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C'est pas mon idée !

mardi 29 octobre 2024

Payer avec ses objets d'occasion

Tiptop
Les grandes enseignes d'électronique, entre autres, proposent souvent à leurs clients de reprendre leurs anciens matériels pour un prix plus ou moins généreux déduit de leur achat. La jeune pousse américaine Tiptop veut désormais généraliser ce principe en transformant les objets d'occasion en un moyen de paiement comme un autre.

L'aventure a commencé il y a quelque temps avec la propre boutique de la startup, en guise de démonstrateur. Offrant quelques gadgets populaires – consoles de jeu, accessoires informatiques, lunettes de réalité augmentée… –, sa spécificité apparaît lors de l'étape de règlement. Vous pouvez en effet choisir, en quelques gestes, de revendre un produit que vous n'utilisez plus en déduction du montant qui vous est réclamé.

Les évaluations – intégrant un coefficient d'usure, le cas échéant – sont instantanées sur chacune des plus de 50 000 références prises en charge, couvrant des domaines variés, des téléphones et ordinateurs personnels jusqu'aux appareils électroménagers, en passant par les outils, la HiFi, quelques instruments de musique, des équipements de camping… Elles représenteraient des milliards de dollars de capital dormant.

Après contrôle d'éligibilité, la plupart des utilisateurs, qui devront être préalablement enregistrés sur la plate-forme, disposent également d'une option de paiement en 4 fois (sans frais). S'ils la retiennent, la valeur de l'objet cédé est en général déduite immédiatement du total à débourser (qui reste alors ajustable), tandis que, dans le cas contraire, ils bénéficieront d'un remboursement une fois l'article envoyé et vérifié.

Échange Tiptop

Le site marchand de Tiptop n'était donc qu'une mise en bouche et le système est depuis peu distribué auprès de tous les e-commerçants, sous la forme d'un module de règlement à ajouter aux classiques cartes de crédit, PayPal, Apple Pay…, sans incidence sur leurs opérations, les détails logistiques et financiers leur étant invisibles. Il est fourni prêt à l'emploi dans la majorité des solutions du marché (Shopify, Magento, SAP…). L'objectif est de rendre universel le paiement par revente d'occasion.

Pour son fondateur, Tiptop constitue un facteur d'accroissement du pouvoir d'achat des américains, chaque foyer recélant une moyenne de 2 500 dollars de produits abandonnés, alors que leur durée de vie utile tend à s'allonger et qu'ils pourraient facilement entamer une deuxième existence. La simplicité et la transparence de l'expérience client sont les critères clés du déverrouillage de ces opportunités.

En revanche, et le fait est hélas caractéristique des États-Unis, à aucun moment il n'est question de l'enjeu environnemental sous-jacent, alors qu'il devrait prendre une place primordiale dans l'équation. La remise en circulation des objets devenus superflus ou obsolètes n'est pas qu'un geste économique, elle est aussi un acte écologique.

lundi 28 octobre 2024

Un autre argument pour l'assurance à l'usage

USAA
L'américaine USAA publie les résultats d'une enquête relativement originale sur les outils de suivi du comportement au volant, en établissant un évident parallèle avec son approche de l'assurance basée sur les usages, qui exploite la même technologie. Étonnamment, elle ne semble pas avoir repéré l'opportunité que recèle son travail…

À l'occasion de la semaine de la sécurité routière des adolescents, l'institution a interrogé les parents de jeunes de 16 à 20 ans sur les appréhensions qu'ils éprouvent lorsque leur progéniture prend son autonomie d'automobiliste. Sans surprise, au vu des statistiques (dont le seul fait que les accidents de la route sont la première cause de mortalité entre 15 et 18 ans), la quasi totalité des répondants expriment leur inquiétude, citant des facteurs tels que la distraction au volant ou l'inexpérience en général.

