Depuis plusieurs mois, l'actualité donne peut-être l'impression que le monde entier est obnubilé par l'intelligence artificielle… mais une étude issue d'un institut de Stanford spécialisé dans ses tendances montre pourtant que les investissements en la matière chutent pour la deuxième année consécutive. Un sain retour à la raison ?
En intégrant toutes les catégories d'opérations, la baisse s'établit à 20% en 2023 par rapport à 2022, avec un déclin particulièrement sensible dans les fusions-acquisitions, qui sont passées de 117 milliards à moins de 81 milliards de dollars. Simultanément, le nombre de startups financées à explosé de 40%, atteignant un record de 1812, tandis que les méga-transactions à plusieurs milliards, indispensables pour les grands modèles gloutons en capital (des géants de la technologie, en général), se sont poursuivies.
La maturité atteinte dans l'élaboration de ces fondations explique néanmoins probablement une partie du ralentissement. Dans un mouvement inverse, en revanche, l'IA générative a connu une embellie massive, probablement passagère, dans le sillage de l'engouement médiatique pour ChatGPT, avec une multiplication par 9 des fonds engagés sur un an… en notant toutefois qu'elle ne représente qu'environ un quart du total (et il faut se réjouir de voir que la mode n'emporte pas tout sur son passage).
Pour la majorité des observateurs, le marché est aujourd'hui entré dans une phase de réalisme déclenchée par la prise de conscience de l'excès d'optimisme qui prévalait précédemment. Plusieurs signaux sous-jacents, sur différents axes, semblent ainsi confirmer que les projections initiales de rentabilité relèvent sinon de l'utopie du moins d'un rêve à très long terme, entraînant à la fois une normalisation des valorisations et une plus grande prudence vis-à-vis des nouvelles opportunités du secteur.
Il devient désormais apparent, par exemple, que la mise en œuvre effective de l'intelligence artificielle sur des cas d'usage concrets est beaucoup plus complexe et délicate que ne le laissait supposer les premières expérimentations. Une récente enquête du BCG soulignait ainsi que, contrairement à une perception entretenue par quelques déclarations tonitruantes, la moitié des dirigeants dans les entreprises ne croient guère aux promesses de la technologie et craignent ses approximations.
Ce n'est évidemment pas la fin de l'histoire pour l'IA. En revanche, le changement d'attitude des investisseurs constitue un réveil après une période d'illusion : ils comprennent (enfin !) que la partie se joue sur une échéance lointaine et ils apprennent à analyser objectivement et rationnellement les dossiers qui leur sont soumis. Les organisations potentiellement utilisatrices – dont, il est vrai, quelques-unes commencent à adopter une position sceptique similaire – auraient tout intérêt à en faire de même.
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