L'invention de produits réellement nouveaux est plutôt rare dans le secteur financier, plus coutumier du recyclage, notamment « digital », de recettes anciennes. Aussi l'assemblage original qui constitue le « Home Equity Income Loan » (EIL) de DBS afin d'élaborer une sorte de rente viagère basée sur la propriété immobilière mérite-t-il de s'y attarder.
Signe des temps, le vieillissement de la population, à Singapour comme dans bien d'autres régions du monde, encourage les banques à faire preuve de créativité, de manière à proposer des solutions innovantes aux séniors. Il faut admettre que, jusqu'à maintenant, ces derniers sont un peu oubliés sur une bonne partie du marché. Il représentent pourtant un segment a priori attractif, ne serait-ce que parce qu'ils sont plus susceptibles de posséder un patrimoine… dont l'essentiel (60% en moyenne pour les propriétaires de plus de 50 ans) est matérialisé par la résidence principale.
À la croisée de ce constat, combiné avec le désir fréquemment exprimé par ces personnes de vivre le plus longtemps possible à leur domicile et dans un environnement familier, et des difficultés à maintenir un niveau de revenu convenable après leur départ en retraite, ou, plus généralement, à optimiser la planification financière de leurs vieux jours, DBS a donc exploré les moyens de répondre à ces exigences potentiellement contradictoires, en limitant les risques associés, pour elle comme pour les bénéficiaires.
Le résultat est DBS EIL. Il s'agit d'abord d'un emprunt hypothécaire ouvert à tous les individus et couples retraités âgés de 65 à 79 ans, propriétaires de leur logement (libéré de tout crédit et autre engagement, en outre), sur une durée de 30 ans au maximum (ou l'atteinte de la limite des 95 ans), remboursable à échéance, pour le capital et les intérêts. Le montant levé de la sorte est ensuite investi dans le système d'assurance-retraite nationale CPF LIFE, qui leur garantit une rémunération mensuelle fixe à vie.
D'un point de vue opérationnel, le dispositif fonctionne ainsi presque comme une vente en viager (occupé) à la différence majeure que le bien n'est pas automatiquement transmis à un acheteur. Bien sûr, à l'échéance du prêt, soit par son arrivée à maturité soit en raison du décès du ou des contractants, la banque pourra solder la transaction en forçant une liquidation. Néanmoins, le traitement « normal » passera en principe par un remboursement classique, comme, d'ailleurs, dans le cas d'une cession prématurée.
Déployé initialement sous forme de pilote, DBS EIL doit effectivement faire ses preuves auprès des consommateurs, dans sa capacité à séduire, avec une approche relativement complexe à expliquer et qui soulèvera probablement questions et inquiétudes, en particulier sur ce qui survient au terme de l'emprunt. Toujours est-il que la montée en puissance des retraités dans de nombreuses économies développées impose de lancer des expérimentations de ce genre afin de rester en phase avec le monde d'aujourd'hui.
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