Or il s'avère que presque la moitié d'entre eux cherchent à maîtriser leurs angoisses grâce aux outils mobiles modernes qui leur permettent de surveiller leurs enfants (avec leur consentement, peut-on tout de même supposer) pendant qu'ils conduisent, en particulier leur niveau de prise de risque, qu'il s'agisse de vitesse pure, de pratiques d'accélération et de freinage, d'agressivité dans les virages ou encore de leur propension à consulter leur téléphone au lieu de garder les yeux fixés sur la route.

Sans surprise, puisque de nombreux études – dont celles réalisées par des compagnies d'assurance dans le monde entier – ont déjà démontré ces effets, les résultats sont probants. La plupart des parents perçoivent concrètement que le recours à ces logiciels exerce une influence positive sur les comportements, que ce soit par la prise de conscience par les intéressés de leurs habitudes, par les retours formulés par les applications ou via les conversations qu'elles suscitent dans les familles.

USAA SafePilot

Ce dernier aspect, cité par plus de la moitié des adeptes de solutions d'observation, met à mal la position d'USAA quand elle vante son produit d'assurance comportementale SafePilot comme une option équivalente d'autant plus attractive qu'elle offre des réductions de prime (jusqu'à 30%) aux automobilistes vertueux. Certes, le principe fondamental est identique et son impact sur la conduite, en termes de réduction des risques, est justement celui qui autorise la concession d'un avantage. Cependant, pour les jeunes, il lui manque cette composante essentielle.

Visiblement, le partage d'information entre les parents et les enfants représente un axe important de responsabilisation – donc d'efficacité de la démarche – pour les seconds, tout autant que d'apaisement des angoisses – et de confiance – des premiers. Il serait probablement assez facile à activer dans le cadre de la souscription d'une extension de garantie pour celle ou celui qui vient d'obtenir son permis. Il paraîtrait ainsi logique que la possibilité soit automatiquement proposée dans l'application mobile. Si USAA n'y pense pas, les autres assureurs déployant ce genre d'approche devrait l'envisager.

dimanche 27 octobre 2024

Prédictions Gartner : IA et pessimisme

Gartner
Comme chaque année à l'occasion de ses symposiums, Gartner livre sa fournée de prédictions pour les départements informatiques et leurs utilisateurs, en complément de ses tendances. Dans le prolongement de ces dernières, l'intelligence artificielle est au centre des attentions de cette édition et l'avenir qu'elle dessine n'est pas rose.

Sur les 10 que compte la liste, un seul pronostic n'a aucun lien direct avec l'IA… mais il n'est pas particulièrement réjouissant, puisqu'il concerne l'addiction « digitale » et ses effets néfastes sur la productivité, sur le stress et la santé mentale, sur les relations sociales, en particulier chez les jeunes. Pour fixer les idées, un milliard de personnes pourraient être affectées en 2028, engendrant la mise en place de véritables politiques de désintoxication, à base de travail « analogique », dans 70% des entreprises.

Passons rapidement en revue les impacts – peut-être – positifs de l'intelligence artificielle, dans deux domaines très différents. Pour les instances dirigeantes des organisations, tout d'abord, son utilisation commencera à émerger pour l'assistance à la prise de décision, lentement avec une adoption encore marginale en 2029. Dans le secteur de la santé, en revanche, elle sera largement déployée afin de soulager les difficultés croissantes des professionnels, notamment face aux exigences des patients.

Passons sur la tentation ridicule mais inoffensive des responsables de marketing – dont ceux de 30% des sociétés de l'indice S&P500 à horizon de 2028 – d'user et, probablement, d'abuser de l'étiquette GenAI ou quelque-chose-GPT afin de renouveler leurs catalogues ou leurs modèles d'affaires. En réalité, il me semble que le mouvement est déjà bien entamé… et pas toujours avec des approches très convaincantes. Ne serions-nous donc qu'au tout début d'une immense vague d'IA-washing ?

