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C'est pas mon idée !

vendredi 7 novembre 2025

Quand l'IA fait dérailler une entreprise…

Upstart
Voilà une histoire qui constitue vraisemblablement un prélude à ce que l'actualité nous offrira bientôt régulièrement. En l'occurrence, Upstart, qui se présente comme la première place de marché de crédit propulsé à l'intelligence artificielle, blâme cette dernière, par la voix de son directeur général, pour ses résultats trimestriels décevants.

L'affaire fait un peu de bruit chez les investisseurs car l'action de la jeune pousse a perdu près de 15% de sa valeur à la suite de sa présentation. Alors qu'elle a récemment franchi le seuil de la rentabilité, ce ne sont pas ses profits qui rendent les marchés fébriles, mais plutôt le moteur de son activité : elle révèle avoir produit 2,9 milliards de financements sur la période, toujours en forte hausse mais faisant néanmoins pâle figure au regard des 3,3 milliards attendus par le consensus des analystes.

L'explication de cette mauvaise performance opérationnelle, telle qu'elle est fournie par Paul Gu, directeur technique d'Upstart, est fascinante : les modèles d'IA de l'entreprise – qui pilotent entièrement les décisions d'accorder ou non des prêts aux demandeurs en fonction de données variées et sur la base d'un historique de presque 100 millions d'événements – auraient sur-réagi aux indicateurs macro-économiques et induit de la sorte un excès de prudence faisant chuter le taux de conversion de 23,9% à 20,6%.

Les responsables de la firme se veulent rassurants et confirment notamment que la situation est maintenant revenue à la normale, en soulignant au passage qu'il est préférable que les automates exercent un surcroît de précaution plutôt qu'ils soient insensibles à des signaux inquiétants. Malgré tout, les observateurs expriment un certain scepticisme face à ces allégations et se posent soudain la question de la qualité réelle de l'approche adoptée, en particulier par rapport à des solutions moins élaborées.

Upstart – AI Lending

Toute la problématique de l'intelligence artificielle dans des processus sensibles se trouve résumée dans cet exemple. D'abord, est-elle suffisamment digne de confiance ? La réaction de la bourse semble montrer que cette confiance est écornée au premier accroc, y compris quand celui-ci paraît relativement justifiable (qui peut certifier que les demandes rejetées de manière apparemment excessive n'aurait pas demain fait exploser le taux de défauts si elles avaient été acceptées ?). D'autre part, comment spécifier puis juger l'adéquation des « choix » de l'IA à la stratégie de l'organisation et aux attentes de ses actionnaires… auxquels il faudra les décrire précisément ?

Les conséquences de ces interrogations sont insondables. Pour rester sur des dimensions simples, voire superficielles, l'intelligence artificielle, même quand elle n'est pas placée à la tête de l'entreprise, sera de plus en plus dans une position où elle influence directement ses opérations et ses résultats. Le problème de cette tendance émergente est celui de la responsabilité : un dirigeant qui prend de mauvaises décisions est facilement remplacé mais quid d'un logiciel critique pilotant le cœur d'activité et dont les modèles de raisonnement sont largement opaques ?

jeudi 6 novembre 2025

Attaquée, la carte de crédit se réinvente

U.S. Bank
Décidément, les assauts contre la carte de crédit, entre défiance des (jeunes) consommateurs et innovations de la FinTech, finissent par obliger l'industrie à se transformer. U.S. Bank, un des leaders sur le marché américain, lance ainsi une carte spéciale à base de paiement fractionné (également connu sous le célèbre acronyme BNPL).

Ce n'est pas la première incursion de l'institution financière sur ce territoire. Depuis 2021, ses clients ont en effet, avec l'option ExtendPay, la possibilité de convertir à volonté les dépenses de leur carte traditionnelle vers un plan de remboursement fixe, émulant de la sorte le mécanisme popularisé par Klarna et consorts.

Avec la nouvelle offre Split World, la répartition des achats en 3 mensualités, sans aucun frais, devient systématique (ce qui n'interdit pas, bien au contraire, de posséder d'autres cartes, plus conventionnelles, par exemple de débit, pour les règlements au comptant). Utilisable dans tous les points de vente, physiques ou en ligne, du réseau Mastercard, elle simplifie l'accès à la facilité de financement dans la vie quotidienne.

