Face à la forte augmentation de la sensibilité du public aux enjeux environnementaux, les institutions financières s'efforcent de démontrer leur bonne conduite, même s'il ne s'agit souvent que de belles campagnes de communication. L'américaine Citizens, elle, choisit de proposer à ses clientes grandes entreprises les moyens de s'engager.
Et, pour une fois, c'est sur un produit basique que porte la démarche, à savoir le compte de dépôt. Avec la nouvelle offre Green Deposits, les trésoriers obtiennent l'assurance que les liquidités de leur organisation – tout en restant, comme il se doit sur ce type de support, disponibles, rémunérées et couvertes par l'assurance fédérale de la FDIC – servent exclusivement au financement de projets et autres initiatives soigneusement sélectionnés pour leurs qualités en matière de responsabilité sociétale.
En arrière-plan, la banque s'assure que la totalité des dépôts collectés sur ces comptes verts sont associés à des crédits (vers les énergies renouvelables, les forêts, l'eau…) correspondant à ses critères [PDF] d'éligibilité, conçus avec le spécialiste Sustainalytics, qui procède par ailleurs à un audit [PDF] indépendant de son portefeuille de prêts. Les éventuels excédents, évalués chaque jour, sont placés auprès de la réserve fédérale, garantissant de la sorte qu'aucun dollar n'est utilisé pour des projets non conformes.
Une caractéristique amusante de l'approche mise en œuvre par Citizens est que, bien qu'elle soit ancrée dans le concret et la recherche d'impact direct, elle développe à l'intention des entreprises qu'elle cible un argumentaire essentiellement centré sur la visibilité et le marketing. Il est par exemple question des opportunités pour un groupe recourant aux Green Deposits d'afficher son action positive auprès de ses diverses parties prenantes (ses clients, ses fournisseurs, ses investisseurs, ses collaborateurs…).
D'une certaine manière, cette perspective un peu frivole reflète (hélas) la principale préoccupation des dirigeants de sociétés. En effet, le souci premier de beaucoup d'entre eux relève de l'image et non de l'empreinte de leur industrie sur la planète. À tout le moins, on pourra se réjouir que, grâce à la tactique adoptée par la banque, ceux qui se laisseront prendre aux appâts ainsi dressés contribueront à des programmes susceptibles de faire une vraie différence, que leur objectif initial soit superficiel ou non.
En conclusion, il reste tout de même à regretter que le compte vert ne soit commercialisé qu'auprès des grandes structures. Une déclinaison pour les particuliers serait pourtant extrêmement bienvenue et couperait l'herbe sous le pied des quelques néo-banques cherchant à se positionner sur le créneau, qui, malheureusement, disposent de moyens limités et n'ont donc qu'une portée réduite. Faut-il croire que le portefeuille de prêts éligibles est trop restreint pour une telle généralisation ? L'hypothèse serait triste…
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