rencontres sportives –, la bourse constitue tout simplement un domaine supplémentaire où un minimum de hasard lui donne l'occasion d'étendre son emprise.

Sans chercher à prendre parti sur la moralité de la démarche, il me faut tout de même souligner le danger que peut représenter la « ludification » des marchés financiers pour une population potentiellement immature. Non seulement est-elle contre-productive pour tous ceux qui tentent d'éduquer les populations à un investissement rationnel et catalyseur de projets mais encore se positionne-t-elle, avec sa perspective de pur jeu de hasard, à l'opposé des discours de réassurance autour de la capacité à faire fructifier un capital en vue d'assurer son avenir. Le message implicite est désastreux.

lundi 22 décembre 2025

Mastercard lance le versement de prêt sur carte

Mastercard
Entre la transformation de son support historique en plastique et la désaffection des américains pour la version de la carte dévolue au crédit, Mastercard explore activement les nouvelles opportunités que lui offrent les technologies modernes : grâce à un partenariat avec LoanPro, elle s'apprête à lancer une option pour le prêt classique.

En dehors des cas de financement d'un achat spécifique, le crédit à la consommation non affecté est généralement déboursé via un transfert vers le compte bancaire de l'emprunteur… qui présente quelques inconvénients notables, entre autres de réactivité (quand les virements instantanés ne sont pas systématiques) ou d'exclusion (pour les personnes non bancarisées, nombreuses en Amérique du Nord). Aujourd'hui, les téléphone mobiles autorisent une expérience plus fluide et plus universelle.

La solution introduite par Mastercard consiste donc à fournir au client une carte virtuelle dès le crédit accordé – une déclinaison avec une carte physique est également possible… sans garantir la même instantanéité. Il lui suffit ensuite de l'enregistrer dans son porte-monnaie Google Wallet ou Apple Pay. En un tournemain, il peut alors régler ses achats dans tous les commerces affiliés. Le résultat est presque identique à une carte de crédit… avec un remboursement par échéances fixes, plus facile à maîtriser.

En arrière-plan, LoanPro mettra à la disposition des établissements de crédit intéressés sa plate-forme de distribution de prêts par API, qui leur procure un maximum de flexibilité en vue de l'intégrer à leurs propres services, en proposant un parcours utilisateur optimisé à leur clientèle. Ils peuvent de la sorte déployer facilement un produit attractif auprès du grand public et des entrepreneurs – les deux cibles principales visées –, en ligne avec leurs attentes à l'ère « digitale ». Ils bénéficieront même de la faculté d'enrichir l'expérience, par exemple à travers des programmes de fidélité dédiés.

L'initiative permet naturellement à Mastercard de prolonger la pertinence de son métier dans un monde qui non seulement voit les instruments de paiement se diversifier – avec, en particulier, une menace de plus en plus précise sur son réseau – mais combine aussi désormais fréquemment de manière transparente le paiement avec une forme ou une autre de financement (notamment via les facilités de fractionnement). Et ces arguments résonnent certainement tout autant chez les décideurs des pourvoyeurs de crédit…

Accueil LoanPro

dimanche 21 décembre 2025

Un coach de crédit dans l'app de Garanti

Garanti BBVA
Dans une logique d'accompagnement vers le bien-être financier qui lui devient familière, la filiale turque de BBVA embarque désormais un coach de crédit au cœur de son application mobile, destiné à aider ses clients à simultanément mieux maîtriser leur situation courante et à réaliser leurs projets d'avenir dans les meilleures conditions.

La nouvelle option « Kredi Koçum », accessible depuis la section consacrée au suivi de l'état des finances personnelles, complète cette dernière avec un double objectif. Il s'agit d'une part de fournir à l'utilisateur un aperçu de la précarité ou, au contraire, de la bonne santé de ses comptes, assorti de recommandations concrètes en vue d'améliorer ou maintenir sa position, et, d'autre part, de lui proposer des solutions de financement adaptées à son contexte et à ses besoins dès que nécessaire.

Selon son historique de transactions bancaires, l'outil va, par exemple, suggérer au mobinaute de surveiller ses échéances de paiement ou, plus générique, de réactualiser ses informations personnelles, de manière à, entre autres, optimiser la qualité de son profil d'emprunteur. En parallèle, il se voit présenter en détail les divers produits auxquels il est éligible – crédit à la consommation, découvert négocié, carte de crédit… – avec les modalités applicables à son cas particulier (plafonds, taux d'intérêt…)

Garanti – My Credit Coach

Indispensable appoint à ces fonctions, un dispositif pédagogique dédié enrichit le service, afin, notamment, d'expliquer aux futurs bénéficiaires les mécanismes régissant le crédit, depuis la notion de score jusqu'aux différences essentielles entre les options existantes. On peut même espérer que ces bribes d'éducation financière sont prodiguées en concordance avec les suggestions de souscription évoquées ci-dessus.