À mi-chemin des avantages de la « vraie » carte de crédit, la solution propose en outre, pour les transactions supérieures à 100 dollars, une faculté d'étalement étendu, sur 6 ou 12 mois, moyennant une commission fixe (ne parlez surtout plus d'intérêts !). Afin d'en bénéficier, dans la limite des plafonds autorisés, bien sûr, il suffit de solliciter la modification dans l'application mobile de la banque avant l'appel de fonds suivant.

U.S. Bank – Split World

Sans véritable surprise de la part d'un vétéran du secteur, Split World reprend, pour son fonctionnement, quelques mécanismes classiques de la carte de crédit. Avant de tenter une souscription, le client est d'abord invité à vérifier son éligibilité, qui n'est donc pas automatique et signale, à l'inverse, l'inscription de l'instrument dans les procédures de gestion des risques standards. Autre similarité, les remboursements sont appelés à date fixe… mais, ici, le client doit payer l'intégralité de son échéance due.

En synthèse, bien qu'elle tende à répliquer un produit récemment déployé par le trublion Klarna aux États-Unis, U.S. Bank conçoit une offre de paiement fractionné adaptée à son modèle et sa culture historiques d'établissement de crédit. Pour le consommateur, notamment dans la génération Z ciblée prioritairement, la combinaison résultante signifie plus de simplicité et un maximum de flexibilité, portée par une marque réputée et digne de confiance. Ces arguments suffiront-ils à les séduire (plus que la concurrence) ?

mercredi 5 novembre 2025

MySofie Pay comble les trous du tiers payant

mySofie Pay
Depuis une petite dizaine d'années, le tiers payant permet à tous les français d'éviter d'avancer leurs frais de santé, pris en charge directement par l'assurance maladie et, souvent, les organismes complémentaires… si ce n'est que les professionnels ne l'ont pas tous adopté. MySofie Pay présente une solution pour pallier ces lacunes.

La jeune pousse s'adresse aux compagnies qui veulent se libérer des contraintes de gestion des demandes de remboursement… et, incidemment, réduire la fraude sur leurs prestations. Dans ce but, elle leur propose de fournir une carte de paiement virtuelle à leurs assurés – à intégrer dans les porte-monnaie mobiles habituels. Ainsi armés, ces derniers règlent leurs consultations médicales et autres factures de soins sans devoir puiser dans leurs réserves en attendant le défraiement auquel ils ont droit.

Afin de simplifier les démarches pour toutes les parties prenantes et éviter – un cauchemar – de devoir jongler entre plusieurs instruments, le dispositif assume aussi le pilotage de la part des dépenses non couverte par les assurances. Lors de son inscription, l'utilisateur est ainsi invité à fournir les coordonnées de sa propre carte de paiement, sur laquelle sa contribution sera alors automatiquement prélevée.

Tout le monde sort gagnant de l'équation. Les patients n'ont plus à débourser des sommes, parfois importantes, qui leur seront restituées plus tard, et s'épargnent la transmission de leurs demandes, moyennant le recours à un outil facile d'utilisation et sécurisé. Selon leur contrat, ils peuvent même utiliser leur carte pour l'ensemble de la famille. Pour les assureurs qui le distribuent, les économies de traitement des dossiers sont immédiates et ils bénéficient d'un effet d'image positive (et innovante).

Accueil mySofie Pay

Profitant des capacités technologiques sur lesquelles elle fonde son produit, mySofie Pay introduit quelques fonctions supplémentaires, impossibles à reproduire dans les processus traditionnels. Par exemple, l'activation obligatoire de la géolocalisation dans son application autorise une vérification du lieu dans lequel l'acte de santé facturé est réalisé (j'espère juste que le cas des visites à domicile est intégré 😉).

La startup en est actuellement à ses débuts aussi subsiste-t-il encore quelques approximations. Il semblerait, entre autres, qu'une étape de configuration soit requise dans son application mobile avant de procéder au règlement, pour la sélection de l'assuré… et du professionnel, qui, idéalement, devrait être identifié dans la transaction. Par ailleurs, une section du site indique que seule la médecine douce serait éligible…

Il n'en reste pas moins que le concept de mySofie Pay porte une promesse attractive, notamment pour l'accessibilité aux soins des personnes en situation de précarité. Elle résonne toutefois un peu étrangement puisqu'elle est conçue pour compléter des mécanismes gouvernementaux qui s'avèrent (partiellement) défaillants.

mardi 4 novembre 2025

BMO lance un coach pour le score de crédit

BMO
Bien que les méthodes d'évaluation de la fiabilité financière des consommateurs se diversifient, le score de crédit traditionnel continue de réguler la capacité d'emprunt de la plupart des américains. Face à cette réalité, BMO déploie une solution destinée à leur procurer les clés de son optimisation, plus complète que celles qui l'ont précédée.

