Depuis le début de l'année, ING fait sensiblement évoluer son organisation, notamment en actant l'entrée de son responsable informatique au comité de direction. En revanche, les opérations, auxquelles il était précédemment rattaché et qui changent de tête le mois prochain, conservent toujours la transformation dans leur giron…
La séparation des rôles engagée et la montée en grade de Ron van Kemenade sont parfaitement logiques et des mouvements similaires sont mis en œuvre dans d'autres institutions financières, dont, par exemple, BNP Paribas. La « digitalisation » du secteur, accélérée par la pandémie, entraînant la prise de conscience de l'importance stratégique des technologies pour les métiers et leur avenir, celui ou celle qui en a la charge a désormais sa place au plus haut niveau de décision de l'entreprise.
Mais qu'en est-il donc de la transformation ? Chacun sait que le sujet est extrêmement délicat dans toutes les grandes enseignes et que rares sont celles qui peuvent légitimement considérer en avoir fait le tour aujourd'hui. Au vu de son abandon récent d'un vaste chantier de modernisation, il paraît difficile de croire qu'ING fasse partie de ces dernières. Elle donne pourtant l'étrange impression, à travers son positionnement, de reléguer ces enjeux dans une arrière-cour et de minorer la priorité qu'elle lui accorde.
C'est, en quelque sorte, un double injure qui est ainsi infligée à ceux qui perçoivent l'impératif critique de remanier profondément la banque. D'une part, il ne dispose pas d'une voix dédiée au sein des instances dirigeantes. D'autre part, et c'est plus grave, le patron des opérations, dont la mission consiste à veiller au quotidien au fonctionnement et à l'optimisation des activités, est particulièrement mal placé pour simultanément porter les ambitions de révolution plus ou moins radicales maintenant nécessaires.
On pourrait arguer qu'il est possible pour un seul homme de combiner deux casquettes. Malheureusement, celles dont il s'agit ici tendent à trop s'opposer pour envisager un équilibre : Marnix van Stiphout, le nouveau COO, penche clairement, par goût et par son parcours, vers les opérations (comme le reflète l'entretien publié en contrepoint de sa nomination, dans lequel la transformation n'est jamais abordée) et il est facile d'imaginer que cette prédilection culturelle se répercutera sur son action et ses orientations.
Dans une certaine mesure, ING prend peut-être les problèmes organisationnels à l'envers. En effet, à partir du moment où la banque moderne, en transition vers un modèle centré sur les technologies, justifie incontestablement le poids accru du directeur informatique dans sa gouvernance, le programme de rénovation qui doit lui permettre d'atteindre ce statut constitue un préalable évident. À ce titre, il mériterait autant de visibilité et de prééminence, même si celles-ci ont vocation à n'être que temporaires.
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