Le fait est suffisamment rare pour s'y arrêter : sept mois après le déploiement par Monzo d'une fonction originale destinée à lutter contre les arnaques au faux conseiller bancaire, ING en implémente sa propre version. Peut-être n'est ce qu'une coïncidence, mais il paraît probable que la seconde capitalise sur l'inspiration fournie par la première.
La méthode est désormais bien connue : un appel téléphonique, émanant apparemment d'un numéro de téléphone officiel de la banque (dans les cas les plus sophistiqués), et un interlocuteur qui se présente comme un employé de l'établissement et tente de convaincre le client, dans l'urgence, de lui transférer une somme d'argent sous un prétexte ou un autre, en général une prétendue escroquerie imminente. Ces attaques auraient causé 28 millions d'euros de dommages en 2023 aux Pays-Bas.
La parade qu'a imaginée Monzo et que réplique donc maintenant ING consiste simplement à intégrer dans son application mobile un indicateur de communication en cours. Dans le cas d'un contact suspect, il suffit de le consulter afin de savoir d'un coup d'œil si l'individu qui affirme appeler pour le compte de la banque est légitime ou s'il faut raccrocher immédiatement. Naturellement, la limite du dispositif est son caractère volontaire, et il faudra donc régulièrement inciter les clients à réaliser la vérification.
Si la solution retenue est (presque) évidente dans son principe, sa mise en œuvre peut receler des complications insoupçonnées, notamment au niveau des interactions entre les systèmes informatiques et téléphoniques de l'entreprise. La capacité d'ING à la développer quelques mois après une startup représente un exploit… surtout si elle a commencé son projet après avoir découvert celui de sa consœur britannique.
Par ailleurs, dans une démarche altruiste dont l'enseigne ne tirera que peu de bénéfices, la responsable des risques déclare qu'elle partagera son expérience avec ses concurrentes (sans préciser, il est vrai, jusqu'à quel point… se contentera-t-elle d'en diffuser les résultats ou ira-t-elle jusqu'à distribuer sa technologie ?). A minima, une généralisation peut contribuer à inculquer un bon réflexe chez les consommateurs.
Alors que les campagnes de sensibilisation échouent à changer les comportements et en attendant que les opérateurs de télécommunication assument leur responsabilité et interceptent les usurpations de numéro afin d'éliminer un terrible facteur aggravant, ce qui devrait enfin arriver cette année en France, toutes les techniques méritent d'être expérimentées dans la lutte contre les malversations bancaires. Et, visiblement, quand les enjeux sont là, certaines banques savent parfois faire preuve de réactivité.
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