Le mois écoulé a été riche d'actualités dans le domaine des paiements sur mobile, avec les annonces plus ou moins prometteuses d'Apple, Microsoft et Google mais aussi les dernières nouveautés de Square et de son concurrent européen iZettle, ainsi que les initiatives de banques, de Kaching au porte-monnaie virtuel S-money de BPCE... Mais ce ne sont là que les plus visibles. Revenons donc sur quelques innovations plus discrètes mais parfois plus disruptives.
Commençons par le sujet le plus en vogue actuellement, depuis le lancement et le succès retentissant de Square : le terminal de paiement sur mobile. Un des entrants les plus récents est mPowa, lancé au Royaume-Uni et présenté comme disponible pour le monde entier. Sa particularité est d'être la première solution du genre à accepter les cartes à puces et l'authentification du porteur par saisie du code PIN.
Afin de rester conforme aux règles de sécurité en vigueur le dispositif proposé par mPowa intègre à la fois le lecteur de carte et le clavier, permettant au client de valider les transactions avec son code. Pour un meilleur confort d'utilisation, la connexion sécurisée de l'appareil au smartphone du commerçant s'appuie sur une interface Bluetooth, largement répandue aujourd'hui.
Afin de rester conforme aux règles de sécurité en vigueur le dispositif proposé par mPowa intègre à la fois le lecteur de carte et le clavier, permettant au client de valider les transactions avec son code. Pour un meilleur confort d'utilisation, la connexion sécurisée de l'appareil au smartphone du commerçant s'appuie sur une interface Bluetooth, largement répandue aujourd'hui.
Naturellement, il existe déjà plusieurs produits approchants, notamment chez les fabricants traditionnels de terminaux de paiement, mais ceux-ci étaient jusqu'à maintenant hors de prix. Or, un des facteurs de succès de l'offre Square, bien compris par mPowa, est la gratuité de la mise en place. Son modèle économique repose donc exclusivement sur les commissions prélevées sur les paiements, sans frais d'installation ou d'abonnement
Malheureusement, le niveau de ces commissions (0,25% pour la seule utilisation du terminal, hors gestion des paiements) est plutôt élevé et risque de dissuader les marchands qui prêtent attention à ces conditions. Il faut peut-être voir là l'effet direct du choix de "subventionner" l'équipement nécessaire, certainement plus onéreux que le petit lecteur de piste magnétique de Square...
Malheureusement, le niveau de ces commissions (0,25% pour la seule utilisation du terminal, hors gestion des paiements) est plutôt élevé et risque de dissuader les marchands qui prêtent attention à ces conditions. Il faut peut-être voir là l'effet direct du choix de "subventionner" l'équipement nécessaire, certainement plus onéreux que le petit lecteur de piste magnétique de Square...
Swipe & Pay est un autre cas, un peu étrange, dans le même secteur. Il s'agit apparemment d'une émanation du Singapourien Swiff dédiée au marché français. Pourtant, rien dans l'offre ne semble avoir été adapté au contexte national, avec un lecteur de piste magnétique, difficilement acceptable en Europe, et un site web sommaire dont la procédure d'inscription est factice...
Notons que dans ces deux cas (mPowa et Swipe & Pay), les fournisseurs sont focalisés sur le terminal de paiement lui-même : le premier ne propose qu'en option de prendre en charge l'acquisition et le second laisse tout le traitement des paiements à la banque du commerçant.
Un avantage notable de ce choix est de pouvoir offrir un service en marque blanche aux institutions financières (explicitement, dans le cas de mPowa). En revanche, il limite la facilité d'adoption pour les utilisateurs (qui doivent négocier un contrat avec leur banque) et risque de handicaper le développement futur de services à valeur ajoutée. En ce sens, il est donc difficile de considérer ces deux solutions comme réellement concurrentes de Square.
Notons que dans ces deux cas (mPowa et Swipe & Pay), les fournisseurs sont focalisés sur le terminal de paiement lui-même : le premier ne propose qu'en option de prendre en charge l'acquisition et le second laisse tout le traitement des paiements à la banque du commerçant.
Un avantage notable de ce choix est de pouvoir offrir un service en marque blanche aux institutions financières (explicitement, dans le cas de mPowa). En revanche, il limite la facilité d'adoption pour les utilisateurs (qui doivent négocier un contrat avec leur banque) et risque de handicaper le développement futur de services à valeur ajoutée. En ce sens, il est donc difficile de considérer ces deux solutions comme réellement concurrentes de Square.
Dans un tout autre registre, Walla.by peut paraître rétrograde avec sa carte en plastique, très "20ème siècle". Il ne s'en agit pas moins d'une combinaison redoutablement efficace d'une technologie éprouvée (la dite carte) avec une application mobile, qui rend l'ensemble extrêmement versatile.