Prédictions Gartner

Les risques directs sont évidemment présents dans ce panorama, en particulier les détournements d'agents intelligents à des fins malveillantes, de la part de collaborateurs (mécontents, par exemple) ou d'agresseurs externes : voilà une nouvelle dimension d'exposition aux attaques, qui ne manquera pas d'être exploitée. Par ailleurs, les décideurs informatiques imposeront des « gardiens » chargés de surveiller et encadrer les résultats des actions exécutées par les agents intelligents dont ils se défient.

Il reste enfin une série de prédictions potentiellement dignes d'une dystopie, entre les clauses contractuelles des employés qui les contraindront à céder les droits sur leurs données personnelles ingérées par l'entraînement des modèles et le recours à l'IA pour la rationalisation des hiérarchies, conduisant à la disparition des managers intermédiaires, en passant par les outils – tels que l'analyse de sentiment – destinés à évaluer – voire manipuler – les comportements, au nom de la productivité.

Je garde le pire (à mon avis) pour la fin : les grands groupes consacreront 500 milliards de dollars d'ici 2027 à la création de micro-réseaux énergétiques qui leur garantissent autonomie et résilience face à une explosion de la consommation que tous perçoivent comme inéluctable, sans se préoccuper des enjeux climatiques… et sociaux à l'échelle globale. Les annonces de Google et Amazon autour du développement de petits réacteurs nucléaires montrent qu'il ne s'agit hélas pas d'une hypothèse en l'air.

Devant de telles perspectives, on ne peut que se poser la question : la course effrénée à l'intelligence artificielle est-elle raisonnable ? Même sans imaginer des scénarios (lointains) de prise de pouvoir par les machines, ne nous conduit-elle pas vers un monde qui n'a rien de désirable ? Mais sommes-nous capables de nous arrêter ?

samedi 26 octobre 2024

Lloyds simplifie les paiements entre proches

Lloyds Bank
Voilà une idée qui aurait pu (et dû) être implémentée depuis des années et qui, aujourd'hui, arrive un peu tard dans un marché plutôt encombré de solutions de paiement entre amis. La fonction proposée par Lloyds dans son app mobile mérite pourtant de s'y attarder, entre autres pour son exploitation des mécanismes de banque ouverte.

Moins utile quand il s'agit d'initier un règlement, Link Pay est conçu pour les circonstances dans lesquelles vous souhaitez rappeler à vos amis qu'ils doivent vous rembourser leur quote-part d'une dépense commune ou quand vous demandez à un membre de votre famille de vous avancer de quoi tenir jusqu'à la fin du mois (par exemple). Il vous suffit de choisir l'option ad hoc dans votre application bancaire, de préciser un montant et un motif et d'envoyer votre requête à votre correspondant.

Qu'il la reçoive sous la forme d'un lien inclus dans un SMS ou dans un message WhatsApp ou Messenger, généré automatiquement, ou encore via un QR Code, dans le cas d'une interaction face à face, le débiteur est accompagné dans la réalisation de l'opération par l'intermédiaire d'une connexion « open banking » standard. Sur son téléphone, il est redirigé vers le logiciel de sa banque (quelle qu'elle soit) où il ne lui reste qu'à valider le transfert, qui parvient à son destinataire quelques minutes plus tard.

Le mode de fonctionnement retenu offre de multiples avantages, en particulier en comparaison d'un virement classique, dont il partage les fondations. Non seulement il est inutile de communiquer les informations de compte mais, de surcroît, celles-ci restent confidentielles. Pour l'émetteur, l'expérience est largement simplifiée puisqu'il n'est plus nécessaire de créer un nouveau bénéficiaire auprès de sa banque, et la confirmation de la transaction est fluide… au moins quand elle est exécutée sur mobile.

