Forte de son acquisition, l'année dernière, de Salt Labs, la néo-banque américaine Chime introduit ses capacités d'assistance au bien-être financier dans l'optique d'affermir son implantation dans l'environnement professionnel, qui semble devenir rapidement le vecteur principal de développement des offres de cette catégorie.
Dans un mouvement qui tend à s'auto-entretenir, la perception des consommateurs évolue avec le temps et les pratiques de leurs employeurs. Ces derniers ont ainsi commencé à déployer des programmes dédiés, essentiellement sur la foi de la myriade d'études prouvant l'impact négatif du stress financier sur la productivité de leurs salariés. Mais, dorénavant, ces derniers mettent de plus en plus fréquemment ces avantages en tête de leurs attentes vis-à-vis de l'entreprise où ils exercent leurs talents.
Chime Workplace surfe logiquement sur cette vague, en proposant une solution à double facette. Elle propose d'une part aux collaborateurs son service bancaire assorti de ses options destinées à mieux maîtriser les tensions budgétaires, les risques de l'endettement, les besoins d'épargner… Aux organisations, d'autre part, elle fournit un tableau de bord leur permettant de mesurer la santé financière de leurs effectifs et de mettre en place des actions ciblées afin de l'entretenir et, si possible, l'améliorer.
L'ensemble est disponible gratuitement, aussi bien pour les employeurs (y compris la mise en place initiale, qui est par ailleurs promise sans douleurs administratives) que pour leurs salariés. La jeune pousse continue, depuis sa naissance en 2012, à compter sur les commissions d'interchange (sur les paiements) pour équilibrer son modèle économique, dont elle vante l'efficacité issue de sa profonde culture technologique.
Indépendamment de cet aspect économique, Chime défend également, face aux spécialistes du seul bien-être financier, son approche combinée avec ses fonctions bancaires. Grâce à cette intégration, elle autorise un pilotage direct de l'argent, en ligne avec les recommandations formulées, sans avoir à passer par les connexions plus ou moins complexes à installer avec les comptes existants. Selon elle, cette faculté représente un facteur majeur de la performance et de la satisfaction de ses clients.
Une telle qualité peut cependant aussi se transformer en faiblesse. Si elle est bienvenue pour accompagner l'utilisateur qui recourt à une avance de salaire ou profite du découvert gratuit de 200 dollars, par exemple, et l'aider à ne pas tomber dans une spirale infernale, elle peut avoir des effets, sinon néfastes, mais a minima moins prononcés, si elle s'articule autour des produits proposés sans prise de recul sur une vision d'ensemble (notamment avec l'assurance, absente chez Chime).
En synthèse, le positionnement relatif du bien-être financier au cœur d'une offre bancaire est probablement délicat à ajuster mais ne présente pas d'obstacle rédhibitoire. Et ce que démontre brillamment Chime avec sa démarche est la possibilité d'en faire un avantage concurrentiel qui contribuera directement à son expansion, d'autant plus intéressante que, avec sa structure prescriptrice (par l'intermédiaire des entreprises), elle est bien moins onéreuse à mettre en œuvre qu'une campagne vers le grand public.
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