Perpétuellement inquiet de la pression réglementaire sur toutes les formes de crédit, le géant du paiement fractionné Klarna joue régulièrement la carte de la transparence. Avec le lancement de son Wikipink, ce sont les marchés américain et britannique qu'il vise cette fois, dans une tentative à peine dissimulée de détourner l'attention.
Sous un angle positif, l'initiative a au moins le mérite de fournir un intéressant aperçu des usages des services de la jeune pousse, qui ne correspondent pas nécessairement aux stéréotypes. Tel est le cas, en particulier, pour le profil type des utilisateurs, de moins en moins discriminé : la forte représentation initiale des jeunes, bien qu'elle reste sensible (la moitié des adeptes ont moins de 35 ans), tend à disparaître et les plus de 50 ans constituent désormais la catégorie connaissant le plus de croissance.
Naturellement, Klarna met surtout un point d'honneur à illustrer les bonnes habitudes de ses clients, reflets supposés de son attention à leur bien-être financier (grâce à l'intelligence artificielle, bien sûr) et, plus généralement, de son éthique. Ainsi, plus de 95% de ceux qui recourent au paiement en 4 fois règlent leur dû en temps et en heure (un tiers remboursent même en avance), tandis qu'environ un quart seulement des retardataires (1% du total) font réellement défaut (ils sont 0,4% au Royaume-Uni).
Outre le filtrage des demandes en amont, un facteur essentiel de cette performance, mis en avant par la FinTech et indiscutable, tient à l'information des emprunteurs. Selon une enquête, ces derniers confirment largement qu'ils comprennent leur engagement dans une opération de crédit et qu'ils s'exposent à des sanctions s'ils n'en respectent pas les conditions. Quoi qu'en dise Wikipink avec ses comparaisons hasardeuses, les pénalités sont alors suffisamment dissuasives pour limiter la délinquance.
Klarna a beau jeu, dans son obsession de se présenter sous ses meilleurs atours dans un environnement de requins, d'établir le parallèle avec les cartes de crédit, entre les records d'encours des citoyens américains, les taux d'intérêt faramineux prélevés sur ceux-ci, l'opacité qui règne sur l'ensemble des frais perçus et, il est vrai, les pratiques douteuses de nombreux émetteurs. Il s'agit cependant d'instruments totalement différents, qui engendrent automatiquement des raisonnements artificiels. Leur flexibilité, par exemple, est sans commune mesure et laisse aisément imaginer que les personnes en délicatesse avec leurs échéances de BNPL les reporte sur leur carte.
La transparence que vante Klarna est, sans équivoque, une qualité primordiale, autant dans sa relation quotidienne avec ses utilisateurs que dans sa démonstration de sa déontologie (qui pourrait s'inscrire dans une démarche de responsabilité sociale). Malheureusement, son insistance à se positionner par rapport à des concurrents présumés, quitte à déformer un peu la réalité, nuit gravement à la sincérité du geste. Surtout quand des acteurs indépendants, qui prennent du recul sur leur analyse et observent la situation globale des populations, dressent un portrait moins flatteur.
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