Les banques tentent depuis longtemps d'éduquer leurs clients au principal mécanisme qu'elles mettent en œuvre pour décider de leur accorder un crédit et de ses conditions. Leurs applications « digitales » comportent ainsi fréquemment un accès au score actuel de l'utilisateur, assorti, pour les plus élaborées (par exemple celle de CommBank, en Australie) d'explications détaillées sur les facteurs génériques qui l'influencent, voire une analyse des événements passés qui l'ont fait évoluer au fil du temps.

Avec son Coach Crédit, BMO reprend ces fondations et leur ajoute quelques éléments qui rendent plus concrètes les descriptions relativement théoriques proposées. En premier lieu, l'outil expose la situation individuelle sur chacun des six critères qui déterminent la note finale, ce qui permet de comprendre en un coup d'œil où se trouvent les lacunes à combler. Ensuite, outre une option d'alerte lors de chaque changement (dont j'espère qu'elle s'accompagne d'un éclairage pédagogique sur son origine), vient un module de suivi des tendances, qui décrypte le mode d'exploitation du crédit.

BMO – Coach Crédit

Enfin, et surtout, le logiciel propose un simulateur. Grâce à celui-ci, le client voit directement comment son score (réel) serait affecté par les différentes hypothèses qu'il expérimente : la souscription d'une nouvelle carte de crédit (dont il spécifie le plafond) ou d'un prêt pour acquérir une voiture, l'adoption de comportements plus sains (tels que le règlement à temps de ses factures)… Chacune de ces actions se reflète dans une nouvelle note (fictive mais rigoureusement calculée selon les standards en vigueur), dont il voit immédiatement l'impact qu'elle aurait sur ses projets futurs.

Les progrès sont lents mais, petit à petit, les approches de bien-être financier se raffinent. En ce qui concerne l'accès aux financements, ce que corrige ici BMO est une réserve majeure que j'avais sur les dispositifs antérieurs, trop généralistes dans leurs évocations des conditions d'évaluation, donc difficilement transposables dans des changements d'habitudes, soit parce que peu convaincantes, soit parce qu'appliquées à un degré mal mesuré. La transparence atteint enfin un niveau vraiment utile !

lundi 3 novembre 2025

BBVA sensibilise aux biais comportementaux

BBVA
Parce que les émotions constituent le plus grand facteur de risque auquel sont exposés les investisseurs, la filiale suisse de banque privée de BBVA vient de mettre en ligne un mini-site – accessible librement à tous les internautes – consacré à un décryptage des comportements humains et leurs conséquences sur les décisions financières.

Plus de 40 ans de recherches ont démontré sans ambigüité comment les mécanismes profonds du cerveau – par exemple les réflexes face à la peur, à l'incertitude, l'euphorie… – entraînent des réactions irrationnelles, entachées de biais divers – d'aversion au danger, de confirmation, d'ancrage dans le présent, d'excès de confiance… – qui vont se transformer en choix préjudiciables à la bonne conduite d'un portefeuille… ou, plus généralement, à une gestion saine d'un budget du quotidien.

Avec son portail « Investing in the Mirror », BBVA veut éduquer ses clients (et tous ceux qui seront intéressés) sur le sujet. Dans une approche didactique, il présente d'abord les fondations scientifiques de la finance comportementale puis explique en détail, sous forme didactique, en n'hésitant pas à employer des analogies de la vie courante, les différents éléments susceptibles de perturber un raisonnement objectif. Le visiteur trouvera, entre autres, une analyse de 10 des principaux biais cognitifs et leur impact sur une stratégie ou un focus sur les catastrophes déclenchées par la panique.