Le principe en est simple : lors de son inscription, l'utilisateur crée un porte-monnaie virtuel, matérialisé par la carte Walla.by, auquel il associe toutes ses cartes de crédit. Deuxième étape, grâce à l'application mobile qui lui est fournie, il va pouvoir définir quelle carte utiliser pour chaque type de dépenses qu'il réalise. A partir de ce moment, chaque fois qu'il règle un achat avec sa nouvelle carte, la transaction est imputée sur le compte correspondant à sa préférence.
Le principe en est simple : lors de son inscription, l'utilisateur crée un porte-monnaie virtuel, matérialisé par la carte Walla.by, auquel il associe toutes ses cartes de crédit. Deuxième étape, grâce à l'application mobile qui lui est fournie, il va pouvoir définir quelle carte utiliser pour chaque type de dépenses qu'il réalise. A partir de ce moment, chaque fois qu'il règle un achat avec sa nouvelle carte, la transaction est imputée sur le compte correspondant à sa préférence.
Walla.by rappelle la carte programmable de Geode, sans les complications "matérielles" de cette dernière. Elle vise donc à simplifier la vie des consommateurs, en rassemblant tous leurs moyens de paiement dans un instrument unique mais universellement accepté. Dans une certaine mesure, elle apporte aussi une sécurité supplémentaire, puisque les cartes "réelles" de l'utilisateur peuvent être conservées dans un endroit sûr et la carte virtuelle peut être "programmée" à la demande.
L'approche est aussi beaucoup plus rationnelle que les tentatives précédentes de cartes à piste "dynamique", ouvrant bien plus de possibilités, y compris, peut-être, une adaptation aux cartes à puces de rigueur dans nos régions. Et même si les français possèdent moins de cartes de crédit que leurs homologues américains, le système pourrait aussi être utile avec des programmes de fidélité, des coupons de réduction...
L'approche est aussi beaucoup plus rationnelle que les tentatives précédentes de cartes à piste "dynamique", ouvrant bien plus de possibilités, y compris, peut-être, une adaptation aux cartes à puces de rigueur dans nos régions. Et même si les français possèdent moins de cartes de crédit que leurs homologues américains, le système pourrait aussi être utile avec des programmes de fidélité, des coupons de réduction...
Poursuivons avec une information qui tient de l'anecdote mais illustre néanmoins les idées intéressantes que peut stimuler la technologie NFC, en dehors du monde du mobile : MasterCard a testé un bracelet de paiement sans contact auto-rechargeable à l'occasion du festival de l'ile de Wight (au Royaume-Uni).
Plusieurs milliers de festivaliers ont reçu le bracelet avant l'événement, leur donnant accès au site et leur permettant de créer et alimenter un compte pré-payé. Pour la première fois dans ce genre de systèmes (qui devient courant), ils ont également pu opter pour un rechargement automatique de leur compte, intervenant à chaque fois que le solde atteint un seuil pré-déterminé.
Voilà un cas d'utilisation où le téléphone pourrait être utilisé mais où, finalement, un accessoire basique suffit amplement à remplir la fonction attendue.
Plusieurs milliers de festivaliers ont reçu le bracelet avant l'événement, leur donnant accès au site et leur permettant de créer et alimenter un compte pré-payé. Pour la première fois dans ce genre de systèmes (qui devient courant), ils ont également pu opter pour un rechargement automatique de leur compte, intervenant à chaque fois que le solde atteint un seuil pré-déterminé.
Voilà un cas d'utilisation où le téléphone pourrait être utilisé mais où, finalement, un accessoire basique suffit amplement à remplir la fonction attendue.
Autre actualité en provenance de MasterCard (mais qui, en réalité, concerne aussi Visa), celle-ci prend la forme d'un partenariat avec ShopKick, qui n'est pas sans rappeler certaines expérimentations d'American Express (par exemple avec FourSquare). Avec cet accord, les utilisateurs de ShopKick pourront bénéficier de promotions additionnelles simplement en payant avec leur carte.
Pour mémoire, ShopKick a inventé un dispositif (sonore mais inaudible) à installer dans les boutiques, qui permet de localiser avec précision (contrairement à FourSquare) les smartphones situés à proximité. Avec sa technologie, la société propose aux commerçants de déployer des programmes marketing auprès de leurs visiteurs. Désormais, en associant leur carte de paiement à leur compte ShopKick, les porteurs recevront des offres supplémentaires pour chaque achat qualifié réalisé avec cette carte.
Les offres liées à la carte ("CLO" ou Card-Linked Offers) sont décidément en plein essor. Quoi de plus logique en effet, pour remplacer les traditionnelles cartes de fidélité en plastique, les bons de réduction en papier et autre systèmes archaïques, que d'associer un numéro de carte à un compte client et appliquer automatiquement, au paiement, les offres disponibles ? C'est à se demander si les initiatives à la "PassBook" d'Apple ont réellement un avenir dans ce domaine...