Avec ce coach relativement original, l'établissement avance sur une crête dangereuse : en l'absence de précisions sur son implémentation, il est difficile de savoir avec certitude s'il reste sérieusement engagé dans une démarche au bénéfice du client, en lui procurant l'assistance qu'il requiert pour prendre des décisions éclairées, ou s'il prend plutôt prétexte de la santé financière pour encourager le recours au crédit.

Au vu de la culture d'entreprise de BBVA, j'aurais tendance à être optimiste, de ce point de vue. Toujours est-il que l'initiative peut aisément inspirer d'autres banques de suivre sa trace (en choisissant de préférence son versant positif) : parce que l'endettement – surtout quand il devient hors de contrôle, faute d'apprentissage – représente une des plus graves menaces sur l'équilibre budgétaire des consommateurs, la mise en place de solutions spécialisées autour de ce domaine semble constituer une bonne idée…

samedi 20 décembre 2025

Le Crédit Agricole passe au prêt immo digital

Crédit Agricole
Longtemps considéré impossible à transposer en ligne, le crédit immobilier finit par faire sa transition, comme tous les autres services financiers. C'est aujourd'hui au tour du Crédit Agricole – défenseur acharné du réseau d'agences et de la relation avec un conseiller – de franchir le pas… vraisemblablement sous pression de la demande.

La position historique de l'industrie consistait à estimer que l'achat d'une résidence constituait une opération d'une telle importance pour les consommateurs qu'ils ne pouvaient imaginer de la préparer et encore moins la réaliser en totale autonomie, sans l'assistance d'un professionnel capable de les guider dans la complexité supposée de son financement. Tout au plus pouvaient-ils simuler leur projet avec des outils « digitaux » pour rêver un peu, en préambule à un rendez-vous obligatoire.

De toute évidence, les temps changent. Désormais, les clients du Crédit Agricole ont la faculté de créer leur dossier effectif depuis leur application mobile ou leur espace web en vue d'obtenir un accord de principe. Le processus, qui exploite automatiquement les informations déjà disponibles et évite donc les répétitions inutiles (le principe est basique mais encore si rare !), ne leur prendra que 6 minutes, jusqu'à la communication de la décision. Même pour les nouveaux arrivants, il ne faudra que 2 minutes de plus.

La suite des démarches est également possible via les mêmes canaux, notamment l'accès à l'offre de prêt un fois celle-ci établie, les ajustements éventuels sur les conditions, la transmission des justificatifs nécessaires, l'enregistrement des instructions de règlement du notaire et la signature électronique. En outre, tout au long des formalités, l'utilisateur est en mesure de suivre chacune des étapes de mise en œuvre.

La banque ne parvient toutefois pas à lâcher totalement la bride. Ainsi, à l'issue du dépôt d'une demande active, un spécialiste prend contact avec le client et lui proposera un accompagnement pour le reste des opérations. D'autre part, le dispositif comporte quelques limitations, à savoir un plafond de 600 000 euros pour une résidence principale et 300 000 euros pour les autres cas, dont le bien en investissement locatif.

En réalité, c'est parce que l'initiative s'avère incomplète que l'humain reste dans la boucle. En effet, le parcours en libre service déployé semble faire l'impasse sur le conseil et, par exemple, la personnalisation des offres n'est évoquée que dans le contexte des interactions avec le conseillé désigné. La personne la plus aguerrie au « digital » a besoin, pour un acte qui l'engage sur de longues années, d'aide pratique, d'explications détaillées, de recommandations par rapport à sa situation… que, visiblement, l'établissement ne sait pas à date fournir via ses plates-formes en ligne.

e-Immobilier by CA

jeudi 18 décembre 2025

La bonne idée ratée de Ma Carto Climat

AMRAE
Face au désarroi de nombreux chefs d'entreprises quant à leur exposition aux risques climatiques, l'Association du Management des Risques et des Assurances des Entreprises (AMRAE), soutenue par des organismes publics, dont l'ADEME, propose un outil d'auto-diagnostic. Qui s'avère malheureusement consternant d'amateurisme.

Bien que simple, le principe à l'œuvre avec la plate-forme Ma Carto Climat représente une première approche utile pour les dirigeants, notamment de petites et moyennes structures, qui ne savent pas nécessairement par où commencer lorsqu'ils prennent conscience de l'impératif de s'inquiéter de l'avenir de leur firme dans un monde sujet à des catastrophes naturelles toujours plus fréquentes et plus destructrices.

Sa principale valeur réside dans l'énumération de toutes les dimensions du problème, de manière à fournir à l'utilisateur un aperçu exhaustif des points les plus critiques dans son contexte spécifique et, de la sorte, à l'orienter vers les actions prioritaires à engager afin de garantir la résilience de son entreprise. Sont donc prises en compte les différentes composantes d'une activité économique – matières premières, opérations, personnel, informatique, transports, ventes – et les aléas susceptibles de les affecter.

Dans chacun des registres énoncés et pour chacune des catégories d'événement considérées – forte chaleur, froid, feu de forêt, inondation, sécheresse, précipitations, vent, mouvement de terrain, déformation du sol –, il faut évaluer le degré de sensibilité de la zone d'implantation visée (y compris dans son évolution sur l'échéance d'analyse choisie), son impact potentiel pour l'établissement et le niveau de maîtrise de ce dernier, qui précise la maturité du plan de mitigation déjà élaboré, le cas échéant.