L'ensemble se conclut avec quelques recommandations destinées à éviter les symptômes énumérés : un expert proposant une série d'exercices afin de conserver son calme (pendant une tempête boursière, notamment), l'incitation (auto-promotionnelle) à recourir à un conseiller indépendant (en espérant que lui-même soit immunisé contre les biais), une maxime essentielle – garder le cap sur son plan – et, plus original, la suggestion de tenir un journal des émotions et des décisions, pour référence future.

BBVA – Investing in the Mirror

L'initiative de BBVA est certainement utile, tant le pilotage par les émotions engendre d'erreurs sans que ses victimes n'aient conscience du phénomène qu'elles subissent inconsciemment. En revanche, le dispositif, qui se contente d'information – certes rendue digeste et compréhensible – et de préconisations génériques, me laisse sur ma faim. Il semble difficile d'imaginer que quelques contenus suffisent à faire changer durablement l'attitude des consommateurs vis-à-vis de leur portefeuille.

Il ne paraît pourtant pas totalement irréaliste d'imaginer des solutions concrètes et pas obligatoirement complexes. Je pense ainsi à l'ajout de « nudges » (coups de pouce) virtuels au cœur des interactions avec les outils web et mobile, qui attireraient l'attention du client lorsqu'il s'apprête à exécuter une transaction dans un contexte – conjoncturel ou spécifique à l'individu – propice à l'irruption d'un biais. Ces alertes pourraient même se contenter de contextualiser le discours pédagogique d'« Investing in the Mirror »…

dimanche 2 novembre 2025

Le crédit en API selon U.S. Bank

U.S. Bank
Malgré des progrès sensibles au cours de la décennie écoulée, peu d'institutions financières ont développé – et encore moins industrialisé – leurs catalogues de services permettant à leurs partenaires une intégration transparente dans leurs offres. Avec son portail Avvance, dédié au crédit à la consommation, U.S. Bank montre l'exemple.

Dans le monde ultra-connecté d'aujourd'hui, les anciennes méthodes de distribution – remplissage manuel de dossier, transmission de justificatifs imprimés, attente d'un accord pendant plusieurs jours… – ne sont plus viables. La FinTech, entre autres, est passée par là, entre trublions spécialisés et explosion du paiement fractionné (BNPL), avec ses nouvelles pratiques : dorénavant, l'acheteur attend de pouvoir demander un financement sur le point de vente et d'obtenir une décision instantanément.

Pour les acteur historiques, cette révolution des habitudes impose un alignement des processus et des solutions technologiques sur l'état de l'art. Concrètement, il s'agit à la fois d'exploiter des approches différentes en matière de connaissance du client et d'évaluation des risques, de manière à émettre une réponse en quelques secondes, et de permettre aux commerçants, ou à leurs fournisseurs de terminaux d'encaissement, d'embarquer nativement les options de crédit adaptées à leur contexte et leurs besoins.

Le portail d'U.S. Bank présente tout ce qui leur est nécessaire aux entreprises qui veulent se lancer – avec un produit de prêt personnel de 300 à 25 000 dollars, sur 3 à 60 mois, porté par une enseigne réputée. Moyennant une simple inscription, elles ont tout loisir d'accéder à l'ensemble de la documentation, de consulter des exemples d'utilisation, d'interroger les équipes de support de la banque, d'expérimenter leur future implémentation au sein d'un bac à sable…, sans frais et sans engagement.

U.S. Bank Avvance

Si le cœur de la plate-forme est occupé par un jeu d'API complet, avec lequel les partenaires les plus mûrs pourront construire leur solution et l'insérer dans leurs propres parcours avec le maximum de liberté, deux autres possibilités sont proposées, aux capacités de personnalisation plus limitées mais requérant un effort réduit pour leur mise en place : une connexion directe du système du marchand à l'interface graphique d'U.S. Bank, avec identification et authentification transparente (SSO), ou un mécanisme de renvoi du client lui-même vers son application de dépôt d'un dossier.

Dans tous les cas, le parcours de souscription, classique, reste identique. Il commence par la création d'une demande, partagée avec le consommateur, qui doit (bien sûr) remplir quelques informations essentielles, puis envoyée à l'établissement pour pré-accord. Dans l'hypothèse favorable, une requête de paiement est émise, sur laquelle l'emprunteur, s'il confirme son choix, doit finaliser les formalités, jusqu'à la signature. Dès lors, Avvance paye le commerçant et le client commence à rembourser.

