Décidément, le boom du paiement fractionné (« Buy Now Pay Later » ou BNPL) inspire les institutions financières du monde entier. Après, entre autres, son introduction sous forme d'option sur une carte de crédit classique, l'australienne CommBank choisit, pour sa part, d'en faire un instrument à part entière, utilisable dans tous les commerces.
Sa nouvelle solution StepPay est donc une carte de paiement, directement liée à un compte courant détenu dans la banque et fournie exclusivement en version dématérialisée, à intégrer dans l'application mobile de l'établissement ou dans un porte-monnaie virtuel (Apple Pay, Google Pay…). Elle est acceptée dans l'ensemble du réseau Mastercard (en ligne et physique, du moins pour les boutiques équipées de terminaux sans contact), sans configuration ni frais spécifiques pour les marchands.
Elle présente pourtant la particularité de diviser toutes les transactions de plus de 100 dollars en quatre échéances, à régler toutes les deux semaines, sans aucun coût pour le porteur (pas d'intérêts, pas de commissions, une pénalité de 10 dollars étant toutefois infligée en cas de défaut de remboursement). Elle peut également servir pour les petites dépenses du quotidien : les opérations d'un montant inférieur au seuil de crédit sont alors directement imputées sur le compte associé, comme une carte de débit standard.
L'offre est proposée uniquement aux clients existants, sous réserve d'éligibilité (notamment un revenu régulier), et elle est assortie d'une limite relativement basse de 1 000 dollars de dette cumulée. Ces caractéristiques laissent imaginer que StepPay est conçu dans une logique défensive : plus qu'un produit doté d'un modèle économique propre, il s'agit d'un service additionnel (réminiscent des cartes à débit différé françaises) destiné à fidéliser les personnes tentées par les solutions BNPL du marché.
La démarche de CommBank n'en est pas moins convaincante. Si elle n'apporte pas autant de flexibilité que les outils autorisant l'activation a posteriori, sa plate-forme est probablement calibrée afin de répondre par défaut aux besoins d'une majorité d'utilisateurs potentiels de BNPL. Ceux-là pourront l'adopter les yeux fermés, sans jamais avoir à jongler entre différentes options, en profitant au passage de son intégration au cœur des fonctions de pilotage de budget de leur application bancaire habituelle.
Dans un registre différent, il faut également s'arrêter sur la décision de CommBank de ne distribuer StepPay que dans une déclinaison mobile, sans la moindre intention (à ce stade) d'ajouter un support en plastique à sa palette. Il s'agit vraisemblablement d'une première pour un instrument à vocation universelle dans une grande enseigne, justifiée peut-être par un impératif de maîtrise des coûts, et qui reflète sans doute sa confiance dans la généralisation du paiement via smartphone (certes déjà bien avancée en Australie) et pointe vers la disparition éventuelle, à terme, de la carte physique…
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