Lloyds Bank – Link Pay

Ainsi décrit, le système pourrait aisément supplanter, sur les cas d'usage les plus fréquents, les outils indépendants de paiement entre pairs qui prolifèrent depuis une décennie faute de réponse appropriée – c'est-à-dire facile à mettre en œuvre – des institutions financières à un besoin pourtant élémentaire. Il est, notamment, universel par essence, puisqu'il n'impose pas le recours à un instrument additionnel, il est d'emblée à portée de clic de tous les clients de Lloyds Bank… et il ne coûte rien.

Dans une certaine mesure, Link Pay est la prise de conscience par un acteur traditionnel d'une attente non satisfaite, dont l'opportunité a été saisie depuis longtemps par des trublions agiles et sur laquelle les premières tentatives de riposte par l'industrie bancaire (pensez à PayLib, Zelle…) se sont égarées en cherchant à copier à l'identique leurs nouveaux concurrents… sans penser d'abord à capitaliser sur les possibilités inédites que leur offrait leur position spécifique. Il est plus que temps de rectifier le tir !

vendredi 25 octobre 2024

La finance aussi simple que l'e-commerce

MoneyLion
Depuis plus d'une décennie, MoneyLion accompagne les américains dans leurs décisions financières, grâce à une combinaison de conseil personnalisé et de produits variés. Elle s'attaque désormais à une autre problématique – universelle – de l'industrie : les insupportables frictions de l'entrée en relation et de la souscription.

Qui n'a jamais pesté contre ces formulaires sans fin qu'il faut impérativement remplir, toujours avec les mêmes informations, pour ouvrir un compte bancaire, solliciter un prêt, obtenir une carte de crédit, mettre en place un portefeuille d'investissement…? Et, si vous parvenez à comprendre pourquoi la corvée se rejoue quand vous vous adressez à un fournisseur qui ne vous connaît pas, quelle animosité entretenez-vous à l'égard de votre interlocuteur habituel répétant le même supplice lors de chaque opération ?

Avec MoneyLion Checkout, ces désagréments appartiennent au passé et, comme son nom le sous-entend, l'expérience utilisateur se fait aussi simple et rapide que pour un achat en ligne. Pour ce faire, après une unique validation d'identité, la jeune pousse collecte les données nécessaires en amont, à partir de sources diverses : le client lui-même pour quelques éléments essentiels et, surtout, les agences de notation, les comptes bancaires… (moyennant autorisation explicite de l'intéressé).

Dès lors, la solution se charge de compléter automatiquement les documents exigés lors d'une demande de devis comme pour la signature d'un contrat. En outre, afin d'apporter un surcroît de valeur aux établissements qui commercialisent leurs offres par son intermédiaire, au-delà de la fluidité du processus, elle propose également à ces derniers d'établir un filtrage préalable sur la base de ces mêmes données, de manière à ne proposer leurs services qu'à une cible appropriée et éligible, pour plus d'efficacité.

MoneyLion Checkout

Le nouveau dispositif est, bien sûr, embarqué au sein de la plate-forme historique de MoneyLion destinée directement aux consommateurs. Mais il se trouve aussi intégré – avec un accès aux informations des millions d'utilisateurs enregistrés (sous leur contrôle) – dans le socle technique distribué, sous la marque Engine, auprès des institutions financières et autres acteurs du secteur. Plus de 500 d'entre eux bénéficient ainsi dès maintenant de ses avantages dans leurs parcours d'acquisition.

Dans une large mesure, la démarche de rationalisation engagée par MoneyLion est une évidence face au défi que représente son catalogue élaboré avec 1 200 partenaires aux pratiques hétérogènes. Mais elle devrait l'être autant pour des banques qui, même avec une poignée de lignes d'activité, totalement isolées les unes des autres, semblent incapables d'assurer leur cohérence au niveau de l'expérience client. Faut-il vraiment en arriver à déployer une plate-forme tierce pour remédier à une telle absurdité ?

jeudi 24 octobre 2024

Chase ouvre des agences haut de gamme

Chase
Tandis que la plupart des banques – au moins dans les pays développés – cherchent à réduire l'étendue de leur réseau d'agences, quelques acteurs, notamment parmi les géants américains, poursuivent leur expansion… et finissent par s'égarer entre des injonctions contradictoires, comme l'illustre le cas de J.P. Morgan Chase.