Au-delà de la richesse des fonctions qu'elle met à la disposition de ses partenaires (et je n'ai pas parlé des tableaux de bord de suivi, par exemple), U.S. Bank se distingue ici par une maturité encore relativement rare sur le plan de la communication. En effet, une palette d'API ne suffit pas à satisfaire les attentes des adeptes de services financiers enfouis, représentés aussi bien par des décideurs métier que par des développeurs, encore faut-il leur procurer le matériel qui leur est indispensable pour l'exploiter.

samedi 1 novembre 2025

Nationwide œuvre à l'inclusion numérique

Nationwide
Pour les banques britanniques qui réduisent drastiquement leurs réseaux d'agences, l'acculturation de leurs clients aux services en ligne est un impératif absolu. Nationwide, qui a pourtant promis de maintenir son empreinte physique actuelle jusqu'en 2028, n'en engage pas moins un vaste programme de formation pour préparer l'avenir.

Au fil des ans, les études restent obstinées : une immense part de la population du Royaume-Uni – et il ne fait aucun doute que la situation est identique dans les autres pays occidentaux – se trouve exclue de l'économie « digitale ». Alors que l'accès à des facilités essentielles de la vie courante est de plus en plus fréquemment possible uniquement via internet, 11,8 millions de travailleurs adultes n'ont pas le minimum des compétences requises pour exploiter sereinement les outils disponibles et 4,8 millions (7% de la population !) ne se sont même jamais connectés aux réseaux.

Dans ces conditions, et bien qu'elle possède encore plus de 600 succursales sur l'ensemble du territoire britannique, Nationwide est contrainte de réagir. D'une part, son moratoire sur les fermetures prendra fin dans 3 ans et elles suivra alors probablement la tendance générale de ses consœurs. D'autre part, une partie de la transition vers les applications mobiles et web est déjà entamée et les opérations basiques ne sont dès maintenant – ou ne seront bientôt – plus réalisables dans les points de vente.

L'approche adoptée par la banque se veut universaliste, puisque tous les citoyens sont invités, pas uniquement ses clients, à suivre ses sessions pédagogiques. Entièrement gratuites et d'une durée maximale de 30 minutes, celles-ci se déroulent en face à face de manière à permettre à la fois de transmettre des connaissances – par exemple sur la manière de consulter ses comptes, de réaliser un virement ou encore de détecter une tentative d'escroquerie – et de répondre aux questions des participants.

Nationwide – Inclusion Numérique

Depuis le lancement du dispositif, en juillet, plus de 500 de ces événements ont rassemblé plus de 3 000 personnes dans les agences Nationwide, pour des résultats probants : les bénéficiaires sont unanimes à s'estimer plus confiants dans leurs usages et leur score moyen de littératie numérique, tel que mesuré par un test reconnu à l'échelle nationale, a progressé de 6,28 à presque 9 sur 10. Pour l'établissement, il s'agit également d'une opportunité de resserrer ses liens avec les communautés locales, en réaffirmant sa présence face à la quasi désertion de la concurrence.

Naturellement, l'initiative constitue aussi une des innombrables tentatives de l'enseigne de valoriser ses espaces immobiliers, dans un contexte global de diminution inéluctable de leur fréquentation, après ses mises en place successives de refuges pour les victimes d'abus domestiques, d'opérations marketing temporaires, de consultations médicales sur les maladies neuro-dégénératives… Au moins, cette fois, elle œuvre dans son propre périmètre, en cherchant à donner à ses clients, existants et potentiels, les clés de l'accès aux services financiers dans l'univers « digital ».

vendredi 31 octobre 2025

Tous à l'écoute des clients !

imagin
Au sein de la nouvelle fournée de trophées de l'innovation bancaire décernés par l'association Qorus, le premier lauréat à susciter mon intérêt est la filiale « digitale » de CaixaBank, qui donne un sens littéral à un des principes fondamentaux du « design thinking » : écouter le client, afin de mieux comprendre et répondre à ses attentes.

Depuis quelques années, en particulier avec l'avénement des services en ligne et la transformation qu'ils ont engendrée dans les habitudes des consommateurs, nombreuses sont les entreprises, de tous secteurs et partout dans le monde, qui affirment être centrées sur leurs clients, dans la création de produits, dans les modèles de relation, dans la gestion de l'après-vente… Hélas, au-delà des belles déclarations, parfois même quand elles sont sincères, la réalité est plus nuancée.

