Le régulateur de la finance britannique n'a jamais manqué d'imagination pour encourager l'industrie à mieux servir ses clients. Mais il peut également commettre des erreurs stratégiques… et je pense que ce « support ciblé » qu'il souhaite lancer au printemps prochain en fait partie, ne serait-ce qu'en raison de son anachronisme.
Le diagnostic initial est incontestable et résonnera chez les responsables de tous les pays développés. Une part importante des citoyens de la classe moyenne possèdent une épargne significative (la FCA cite notamment les plus de 7 millions de personnes au Royaume-Uni disposant d'au moins 10 000 livres sterling)… sans profiter de toutes les opportunités qu'elle est susceptible de leur offrir, parce qu'ils laissent leur argent dormir sur un compte courant ou sur un compte à intérêt fixe présumé sans risque.
Le principal frein au recours à des instruments plus performants (sur le long terme) étant le manque de connaissances et d'accompagnement, l'idée qui vient naturellement consiste à développer les démarches de conseil de la part des professionnels. En conséquence, la FCA propose donc d'autoriser la promotion de l'investissement – y compris pour les plans de retraite – par segment de clientèle, sans l'obligation existante de procéder à une analyse complète et individualisée de la situation de chacun.
Inscrit dans la logique du « devoir au consommateur » (« consumer duty »), le mécanisme devrait être strictement encadré, jusque dans la définition des clauses contractuelles qui devront être transmises aux intéressés et dans les contraintes imposées de garantir que les recommandations formulées vont dans le sens de l'intérêt du client, lui permettant d'atteindre une meilleure position. Des consultations sont encore en cours afin de finaliser d'autres évolutions destinées à peaufiner ces exigences.
Je peux certes comprendre le raisonnement du régulateur, qui constate un déficit dramatique d'assistance financière (elle concerne une personne sur dix), explicable par le coût qu'elle représente, sans aucun espoir de rentabilité avec les approches traditionnelles, et qui conduit de plus en plus fréquemment ceux qui ont un pécule à se tourner vers leurs proches ou vers les réseaux sociaux pour obtenir l'aide qu'ils désirent, avec tous les risques que comportent ces options – totalement hors de contrôle.
Pour autant, la solution retenue me paraît en complet décalage par rapport aux besoins… et à ce qui est possible aujourd'hui. En effet, les réticents à l'investissement expriment plus ou moins explicitement leur attente d'être pris par la main, qui ne sera évidemment pas satisfaite par des suggestions indifférenciées (dont, de surcroît, la frontière avec des campagnes marketing sera ténue et, de ce fait, inspireront d'autant moins confiance). Surtout, les technologies modernes permettraient de renverser le problème : au lieu d'accepter un conseil standardisé, la FCA serait plus inspirée de stimuler les progrès autour de l'ultra-personnalisation de la relation « digitale ».



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