En dépit des questions génériques qui se posent quant à l'avenir des implantations physiques dans un monde de plus en plus « digital », le gigantisme du territoire et la dynamique des populations peuvent expliquer pourquoi certains établissements suivent une trajectoire particulière aux États-Unis : il s'agit encore d'investir des régions à fort potentiel où la présence actuelle est jugée insuffisante. Selon cette perception, la baisse de fréquentation moyenne n'empêche pas des rééquilibrages locaux.

Il y a un peu de cette même logique dans le nouveau format qui vient d'être lancé. Dans les zones à forte densité de clientèle, à commencer par San Francisco et New York où il s'installe maintenant, la création de lieux dédiés au segment de la banque privée – baptisés « Centres Financiers » – prend un certain sens. Le service y est adapté aux besoins de la cible visée, moins axés sur les transactions et privilégiant les échanges, en salon fermé, avec un interlocuteur attitré et une approche de type conciergerie.

Le raisonnement comporte pourtant un défaut majeur. En effet, si le principe retenu paraît légitime dans un marché de volume – l'objectif est, par exemple, pour les « Centres Communautaires » de capter et fidéliser les résidents de quartiers défavorisés mal servis jusqu'alors –, il génère une anomalie dans un contexte où prime la qualité de la relation. La clientèle haut de gamme est de fait divisée entre ceux qui ont accès aux « Centres Financiers » et ceux qui en sont trop éloignés pour en profiter.

La différence de traitement introduite de la sorte est néfaste, a minima pour l'image de la banque chez les seconds – qui compte énormément dans ce secteur spécifique – et, au pire, dans l'offre mise à leur disposition, quand bien même ils ne représenteraient, à terme (quand sera déployée la totalité des quelques 30 implantations prévues d'ici 2026), qu'une petite minorité de clients. L'erreur est d'autant plus injustifiable que, contrairement à une époque où l'agence était le seul moyen d'interaction avec la banque, il est désormais possible de développer des modèles à distance performants.

Au final, c'est une bizarre combinaison qui émerge chez J.P. Morgan Chase, écartelée entre la volonté, louable, d'apporter un haut niveau de personnalisation à la relation avec les clients les plus précieux et le réflexe historique de concentrer les efforts sur des espaces physiques… qui ne peuvent évidemment pas remplir ce rôle pour tous. Le déraillement ne serait pas si grave si les outils numériques proposés étaient à la hauteur des attentes… mais ce n'est pas le cas et ce devrait être la priorité absolue.

Agence Chase

mercredi 23 octobre 2024

Uprise, le conseil financier aux PME

Uprise
Uprise a commencé son aventure en 2022, aux États-Unis, avec un outil destiné à accompagner les particuliers dans leurs décisions financières. Depuis un an, elle a changé de cible – mais pas de philosophie – et elle distribue donc désormais son approche de conseil en priorité à l'intention des petites et moyennes entreprises.

Aujourd'hui, il existe de plus en plus de fournisseurs qui se préoccupent des besoins des PME et sont prêts à leur procurer tous les produits et services – bancaires ou autres – nécessaires à leur fonctionnement, souvent avec un niveau de personnalisation élevé. Cependant, les intéressés ont rarement les compétences requises afin de savoir comment les exploiter à bon escient et personne ne leur vient en aide. Jusqu'à l'irruption d'Uprise qui vise justement à répondre à cette lacune béante.

