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C'est pas mon idée !

mercredi 3 décembre 2025

Zillow se rétracte sur le risque climatique

Zillow
L'initiative était trop belle pour durer… surtout dans l'Amérique de Trump. Il y a à peine plus d'un an, le leader des annonces immobilières en ligne Zillow ajoutait des informations de risque climatique à ses descriptions de propriétés. Sous la pression des agences, elles ont été retirées, laissant ainsi les acheteurs potentiels dans l'ignorance.

Fournies par le spécialiste First Street et élaborées à partir de modèles validés scientifiquement, les données dont il est question comprenaient cinq indicateurs de sensibilité aux inondations, aux incendies, au vent, à la chaleur et à la qualité de l'air, assortis de recommandations appropriées, notamment en termes d'assurance. À l'époque de la mise en place de cette rubrique environnementale, Zillow affirmait répondre de la sorte aux préoccupations de ses utilisateurs face au nombre important de résidences mises en vente exposées à l'un ou l'autre des aléas considérés.

Mais les professionnels du secteur n'ont pas apprécié et l'ont fait savoir, affirmant que l'affichage de ces informations leur faisait perdre une partie de leur chiffre d'affaires. La plate-forme a donc cédé et montre ainsi qui sont ses vrais clients, ceux dont il faut prendre soin. Ce ne sont pas les acquéreurs, qui devront désormais se contenter d'un lien discret en bas de page, grâce auquel ils pourront tout de même continuer à obtenir les mêmes renseignements indispensables, directement sur le site du fournisseur.

Pour la plupart des visiteurs, insuffisamment curieux, le retrait de la rubrique signifie qu'ils s'engageront dans un des actes les plus importants de leur existence, sans disposer de tous les éléments nécessaires à une prise de décision éclairée et rationnelle. Dans un contexte où le dérèglement du climat a des impacts toujours plus lourds et étendus, conduisant les assureurs à se retirer de régions entières, le rêve d'une vie a une probabilité croissante de devenir un cauchemar, sans filet de sécurité.

De manière générale, le choix de Zillow d'abandonner un outil essentiel pour la transparence des transactions est entaché de falsifications dont la thématique environnementale est coutumière. Il s'agit d'abord des tentatives des agences de discréditer les évaluations de First Street (par exemple en réfutant un danger d'inondation dans un lieu, sous prétexte qu'il n'en a pas connu depuis 40 ans). Les pertes de revenus elles-mêmes relèvent probablement de l'affabulation, le risque climatique n'étant qu'un critère parmi tant d'autres de modulation du prix d'un bien.

Ce triste épisode m'inspire deux réflexions, en plus de l'inconséquence de Zillow. D'une part, il s'inscrit dans une tendance de fond inquiétante, qui voit le « réalisme » économique reprendre l'avantage sur les exigences environnementales (mes guillemets visent à souligner que ce n'est qu'un mirage, surtout à long terme). Et ne nous y trompons pas : le désengagement est loin d'être confiné aux États-Unis. D'autre part, il prouve par l'absurde que, quoi qu'en pensent les réfractaires, l'approche réglementaire est le seul moyen de progresser dans certains domaines stratégiques.

Zillow

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