Nous avions déjà une ribambelle d'experts nous expliquant qu'il est indispensable, de nos jours, d'enseigner le développement logiciel à nos enfants, voilà qu'il faudrait en plus qu'ils apprennent comment fonctionnent ordinateurs, smartphones, internet… de manière à savoir correctement se défendre contre les dangers omniprésents.
Cette nouvelle injonction nous arrive, entre autres, par la plume de Chase Cunningham, analyste pour Forrester, qui s'inquiète, à l'occasion de la rentrée scolaire, des cours de cybersécurité proposés à sa progéniture. Au niveau des classes élémentaires, le programme évoque les notions de hacking, les bases de la protection contre les risques courants, l'utilisation de Facebook… Il s'indigne alors de l'absence totale de présentation de ce qu'est un PC ou un smartphone, comment opère un réseau WiFi…
L'idée paraît de bon sens : partant du principe que l'humain ne peut maîtriser que ce qu'il comprend, il faut impérativement appréhender les mécanismes fondamentaux à l'œuvre dans les outils informatiques pour bien les exploiter. Malheureusement elle est aussi fausse qu'irréaliste. Si elle était appliquée, il faudrait, par exemple, connaître les entrailles du moteur pour conduire une voiture, il faudrait comprendre l'électricité avant d'allumer la lumière… et nos années d'école se prolongeraient sans fin.
En réalité, chaque étape du « progrès » humain consiste à faire évoluer une technologie jusqu'au point où elle peut s'émanciper de son domaine réservé, devenir accessible au plus grand nombre… et servir de point d'appui à d'autres avancées. Ceux qui la conçoivent et qui l'améliorent continuellement sont des experts, qui en dominent tous les tenants et aboutissants, mais la majorité n'a qu'à ingérer quelques règles d'utilisation pour en profiter. Il en a toujours été ainsi et notre époque n'est en rien différente.
Ceci étant, le réflexe de Chase Cunningham n'est pas surprenant car il est révélateur de la transition que nous vivons actuellement. Pour nous qui avons participé à l'émergence de l'informatique et de l'internet, il semble naturel de devoir s'intéresser à leurs moteurs et à leurs fondations pour se les approprier. Mais les générations qui nous suivent, à commencer par les « digital natives », ont, elles, basculé dans la phase de banalisation, où ils sont devenus des outils de la vie courante, avec un simple mode d'emploi.
En conséquence, non seulement ces jeunes considèrent-ils ces technologies de la même manière que leurs aînés perçoivent l'automobile ou l'électricité, c'est-à-dire comme une « commodité » vitale, mais la plupart d'entre eux n'ont, en outre, aucune espèce d'envie de savoir comment tout ces objets qu'ils manipulent depuis leur naissance remplissent leur fonction. La seule option pédagogique disponible dans ce contexte est donc de soigner le « mode d'emploi » (l'objet du cursus qui consterne Chase Cunningham).
Alors qu'une nouvelle mode affirme que les « digital natives » ne sont qu'une vue de l'esprit et que ce n'est pas la date de naissance qui détermine les comportements, il est utile de prêter attention à cette divergence de perspectives qu'on oublie facilement. En effet, elle induit – principalement, même si ce n'est pas exclusif, chez les moins de 25 ans – des attitudes fondamentalement différentes face aux outils modernes, qui rendent totalement anachroniques les manières de les aborder de l'ère précédente.
Cette nouvelle injonction nous arrive, entre autres, par la plume de Chase Cunningham, analyste pour Forrester, qui s'inquiète, à l'occasion de la rentrée scolaire, des cours de cybersécurité proposés à sa progéniture. Au niveau des classes élémentaires, le programme évoque les notions de hacking, les bases de la protection contre les risques courants, l'utilisation de Facebook… Il s'indigne alors de l'absence totale de présentation de ce qu'est un PC ou un smartphone, comment opère un réseau WiFi…
L'idée paraît de bon sens : partant du principe que l'humain ne peut maîtriser que ce qu'il comprend, il faut impérativement appréhender les mécanismes fondamentaux à l'œuvre dans les outils informatiques pour bien les exploiter. Malheureusement elle est aussi fausse qu'irréaliste. Si elle était appliquée, il faudrait, par exemple, connaître les entrailles du moteur pour conduire une voiture, il faudrait comprendre l'électricité avant d'allumer la lumière… et nos années d'école se prolongeraient sans fin.
En réalité, chaque étape du « progrès » humain consiste à faire évoluer une technologie jusqu'au point où elle peut s'émanciper de son domaine réservé, devenir accessible au plus grand nombre… et servir de point d'appui à d'autres avancées. Ceux qui la conçoivent et qui l'améliorent continuellement sont des experts, qui en dominent tous les tenants et aboutissants, mais la majorité n'a qu'à ingérer quelques règles d'utilisation pour en profiter. Il en a toujours été ainsi et notre époque n'est en rien différente.
Ceci étant, le réflexe de Chase Cunningham n'est pas surprenant car il est révélateur de la transition que nous vivons actuellement. Pour nous qui avons participé à l'émergence de l'informatique et de l'internet, il semble naturel de devoir s'intéresser à leurs moteurs et à leurs fondations pour se les approprier. Mais les générations qui nous suivent, à commencer par les « digital natives », ont, elles, basculé dans la phase de banalisation, où ils sont devenus des outils de la vie courante, avec un simple mode d'emploi.
En conséquence, non seulement ces jeunes considèrent-ils ces technologies de la même manière que leurs aînés perçoivent l'automobile ou l'électricité, c'est-à-dire comme une « commodité » vitale, mais la plupart d'entre eux n'ont, en outre, aucune espèce d'envie de savoir comment tout ces objets qu'ils manipulent depuis leur naissance remplissent leur fonction. La seule option pédagogique disponible dans ce contexte est donc de soigner le « mode d'emploi » (l'objet du cursus qui consterne Chase Cunningham).
Alors qu'une nouvelle mode affirme que les « digital natives » ne sont qu'une vue de l'esprit et que ce n'est pas la date de naissance qui détermine les comportements, il est utile de prêter attention à cette divergence de perspectives qu'on oublie facilement. En effet, elle induit – principalement, même si ce n'est pas exclusif, chez les moins de 25 ans – des attitudes fondamentalement différentes face aux outils modernes, qui rendent totalement anachroniques les manières de les aborder de l'ère précédente.
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