Commercialisée auprès des éditeurs de plates-formes – de gestion de comptabilité, de ressources humaines, de taxes… – qu'utilisent déjà les entreprises, la solution ajoute à celles-ci, de manière transparente, un guidage opérationnel vers les « bons » choix, déterminés à partir des données présentes dans le système hôte et des informations disponibles publiquement. Des domaines variés sont couverts, depuis la sélection d'un plan de retraite pour les employés jusqu'à l'optimisation fiscale, par exemple.

Les recommandations émises, qui prennent en compte de nombreux paramètres (taille, localisation, secteur…) afin de s'adapter aux principales préoccupations de chaque dirigeant, sont (évidemment !) préparées par des algorithmes d'intelligence artificielle. Mais, et la startup insiste sur cette particularité, elles sont systématiquement reprises et transmises par un opérateur humain, autant par prudence qu'en raison d'une conviction intime de l'impératif d'entretenir une relation en personne sur les sujets financiers.

Uprise Financial Advisory

Les attentes en matière de conseil sont aussi importantes – et aussi mal satisfaites – chez les consommateurs que chez les professionnels, mais le « pivot » engagé par Uprise est compréhensible, d'une part parce que les différences d'une structure à l'autre rendent d'autant plus critique la contextualisation des suggestions (alors qu'une logique de segmentation suffit à élaborer un premier niveau d'assistance pertinent pour des individus)… et aussi parce que le modèle économique est plus facile à identifier.

On perçoit pourtant ce qui fait que cette stratégie est complexe (ou ambitieuse ?). Quoi qu'en disent les fondateurs, l'accompagnement humain constitue un handicap pour une croissance exponentielle et seule l'automatisation massive permettrait d'envisager de conquérir des millions de clients. Malheureusement, le degré de spécialisation requis face à leur diversité reste à ce jour difficile à faire appréhender à des modules logiciels, quand bien même ils sont équipés d'IA. Incidemment, c'est la raison pour laquelle les institutions financières traditionnelles peinent à ajuster leurs offres aux PME.

mardi 22 octobre 2024

Inquiétantes tendances Gartner 2025

Gartner
À l'occasion du lancement en Floride de sa saison des Symposiums IT, Gartner publie son traditionnel palmarès des tendances technologiques pour les années à venir. L'intelligence artificielle y figure évidemment en bonne place mais la perspective particulièrement futuriste retenue pour cette édition ouvre également le champ à d'autres thématiques importantes ou surprenantes.

Sur le front de l'IA, d'abord, le point de vue des analystes part du postulat (difficilement contestable) de son installation permanente dans le paysage des systèmes d'information des entreprises. Il entraîne deux impératifs défensifs, dont l'urgence commence à se faire sentir : d'une part, l'introduction de protections contre la désinformation, c'est-à-dire vis-à-vis des usages nuisibles par des tiers, et d'autre part, le déploiement d'une gouvernance outillée permettant notamment de maîtriser les enjeux légaux et éthiques.

En parallèle, les applications de l'intelligence artificielle évolueront de la seule fourniture d'information à ce que l'on pourrait nommer l'IA proactive (Agentic AI en anglais), à savoir l'ajout de facultés de prise de décision et d'action autonomes en réponse à un objectif déterminé par l'utilisateur. Dans le contexte d'un département informatique, son implémentation pourrait conduire à l'émergence de systèmes capables de remplir des tâches variées, par opposition à leurs fonctions pré-programmées actuelles.

Face à cette transformation, Gartner maintient sa vision des synergies entre humain et machine, parmi lesquelles son sujet fétiche d'informatique spatiale, avec ses interactions mixtes physiques et virtuelles. Passons sur les robots multi-fonctions bientôt prêts à s'immiscer dans un environnement pensé pour l'homme, l'irruption des améliorations neurologiques, via des connexions directes au cerveau, dans une optique de maintien à niveau des individus dans un univers envahi par l'IA, surprend ici par sa précocité.

