La première cohorte du bac à sable « digital » mis sur pied par le régulateur de la finance britannique et la cité de Londres en 2020 était réservée à des projets en lien avec la crise sanitaire. La deuxième est dédiée au développement durable. L'outil devient de la sorte un instrument d'orientation de l'innovation vers des priorités politiques.
Année après année, inlassablement, la FCA, pionnière des bacs à sable FinTech, cherche à améliorer ses dispositifs de soutien en vue d'accélérer et rendre plus viable et plus efficace l'innovation du secteur financier. Avec cette nouvelle itération, elle capitalise sur les enseignements tirés de ses plus de 5 ans d'expérience et les met aujourd'hui au service d'une de ses préoccupations les plus importantes du moment, à laquelle elle consacre simultanément un concours, ouvert aux concepts plus avancés.
La création de la « digital sandbox », l'année dernière, représentait une avancée majeure sur les initiatives précédentes (y compris dans d'autres régions du monde) en ajoutant au cadre réglementaire adapté qui constitue le socle standard de ce genre d'exercice une plate-forme technique fournissant aux participants un accès à des jeux de données, un environnement de développement, des services tiers (via API) et un espace collaboratif, qui leur procure les moyens de valider leurs idées en conditions (presque) réelles.
Le passage inaugural de 28 organisations (sur 94 candidates) dans ce bac à sable revisité permet d'en dresser [PDF] un bilan largement positif. De l'avis général, il a contribué significativement à la mise au point rapide de preuves de concept (PoC) et il répond à une attente très forte, exprimée notamment par les startups. Sans surprise, parmi les outils offerts, les jeux de données synthétiques sont particulièrement plébiscités, bien que susceptibles d'améliorations, entre autres en matière de granularité.
Cependant, une réserve capitale formulée à l'encontre de la démarche concerne les thématiques soumises aux postulants, considérées trop vastes et trop vagues lors de la session de test. En restreignant le champ, la FCA estime qu'elle favorisera un engagement plus puissant et plus permanent, tout en facilitant la mise en place des données nécessaires, avec le niveau de détail requis, puisqu'elle porteront sur un périmètre circonscrit. Le sujet retenu cette fois reflète nettement ce recentrage étroit.
En effet, sous un intitulé générique évoquant la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), la prochaine promotion du bac à sable se focalisera sur des aspects spécifiques de ce domaine : la transparence des déclarations et rapports des sociétés (dont, surtout, leurs actifs et leurs chaînes d'approvisionnement), la validation automatique des données RSE (des obligations vertes et de leurs émetteurs) et l'éclairage des informations fournies aux consommateurs (pour leur meilleure compréhension).
Une évolution progressive de la stratégie du régulateur vis-à-vis de l'innovation dans le secteur financier – qu'elle émane de jeunes pousses ou des acteurs historiques, tous traités sur un pied d'égalité dans ses initiatives – émerge visiblement derrière cette transformation du bac à sable. Il n'est plus tellement question d'accompagner la créativité tous azimuts mais, de plus en plus, d'utiliser les moyens existants dans le but de stimuler les projets alignés avec des objectifs précis, décidés au plus haut niveau politique.
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