Certes, il existe souvent, notamment dans les grands groupes, des programmes spécifiques destinées à collecter le ressenti et les critiques, généralement au moyen de questionnaires soumis après une interaction. Mais ils restent relativement génériques, limitant ainsi les opportunités d'identifier les sujets précis de récrimination qui requièrent une attention particulière, et sont surtout exploités dans un but d'auto-satisfaction statistique et non dans une démarche stratégique d'amélioration continue.

Chez Imagin, l'approche est complètement renversée : l'écoute du client n'est pas une question de moyenne des avis partagés, elle porte sur des conversations individuelles, et elle ne se cantonne pas au département marketing (ou, au mieux, aux équipes de design), elle concerne absolument tous les employés ! Chacun d'eux, quel que soit son rôle dans l'organisation, jusque dans, par exemple, la direction informatique ou juridique, est donc invité à écouter chaque mois cinq appels réels au centre de contact.

Imagin – CX Scouting

L'objectif est double. D'une part, il s'agit de, en quelque sorte, forcer les collaborateurs à se questionner sur les problématiques que rencontrent les personnes pour lesquelles, au final, ils œuvrent au quotidien. Dans l'absolu, cette prise de conscience exerce une influence, éventuellement subtile, sur leur manière d'appréhender leur travail, avec empathie (comme le rappelle le nom du dispositif, « écoute empathique »). En pratique, elle constitue aussi un moyen de stimuler la créativité sur l'apport de solutions aux frictions et autres douleurs abordées dans les échanges partagés.

D'autre part, la participation d'individus dont ce n'est pas le métier – et qui occupent une place de tiers passif, idéalement indépendant et objectif dans les conversations – au fonctionnement du centre d'appel ouvre une perspective différente sur ce dernier, ce qui permet de détecter des manques ou des anomalies dans les réponses formulées par les téléopérateurs, qu'il faudra ensuite corriger dans le matériel de formation.

Imagin vante, naturellement, ses résultats, citant entre autres quelques 2 000 suggestions capturées à l'occasion de 2 700 appels analysés en 2024, qui ont débouché sur une centaine de projets proposés, dont 80 ont été implémentés. Quelle que soit sa réalité, l'initiative n'est pas nécessairement la panacée de l'écoute du client mais elle a le mérite de lui donner une enveloppe concrète… et, avantage collatéral notable, elle contribue aussi à renforcer l'engagement des salariés dans leurs missions.

jeudi 30 octobre 2025

Un optimiseur de flux chez SoFi

Logo SoFi
SoFi, néo-banque américaine au catalogue parmi les plus extensifs de sa catégorie, revenait lors de la présentation de ses résultats trimestriels sur le lancement de sa nouvelle solution automatisée d'optimisation des flux d'argent, destinée à ses clients qui ne prêtent pas suffisamment attention à leur situation financière au quotidien.

Propulsé par une intelligence artificielle (évidemment, bien qu'on se demande encore une fois si elle est bien nécessaire), Cash Coach propose à ses utilisateurs, via un simple appui sur le nouveau bouton présent dans leur application mobile, d'analyser en détail l'ensemble de leurs positions sur les différents produits qu'ils détiennent auprès de la jeune pousse et sur ceux d'autres établissements qu'ils auraient connectés à leur profil, de manière à leur recommander une stratégie de rationalisation.

Ce pourrait être une nouvelle habitude d'hygiène budgétaire à prendre : chaque matin, d'un clic, l'agent explore les comptes courants et d'épargne, les portefeuilles d'investissement, les cartes de crédit, les emprunts en cours de son maître… et lui préconise de régler le solde de sa carte grâce à une rentrée d'argent récente, de transférer son excédent de liquidité vers un support rémunéré… Mieux encore, le système peut exécuter l'opération suggérée directement sans autre interaction.

Bien sûr, on se demande immédiatement pourquoi le dispositif, développé, testé en cercle fermé et mis au point discrètement depuis plus d'un an, requiert un acte délibéré de la part du client : il pourrait parfaitement se déclencher spontanément à intervalle régulier et l'interpeller chaque fois qu'il détecte une opportunité de transaction. Il serait de la sorte beaucoup plus susceptible d'être mis à contribution, alors que dans son incarnation actuelle, il risque d'être oublié ou négligé fréquemment. Je soupçonne que ce choix répond à un objectif qui n'est pas celui qu'on aimerait voir privilégié.