Une fois ses informations renseignées, le visiteur se voit proposer de télécharger un rapport complet qui, outre le détail des données qu'il a transmises, synthétise les éléments saillants de son diagnostic personnalisé et présente sous forme graphique les résultats obtenus. Il se conclut par une série de références à consulter pour aller plus loin, organisée dans un parcours type d'adaptation au dérèglement climatique.

Ma Carto Climat

Comme je le signalais d'emblée, l'objectif de la démarche est d'ouvrir les yeux des responsables sur les multiples axes à intégrer pour une mesure globale de leur situation, en leur demandant simplement de réaliser leur propre état des lieux. Naturellement, elle ne peut séduire que si elle est facile d'accès et ne requiert qu'un minimum d'efforts de la part d'individus qui ont tellement d'autres préoccupations en tête. Et c'est bien là où le bât blesse, en raison d'une conception apparemment bâclée du service.

Avec indulgence pour une suggestion passablement complexe à implémenter, passons sur l'absence totale de contextualisation, qui fait que, quel que soit votre secteur industriel (pourtant indiqué lors de l'inscription), vous serez amené à répondre à toutes les questions, certaines sans objet pour vous. Plus ennuyeux, vous devrez rechercher l'exposition aux aléas de votre lieu d'activité, aucun automatisme ne permettant de les récupérer à partir d'une adresse postale, alors que des sources publiques existent. Pire encore, vous devrez les ressaisir, à l'identique, pour chaque classe de processus !

Peut-être l'AMRAE a-t-elle mis en ligne une version beta de sa plate-forme et continue, en arrière-plan, à son enrichissement, à faire de l'expérience un incontournable pour les chefs d'entreprise sensibilisés aux risques climatiques. Je l'espère. Si ce n'est pas le cas, un autre acteur (un assureur, par exemple ?) pourrait-il s'emparer de l'idée et lui procurer la concrétisation qu'elle et que le sujet dans son ensemble méritent ?

mercredi 17 décembre 2025

Worldpay et les enjeux environnementaux du commerce

Ekko
Face aux initiatives dispersées autour de l'impact environnemental dans le commerce, le processeur global de paiements Worldpay déploie une collaboration avec le spécialiste Ekko afin de ramener la thématique dans son domaine naturel et, surtout, là où les parties prenantes ont réellement la possibilité d'agir : chez les marchands.

En dépit d'un reflux sensible depuis plusieurs mois, les consommateurs restent nombreux à vouloir prêter attention à l'empreinte carbone de leurs achats du quotidien. Or, aujourd'hui, les moyens dont ils disposent pour s'informer sont généralement fournis par de jeunes pousses dédiées ou par les banques ayant adopté leurs outils, ceux-ci établissant un bilan à partir d'une analyse des transactions effectuées… donc accessible (plus ou moins) longtemps après les emplettes correspondantes.

Avec l'irruption de Worldpay sur ce terrain, la préoccupation se rapproche de l'instant clé, puisque la technologie d'Ekko lui permet de proposer aux commerçants qu'elle équipe d'afficher directement sur leurs tickets de caisse une estimation du volume d'émissions de gaz à effet de serre du panier du client. Une option complémentaire suggère en outre à ce dernier de verser une petite contribution à un projet écologique… sans toutefois prétendre à une logique de compensation, qui serait totalement artificielle.

En sus de l'interaction immédiate avec les consommateurs, le dispositif offre également une excellente opportunité pour les marchands de s'impliquer concrètement dans les questions relatives aux changement climatique et de mettre en lumière le rôle qu'ils veulent jouer dans ce registre – selon Worldpay, une forte majorité semble estimer qu'il fait partie de leurs moteurs de croissance –, avec une option à la mise en œuvre extrêmement simple, puisqu'elle est entièrement prise en charge par leur fournisseur.

Ekko x Worldpay

Bien entendu, comme avec les autres solutions existantes (notamment dans les banques), je regrette que l'approche retenue reste largement passive, nonobstant la faculté de versement à une association, symbolique. Plus précisément, son intégration lors de la phase de paiement interdit toute anticipation et le seul partage d'un indicateur d'impact environnemental, qui risque par ailleurs de paraître abstrait aux non initiés, n'intéressera que les convaincus et ne les aidera guère à améliorer leur empreinte.

De toute évidence, l'étape suivante est du ressort des commerçants eux-mêmes. Armés de ce petit plus destiné à démontrer une certaine forme d'engagement, ils devront le compléter avec, par exemple, des mécanismes de sensibilisation, pour ceux qui ne se sentent pas concernés (ou de manière superficielle), et un accompagnement vers de meilleures pratiques, ne serait-ce qu'au sein de leur propre boutique. Je ne doute pas que Worldpay, moyennant une volonté de prolonger ses efforts et de s'aventurer hors de son cœur de métier, pourrait proposer quelques idées en la matière…