À l'instar de nombreux autres acteurs de l'industrie qui manipulent des masses gigantesques de données financières, révélant une partie de la vie des utilisateurs de leurs services, Mastercard dévoile à son tour une suite de solutions permettant d'évaluer la fiabilité des consommateurs en complément – ou en remplacement ? – du score de crédit.
Avec Credit Intelligence, la firme reprend une promesse maintes fois entendue : quand un emprunteur potentiel ne dispose pas d'un historique suffisant pour avoir établi sa réputation auprès des agences de notation spécialisées, il est possible de recourir à d'autres sources de données plutôt que d'écarter sa demande sans autre forme de procès. Avec son réseau qui traite les opérations de paiement par carte de ses porteurs, Mastercard est naturellement bien placée pour se positionner sur ce créneau.
Déjà exploitée par quelques-uns de ses partenaires aux États-Unis, au Brésil, en Australie…, la plate-forme propose d'accéder, via un jeu d'API spécifique, à des informations riches issues de l'analyse du profil et des transactions réalisées par la personne évaluée (dont elle dérive une connaissance, par exemple, des catégories principales de ses achats, des montants concernés…). Des modèles propriétaires transforment ensuite cette matière brute en une estimation du risque de défaillance.
En comparaison de ses concurrents, de plus en plus nombreux, Mastercard vante évidemment la portée étendue de son « radar », dans un monde où les règlements par carte deviennent majoritaires, et sa capacité à capturer les tendances en temps réel, ce qui joue à la fois sur la qualité des résultats fournis pour un individu mais également sur la performance de ses algorithmes, qui peuvent être réactualisés au fur et à mesure des évolutions conjoncturelles globales ou locales, par un entraînement permanent.
A priori, Credit Intelligence est destiné aux émetteurs désireux de développer leurs activités de prêt. Mais un autre scénario de mise en œuvre semble possible… du côté des acquéreurs. Imaginez un terminal de paiement reconnaissant un client grâce à sa carte de paiement, qui se verrait automatiquement proposer un financement, son éligibilité étant formellement validée en arrière-plan sans autre friction que la sollicitation de l'accord du porteur sur le partage de ses données (déjà intégrée, bien sûr).
Malgré son avantage considérable en termes d'accès à un trésor de matière première, Mastercard arrive tardivement sur le marché, encombré, de l'analyse des données de finances personnelles. Cependant, son métier d'origine est susceptible de lui offrir des opportunités d'usage inédites. A contrario, la marque n'étant pas en première ligne dans l'esprit des consommateurs, elle aura peut-être des difficultés à faire accepter son intrusion dans leur vie privée, même avec les précautions réglementaires nécessaires.



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