En effet, certains analystes considèrent que la motivation profonde de SoFi est, comme nombre de ses pairs, d'encourager les dépôts de ses clients. Pour ma part, je détecte en outre dans l'initiative une tentative complémentaire de stimuler leur engagement avec sa plate-forme. Dans tous les cas, la vision serait hélas plus centrée sur les intérêts de la firme que sur ceux des consommateurs. Même si ces derniers n'ont rien à perdre dans l'histoire, Cash Coach n'est pas totalement en phase avec leurs attentes potentielles.

En adoptant une orientation technique – selon les exemples fournis, sa mission principale consiste à minimiser les frais et maximiser les gains –, il omet notamment de prendre en compte les éventuels projets de l'individu, qui pourrait justifier par exemple d'accumuler une dette au profit d'une cagnotte spécifique. Pour l'exprimer autrement, il n'est pas question de bien-être financier, qui devrait intégrer la dimension humaine de la gestion des finances personnelles. SoFi annonce déjà des évolutions importantes pour l'année prochaine, peut-être ces réserves seront-elles alors levées…

SoFi

mercredi 29 octobre 2025

Tout eToro en API

eToro
À l'occasion de la célébration de son quinzième anniversaire, lors de son sommet annuel, eToro dévoile une nouvelle plate-forme – combinant API, « vibe coding » et App Store – destinée, peut-être, à réinventer (une nouvelle fois !) sa vision originelle du trading social pour l'ère émergente de la programmabilité et de l'intelligence artificielle.

D'emblée, la démarche détonne dans un contexte où toutes les entreprises se précipitent dans le déploiement de l'IA, en général sans véritablement s'inquiéter de son utilité réelle. Ici, et je ne peux qu'en applaudir le pragmatisme et la pertinence, la priorité est mise exclusivement sur les fondations indispensables à des applications vraiment génératrices de valeur. Second exploit, ce socle est construit pour l'ensemble de la communauté rassemblée par la jeune pousse, non pour ses seuls besoins.

La fusée comporte trois étages. Au plus bas niveau, les API constituent les briques sans lesquelles rien ne peut fonctionner de manière fiable, flexible et performante… et que la plupart des organisations qui rêvent d'automatiser leurs processus oublient de mettre en place. Pour eToro, tous ses services seront exposés de la sorte, de manière à permettre aux futurs agents virtuels de piloter et orchestrer toutes les activités disponibles dans son offre : accès aux données de marché, aux portefeuilles, exécution de transactions, gestion des capacités sociales qui sont sa marque de fabrique…

Au-dessus de cette boîte à outils, les clients disposeront de facilités de « vibe coding », qui autorisent, grâce à l'intelligence artificielle, la création d'applications logicielles complètes sans coder, par une simple description en langage naturel. L'objectif est de donner le pouvoir à tous les investisseurs de concevoir et développer, simplement et rapidement, les automatismes dont ils rêvent en profitant de toute la puissance des services existants d'eToro, mise à leur portée à travers les API pré-câblées.

Enfin, au dernier niveau, la firme déploiera un App Store, sur lequel ses utilisateurs auront la faculté de distribuer leurs réalisations, des plus triviales au plus complexes. Il représente de la sorte une autre déclinaison de la culture de collaboration inscrite dans son ADN, initialisée avec le partage de stratégies de trading et maintenant étendue à l'outillage. Au-delà du levier d'accompagnement qu'elle peut procurer aux clients (notamment débutants), une telle ouverture est également un catalyseur d'innovation.

Aussi séduisant soit le modèle imaginé par eToro, il est peu probable (malheureusement) qu'il conquière l'ensemble de l'industrie financière à brève échéance. En revanche, il pourrait tout de même inspirer les grands groupes qui installent des plates-formes d'IA à tort et à travers pour leurs employés et se désolent de leur faible rentabilité. Et si, au lieu de ces initiatives hasardeuses, elles commençaient par mettre en place le même genre de socle technologique, à usage uniquement interne ? Les opportunités d'optimisation et d'innovation seraient certainement décuplées…

eToro