Tendances Gartner 2025

Entre ces deux pôles, il est également question des mutations qui affectent le cœur des calculateurs, dont la première est la transition depuis une approche historique de processeur universel vers un assemblage de multiples technologies spécialisées, chacune adaptée à des usages privilégiés. Ce nouveau paradigme hybride est déjà visible avec les puces dédiées aux algorithmes d'apprentissage automatique, il devrait se prolonger avec des concepts de réseaux optiques, de circuits neuromorphiques…

Naturellement, une des promesses dans ce domaine est portée par les ordinateurs quantiques. Gartner y fait cependant référence en priorité sous un aspect bien précis : la cryptographie post-quantique. Avant même que les solutions ne soient prêtes, il s'agit de développer et de mettre en œuvre des mécanismes de sécurité capables de résister à leurs futures prouesses. Comme je l'évoquais encore il y a quelque jours, désormais le temps presse face à une menace qui se concrétise rapidement.

Toujours dans le registre du hardware, je ne m'attarderai pas sur les capteurs de l'intelligence ambiante, qui restent pour l'instant (et depuis longtemps) cantonnés à des activités ciblées, entre autres dans la logistique. Plus étonnant, car largement incompatible avec la plupart des autres tendances, les analystes mettent l'accent sur les exigences d'efficacité énergétique de l'informatique moderne. L'espoir (un peu chimérique) est de voir naître des innovations matérielles répondant à ce défi.

En comparaison des années précédentes, cette nouvelle collection de tendances me semble prendre une tournure pessimiste inhabituelle, qui reflète probablement la conjoncture générale. Entre les mesures de protection – contre la désinformation, l'informatique quantique… – et les propositions qui relèvent de la prévention, autant pour les entreprises – gouvernance de l'IA – que pour les individus – implants neurologiques –, l'avenir esquissé par Gartner n'apparaît guère enthousiasmant

lundi 21 octobre 2024

Un autre volet de la modernisation informatique

Lloyds Bank
On sait – même si nombre de responsables refusent d'affronter la réalité en face – combien l'informatique bancaire est handicapée par des composants obsolètes. En revanche, on pense moins souvent à une autre dimension dans laquelle l'héritage du passé impose ses contraintes inacceptables au XXIème siècle : les pratiques en vigueur dans les DSI des institutions financières traditionnelles.

Prenons l'exemple, anecdotique mais ô combien révélateur, de cette annonce de Lloyds Bank informant ses clients que, en raison d'une évolution apportée à ses systèmes, ils ne pourront réaliser aucun virement durant les petites heures du samedi 19 octobre. Certes, la population impactée par cette interruption de service est probablement très limitée, le choix du créneau correspondant vraisemblablement à une période d'usage habituel minimal et sa durée étant raisonnable (si tout se déroule comme prévu).

Cette pratique n'en est pour autant plus admissible pour une génération d'individus désormais accoutumée à une accessibilité permanente de leurs outils du quotidien. Il n'est pas seulement question de celles et ceux qui, peut-être de l'autre côté de la planète, auraient besoin d'exécuter un transfert d'urgence au milieu de la nuit, d'autant plus frustrés s'ils n'ont pas vu passer l'alerte. La seule publication de l'événement constitue aussi pour tous un rappel du retard technologique de l'établissement.

Et qu'est-ce qui justifie de suspendre de la sorte une fonction à l'occasion d'une mise à jour logicielle ? Dans bien des cas, le coupable est une conception ancienne des applications n'autorisant pas les remplacements « à chaud ». Mais il existe aussi un facteur comportemental, un réflexe qui conduit à perpétuer des usages qui n'ont plus de raison d'être. On peut soupçonner celui-ci d'être à l'œuvre ici puisque la modification portait sur la plate-forme de « faster payments », par nature relativement récente.

