Un article de l'Agefi nous apprend que la secrétaire d'état au numérique, Marina Ferrari, déclarait à l'occasion de la Paris Blockchain Week que les institutions financières françaises et européennes n'avancent pas assez vite à son goût sur la blockchain. Et illustre ainsi tristement pourquoi une expertise technique minimale est désormais essentielle dans la gouvernance des entreprises… et de l'état.
Mon propos ne concerne pas tant le manque de clairvoyance qu'exprime la responsable quant au potentiel réel du concept en question, qui a longtemps fait illusion et continue à avoir ses adeptes (comme en témoigne l'événement qui rassemblait, paraît-il, 10 000 participants, sur une thématique toutefois élargie), que sa méconnaissance de son évolution dans le secteur financier au cours de la décennie écoulée, ayant abouti à moult déconvenues et, pour finir, à l'admission quasi généralisée de sa vacuité.
À un niveau caricatural caractéristique de l'univers politique, Marina Ferrari, qui n'a, apparemment, aucune formation ni expérience touchant de près ou de loin à l'informatique, cède au réflexe naturel du candide séduit par des idées présentées comme révolutionnaires, sans être en mesure d'y exercer son esprit critique. Elle succombe de la sorte aux sirènes de la blockchain mais aussi du web3, de l'intelligence artificielle… quitte à disperser les efforts et les budgets à un point d'inefficacité totale.
Si j'aborde ce sujet ici, c'est parce que la situation est identique dans les grands groupes de la finance. Bien que le contrôle des dépenses ait tendance à limiter les dérives dans le temps, le phénomène d'émerveillement joue pleinement dans leurs choix stratégiques, avec les investissements correspondants, parfois démesurés. Raison pour laquelle les récentes résolutions de la BCE en matière de compétences « digitales » dans les instances dirigeantes sont salutaires et donc indispensables.
Dans des organisations où règne habituellement une prudence excessive, celle-ci devrait aussi être déployée face aux modes technologiques qui déferlent dorénavant à un rythme soutenu. Dans ce domaine comme dans n'importe quel autre, plus les promesses sont alléchantes, plus il faut les considérer avec précaution. Il peut toujours être utile de lancer quelques expérimentations mais il est impératif de réaliser une analyse objective et contradictoire, à 360°, avant tout engagement massif. À défaut, tout est prioritaire et les vraies opportunités finiront quand même par être manquées.
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