Pour mémoire, ShopKick a inventé un dispositif (sonore mais inaudible) à installer dans les boutiques, qui permet de localiser avec précision (contrairement à FourSquare) les smartphones situés à proximité. Avec sa technologie, la société propose aux commerçants de déployer des programmes marketing auprès de leurs visiteurs. Désormais, en associant leur carte de paiement à leur compte ShopKick, les porteurs recevront des offres supplémentaires pour chaque achat qualifié réalisé avec cette carte.
Les offres liées à la carte ("CLO" ou Card-Linked Offers) sont décidément en plein essor. Quoi de plus logique en effet, pour remplacer les traditionnelles cartes de fidélité en plastique, les bons de réduction en papier et autre systèmes archaïques, que d'associer un numéro de carte à un compte client et appliquer automatiquement, au paiement, les offres disponibles ? C'est à se demander si les initiatives à la "PassBook" d'Apple ont réellement un avenir dans ce domaine...
Pour conclure cette série, je m'interroge sur l'annonce vantant les 4 millions de clients conquis, dans les 10 pays où il est déployé depuis 2008, par le porte-monnaie mobile (essentiellement) africain Orange Money.
D'un côté, la comparaison avec les 17 millions d'utilisateurs de M-Pesa pour le seul Kenya donne à penser que les résultats ne sont pas mirobolants. Et le fait que, parmi les clients de l'opérateur dans les pays concernés, 14% seulement aient adopté la solution ne fait que confirmer cette impression. Mais d'un autre côté, il est précisé que le volume des transactions atteindrait 1 milliards de francs CFA (environ 1,5 millions d'euros) en Côte d'Ivoire, ce qui me semble tout de même respectable.
Quoi qu'il en soit, ce niveau d'activité laisse difficilement imaginer qu'Orange Money soit très rentable pour ses deux créateurs (Orange et BNP Paribas). Le succès de M-Pesa a pu faire croire que le paiement mobile serait un eldorado en Afrique mais la réalité est tout autre : l'alchimie d'un service populaire est subtile et l'adoption massive n'est pas automatique.
D'un côté, la comparaison avec les 17 millions d'utilisateurs de M-Pesa pour le seul Kenya donne à penser que les résultats ne sont pas mirobolants. Et le fait que, parmi les clients de l'opérateur dans les pays concernés, 14% seulement aient adopté la solution ne fait que confirmer cette impression. Mais d'un autre côté, il est précisé que le volume des transactions atteindrait 1 milliards de francs CFA (environ 1,5 millions d'euros) en Côte d'Ivoire, ce qui me semble tout de même respectable.
Quoi qu'il en soit, ce niveau d'activité laisse difficilement imaginer qu'Orange Money soit très rentable pour ses deux créateurs (Orange et BNP Paribas). Le succès de M-Pesa a pu faire croire que le paiement mobile serait un eldorado en Afrique mais la réalité est tout autre : l'alchimie d'un service populaire est subtile et l'adoption massive n'est pas automatique.
bravo une fois de plus pour ce post. J'ai juste 3 remarques à chaud:
RépondreSupprimerje me demande quel est le degre de sécurité de mpowa qui utilise le bluetooth (dans le contexte actuel d'attaques sur la sécurité du NFC).
Walla.by ne semble pas avoir de puces ce qui me semble de facto le réduire aux cartes de fidélité sans paiement.
la multiplication de ces systèmes est pour moi leur premier ennemi.
@Jean-pierre N'oublie pas que Walla.by est aux USA donc pas de cartes à puce (ou très peu).
RépondreSupprimerEncore une fois un article très intéressant ! J'avais repéré l'initiative Walla.by, qui me semble être la première vraie nouveauté dans le paiement depuis quelques temps.
RépondreSupprimerPour la comparaison de m-pesa et d'Orange Money, il faut voir le contexte particulier du Kenya, où Safaricom est l'opérateur d'état très largement leader du marché, donc avec de grande facilités pour obtenir une licence bancaire et pour investir.
Merci à tous pour vos commentaires (et désolé pour le délai de publication de celui de Pierre, il a été pris pour un spam...).
RépondreSupprimerPour compléter les réflexions :
- Les échanges en Bluetooth sont faciles à sécuriser, je ne suis pas inquiet de ce côté.
- Walla.by n'utilise effectivement que la piste magnétique (c'est plus facile) mais le concept peut être aisément décliné sur une carte à puce.
- Orange s'est associé avec BNP Paribas pour ne pas être embarrassé de problèmes de licence, me semble-t-il.
Pour infos, nous avons croisé à Finovate 2012 à Londres Handpoint qui présente une solution équivalent à mPowa http://handpoint.com/ . Meme principe d'un lecteur + clavier séparé qui communique en bluetooth avec le terminal mobile.
RépondreSupprimerSelon leur dire 200 000 transactions quotidienne passeraient par leur système.
Sylvain Fagnent
Octo Technology