Lloyds Bank – Busy Making Things Better

Quoi qu'il en soit, quelque part dans la chaîne de décision, quelqu'un a confirmé qu'il n'était pas très grave d'interrompre un service, pourtant critique, pendant quelques heures, soit que ses subordonnés ait affirmé qu'il n'y avait pas d'autre option, soit parce que c'est la méthode qui a toujours été employée. Dans cet état d'esprit, rien ne sera jamais fait en vue d'envisager une autre manière de faire… comme celle que montrent tous les jours les startups de la FinTech (et d'autres secteurs, incidemment).

Il faudrait encore noter que ces travaux de nuit représentent un risque pour le système d'information : outre la nécessité de faire intervenir des collaborateurs en dehors des heures normales de travail, dans l'hypothèse d'un incident imprévu, les experts requis pour le diagnostiquer et le traiter ne seront peut-être pas disponibles et un petit problème peut alors rapidement déboucher sur une catastrophe. Les mécanismes de déploiement transparents, par palier, sont aujourd'hui la norme et ils assurent à la fois une expérience optimale pour les clients et une meilleure réponse quand survient une anomalie.

dimanche 20 octobre 2024

Klarity, l'assurance sur mesure des PME

Klarity Assurance
Voilà une belle rencontre, que j'ai faite à l'occasion de l'événement FinTech R:Evolution 2024, avec Ying Liang, fondatrice de Klarity, jeune pousse qui propose depuis son démarrage en 2022 des solutions d'assurance réellement ajustées au plus près des besoins des petites entreprises, en abordant l'un après l'autre leurs métiers si variés.

La promesse se concrétise dès la page d'accueil de la startup : au lieu d'une invitation générique à demander un devis, plus ou moins spécialisé dans la suite du parcours, le visiteur découvre d'abord une série de catégories d'activité – à ce stade de son développement, la liste est limitée aux diagnostiqueurs immobiliers, aux agences immobilières et aux courtiers – et leurs garanties associées. Ce n'est qu'après avoir sélectionné celles qui vous intéressent que vous obtiendrez une offre.

Naturellement, toutes les démarches s'effectuent en ligne (avec une assistance humaine optionnelle), avec la simplicité et la réactivité devenues la norme de notre siècle. Et il ne s'agit pas de paroles en l'air : la connaissance intime des domaines visés permet de réduire les questionnaires aux seules caractéristiques véritablement pertinentes pour chacun d'eux. L'ensemble du processus ne prend alors que quelques minutes, jusqu'à la souscription et la délivrance d'une attestation, immédiatement après la simulation.

L'avantage le plus important de l'approche réside cependant dans la personnalisation des garanties incluses. Chaque secteur professionnel comporte ses propres risques, à des niveaux différents : de la conformité à un corpus réglementaire précis jusqu'aux responsabilités engagées dans l'exercice des missions, en passant aussi par le matériel nécessaire. Chaque contrat prend en compte ces particularités, par conception, procurant la certitude d'une couverture vraiment adaptée, sans superflu.

Accueil Klarity

Klarity est ainsi un des très rares acteurs de l'AssurTech (ou, plus largement, de la FinTech) à s'attaquer sérieusement à l'opportunité de la contextualisation des produits, tellement critique pour les PME et les TPE. Ces dernières sont en effet les plus mal servies par les grandes institutions financières en raison de l'extrême diversité de leurs configurations, incompatible avec les modèles de segmentation macroscopique du marché grand public autant qu'avec l'accompagnement individualisé mis à la disposition des grandes structures, justifiable par le chiffre d'affaires considéré.

La technologie présente l'avantage d'autoriser le niveau de spécialisation requis pour cette cible gigantesque mais éclatée, dans une équation économique viable. Aujourd'hui, Klarity commence par se préoccuper de domaines mal pris en charge par les assurances traditionnelles mais, au fil de ses avancées, elle bâtit une infrastructure qui lui permettra bientôt de décliner rapidement et efficacement, à moindre coût, des solutions parfaitement ajustées à toutes sortes d'activités professionnelles.